jeudi 31 décembre 2009

Un vrai Noël littéraire!

J'ai reçu pas moins de 8 livres cette année et j'en reste toute tremblante de joie ... Bon, c'est vrai que ma PAL en a pris un coup mais je suis totalement aux anges. Il y avait 2 livres au pied du sapin et j'ai reçu un bon d'achat pour la FNAC alors vous pensez bien que je m'y suis précipitée. J'ai ramené 6 romans .... Que du bonheur!

- Tout d'abord les deux livres cadeaux :



- Du côté de Castle Rock d'Alice Munro : Une nouveauté que je ne connaissais pas du tout mais qui a l'air délicieux. Des petites nouvelles parlant des ancêtres de l'auteur en Ecosse, mais aussi de l'auteur elle-même et de son amour pour la lecture.


- Gabriel Garcia Marquez. Une vie de Gerald Martin : J'avais adoré Cent ans de solitude. Je ne lis presque jamais de biographie et pourtant, à chaque fois, c'est un bonheur! L'histoire de la vie d'un écrivain sur fond d'Histoire sud-américaine.

- Mes choix FNAC :

- Emma de Jane Austen : Car je suis bien décidée à lire tous les romans de cette fabuleuse dame.

- Melmoth de Ch. R. Maturin : Un roman classique gothique dont j'entends le plus grand bien. Des ambiances comme je les aime.

- Le moine de M.G Lewis : Je veux le lire depuis très longtemps. Un roman dont j'attends beaucoup.

- L'étrange disparition d'Esme Lennox de Maggie O'Farrell : Un roman que j'ai souvent croisé mais qui ne m'a jamais intrigué jusqu'à ce que la toile en parle comme un superbe roman, passionnant et mystérieux.

- Un moment à Pékin (1 - Enfances chinoises et 2 - Le triomphe de la vie) de Lin Yutang : Une saga familiale chinoise. Je l'observais depuis longtemps sans jamais me décider à l'acheter. L'histoire d'une famille avec en arrière plan la Chine du début du XXème siècle. Je rêve de m'y plonger!

Voilà! Je suis horriblement gâtée ... mais ça fait tellement de bien!

mardi 29 décembre 2009

Comment passer un Noël d'enfer ...

Carmilla
Sheridan Le Fanu
Défi J'aime les classiques (Décembre)
Le livre de poche, Libretti, 2004.


Dans un château de la lointaine Styrie, au début du XIXe siècle, vit une jeune fille solitaire et maladive.
Lorsque surgit d'un attelage accidenté près du vieux pont gothique la silhouette ravissante de Carmilla, une vie nouvelle commence pour l'héroïne. Une étrange maladie se répand dans la région, tandis qu'une inquiétante torpeur s'empare de celle qui bientôt ne peut plus résister à la séduction de Carmilla... Un amour ineffable grandit entre les deux créatures, la prédatrice et sa proie, associées à tout jamais " par la plus bizarre maladie qui eût affligé un être humain ". Métaphore implacable de l'amour interdit, Carmilla envoûte jusqu'à la dernière ligne... jusqu'à la dernière goutte de sang !


Ce tout petit roman tient toutes ses promesses : vampirisme, horreur, mystère, sensualité. Un livre efficace et prenant que l'on lit d'une traite. Des chapitres courts qui apportent tous des éléments supplémentaires à l'intrigue. Le principal défaut de ce roman est d'ailleurs sa trop courte longueur. Le personnage de Carmilla est si complexe, envoûtant, ambivalent que j'aurais adoré la suivre plus longtemps. Carmilla pourtant passionnant semble résumé. Il est vrai que cela est cohérent avec le texte puisque c'est Laura, l'héroïne, qui raconte son histoire et avoue elle-même qu'elle zappe certains détails. Mais c'est dommage! Sheridan Le fanu n'a pas assez exploité cette intrigue passionnante. J'ai la tête pleine de questions : Pourquoi Carmilla est envoûtée par (et cherche à envoûter aussi) les jeunes filles riches? Qui est cette femme qui l'accompagne? Comment mettent-elles en place leurs pièges? Pourquoi cette apparition de Carmilla lors des six ans de Laura? Quelle est précisement l'histoire de Mircalla comtesse de Karnstein?
A part son si petit nombre de pages, je recommande fortement la lecture de ce texte. Carmilla nous replonge dans ces délicieuses ambiances gothiques, stéréotypées à souhait mais si croustillantes et nous emmène dans une intrigue bien ficelée ... malgré tout.

" Une nuit, alors que j'avais à peine six ans, je m'éveillai soudain, et, après avoir regardé autour de moi, je ne vis pas ma bonne dans la chambre. Comme ma nourrice ne s'y trouvait pas non plus, je me crus seule. Je n'eus pas peur le moins du monde, car j'étais un de ces enfants heureux que l'on s'applique à garder dans l'ignorance des histoires de fantômes, des contes de fées, et de toutes ces légendes traditionnelles qui nous font cacher notre tête sous les couvertures quand la porte craque brusquement ou quand la dernière clarté d'une chandelle expirante fait danser plus près de notre visage l'ombre d'une colonne de lit sur le mur. "
(Carmilla, Libretti, p 29/30)


(Source image : tartx.com)

jeudi 24 décembre 2009

Petit bilan de fin d'année!

Et oui, ça y est! C'est la fin de l'année (déjà!) ... Et je n'échappe pas à la coutume en venant vous parler de mes coups de coeur littéraires de cette année 2009.

J'ai découvert plusieurs auteurs que je relirai souvent au cours de mon existence, mais j'ai aussi craqué pour des classiques reconnus et réputé et même pour des artistes oubliés ....

Attention, c'est l'heure du bilan :



- L'invitation à la valse de Rosamond Lehman : Une dame rentrant progressivement dans l'oubli et c'est bien dommage. Un roman magnifique qui m'a réellement bouleversée. Le personnage d'Olivia est sublime. Un bijou à lire d'urgence!

- L'abbaye de Northanger de Jane Austen : Ce fut une petite douceur durant une période de travail assez intense. C'est ce roman qui a renforcé mon amour pour Jane Austen, qui m'a persuadée de lire entièrement son oeuvre. Un humour irresistible, une histoire d'amour sublime, une langue envoûtante et qui transporte loin de notre quotidien, une merveille!

- Secrets de famille de Louisa May Alcott : Un petit livre sans prétention, au style simple et non renversant, mais qui m'a transportée et bouleversée. Un roman que je n'ai pu lâcher jusqu'au mot "fin".

- La petite cloche au son grêle de Paul Vacca : Alors là, énorme coup de coeur pour ce tout petit livre. Un roman profondément humain, vrai, sensible. Un hymne à la littérature.

- Notre dame de Paris de Victor Hugo : Un classique de chez classique que je n'avais pas encore lu. Un monde génial, fort, puissant. Un roman digne des grandes tragédies grecques. A lire d'urgence!

- Lady Susan de Jane Austen : Tout comme Northanger abbey, ce tout petit roman m'a confirmée l'énorme talent de madame Austen. Une plume qui fait rêver ... pas moins.

- Le coeur cousu de Carole Martinez : Une très belle surprise que ce roman au doux parfum de conte et de légende.
...
- ça de Stephen King : Un gros pavé délicieux, une histoire d'amitié qui me suit continuellement depuis sa lecture, une magnifique et surprenante découverte ...

- Effi Briest de Theodor Fontane : Avec une histoire faussement simple, Fontane nous envoie au plus profond de la détresse humaine. Un roman psychologique qu'il faut lire sans attendre.

- Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy : Le début d'une belle histoire, la découverte d'une plume sublime et sensible, la confirmation de l'immense talent des écrivains québécois.

- Rebecca de Daphné du Maurier : Le roman qui classe Daphné du Maurier dans mon Panthéon d'écrivains. Je veux tout lire d'elle ....

- Le temps où nous chantions de Richard Powers : Une magnifique découverte. Des semaines de lecture palpitantes et émouvantes, des personnages qui me suivront longtemps.


Et bien évidemment :

- A la recherche du temps perdu de Marcel Proust : Comment ne pas citer l'auteur avec qui j'ai vécu durant un an?? Voir, entendre, sentir, vivre les 7 tomes de La recherche est tout sauf sans conséquences ... Une lecture dont je suis sortie différente.


Et il y a aussi deux romans qui m'ont confirmée le talent de deux de mes auteurs chouchous qui n'ont plus rien à me prouver. Je suis conquise depuis des années et pour la vie. J'ai nommé Monsieur Dumas et Monsieur Zweig qui m'ont encore touchée cette année avec La tulipe noire et Lettre d'une inconnue.


Une année de nouveau qui fut riche en coups de coeur. Pas forcément dans le nombre, mais dans l'intensité. J'ai vraiment fait des rencontres exceptionnelles cette année, des découvertes bouleversantes. Une très bonne année littéraire.

(Source image : Henry Lamb - The artist's wife - 1933. Tate.org.uk)

Une année avec Proust!

Voilà, je suis arrivée à bout de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Mais arrive t-on vraiment à bout d'une telle oeuvre? Après avoir attendu et craint tant d'années avant de me décider à ouvrir cette oeuvre, après avoir passé un an avec Swann, Odette, Françoise, Albertine, Gilberte, peut-on vraiment dire que je tire un trait dessus? Non. C'est impossible! Je n'en ai pas encore fini avec Proust. Il sera encore avec moi longtemps. Je le croiserai dans la rue, je l'entendrai dans chaque air de piano, le verrai dans chaque tasse de thé. Il y aura toujours en moi, un je-ne-sais-quoi de La recherche du temps perdu. Avoir lu Proust, c'est comme si l'on croisait ensuite en permanence des émotions, des instants de vie, des personnes appartenant au monde de la Recherche.

Après avoir lu les 7 tomes de cette œuvre majeure de la littérature, je me lance dans un dur exercice, un impossible exercice (que je ne devrais même pas envisager) : un bilan. Quels sont mes ultimes sensations, mes éventuels conseils pour tout futur lecteur de Proust? J'essaie, je me lance … sans prétention. Je ne demande même si parler de Proust est autorisé?

Certains intellectuels, férus de Proust, disent qu'il n'y a pas la moitié des lecteurs de cet écrivain qui comprennent vraiment ce que l'auteur veut dire, veut faire passer et qu'ils ne méritent pas de lire un texte aussi puissant, que c'est un roman destiné à une certaine élite. Je suis d'accord avec le fait que je suis à mille lieux d'avoir compris tout ce que j'ai lu. Proust reste pour moi comme une sorte d'énigme, un mystère. Je n'arrive qu'aux chevilles de la pensée de ce grand homme. Mais, je pense sincèrement que ce n'est pas si important que ça de ne pas tout comprendre de Proust. On tirera toujours quelque chose d'une telle lecture. Chacun y trouvera une vérité, une émotion, un apprentissage. Peu importe que l'on soit passé à côté de telle ou telle chose littéraire ou encore rhétorique ultra méga importante. L'essentiel, c'est d'avoir ressenti Proust, d'avoir été ému même si on ne sait pas vraiment pourquoi, d'avoir ri aussi (ce qui arrive assez souvent d'ailleurs), d'avoir trouvé une sensation littéraire unique, une sensation humaine … tout simplement.

Il y a aussi la catégorie de personnes qui lisent Proust comme moi, c'est à dire sans avoir spécialement le niveau intellectuel de notre cher Marcel, ni même de notre «élite» nommée précédemment, mais qui font des théories incroyables sur la notion de temps dans La recherche ou le développement du futur écrivain que sera Marcel Proust, qui sont persuadés eux d'avoir tout compris et qui en oublient peut-être un peu trop les sentiments, les ambiances, les sensations, les odeurs, les sons, les mots, la musique de La recherche du temps perdu. Si je devais conclure sur ces sept tomes intenses, épuisants, vibrants, je dirai ça. Proust, c'est avant tout des images, l'inoubliable ambiance du monde proustien. Monde de douceur, de sensation. Proust, c'est plonger dans un monde unique, s'évader plus qu'à tout autre moment du quotidien. Ce sont des ambiances avant tout : le piano (Il m'a accompagnée durant toute ma lecture de Proust : Mozart, Beethoven, Chopin.), les balades au parc, au jardin, les fleurs, l'heure du thé.

Je ne me permettrai pas de dire que telle ou telle façon de percevoir Proust est mieux qu'une autre. Comme je le disais plus haut, chacun y trouve une vérité. Certains un éblouissement purement intellectuel, d'autres une façon de briller en société, une fierté, une expérience littéraire supplémentaire et j'en passe. Pour moi, ma vérité fut tout en sensualité, en émotion. J'ai plus ressenti Proust que je ne l'ai compris. Est-ce mieux? Je n'en sais rien. Mais moi, cela me plaît. C'est comme cela que je voulais lire Proust. Je n'ai aucun regret. Je n'ai pas la sensation d'être passé à côté de son œuvre … bien au contraire.

J'ai un gros coup de coeur pour le premier tome : Du côté de chez Swann. Il est beau, drôle, nostalgique, mélancolique, satirique … Il a tout. Je trouve également que c'est le plus simple à lire. Mais j'ai également un penchant pour Sodome et Gomorrhe et Albertine disparue.

Je pense sincérement que le mieux est de faire une petite pause entre chaque tome. Ceci dit, c'est un avis personnel, chacun lit Proust comme il le veut.

Que vous dire d'autre? Je ne sais pas. J'ai un petit pincement au coeur. J'avoue qu'il y a un an en me lançant dans cette expérience je ne pensais pas tomber dans un univers si riche et prenant. Proust envahit notre quotidien, il finit par faire parti de nous.
Est-ce que je relirai La recherche?? Sincérement, je ne sais pas. Je serai peut-être même tenter de dire non. Relire des passages, sentir les romans, les toucher, les feuilleter, découvrir de nouveaux récits de ce fabuleux écrivains, écouter ses textes, oui.

Juste un dernier mot : Ouvrez-les!

Romanza


(Mes avis sur chaque tome : Ici)

lundi 14 décembre 2009

Car tout a une fin ...

A la recherche du temps perdu tome 7
Le temps retrouvé
Marcel Proust

Livre de poche, 2008.

Le séjour à Tansonville qu'évoquait la fin d'Albertine disparue s'achève, et le narrateur regagne Paris en 1916. Assuré que la littérature ne peut plus lui apporter de joies, il décide un jour de ne pas se priver des frivoles plaisirs du monde, et accepte une invitation de la princesse de Guermantes. Or, en entrant dans la cour de l'hôtel, il suffit que son pied butte contre les pavés assez mal équarris pour que lui revienne le souvenir de deux dalles inégales de Venise, et qu'une nécessité s'impose à lui : faire sortir de la pénombre ce qu'il a ressenti afin qu'en naisse une oeuvre d'art.
C'est en effet cette illumination qui importe surtout dans Le temps retrouvé paru en 1927, cinq ans après la mort de Proust, et l'assurance que "la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c'est la littérature" : au moment où A la recherche du temps perdu se referme, son narrateur peut devenir écrivain.


