mardi 29 décembre 2020

Petit bilan de mes lectures de 2020

L'heure du bilan de cette .... étrange .... année est arrivée!


Voici les lectures les plus marquantes de 2020 : 

- Les braises de Sandor Maraï : Un court roman maîtrisé d'une main de maître, un huis clos époustouflant. 

- David Copperfield de Charles Dickens : Ce fut mon grand roman du confinement. Lu en lecture commune avec UnlivreUnthé, cette histoire addictive fut un régal de bout en bout.

- Dark island de Vita Sackville-West : Ce roman est bien plus complexe qu'il n'y paraît et j'ai adoré cette lecture déstabilisante et pleine de mystères. 

- Les royaumes du Nord Tome 1 d'A la croisée des mondes de Philip Pullman : Une série que j'ai été longue à débuter, pourtant ce tome 1 m'a envoûtée. J'ai également apprécié le tome 2 et je compte bien lire le troisième et dernier tome rapidement. 

- Wild de Cheryl Strayed : Après la découverte du film, je me suis jetée sur ce livre. Enorme coup de cœur! Un livre que je relirai. 

- La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier : Cadeau de Lou, je me suis glissée dans ce roman comme dans un bain chaud plein de bulles. Un petit bonbon délicieux ... et intelligent! 

- Dans la forêt de Jean Hegland : Dernière lecture achevée de l'année et très coup de cœur. Ce roman m'accompagnera encore très longtemps. Un terrible écho aux temps troublés actuels. (Chronique en cours de rédaction)


Mais cette année, j'ai aussi lu un nouveau Rougon-Macquart qui fut, comme toujours, délicieux. J'ai lu mon dernier roman (achevé) de Jane Austen et je me réjouis de pouvoir tous les relire indéfiniment. J'ai continué mon voyage sur Ténébreuse. J'ai découvert l'univers envoûtant d'Arturo Perez-Reverte. J'ai relu le sublime Une vie de Maupassant qui m'avait tant marqué adolescente. J'ai lu deux romans de Laura Kasischke ... et tant d'autres choses. 

Et qu'en est-il de mes bonnes intentions livresques de 2020 ? 

Je vous confesse que je n'ai pas réussi à atteindre le nombre de 40 romans dans l'année. Et pourtant il y a quelques années ce nombre m'aurait paru ridicule. Désormais entre les enfants, le boulot, une grande maison, de nouvelles activités, j'ai moins de temps libre pour lire. Mais je n'ai pas de regrets. Je ne cache pas que j'aimerais lire plus, mais quoi qu'il arrive, je lis toujours ... et toujours avec plaisir. Moins, certes, mais mieux. J'ai lu 32 romans en 2020, soit un peu plus de 2 romans par mois. Il y a de gros pavés dans le lot. 

J'ai relu un roman que j'avais aimé il y a quelques années. Il s'agit d'Une vie de Maupassant. Cela fait 3 ans que je me relis un roman dans l'année et j'apprécie beaucoup ce moment. Je le renouvellerai en 2021. Je ne sais pas encore avec quel titre. 

Je n'ai pas poursuivi ma lecture offerte du 1er tome de Harry Potter avec mon fils car ... il l'a lu seul ... pour mon plus grand bonheur.

Je n'ai pas relu de classiques grecs ou de romans traitant de la mythologie comme je le voulais, mais je ne désespère pas pour 2021.

J'ai lu de la littérature fantastique et compte bien continuer l'année prochaine notamment en terminant la série A la croisée des mondes

J'ai peu lu de BD ... mais toujours avec joie. 


Bref pour 2021, je me souhaite :
- De belles lectures (et de dépasser 35 romans).
- Une relecture d'un de mes romans marquants

Et ... c'est déjà pas mal.

Je vous souhaite une belle année livresque 2021. 

dimanche 6 décembre 2020

Nostalgie et réconciliation

Atala et René
Chateaubriand
Le livre de poche, 2019.

