lundi 30 décembre 2019

Petit bilan de mes lectures 2019

Voilà un petit moment cher à mon cœur, le moment du bilan. Je ressors mon carnet de lectures, relis mes notes, repense à chacune de mes lectures. J'en profite également pour réfléchir à ce qui a pu me frustrer ou me manquer cette année, afin de poser sur le papier des belles intentions livresques pour l'année à venir.
 Alors cette année, quelles sont les lectures marquantes?


- La maison d'Âpre-vent de Dickens : Même si j'ai été lente à lire ce long roman et qu'il a mis du temps à me convaincre, j'ai finalement aimé ce texte. 
- Michel Strogoff de Jules Verne : Un roman d'aventures fascinant.
- La nuit du bûcher de Maraï : Un texte riche et sublime.
- Jane Eyre de Charlotte Brontë : Mon gros coup de cœur de jeune lectrice que j'ai enfin relu. Cette histoire me fascine toujours autant. 
- Martin Eden de London : Un roman qui mériterait une relecture. Une histoire bouleversante, une écriture puissante.
- Les fiancés de l'hiver (La Passe-Miroir Tome 1) de Dabos : Mon gros coup de cœur de l'été. J'ai adoré ce 1er tome, cependant les suivants perdent en charme et qualité. 
- Le voyage d'Anna de Gougaud : Un joli conte murmuré au creux de l'oreille.
- Watership Down d'Adams : Plus les semaines passent et plus j'aime ce roman. Une expérience unique.

J'ai également relu Racine avec un bonheur sans pareil. Andromaque est une oeuvre sublime. Je conte bien relire plus régulièrement du théâtre classique. J'en lisais beaucoup étudiante, mais nettement moins désormais. 
J'ai de nouveau adhéré au style Kasischke avec En un monde parfait, découvert la plume de Richard Yates, frissonné avec Un bébé pour Rosemary et Basil. Et bien d'autres choses encore!

Pour 2020, je me souhaite plus de lectures. Tous les ans je me le dis et chaque fin d'année je vois le nombre de romans lus diminuer. Le plus important reste le plaisir bien sûr et il est bien là, mais il existe aussi un brin de frustration. Etudiante, je lisais entre 50 et 60 romans par an. Cette année, j'en ai lu 26 ... et cela me rend triste. J'ai dégusté ces 26 ... mais il y en a tellement d'autres que j'aurai aimé lire.


Bonnes intentions livresques de 2020 

- Lire tous les jours et atteindre le nombre de 40 romans lus dans l'année

- Lire davantage de BD. Le fait d'inscrire mes élèves à un prix littéraire de BD m'a permise de lire plusieurs BD cette année et j'ai énormément apprécié ces petites soirées entre parenthèses. J'aimerais aussi relire mes Yoko Tsuno et finir ma collection. Ainsi que découvrir (enfin) les Blake et Mortimer.

- Relire un classique que j'ai aimé (comme Jane Eyre cette année et Anna Karenine l'an passé). J'hésite encore sur le titre! 

- Finir le 1er tome de Harry Potter que je lis à mon fils. Tellement de bonheur de lui faire découvrir cette histoire.

Relire des textes antiques ou traitant de la mythologie. J'ai une passion pour les mythes et cela fait longtemps que je n'ai pas erré du côté des dieux.

- Lire au moins une oeuvre de la littérature fantastique ... Ne plus mettre 3 ans avant d'en lire!


Je vous souhaite une douce et belle année 2020. Qu'elle soit pleine de joie et de tendresse .... et aussi de lectures!

Un peu plus que cela même ...

La tempête des échos
La Passe-miroir Tome 4
Christelle Dabos

Gallimard Jeunesse, 2019.

Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants: Babel, le Pôle, Anima... aucune arche n'est épargnée. Pour éviter l'anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l'Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s'engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.
Au sommet de son art, Christelle Dabos signe le final éblouissant d'une saga devenue un phénomène et une référence de la littérature fantastique.
Voilà ... j'ai terminé la saga de La Passe-miroir hier soir devant mon feu de cheminée. Je suis envahie depuis par de nombreux sentiments contradictoires. Je suis triste tout d'abord d'avoir quitté Ophélie et les Arches. Je suis heureuse cependant d'avoir vécu cette belle expérience littéraire ... mais je suis aussi déçue par ce dernier tome. 
Dès le deuxième tome, je reconnais avoir senti un tournant par rapport au premier tome. L'intrigue se complexifiait trop, elle partait trop dans toutes les directions et Christelle Dabos me perdait par moment. Cependant, l'univers, l'écriture, l'ambiance, ... tout dans ces 2ème et 3ème tomes me plaisait. J'ai donc poursuivi avec autant d'enthousiasme. Ma lecture du tome 4 fut différente. 
J'affirme avant tout haut et fort mon admiration pour cette histoire, les personnages, l'univers créé. Mais voilà, le texte a pris la tournure que je craignais, il devient confus et tarabiscoté. J'ai souvent eu envie de crier STOP et de revenir au si parfait 1er tome. J'aime La Passe-miroir, cette histoire fait désormais partie de moi, j'ai littéralement adoré lire cette série qui a su me redonner le goût de la littérature fantastique et je me suis régalée à lire les 4 tomes. Cependant, j'aurai aimé que l'intrigue soit plus simple. Je suis déçue que certains personnages soient totalement oubliés. J'ai eu le sentiment, en lisant le tome 4, que Christelle Dabos n'avait pas réfléchit à la fin de son histoire et qu'elle essayait de rattacher les wagons comme elle pouvait. Où est Berenilde? Le Pôle? La famille de Thorn? Archibald? Il y avait tant à exploiter dans le tome 1 qui a ensuite été oublié ... Quel dommage! Ayant peu lu de littérature fantastique young adult, j'ai peu d'éléments de comparaison. Je peux cependant comparer La Passe-miroir avec Harry Potter. Même si l'univers à la Miyazaki de La Passe-miroir me plaît davantage que celui de Harry Potter (que j'aime ÉNORMÉMENT aussi), je reconnais le talent bien supérieur de J K Rowling. Tout se tient dans son oeuvre, les 7 tomes du petit sorcier sont parfaits d'un bout à l'autre. Il n'y a rien en trop, rien de surfait, le moindre détail est utilisé et exploité. J K Rowling a trouvé l'équilibre parfait entre simplicité et complexité. C'est là que je vois les limites de La Passe-miroir, l'idée de départ est sublime, l'écriture également, l'univers est grandiose, mais tenir la longueur sans tomber dans une intrigue trop tirée par les cheveux est une tâche difficile. Je dois vous paraître un peu dure, mais ce dernier tome est une vraie frustration pour moi. Il y avait tant à dire de pertinent et passionnant après le premier tome que je suis déçue que Christelle Dabos ait pris cette voie alambiquée. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce tome 4 et à retrouver cette univers tant aimé ... mais voilà ... le charme du premier tome est oublié dans le dernier.
Malgré ces quelques défauts, La Passe-miroir fut une merveilleuse découverte. Le tome 1, Les fiancés de l'hiver, restera un coup de cœur à vie. J'ai tout aimé et je me réfugierai souvent dans cet univers. Ophélie et Thorn vont me manquer. Heureusement, la fin de ce dernier tome laisse présager de nouvelles aventures ...
En tout cas, grâce à La passe-miroir, je ne resterai plus aussi longtemps sans lire du fantastique. Adolescente, j'en lisais une ou deux fois par an. Maintenant, cela devient rare. J'ai tellement aimé me réfugier dans ce monde parallèle, magique, envoûtant, que je compte bien lire plus souvent de la littérature fantastique.
"- Un seul mot de toi, dit-il, et je te sors de cet observatoire dès cette nuit. Nous n’avons plus beaucoup de temps, mais c’est encore faisable. Nous trouverons un endroit où tu n’auras à craindre ni d’être expulsée ni d’être repérée.
- Tu veux que je m’en aille ? que je m’enfuie ?
L’expression de Thorn se fit ambiguë dans la lumière des veilleuses.
- Ce qui importe, c’est ce que toi tu veux. Tu as et tu auras toujours le choix.
« Les dés de ma propre existence », songea Ophélie."
(La tempête des échos, La Passe-Miroir tome 4) 
 (Photos : Romanza2019)

samedi 14 décembre 2019

Par ma queue de coton, je n'en crois pas mes yeux!