ça y est! Je viens de tourner la dernière page de La recherche du temps perdu de Marcel Proust. Qu'est ce qu'on ressent? Pour ma part, un mélange de tristesse et de soulagement. De tristesse car je viens de passer une année entière au rythme de Proust, que j'ai partagé ses émotions et ses souffrances, mais aussi un peu de soulagement, car cette oeuvre reste complexe et que l'on est content et satisfait d'arriver jusqu'à la fin. Je ressens aussi un vide ... et oui, cette année proustienne est terminée et même si cet auteur m'accompagnera longtemps, ma première découverte de Marcel Proust est finie. Une page se tourne.

Revenons à ce dernier tome (mon avis final arrivera après)! C'est un tome mûr, réfléchi. Le narrateur commence à s'occuper d'autre chose que de lui. Il s'interroge sur la guerre, la mort, la relation qu'il entretient avec les gens. Cela fait du bien de voir Proust se poser des questions sur autres choses que les problèmes mondains, même s'ils restent prédominants. Le temps retrouvé contient de magnifique passage sur la littérature, l'écriture et la lecture, ainsi que bien entendu sur le temps qui passe, la mort et la maladie. C'est un homme mourant qui écrit ce texte, qui prend du recul face à lui-même et à la vie. Le narrateur n'est plus un dandy mais un homme d'âge mûr, voire un vieil homme, sur la fin de sa vie, intéressé aux questions existentielles et vraies. Le changement de ton est flagrant.

Un très beau tome mais comme les précédents qu'il faut lire en prenant son temps et en étant serein d'esprit.

" Toute la journée, dans cette demeure un peu trop campagne qui n'avait l'air que d'un lieu de sieste entre deux promenades ou pendant l'averse, une de ces demeures où chaque salon a l'air d'un cabinet de verdure, et où sur la tenture des chambres les roses du jardin dans l'une, les oiseaux des arbres dans l'autre, vous ont rejoints et vous tiennent compagnie - isolés du moins -car c'étaient de vieilles tentures où chaque rose était assez séparée pour qu'on eût pu si elle avait été vivante la cueillir, chaque oiseau le mettre en cage et l'apprivoiser, sans rien de ces grandes décorations des chambres d'aujourd'hui où sur un fond d'argent, tous les pommiers de Normandie sont venus se profiler en style japonais pour halluciner les heures que vous passez au lit ; toute la journée, je la passais dans ma chambre qui donnait sur les belles verdures du parc et les lilas de l'entrée, les feuilles vertes des grands arbres au bord de l'eau, étincelants de soleil, et la forêt de Méséglise. "

(Le temps retrouvé, Marcel Proust, 2008, p39)




(Source image : Gustave Caillebotte, Une rue de Paris par temps de pluie en 1877. artliste.com)

samedi 12 décembre 2009

"Mademoiselle Albertine est partie!"

A la recherche du temps perdu Tome 6
Albertine disparue
Marcel Proust
Livre de poche, 2009.

"Mademoiselle Albertine est partie" Alors que le narrateur croyait souhaiter cette séparation et ne plus aimer la jeune fille, il suffit que Françoise prononce ces mots devant lui pour qu'il en souffre tout aussitôt. Il songe alors à demander à son ami Saint-Loup d'aller la chercher en Touraine, chez sa tante, si c'est bien là qu'elle est partie. Mais elle ne revient pas. A la fin de La prisonnière déjà, le départ d'Albertine nous était annoncé ; comme le précédent, ce volume paraît de manière posthume en 1925. Dans ce roman de la souffrance et du chagrin où le héros se remémore son aventure avec la jeune fille, il cherche également à percer le secret de sa vie. La fin de l'amour crée un vide, une attente - celle du Temps retrouvé, où pourra se refermer A la recherche du temps perdu.

Autant le tome 5 fut une lecture douloureuse, autant ce sixième tome fut délicieux. C'est un très beau volume que nous offre monsieur Proust. Une réflexion sur le deuil, la rupture, l'amour, l'oubli. Même si les pages d'Albertine disparue sont souvent très mélancoliques et tristes (dans les premiers instants en tout cas), on est heureux de voir le narrateur reprendre sa vie en main, commencer même à envisager d'écrire sérieusement, se séparer enfin malgré lui de la personne d'Albertine. Le narrateur jaloux et tortionnaire du tome précédent nous revient cette fois plus serein, équilibré, sage.

Le nombre de pages est considérablement réduit par rapport aux tomes précédents et la présence d'une réelle intrigue rend Albertine disparue vraiment agréable et passionnant à lire. Il n'y a pas un seul temps mort. On y retrouve avec joie la mère du narrateur, personnage que j'aime énormément. Elle y est plus présente que dans La prisonnière et suit même son fils jusqu'à Venise. Venise, moment magnifique où le héros se retrouve lui-même. Voyage symbolique qui annonce Le temps retrouvé et le futur écrivain.
Un tome vraiment magnifique, faisant parti d'un tout et pourtant à part dans La recherche. Une sorte de parcours initiatique plus fort que dans les autres romans, un événement (que je ne dévoilerai pas) qui provoquera un changement chez le narrateur, un bouleversement, une transformation.
Toujours aussi conquise.
...
L'avis de Cécile.
...
" Et tout d'un coup je me dis que la vraie Gilberte, la vraie Albertine, c'étaient peut-être celles qui s'étaient au premier instant livrées dans leur regard, l'une devant la haie d'épines roses, l'autres sur la plage. Et c'était moi qui n'ayant pas su le comprendre, ne l'ayant repris que plus tard dans ma mémoire après un intervalle où par mes conversations, tout un entre-deux de sentiment leur avait fait craindre d'être aussi franches que dans la première minute, avais tout gâté par ma maladresse. "
(Albertine disparue, Marcel Proust, 2009, p412-413)


(Source image : Tissot Hush, October. commons.wikipedia.org)

vendredi 4 décembre 2009

Achevé dans les temps!!!


En refermant Le temps où nous chantions, j'ai également bouclé mon défi Blog'o'trésors.

J'ai beaucoup apprécié de lire les petits trésors littéraires des autres blogueurs. J'ai découvert de véritables pépites. J'ai aimé Bilbo le Hobbit, énormément apprécié la plume de Nuala O'Faolain avec son Best love Rosie, ce défi a vu aussi naître une passion entre Gabrielle Roy et moi grâce à Bonheur d'occasion et je compte bien découvrir tous ses autres textes, et enfin, j'ai connu l'un de mes plus forts coups de coeur de cette année avec Le temps où nous chantions de Richard Powers.

Un grand merci à Grominou pour cette brillante idée.

Un petit poisson, un petit oiseau s'aimaient d'amour tendre .... Mais comment s'y prendre?

Le temps où nous chantions
Richard Powers
Défi Blog'o'trésor 2009


10/18, 2008.

Tout commence en 1939, lorsque Delia Daley et David Strom se rencontrent à un concert de Marian Anderson. Peut-on alors imaginer qu'une jeune femme noire épouse un juif allemand fuyant le nazisme ? Et pourtant... Leur passion pour la musique l'emporte sur les conventions et offre à leur amour un sanctuaire de paix où, loin des hurlements du monde et de ses vicissitudes, ils élèvent leurs trois enfants. Chacun d'eux cherche sa voix dans la grande cacophonie américaine, inventant son destin en marge des lieux communs : Jonah embrasse une prometteuse carrière de ténor, Ruth, la cadette, lutte aux côtés des Black Panthers, tandis que Joseph essaye, coûte que coûte, de préserver l'harmonie familiale. Peuplé de personnages d'une humanité rare, Le temps où nous chantions couvre un demi-siècle d'histoire américaine, nous offrant, au passage, des pages inoubliables sur la musique.