Sur les bords du Mississippi, la vie du jeune Chactas commence mal. Sa tribu vaincue, son village détruit, son père mort, ce jeune Indien intrépide, après un rapide passage par la ville, a été fait prisonnier par ses ennemis héréditaires. Promis à une mort atroce, ses derniers jours sont pourtant illuminés par la présence d'Atala, la fille du grand chef. Cet amour lui rendra peut-être la vie. Les deux jeunes gens pourront-ils s'enfuir et échapper à leur destin ? Sur fond d'Amérique et de bons sauvages, Chateaubriand revisite l'histoire de la fille du geôlier, à la mode romantique : en proie au mal du siècle, Atala et Chactas font partie de ces êtres d'exception qui ne connaîtront jamais de répit. L'étroitesse du monde est une torture qui ravage les grandes âmes : telle est la sombre leçon que Chateaubriand, de René aux Mémoires d'outre-tombe, ne cessera de répéter, à travers une écriture majestueuse à force de souffrances.

Lors d'un récent séjour bordelais et de passage à la librairie Mollat, j'ai été prise soudainement d'une bouffée de nostalgie. Au cœur de ce lieu plein de livres qui sentait l'encre et où planait une ambiance tamisée de fin de journée d'automne, je me suis revue 15 ans plus tôt, étudiante en Lettres Modernes. A cette époque, j'étais constamment fourrée dans la libraire qui jouxtait la fac. Vivant à la campagne, je devais souvent attendre mes trains. Je me rappelle de ces fins de journée froides et sombres où j'errai dans les rayons de la librairie. Je me souviens des sons, des odeurs, des lumières. C'est là que j'ai acheté et découvert tous ces textes classiques qui ont forgé la lectrice que je suis. Il y a quelques semaines, en retrouvant ses sensations anciennes, j'ai eu envie de dévaliser les rayons de littérature classique, retrouver (mais l'ai-je déjà quittée?), cette littérature que j'aime tant. J'ai eu envie de "vrais" classiques, ceux qu'on étudie à la fac. J'en ai choisis trois ... dont Atala/René de Chateaubriand que je vous présente ici. 

Autant vous dire que Chateaubriand et moi, c'est une histoire compliquée. Je l'ai découvert au lycée en filière littéraire avec des extraits de Mémoires d'Outre Tombe ... et je n'ai pas du tout accroché. Le côté Calimero de Chateaubriand, toujours en train de maudire le jour qui l'a vu naître, c'était trop pour moi. Je l'ai boudé durant des années et l'ai cité régulièrement comme auteur classique que je n'aimais pas. Et puis, le temps est passé. En préparant le concours de prof des écoles il y a presque 4 ans, j'ai été amenée à étudier un extrait de Mémoires d'Outre Tombe. Il s'agissait d'une anecdote sur l'enfance de Chateaubriand. Contre toute attente, j'ai ri. J'ai découvert un François-René très second degré, amusant et touchant. Doucement, l'idée a germé en moi de découvrir dans son intégralité cette œuvre majeure de la littérature. Je garde cette idée dans un coin de ma tête, mais en attendant, j'ai commencé en douceur avec deux petits romans de l'auteur, Atala et René

J'ai énormément apprécié cette lecture. Son charme désuet m'a séduite. Dans ce monde qui me semble de plus en plus étrange et violent, lire des "Ô!" très théâtraux et des tirades enflammées m'ont fait du bien. J'ai embarqué dans ce texte malgré sa vieillesse et ses caricatures. J'ai tremblé pour Chactas et j'ai été touchée par Atala. Quant à l'histoire de René, j'ai été très surprise par son propos. Je n'ai au final que peu de choses à dire de ces romans. Je ne les ai pas lus pour les analyser, mais j'ai laissé les mots glisser sur moi, j'ai lâché prise. Je ne peux que vous encourager à découvrir ces textes seulement pour le plaisir d'une belle langue, un brin pédante, mais si nécessaire. 

Cette pause très classique m'a fait un bien fou. Je me réconcilie doucement avec Chateaubriand. Affaire à suivre!

" On m'accuse d'avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d'être la proie d'une imagination qui se hâte d'arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée; on m'accuse de passer toujours le but que je puis atteindre: hélas! je cherche seulement un bien inconnu, dont l'instinct me poursuit. Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur? Cependant je sens que j'aime la monotonie des sentiments de la vie, et si j'avais encore la folie de croire au bonheur, je le chercherais dans l'habitude.  "

(Photos : Romanza2020)

Zut alors!

La vie devant ses yeux
Laura Kasischke

Le livre de poche, 2014.