Watership down
Richard Adams
Monsieur Toussaint louverture, 2016.

" La terre tout entière sera ton ennemie. Chaque fois qu'ils t'attraperont, ils te tueront. Mais d'abord, ils devront t'attraper ..."
Dans la garenne de Sandleford, Fyveer, un jeune lapin qui possède des dons de voyance, a une vision effrayante relative à la destruction imminente de sa garenne. Son frère Hazel et lui ne parviennent pas à convaincre leur Maître Lapin de la nécessité de fuir, ils se mettent alors en route de leur propre chef avec un petit groupe de onze lapins pour chercher un nouveau foyer, et échappent de justesse à la Hourda, la caste militaire de la garenne.

Cela fait plusieurs mois que je lorgne sur ce roman. J'ai mis du temps à le lire, mais uniquement parce que je manquais de temps. J'ai aimé ce livre, j'ai aimé gambader sur la colline et braver les dangers.

Watership down est célèbre dans le monde littéraire. Ecrit dans les années 70, ce texte raconte l'histoire d'un groupe de lapins qui cherchent à créer une nouvelle garenne. Richard Adams a créé tout un monde à la manière des auteurs de fantasy. Dès les premières pages, c'est au lecteur de faire son choix. Vais-je embarquer ou rester au seuil de cette histoire absurde? Le choix a été vite fait pour ma part. M'imaginer en lapin bondissant ne fut pas une tâche difficile. 
Je suis épatée par l'univers créé par Adams. Nous plongeons dans un monde à la frontière du naturalisme et du fantastique. J'ai appris beaucoup de choses sur le mode de vie des lapins, tout en embarquant totalement dans cette cosmogonie incroyable imaginée par l'auteur. Richard Adams invente une religion, une langue, une philosophie "lapines", bluffantes de complexité. Ce roman est écrit dans une langue simple et facile pourtant il est infiniment fouillé et riche. Il y aurait tant à dire sur Watership down qu'un article de blog sans prétention n'en arriverait pas à bout. Je pourrais parler du rapport à l'Homme, le lien avec la nature, des sublimes comparaisons avec la société humaine, des relations entre êtres vivants, ... bref, Watership down est un monument. Je suis bien embêtée de ne pas avoir quelqu'un en face de moi avec qui en discuter. J'aimerais discuter d'Effrefa, mais également de la première et si glaçante garenne que nos compagnons croisent, parler d'Hazel, de Bigwig ou de Fyvver. 
Je n'irai pas jusqu'à dire que ce texte est une révélation ou un coup de cœur. Cependant, c'est une expérience littéraire unique, un roman qui aborde des sujets essentiels, un livre que l'on n'oublie pas, auquel on pense et repense. Durant toute ma lecture de cette oeuvre et pendant mes longs trajets quotidiens au milieu des bois, j'ai pensé à mes petits héros à la queue de coton. J'imaginais la suite de leurs aventures, tremblais pour eux lorsque je croisais un renard sur la route, songeais à leur fourrure toute mouillée les jours de pluie ... C'est un roman qui fait rêver ... N'est-ce pas la définition même d'un bon livre? 
Watership down est un GRAND livre
" Les hommes n'ont pas conscience que le jour n'est pas celui qui chasse la nuit. Pour eux, même lorsqu'elle est voilée de nuages, la présence du soleil est l'état naturel de la terre et du ciel. Quand ils pensent aux collines, ils ne les imaginent pas dans l'obscurité, de même qu'ils ne se représentent jamais un lapin sans fourrure. Ils oublient le squelette sous la chair, ils oublient le clair de lune et prennent le jour pour acquis, alors que celui-ci ne fait pas partie des collines. Le clair de lune est inconstant, il décroît puis croît à nouveau. Les nuages peuvent l'obscurcir bien plus qu'ils n'obscurcissent le soleil. On ne peut vivre sans eau, mais on peut se passer de cascades. Elles sont jolies, elles sont un luxe. On a besoin du jour, il est donc utile, mais pas du clair de lune. Quand il descend, il ne satisfait aucun besoin. Il transforme. Il se pose dans les vallons et sur les prairies, et distingue la longue tige de la voisine ; d'un seul monceau de feuilles couvertes de givre, il fait une myriade d'éclats étincelants ; il file son trait tremblant le long des branches humides comme si la lumière elle-même était malléable. "
(Watership down, R. Adams)
(Photos : Romanza2019)