Je viens de vivre trois semaines fortes en émotion. Tellement intenses que je ne sais même pas comment je vais pouvoir vous parler de ce roman. Trois semaines, 1046 pages auprès de Delia, David, Jonah, Joseph, Ruth et tous les autres. Tant d'heures, tant d'instants, tant d'émotions, que tous ces personnages ont fait intégralement partis de ma vie durant ces dernières semaines. Ce roman m'a rappelée à quel point j'aime les pavés. Les gros romans créent une relation unique avec le lecteur. C'est une relation forte et passionnée, quasi fusionnelle. Les personnages, l'histoire, tout ça forme une vie parallèle à la nôtre. Les pavés nous accompagnent durant tant de temps qu'ils se mêlent intimement à notre existence réelle.
Dès les premières pages, j'ai été happée par l'ambiance unique de la famille Strom. Certes, au tout début, j'ai été déroutée par le vocabulaire musical très détaillé et précis. Etant une amoureuse de la musique, mais non une musicienne (seulement un an de violoncelle à mon actif), je n'ai, je dois l'admettre, pas tout compris. Mais on se rend vite compte que ce n'est pas important. Ce roman se préoccupe surtout des sentiments, des émotions que crée la musique. Je suis rentrée "physiquement" dans le roman pour ne plus jamais en ressortir durant la rencontre de David et Delia au concert de Marian Anderson devant le Lincoln Memorial. Je suis allée voir sur internet si cette dame ainsi que ce fameux concert avaient vraiment existés. Et effectivement! Je ne pourrais expliquer ce qui s'est passé en moi lorsque j'ai vu devant mes yeux les instants lus quelques minutes avant. J'ai eu la sensation de devenir Delia Daley, d'écouter chanter Marian Anderson, de faire partie de cette événement historique grandiose, de cet épisode déterminant de la vie de Delia et David.

Mariam Anderson au Lincoln Memorial (1939)*

Mon intérêt pour ce roman n'a fait que s'accroître. Le fait de mêler la vie des héros du roman à de véritables faits historiques est tout simplement superbe. La tragique histoire d'Emmett Till m'a scotchée durant quelques minutes. J'étais bouleversée en voyant sa photo sur internet.
Je n'ai pas toujours eu le temps de lire ces jours-ci. Malgré cela, c'était toujours un bonheur d'ouvrir ce roman. Même si c'était pour en grapiller que quelques pages. On rentre instantanément dans ce livre. Sans même y réfléchir.
Il est très dur de parler de ce roman. Il est si riche, pose tant de questions, secoue si fort notre esprit et notre coeur qu'on se retrouve à dire des banalités au moment d'écrire sur lui. Ce roman parle de tout. D'amour, de haine, de race, de non-race, de musique (partout, tout le temps, en permanence), les personnages se perdent, se retrouvent, se déchirent, mais s'aiment. Delia est le personnage qui m'a le plus secouée. Delia est un symbole, celui d'un idéal, d'une utopie (??), d'une façon de penser et de vivre qui se passe de commentaires ... mais qui doit se lire ... et se vivre ... d'urgence!!!
J'emménerai toujours un je-ne-sais-quoi de Delia et David dans ma vie. Ils m'ont bouleversée ...

Les avis de Cuné (à qui je dois cette superbe découverte) ; Karine ; Amanda ; Chimère ; ...

" Elle est trop épuisée, trop anesthésiée, trop extasiée, pour poursuivre cette conversation. Son bébé est son bébé. Son propre cas unique. Race : Joseph. Nationalié : Joseph. Poids, taille, sexe : rien d'autre que son bébé, son nouveau Jojo.
Mais l'hôpital se trompe aussi sur la couleur de ses yeux. Elle leur dit de rectifier : vert, pour la sécurité de son fils. Juste au cas où l'erreur reviendrait le hanter par la suite. Mais ils ne veulent pas rectifier. Ils ne voient pas le vert. Pour eux, la feuille et l'écorce sont de la même couleur. "
(Le temps où nous chantions, 10/18, p560)

(Sources images : *Marian Anderson au Lincoln memorial : commons.wikipedia.org ; photo main blanche, main noire : epon.unblog.fr)

mardi 24 novembre 2009

Taguée!

Matilda et Titine m'ont taguée! Je dois citer sept choses que j'aime faire .....

- Lire : Assez facile à deviner celui-là! La lecture tient une place essentielle dans ma vie et occupe la moitié de mon temps. C'est mon bol d'oxygène, ma ressource, là où je me retrouve, où je rêve, où je m'évade, c'est ma méditation, ma drogue. La lecture est une part essentielle de ma personnalité!

- Boire du thé : Je pense que je suis un tout petit peu accro d'ailleurs!! il faudrait que je réduise un peu ...

- Danser : Je fais de la danse depuis une quinzaine d'années et je ne suis pas prête de m'arrêter.

- Dessiner : Je n'ai jamais pris de cours, je ne connais aucunes techniques, aucunes astuces, je ne sais que recopier les choses, je n'arrive pas à imaginer sans modèle, mais j'aime dessiner, me poser, ne penser à rien, me détendre.

- Me promener : Dans la forêt, dans les parcs, dans la montagne, dans les rues de ma ville, ....

- Cuisiner : Je trouve cela très agréable. C'est une façon de faire plaisir aux autres, mais aussi à soi-même! C'est agréable, ça détend!
...
- Et pour finir, le dernier mais pas le plus important : Etre avec les gens que j'aime : ma famille, mon Romanzo et mes amis.

Alors, je tague : Pimpi , Cléanthe , Lau , Lou , Lilly , Praline et Calliope.

vendredi 13 novembre 2009

J'aime les classiques!

J'en suis sûre que vous le saviez déjà vu que 80% de mes lectures sont classiques! Mais bon, il est toujours bon de le rappeler ... et aussi de le montrer! Je me suis inscrite à un nouveau défi littéraire (ça n'en fait que 2 pour l'année 2010! C'est pas grand chose! Je me trouve plutôt raisonnable en fin de compte! Alors attention aux mauvaises langues!!).
Il s'agit du joli défi "J'aime les classiques!".






C'est simple! Il suffit juste de lire un classique de notre choix par mois (en dressant une liste en avance pour ceux qui veulent ou alors lire selon les envies du mois, sans rien plannifier). Le défi commence au mois de décembre 2009 (le mois prochain donc!) pour finir en décembre 2010. Ce qui nous fait 13 classiques! Si c'est pas du bonheur ça, je ne m'y connais pas. Pour plus d'informations, un saut sur le blog de Mariel, créatrice de défi.

En ce qui me concerne, je me suis inscrite à ce défi car j'en ai assez de remettre toujours à plus tard des lectures que j'ai envie de lire depuis des années. J'ai des romans classiques dans ma bibliothèque qui sont là depuis la création de la Terre (si si, je vous jure!). Dès que je les vois, je me dis : "Bientôt je prendrais le temps de vous lire! Promis". Et les années passent et ils sont toujours en train d'attendre! Du coup, me lancer comme objectif de lire un de ces petits romans chaque mois me fait un bien fou. Je suis heureuse de prendre (enfin!) le temps de les ouvrir. Vous aurez donc compris que je vais faire partie des participants qui auront une liste d'avance. Je suis heureuse de me dire que chaque mois une petite lecture classique que je rêve de lire depuis des années m'attend sagement (ça me rappelle la fac' .... Nostalgie!) ....