Diana vient d'atteindre la quarantaine.
Elle a apparemment tout pour être heureuse : un mari professeur de philosophie, une jolie petite fille et une belle maison. Elle est cette mère de famille américaine typique qui accompagne les sorties scolaires de sa fille, qui cuisine admirablement et enseigne le dessin à mi-temps. Pourtant le passé - et l'événement traumatisant qui en est au cœur - ne cesse de la hanter, par bouffées, et ces flashes sont autant de ruptures dans la narration du présent de Diana.
Par un effet d'éclatement chronologique, Laura Kasischke crée ainsi une sorte de science-fiction "domestique", et nous livre une critique cruelle de l'Amérique petite-bourgeoise.

Alors autant je suis une grande fan de l'univers de Laura Kasischke et une accro à ses histoires mystérieuses et pleines d'ombres, que là, avec La vie devant ses yeux, j'ai été assez déçue

Pourtant le scénario de début était alléchant. Du Kasischke parfait : un non-dit, un vernis qui craque, une famille parfaite pas si parfaite. Mais voilà, alors que ça marche normalement du feu de Dieu avec moi, là ça n'a pas pris. En lisant La vie devant ses yeux, j'ai compris toutes les critiques que certains lecteurs pouvaient faire à Kasischke. Beaucoup disent qu'il ne se passe rien dans ses romans, que c'est bavard, surfait. Je n'irai pas jusque là, car j'aime définitivement Kasischke. Mais je ne peux qu'avouer que La vie devant ses yeux est peu palpitant. Etrangement, Kasischke nous livre dès les premières pages le secret de la vie de Diana. On attend autre chose durant toute la lecture, un secret encore inavoué. Et puis, non. Rien. On lit donc des dizaines de pages de la vie de Diana qui vit mal son secret, vit dans la douleur de la culpabilité. Puis arrive la fin. Une fin énigmatique ... que je n'ai pas comprise. J'adore les fins inachevées de Kasischke, les questions qui restent sans réponses, les ombres persistantes, ... mais là, il n'y a aucun mystère qui reste, c'est juste que la fin est écrite dans un style très métaphorique et que je n'ai pas tout saisi. 
L'idée de départ était bonne. Une femme vit avec un poids sur le cœur, une épée de Damoclès qu'elle traine depuis l'adolescence. Elle s'efforce d'être parfaite mais sa vie n'est qu'un mensonge. J'aurais aimé que Kasischke ne dévoile pas le fin mot de l'histoire dès le début. En évoquant l'amitié de Diana et Maureen en flashback, en créant (comme elle sait si bien le faire) une ambiance lourde presque surnaturelle qui fait planer le doute sur un éventuel roman fantastique et enfin une révélation finale, cela aurait bien mieux marché. 
J'ai retrouvé un scénario digne de Kasischke mais non traité comme l'aurait fait Kasischke normalement. Mais bien sûr, cette déception ne refroidit pas mon intérêt pour cette auteure que j'adore lire et que je relirai avec bonheur. En attendant une nouvelle lecture kasischkienne, je vais me dénicher le film adapté de La vie devant ses yeux qui me permettra sûrement d'y voir plus clair. 

PS : Une fois cet article rédigé, j'ai lu l'avis d'une lectrice sur Babelio qui me fait repenser toute ma vision du roman. Je crois que je suis vraiment totalement passée à côté du texte. Je n'ai pas vu les messages de Kasischke glissés dans le récit qui font basculer le roman dans quelque chose de très différent. J'ai presque envie de le relire avec en tête cette interprétation du texte. Je m'en veux un peu d'être passée à côté de cette analyse. 
"L’été...
Tout ce désir et tout cet espoir moite du printemps avaient finalement abouti à quelque chose. Chez elle, les pivoines s’étaient ouvertes, dans le jardin devant sa maison, comme les manches d’un joli chemisier - mais elles étaient restées collantes, douces, couvertes de petites fourmis rouges.
L’herbe était verte comm du fard à paupières, verte comme du satin.
Le ciel était un gros bonbon bien dur.
Et les abeilles s’agitaient autour du chèvrefeuille, comme de minuscules petits anges dorés jouant de la trompette.
Les lys venaient juste de fleurir, et une brise parfumée s’élevait de leurs cœurs intacts pour envahir le monde. "
(Photos : Romanza2020)