dimanche 1 décembre 2019

Pour le meilleur ... et surtout pour le pire.

Basil
William Wilkie Collins

Phébus, Libretto, 2005.


Basil, un jeune homme, s'engage dans un mariage qui ne tarde pas à se révéler un guet-apens... Où la bonne société victorienne nous découvre le dessous - peu reluisant - de ses crinolines. Basil (1852), le plus sexué des romans de Collins, en tout cas l'un des plus délicieusement inconvenants, ne fait pas beaucoup de cadeaux à son lecteur... qui n'attend d'ailleurs que cela, l'hypocrite. A ne pas lire la nuit si l'on veut dormir.


Cela faisait longtemps que je n'avais pas mis le nez dans un Wilkie Collins et j'ai bien apprécié ce moment. C'est toujours un régal de retrouver la plume palpitante de cet auteur. Certes, Basil n'a pas la fougue et l'ambition d'un Pierre de lune mais il n'a pas à rougir. C'est un roman passionnant et très bien écrit
La quatrième de couverture exagère un peu en disant que les nuits du lecteur seront rétrécies, ceci dit il est vrai que l'intrigue est efficace. J'ai apprécié que Wilkie Collins prenne le temps d'installer le décor et l'ambiance. Le roman s'accélère uniquement dans le dernier tiers. Basil est principalement un roman à atmosphère. Le lecteur sait que le roman va basculer au bout d'un moment, mais il ne sait pas quand. Pour les puristes des thrillers contemporains, sachez que vous risquez de trouver le roman long. Pour les passionnés de romans classiques anglais, foncez! 
Même si les personnages principaux de l'histoire sont un brin caricaturaux, je me suis attachée à eux. Mention particulière pour Mrs Sherwin et son terrible destin, mais également à Ralph, le frère du narrateur, qui donne un souffle supplémentaire au récit et une pointe d'humour. 
Basil est extrêmement moderne. Certains thèmes sont abordés avec franchise notamment celui du désir et de la sexualité. Cependant, tout est teinté de bienséance et de pudeur. Basil est un roman qui mêle beau langage et scandale et c'est un vrai régal de s'y plonger. 
Encore quelques romans de Wilkie Collins m'attendent encore dans ma bibliothèque (Armadale et Cache-cache) ... et d'autres en librairie. Tout ça pour mon plus grand plaisir. Savoir que plusieurs belles heures de lecture captivantes m'attendent encore me ravit. 
Un auteur à découvrir si ce n'est pas encore fait!
(...), tout en elle portait la marque d'une vie de craintes et de contraintes perpétuelles; d'une disposition pétrie de générosités modestes et de sympathies discrètes, qui avaient été écrasées sans espoir de résurrection.Là, dans cet aimable visage blême, dans les soubresauts douloureux et la précipitation de ses mouvements, dans ses paroles tremblantes, presque imperceptibles, là, je voyais se dérouler devant mes yeux l'une de ces effroyables tragédies du coeur qui sont jouées, scène après scène, année après année, au théâtre secret des familles; sur ces tragédies descend lentement un rideau noir, un peu plus bas chaque jour; il descend, libéré par la main de la mort, qui dissimule tout.
(Basil, W. Collins)  
(Photos : Romanza2019)