Voilà ma petite liste. J'ai choisi les romans selon le mois et donc la saison (je refuse de lire certains livres en plein été ou le contraire!! Que voulez-vous certaines lectures ne collent pas avec tous les temps!) et il ne s'agit que de romans de ma bibliothèque :

Décembre : Carmilla - S. Lefanu. (Lu!)

Janvier : Le maître de Ballantrae - R.L Stevenson. (Lu!)

Février : L'amant de Lady Chatterley - D.H Lawrence. (Lu!)

Mars : Mademoiselle de Maupin - T. Gauthier. (Lu!)

Avril : L'éducation sentimentale - G. Flaubert. (Lu!)

Mai : La femme de trente ans - H. de Balzac. (Lu!)

Juin : La petite Fadette - G. Sand. (Lu!)

Juillet : Le rouge et le noir - Stendhal. (Lu!)

Août : Colomba (suivi de Carmen) - P. Mérimé (Lu!)

Septembre : Germinal - E. Zola. (Lu!)

Octobre : Laura Voyage dans le cristal - G. Sand. (Lu!)

Novembre : La ferme des animaux - G. Orwell. (Lu!)

Décembre : Nord et Sud - E. Gaskell (Lu!).

Je suis fière de cette liste ... Voilà, je tenais à le dire!

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J'en profite pour faire un petit bilan de tous ces petits défis littéraires!

Pour l'année 2010, je me suis lancée dans 2 défis : J'aime les classiques et Une année en Russie. Ce qui fait en tout 16 livres à lire .... Je trouve cela plus que raisonnable sachant que je lis environ (je ne calcule pas au livre près) une cinquantaine de romans par an!

Sans oublier, le défi Matilda's contest, mais vu qu'il n'a pas de limites de temps et que l'on peut donc mettre 90 ans à tout lire, ça ne compte pas vraiment! Je pense que j'en lirai comme même 2 ou 3 cette année ... On verra!


Mais maintenant, j'arrête avec les défis. C'est rigolo, je prends un plaisir monstre à les faire, ça permet de lire des romans oubliés dans notre bibilothèque, on peut ainsi échanger, bavarder, découvrir grâce aux autres participants .... Mais trop de défis, tue le défi! Je sais que si je m'inscris encore à un autre, ça finira par ne plus être un plaisir ... Et ça, très peu pour moi!

jeudi 12 novembre 2009

On fait la paix?

Le château des Carpathes
Jules Verne

Livre de poche, 2009.

Près du village de Werst, en Transylvanie, se dresse le château des Carpathes qui depuis le départ du dernier représentant de ses seigneurs, Rodolphe de Gortz, est complètement abandonné et fui par tous tant les rumeurs alarmantes et de folles légendes circulent à son sujet. Un jour, une fumée est aperçue au faîte du donjon. Malgré leur peur, le jeune forestier Nic Deck et le docteur Patak partent en reconnaissance et sont victimes de phénomènes surprenants. Peu après ces événements, le comte Franz de Telek qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la cantatrice Stilla, arrive à Werst. Apprenant que le château des Carpathes appartenait à celui qui l'avait maudit au moment du décès de la Stilla, il décide de s'y rendre... Dans ce roman envoûtant, Jules Verne s'affirme comme un maître de la littérature fantastique.

Jules Verne et moi, c'est une longue histoire. A l'âge de 12 ans, mon professeur de français nous avait demandé de lire Le château des Carpathes de monsieur Jules Verne. Adorant déjà d'un amour absolu la littérature et pas du tout rebutée par les lectures imposées, je me plongeais ravie dans cette nouvelle expérience littéraire. Mais au bout de quelques pages, je repoussais déçue ce roman. Je le trouvais trop compliqué. Tous ces détails géographiques, ces noms des pays de l'est que je n'arrivais même pas à prononcer, tout ça m'avait fait reposer ce livre. Dure épreuve pour mon caractère passionné qui aimait toutes les lectures imposées du collège. Je ne l'avais jamais rouvert, ni même terminé. J'ai boudé Jules Verne durant des années. Puis, tout doucement, j'ai recommencé à rêver de lui, à ses romans, à tous ces univers qu'il avait su créer. Des titres comme Le tour du monde en 80 jours ou 20 000 lieues sous les mers me faisaient totalement rêver. Je me disais que peut-être j'avais été trop jeune pour lire Verne, que j'étais dans un mauvais état d'esprit ou je ne sais quoi d'autre! Bref, je commençais doucement à me faire à l'idée que Jules Verne n'était pas si méchant que ça. Et puis, Super Romanzo est arrivé. Il s'est découvert depuis quelques temps une passion pour Jules Verne après avoir lu Le tour du monde en 80 jours. Lui qui n'est pas un très grand lecteur, passait des heures le nez dans son roman. Après sa lecture, il a décidé de s'offrir la majorité des oeuvre de Jules Verne. Ma bibliothèque a vu arriver Michel Strogoff, 20 000 lieues sous la mer (Romanzo est à fond dedans en ce moment!), Voyage au centre de la terre et Tribulations d'un chinois en Chine. Je commençais décidément à avoir très très envie de me plonger dans un Jules Verne. Mais je ne me lançais toujours pas. Quelque chose me bloquait, je n'arrivais pas à me décider à ouvrir un des romans que l'on avait de lui. Puis, enfin, j'ai compris. Il fallait que je lise Le château des Carpathes d'abord. Il fallait que je me réconcilie pleinement avec Jules. A part ce roman (qui pourtant m'avait fait souffrir), je ne voyais pas quoi lire d'autre. J'ai donc ouvert pour la seconde fois et 12 ans plus tard Le château des Carpathes.
Et je suis ravie de l'avoir fait. Jules Verne a une plume qui détend. C'est un écrivain qui n'est pas dénué d'un certain humour, d'une certaine ironie à la Dumas, ce qui rend son texte agréable, fluide, reposant. Mais il y a aussi l'histoire. Ce récit de château hanté dans un coin perdu des Carpathes est palpitant. Il y a tout ce qu'il faut. Une bonne intrigue, de l'humour, de l'émotion, de l'amour, de l'amitié, de la peur, de la haine. On tourne les pages sans s'en rendre compte. Chaque fin de chapitre nous entraîne vers le suivant. Pas de longueur, pas de pause. On retient sa respiration jusqu'au mot "Fin". Il y a tellement aucune longueur que j'ai même regretté que la fin soit si vite bouclée.
Autre ravissement des romans de Jules Verne : les gravures. Quel bonheur que ces magnifiques dessins! On plonge nos yeux dans ses illustrations, on s'y perd tant elles sont réalistes, complexes, méticuleuses. Elles font totalement parties de l'oeuvre.
Bref! Je suis ravie de mettre totalement réconciliée avec Jules Verne. Je compte bien lire tous les romans que Romanzo et moi nous offrons. Ce fut une expérience émouvante que de replonger dans un roman de mes jeunes années avec l'espoir de l'aimer cette fois-ci.
Un voyage magnifique à découvrir. Une histoire pour les amoureux des romans gothiques et victoriens, pour les passionnés d'aventures et de mystères.

" Le mince croissant de la lune, délié comme une faucille d'argent, avait disparu presque aussitôt après le coucher du soleil. Des nuages, venus de l'ouest, éteignirent successivement les dernières lueurs du crépuscule. L'ombre envahit peu à peu l'espace en montant des basses zones. Le cirque de montagnes, s'emplit de ténèbres, et les formes du burg disparurent bientôt sous le crêpe de la nuit.
Si cette nuit-là menaçait d'être très obscure, rien n'indiquait qu'elle dût être troublée par quelque météore atmosphérique, orage, pluie ou tempête. C'était heureux pour Nick Deck et son compagnon, qui allaient camper en plein air. "
(Le château des Carpathes, Verne, livre de poche, 2009, p77)


(Source image : commons.wikimedia.org)

Une année en Russie!

