Manderley for ever
Tatiana de Rosnay
« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. » C’est par cette phrase que commence Rebecca, le roman de Daphné du Maurier porté à l’écran par Alfred Hitchcock. Depuis l’âge de douze ans, Tatiana de Rosnay, passionnée par la célèbre romancière anglaise, fait de Daphné du Maurier un véritable personnage de roman. Loin d’avoir la vie lisse d’une mère de famille, qu’elle adorait pourtant, elle fut une femme secrète dont l’œuvre torturée reflétait les tourments. Retrouvant l’écriture ardente qui fit le succès d’Elle s’appelait Sarah, vendu à plus de neuf millions d’exemplaires à travers le monde, Tatiana de Rosnay met ses pas dans ceux de Daphné du Maurier le long des côtes escarpées de Cornouailles, s’aventure dans ses vieux manoirs chargés d’histoire qu’elle aimait tant, partage ses moments de tristesse, ses coups de cœur, ses amours secrètes. Le livre refermé, le lecteur reste ébloui par le portrait de cette femme libre, bien certaine que le bonheur n’est pas un objet à posséder mais un état d’âme.
(Avant tout, pardon! Je suis peu présente sur la toile. J'ai 3 avis de lecture en attente et ces derniers ne seront pas très glorieux. Je suis dans une période de ma vie un peu particulière et surtout très chargée. Je lis toujours, mais moins et mes avis seront rédigés avec moins de soin que d'habitude).
Tout en me régalant depuis plusieurs années de ses romans, Daphné du Maurier restait pour moi un mystère. Malgré ma lecture de Maderley For ever, je crois qu'elle le restera toujours. Daphné du Maurier est une personnalité complexe. Femme étrange, masculine, parfois égoïste et pourtant si généreuse, adulée du public, boudée par la critique, un style d'écriture qui change radicalement d'un roman à l'autre, ... Daphné du Maurier est déroutante.
Pour moi, elle est l'auteure fabuleuse de Rebecca, Les oiseaux, L'amour dans l'âme et tant d'autres textes qui m'ont tenus en haleine, le souffle court, la gorge serrée. Pour écrire ainsi, il fallait avoir un cœur énorme et une imagination débordante.
J'aime les romans de cette grande dame anglaise injustement boudée par la critique. Ses romans sont intelligents, vifs, poignants, complexes. Tatiana de Rosnay nous éclaire un peu sur cette femme énigmatique et fascinante. Dans un style fluide et très agréable, elle nous embarque dans le quotidien de l'auteure. Enfance, passions, fièvre de l'écriture, angoisse de la page blanche, les difficultés de concilier la vie professionnelle et familiale, ... elle dresse un portrait sans concession d'une femme souriante pleine de vie, mais à l'humeur souvent noire.
Cette biographie est un régal à lire. Chaque moment lecture était un plaisir. Intime, plein d'amour, ce texte est un bel hommage à Daphné du Maurier. Mon cœur était douloureux lorsque j'ai tourné la dernière page. Je suis heureuse d'en connaître plus sur sa vie (notamment sur son amour des maisons qui lui a inspiré la plupart de ses grands romans).
J'aime dans les biographies d'écrivains les "voir" écrire les romans que j'ai tant aimés. J'ai envie de leur dire merci. Merci pour toutes ses émotions ... grâce à eux je ne me suis jamais sentie seule, j'ai pu vivre mille vies en une ...
Je suis bien évidemment décidée à lire tous les romans de Daphné du Maurier ... même ceux un peu à part dans son oeuvre. Je n'ai pas toujours trouvé Daphné sympathique dans ce texte, mais elle m'a touchée et sa personnalité me fascine.
A lire absolument ... que l'on connaisse ou non les romans de Du Maurier.
" Ces visages anonymes, ces yeux qui la détaillent, que peuvent-ils comprendre du processus d'écriture, eux qui n'ont jamais écrit de roman de leur vie ? Que savent-ils des doutes qui envahissent les écrivains ? Croient-ils, ces inconnus qui l'écoutent à présent dans le silence de cette pièce austère de la Cour fédérale de Foley Square, qu'un livre s'écrit d'un trait, qu'un roman se bâtit à partir d'une seule idée, que l'auteur n'a qu'à suivre cette idée comme un mouton placide, tirer un fil et le retranscrire ? Ils ne pourront jamais entrevoir à quel point la pensée d'un romancier est nébuleuse, complexe, tissée de contradictions et de non-dits, ni se douter comme c'est dégradant d'être debout, là, face à eux, à devoir décortiquer l'inspiration comme si c'était une vulgaire recette de cuisine, à démonter les rouages alambiqués de cette alchimie intime, le mécanisme à l'oeuvre dans les replis de son cerveau."(Maderley For ever, Albin Michel, 2015.)