Oh! Que vois-je? Un nouveau défi littéraire! Oui, oui je sais! Mais que voulez-vous quand on met de la Russie dans l'histoire et bien, moi je ne lutte pas! Je signe! C'est la belle Pimpi qui nous propose ce défi. Je lui laisse d'ailleurs la parole :

" En fait, ce défi n’a de défi que le nom. Globalement, on y fait un peu ce qu’on veut, du moment que ça a un vague rapport avec la Russie.

Vous pouvez donc :

- lire un roman classique russe (Tolstoï, Dostoïevski, etc.)

- lire de la poésie russe (Pouchkine, etc.)

- lire un roman écrit par un auteur russe contemporain, qu’il soit russe ou émigré depuis plusieurs générations (Henri Troyat, Vassili Axionov, etc.)

- lire un roman historique ou pas sur la Russie, qu’il soit écrit par un russe ou pas

- lire un roman (ou tout autre ouvrage) qui se passe en Russie, qui a un vague lien avec la Russie, ou même simplement qui contient au moins une fois le mot Russie

- lire un ouvrage didactique sur la Russie (du genre, la biographie d’Yvan le Terrible, le rapport d’enquête sur l’assassinat des Romanov, la vie de la Grande Catherine, etc.)

- voir une adaptation d’un des romans classiques russes, ou simplement un film qui se passe en Russie ou qui a un lien (aussi vague soit-il) avec la Russie

- aller voir une expo d’œufs de Fabergé, visiter le palais de l’Hermitage, pratiquer la coutume des bains chauds (et vous rouler dans la neige après si ça vous chante)

- boire du thé russe

- nous apprendre du vocabulaire"



En ce qui me concerne, je vais choisir quelques lectures russes se trouvant dans ma bibliothèque et que je désire lire depuis des années. Pour le reste, film, dessin animé, thé et vocabulaire (je ne connais que quelques mots et pas en écriture cyrillique. Je suis allée à St Petersbourg il y a 2 ans durant une dizaine de jours), je verrai au fur et à mesure de mes découvertes, de ce que je croiserai par hasard.


En roman, je me propose de lire :


- Le docteur Jivago de Boris Pasternak.

Je l'ai dans ma bibliothèque depuis la nuit des temps. Je pense que c'est le moment de l'ouvrir. (Lu!)

- Michel Strogoff de Jules Verne.

Je me suis découverte une passion pour Jules Verne. Donc un de ses romans qui parle de la Russie ne peut que me séduire.

- Guerre et Paix de Tolstoï.

Je veux le lire depuis des années ... Peut-être que ce challenge est l'occasion parfaite!


Je suis heureuse de me plonger dans cet univers si envoûtant de la Russie. Sa neige, son froid, ses palais impériaux, .... Je suis aux anges! Merci Pimpi!



lundi 9 novembre 2009

Seven things shaping my fall

Quoi?? Encore un petit tag? Et oui! En ce moment, c'est l'invasion! C'est petite Lou qui m'a piégée ... Oh la vilaine!
Alors, voyons, sept choses qui rythment mon automne?? Certaines choses se retrouvent tous les automnes en ce qui me concerne ... Vous devinerez sûrement lesquelles!
  • Le thé

Je suis une accro tout au long de l'année, mais comme la majorité des gens mon envie de ce divin breuvage est amplifiée lors des premiers froids. Faire bouillir l'eau, prendre une pincée de thé en vrac, fermer la boule à thé, voir l'eau fumante se colorer, .... Pur bonheur!

  • La lecture

Là aussi, c'est une de mes activités les plus importantes durant l'année (révélation!). Mais ces derniers temps, je sors des romans hivernaux spécialement pour apprécier le froid ambiant : Rebecca, Bonheur d'occasion, Le château des Carpathes, ... et j'en ai d'autres en réserve!

  • Mon plaid et mon poncho en laine faits par Maman

Que voulez-vous? Je ne peux pas m'en passer! C'est tellement agréable de se blottir dedans!

  • Le boulot

Bah oui! On ne peut pas passer son temps à lire ....

  • Les balades

Le froid, la pluie, la neige (et oui! Il y en a déjà tout près de ma maison puisque je vis à la montagne) ... Tout ça me donne toujours une folle envie de me balader! Comme ça, j'apprécie encore plus mon thé, mon plaid et mon bouquin en rentrant au chaud!

  • La pâtisserie

C'est une manie chez moi! Dès que les saisons froides arrivent, je fais des gâteaux. J'adore ça! Madeleines, gâteau au chocolat, marbré, cake, ....

  • La musique

Le froid me donne toujours envie d'écouter de la musique ... Plus particulièrement, la musique classique (Mozart, Chopin, Vivaldi, ...), les bandes originales de film (Joe Hisaishi, Danny Elfman, In the mood for love, Sense and sensibility, ...) le jazz (Diana Krall, Lisa Ekdhal, Norah Jones, ...)et Loreena McKennitt.

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Je repasse ce tag à qui veut ..... Je ne sais pas trop qui l'a eu, qui ne l'a pas eu!!

dimanche 8 novembre 2009

Pour rendre passionnantes vos soirées automnales ...

Rebecca
Daphné Du Maurier

Livre de poche, 1967.
(Edition récente : livre de poche, 2007)
...
La narratrice, jeune femme d'une vingtaine d'années, rencontre le riche Maximilien de Winter, veuf depuis peu, lors d'un séjour à Monte Carlo avec Madame Van Hopper, femme snob et superficielle. Un fort lien d'amitié se tisse entre M de Winter et l'héroïne. Plus les jours passent, plus ils s'attachent l'un à l'autre. Maximilien finit par demander la jeune femme en mariage avant qu'elle ne quitte Monte Carlo. Elle accepte. Après une rapide union, ils partent vivre dans le domaine de Manderley où rôde encore l'ombre de l'ancienne Madame de Winter, Rebecca.

Wowww!! (Imaginez-moi bouche bée, les yeux pétillants et les mains tremblantes!)
Je suis totalement scotchée. C'est une belle histoire qui commence entre Daphné du Maurier et moi.
Je connais en réalité assez peu cette dame de la littérature anglaise. Je me suis offerte il y a quelques temps Les oiseaux et autres nouvelles d'elle. Je l'ai lu et j'avais apprécié ses ambiances, sa plume palpitante et imaginative. Depuis, j'entends tant de bien de cette auteure, j'aime tellement ses titres, ses histoires et tout ce que ses romans me réservent comme merveilles, que dès que je tombe sur un d'eux dans une bouquinerie, je l'achète d'office. Résultat : alors que je n'avais lu que Les oiseaux et autres nouvelles, je me suis retrouvée avec le fameux Rebecca, L'auberge de la Jamaïque, Ma cousine Rachel, Le général du roi et Le Mont-Brûlé. Je regarde tous ces petits romans, leur vieille couverture des années 50/60, je les touche, les sens et je rêve de me plonger dans leur univers extraordinaire. J'attendais donc beaucoup des romans de Daphné du Maurier. J'ai commencé par le plus célèbre, le plus connu : Rebecca. Et j'en reste sur les fesses.
J'étais pleine d'émotions à l'idée d'ouvrir ce roman que j'avais tant attendu. Je tremblais un peu. J'espérais tant de cette auteure. Et maintenant, que je l'ai dévoré, je n'ai qu'une chose à dire : j'en veux d'autres.
Ce roman est tout simplement superbe, géniallissime, cultissime, palpitant du début à la fin. Un chef d'oeuvre!
"J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley." Cette première phrase mondialement connue annonce à elle seule une ambiance, une histoire, des personnages, des rebondissements, tout ce que l'on aura la chance de croiser en lisant ce roman. On embarque immédiatement. On lit cette phrase et c'est parti! Ligne droite jusqu'au mot "fin". J'ai ouvert ce roman un soir de tempête. J'étais blottie dans ma couette, la douce et fébrile lumière de la lampe de chevet, les gouttes d'eau qui claquaient sur la vitre et le toit, le vent qui hurlait. J'étais à Manderley et Rebecca m'observait. Je suis ravie d'avoir attendu (sciemment) l'automne pour ouvrir ce roman. Il s'est avéré qu'il y a eu de la pluie et du vent toute la semaine. Ce qui fait que j'ai dévoré Rebecca blottie au chaud avec mon thé brûlant et le son des gouttes d'eau. J'allais me balader sous la pluie une heure dans le froid, je revenais au chaud, je m'installais et je plongeais dans ce roman merveilleux. Un régal! Je garderai le souvenir de ces instants de lecture à jamais dans mon coeur de lectrice.
Tout est superbe dans ce roman. La belle histoire entre l'héroïne et le si charismatique Max de Winter, le personnage tout simplement génial de Rebecca, l'ambiance tendu et étouffante, les descriptions des journées de la narratrice à Manderley, les temps lourds et angoissants, l'horrible Mrs Danvers, la maison au bord de l'eau, les mystères, les intrigues, les paysages, les sons, les scènes cultes (le bal masqué (j'en tremble encore!), la découverte de la chambre de Rebecca, ...) et plein d'autres choses toutes plus réussies les unes que les autres. On tremble réellement en lisant ce roman. On s'identifie tellement à l'héroïne qu'on devient elle. On comprend ses angoisses, ses doutes, ses chagrins, sa jalousie vis à vis de Rebecca. On devient la narratrice. D'autant plus qu'on ignore son prénom, qu'il n'est jamais écrit et que l'on est bien tenté (sans forcément s'en rendre compte) d'y mettre le nôtre.
Je suis aux anges à l'idée que quatre autres romans de Daphné du Maurier m'attendent dans ma bibliothèque. J'aime cette femme d'amour ... voilà ... c'est dit!
Si vous aimez les romans vivant, passionnant, prenant, si vous aimez l'ambiance des romans des soeurs Brontë, si vous voulez passer des heures intenses et inoubliables ... Lisez Rebecca!
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Les avis de Lilly, Erzébeth, Allie, Edelwe, Pimpi .....
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" Nous ne pouvons pas y retourner : c'est sûr. Le passé est encore trop proche. Les choses que nous avons essayé d'oublier se remettraient à s'agiter et cette sensation d'inquiétude, cette lutte contre une terreur irraisonnée - apaisée à présent, Dieu merci - pourrait renaître sans que nous sachions comment et redevenir notre vivante compagne. "
(Livre de poche, 1967, p 11)

(Source image : mesmer.co.uk)

dimanche 1 novembre 2009

" Lis tranquillement et laisse les mots te bercer comme une musique "

Matilda
Roald Dahl
Matilda's contest

Folio junior, 2009.

A l'âge de cinq ans, Matilda sait lire et a dévoré tous les classiques de la littérature. Pourtant, son existence est loin d'être facile, entre une mère indifférente, abrutie par la télévision et un père d'une franche malhonnêteté. Sans oublier Mlle Legourdin, la directrice de l'école, personnage redoutable qui voue à tous les enfants une haine implacable. Sous la plume acerbe et tendre de Roald Dahl, les événements se précipitent, étranges, terribles, hilarants. Une vision décapante du monde des adultes !

Je viens de dévorer ce fabuleux roman cet après-midi lovée sur mon canapé, une théière chaude à proximité. Un moment de détente, de bonheur, de joie tout simplement merveilleux.
J'ai attendu longtemps avant de découvrir (enfin) Roald Dahl. J'aurai pensé avoir un léger regret de ne pas avoir lu ce génie de la littérature enfantine avant, durant mes jeunes années de lectrice. Mais en fait, il m'a donnée tant de satisfaction durant ses deux dernières heures que je n'ai aucun regret. Certes, le découvrir enfant doit être tout simplement merveilleux, éblouissant, cela doit être une véritable révélation mais Roald Dahl a une telle capacité de nous envoyer dans le monde de l'enfance, que même adulte, on est transporté, envoûté, ébloui. A genou devant ce monstre de la littérature enfantine!
Matilda est une histoire à la fois drôle, touchante, merveilleuse et réaliste. Tout y est!
Et ce premier chapitre!! Comment ne pas fondre lorsque l'on est une amoureuse de la littérature? Dès que j'ai tourné la dernière page, j'ai relu tout de suite le premier chapitre intitulé si joliment Une adorable petite dévoreuse de livres. Voici un extrait qui vous donnera l'eau à la bouche : " Au cours des après-midi suivants, Mme Folyot eut peine à détacher ses regards de la petite fille assise des heures durant dans le grand fauteuil au bout de la pièce, avec le livre sur les genoux. Le volume était en effet trop lourd pour qu'elle pût le tenir dans ses mains, si bien qu'elle devait rester penchée en avant pour pouvoir lire. Et c'était un étrange spectacle que celui de cette minuscule créature aux cheveux noirs, assise avec ses pieds qui n'atteignaient pas le sol, totalement captivée par les aventures de Pip et de la vieille Miss Havisham dans sa maison pleine de toiles d'araignées, totalement envôutée par la magie des mots assemblés par le prodigieux conteur qu'était Dickens." (p14/16).
Mlle Candy, l'institutrice, a tout de suite eu tout mon attachement. J'aime sa façon de vivre, sa vision simple et douce de l'existence. Sa petite maison au milieu de la nature rend encore plus inhumaine celle des parents de Matilda remplie des sons de la télévision, sans chaleur, sans amour.
Autre ravissement de ce roman, les dessins de Quentin Blake. Ils sont indissociables du texte, font intégralement partis de ce sublime roman. Ils apportent un ravissement supplémentaire, un nouveau souffle de bonne humeur, une touche de gaiété et d'émotion en plus.

Offrez-vous une petite après-midi, préparez-vous une bonne théière, installez-vous confortablement et lisez Matilda. Vous aurez alors deux heures de total ravissement!

"À dater de ce jour-là, Matilda ne se rendit plus à la bibliothèque qu'une fois par semaine pour y prendre des nouveaux livres et rendre ceux qu'elle avait lus. Sa petite chambre était devenue sa salle de lecture et elle y passait le plus clair de ses après-midi à lire avec, bien souvent, une tasse de chocolat à côté d'elle. Elle n'était pas encore assez grande pour atteindre les choses dans la cuisine, mais elle tenait cachéen dans la cour, une caisse légère sur laquelle elle se juchait pour attraper les ingrédients dont elle avait besoin. La plupart du temps, elle préparait du chocolat, réchauffant le lait dans une casserole sur le fourneau avant d'y jeter le cacao. Il n'y avait rien de plus agréable que de boire un chocolat à petites gorgées en lisant.
Les livres la transportaitent dans des univers inconnus et lui faisaient rencontrer des personnages hors du commun qui menaient des vies exaltantes. Ainsi navigua-t-elle sur d'antiques voiliers avec Joseph Conrad, explora-t-elle l'Afrique avec Ernest Hemingway et l'Inde avec Rudyard Kipling. Ainsi assise au pied de son lit, dans sa petite chambre d'un village anglais, visita-t-elle de long en large et de haut en bas le vaste monde."

(Matilda, Roald Dahl, Folio, 2009, p20)
(Source image : leslecturesdemarie.free.fr. Dessin de Quentin Blake)

samedi 31 octobre 2009

Mon colis Bloody Swap!!

On est le 31 octobre! C'est Halloween! Mais surtout, c'est le jour de publication des photos du Bloody Swap!
Le voilà le sublime, le fameux, l'unique COLIS :

Ma charmante swapeuse était Edelwe et elle m'a gâtée .... Voyez plutôt :

Tous ces beaux petits cadeaux couleur citrouille rien que pour moi! J'étais aux anges (aux démons devrait-on dire! Nyarck!) ...
Mais qu'y avait-il dans ces colis???

  • Déjà des gourmandises et des petits cadeaux charmants :
- Du thé d'Halloween tout simplement délicieux!
- Plein de petits bonbons éparpillés dans le colis
- Une délicieuse tablette de chocolat au thé vert. Je ne connaissais pas du tout ... J'adore!!
- Et un sublime marque-page avec une petite fée (J'adore les fées et je les collectionne!)

  • Ensuite un DVD :

- Beettle Juice de Tim Burton. Je suis une fan de ce réalisateur et je n'avais encore jamais vu celui-là! C'est chose faite! Il est hilarant, glauque et géniallissime! Merci et bravo pour ce choix!

  • Maintenant, les livres (roulement de tambour!) :
Edelwe m'a gâtée! J'en au reçu 4!! Rendez-vous compte!
- Salem de Stefen King. J'avais adoré ça! Je ne demande qu'à découvrir de nouvelles peurs avec celui-ci!
- Histoires de fantômes de Roald Dahl. Je suis RAVIE! J'adore tout : l'édition, les dessins, cette idée de recueil des meilleures histoires d'horreur! Je suis fan avant même de l'ouvrir! (Lu!)
- Carmilla de Sheridan Lefanu. Je voulais justement le lire! Très très contente! (Lu!)
- Halloween party R L Stine. Un roman de jeunesse que je vais déguster comme il se doit!

  • Une petite photo du tout :
  • Et pour finir, la photo d'un des petits autocollants qui étaient collés partout :

N'est-elle pas belle cette petite sorcière lectrice???

Un grand grand MERCI à Edelwe! Tu ne pouvais pas plus me gâter! Merci mille fois!

Quant à moi, ma swapée était LN!

Un grand merci à Lou pour l'organisation.

vendredi 30 octobre 2009

" On n'aime que ce qu'on ne possède pas tout entier "

A la recherche du temps perdu Tome 5
La prisonnière
Marcel Proust

Livre de poche, 2008.

Albertine a renoncé à faire une croisière et lorsque, à la fin de l'été, elle rentre de Balbec avec le narrateur, elle s'installe chez lui, à Paris : il ne se sent plus amoureux d'elle, elle n'a plus rien à lui apprendre, elle lui semble chaque jour moins jolie, mais la possibilité d'un mariage reste ouverte, et en lui rendant la vie agréable, peut-être songe-t-il à éveiller en elle le désir de l'épouser. Il se préoccupe en tout cas de son emploi du temps, l'interroge sur ses sorties sans pouvoir bien percer si sa réponse est un mensonge, et le désir que visiblement elle suscite chez les autres fait poindre la souffrance en lui.
Paru en 1923, La Prisonnière est le premier des trois volumes publiés après la mort de Proust et, quoique solidaire, bien sûr, de Sodome et Gomorrhe qui le précède comme d'Albertine disparue qui le suit, une certaine unité lui est propre, entre l'enfermement initial du narrateur et le départ final de la jeune fille. Pour l'essentiel, trois journées simplement se déroulent ici - le plus souvent dans l'espace clos de l'appartement -, et ce sont comme les trois actes d'un théâtre où la jalousie occupe toute la place.

Et bien, je dois reconnaître que j'ai eu un peu de mal à finir ce tome. L'écriture est toujours aussi sublime, le ton à la fois ironique, croustillant, beau et bouleversant est encore au rendez-vous, le sujet est comme à chaque fois intéressant, mais à cause d'une période de boulot très prenante et une invasion d'amis à la maison, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire ... et j'en suis bien triste!
Pourtant, ce tome est beau. On voit notre narrateur se transformer davantage en écrivain, on est bouleversé par ses questionnements sur l'amour, la jalousie, le mensonge, l'art, ... Ce tome est tellement riche et complexe qu'il faut prendre le temps de se poser pour le déguster. Plus qu'avec les autres tomes, j'ai ressenti l'importance de notre état d'esprit lors de la lecture d'un tome de La recherche du temps perdu. Si notre esprit batifole ailleurs, que l'on pense à la vaisselle à faire, au chien à sortir, aux collègues et j'en passe, on peut être sûr que la magie n'opérera pas. Ce qui est bien triste lorsque l'on voit quel bonheur Proust nous donne quand nos obligations humaines et quotidiennes nous fichent un peu la paix.
Revenons à La prisonnière! L'histoire est simple (en apparence). Notre narrateur installe Albertine chez lui. On voit alors dans toute sa splendeur le machisme personnifié. Albertine n'a pas le droit de sortir, sauf si le narrateur sait exactement ce qu'elle fait, qui elle voit, où elle va. Albertine est "l'oeuvre" du narrateur (ce sont ses mots). Un peu sexiste le petit Marcel! Et pourtant, on ne lui en veut pas. Quand on voit l'exaspérante nana qu'il se tape, on comprend qu'il soit un peu enquiquinant. Albertine est menteuse, un peu bêbête (blonde, pourrait-on dire!), sournoise et franchement, on ne comprend pas ce qu'il lui trouve ... Mais bon!! A cette histoire se mêle celle de monsieur de Charlus (et oui, encore lui!) et ses tirades croustillantes à souhait lors d'une soirée ches les Verdurin (encore en vie ceux là?? Je crois qu'ils doivent avoir au moins 100 ans).
On rigole, on renifle tristement, c'est un superbe roman mais qui m'est passé un peu à côté, je dois l'avouer. Je n'avais pas la tête à réfléchir, à me questionner autant que Proust, j'avais envie de légéreté ... malheureusement!
Mais je ne suis pas du tout refroidi! J'aime toujours Proust et j'entamerai Albertine disparue avec un grand sourire! Pour l'heure, j'ouvre un roman plus léger!

" Quand elle dormait, je n’avais plus à parler, je savais que je n’étais plus regardé par elle, je n’avais plus besoin de vivre à la surface de moi-même. En fermant les yeux, en perdant la conscience, Albertine avait dépouillé, l’un après l’autre, ses différents caractères d’humanité qui m’avaient déçu depuis le jour où j’avais fait sa connaissance. Elle n’était plus animée que de la vie inconsciente des végétaux, des arbres, vie plus différente de la mienne, plus étrange, et qui cependant m’appartenait davantage. Son moi ne s’échappait pas à tous moments, comme quand nous causions, par les issues de la pensée inavouée et du regard. Elle avait rappelé à soi tout ce qui d’elle était au dehors ; elle s’était réfugiée, enclose, résumée, dans son corps. En le tenant sous mon regard, dans mes mains, j’avais cette impression de la posséder tout entière que je n’avais pas quand elle était réveillée. Sa vie m’était soumise, exhalait vers moi son léger souffle. "
(La prisonnière, livre de poche, 2008, p121)



(Source image : Lady Agnew of Lochnaw by John Singer sur answers.com)