dimanche 27 novembre 2011

Captain Igloo

Le vieil homme et la mer
Ernest Hemingway
(Matilda's contest)

Folio, 2011.

Manolin, un jeu garçon, accompagne Santiago, le vieil homme, à la pêche, mais ils n’ont rien pris depuis 84 jours. Les parents de Manolin, qui trouvent que Santiago est malchanceux, décident que leur fils embarquera sur un autre bateau avec lequel il aura effectivement plus de succès. Un jour, le vieil homme explique à Manolin qu'il va partir loin dans le golfe pour mettre fin à sa malchance et trouver "le poisson" qui lui ramènera l'estime de tous. Il part ainsi au large à l'aube du 85e jour et rencontre son adversaire, un poisson manifestement hors normes. Ainsi commence une lutte acharnée entre l’homme et le poisson ...
(résumé de wikipedia.org)

J'ai découvert Ernest Hemingway il y a quelques années avec Pour qui sonne le glas. Roman qui m'avait laissée une drôle d'impression, celle d'avoir lu un roman autant passionnant qu'ennuyeux. Je savais que c'était un beau et grand roman, j'ai été ébloui par certaines scènes splendides (j'en suis encore marquée aujourd'hui ... Les personnages m'ont particulièrement marquée), mais parfois le texte m'épuisait, m'ennuyait. Et voilà qu'il y a quelques jours, en souvenir de certaines magnifiques scènes de Pour qui sonne le glas, j'ai eu envie de redécouvrir Ernest Hemingway. Je me suis tournée vers le plus célèbre roman de cet auteur : Le vieil homme et la mer.
Plus facile d'accès que Pour qui sonne le glas, Le vieil homme et la mer reste tout de même un roman plus complexe qu'il n'en a l'air. Cette histoire se présente comme un conte philosophique bourré d'images, de métaphore, de symboles. L'histoire est simple. Mais son analyse est plus difficile. Je pense que je n'ai pas tout compris à ce texte. J'y ai vu le beau message de tolérance et de respect que nous fait passer Hemingway, un amour de la nature, un amour de la vie aussi. Mais je n'ai pas réussi à saisir les détails. Pourtant, j'ai aimé ce texte. J'ai trouvé l'histoire de ce vieil homme très touchante. Hemingway arrive à nous tenir en haleine avec une simple histoire de poisson. Je dis "chapeau"! Les scènes avec les requins m'ont particulièrement angoissée. Hemingway a un véritable talent pour décrire l'émotion, pour les instants bouleversants mais terriblement simples.
Hemingway n'est pas un coup de coeur, ce n'est pas une rencontre exceptionnelle qui révolutionne ma vie de lectrice, mais que ce soit avec Pour qui sonne le glas ou Le vieil homme et la mer, j'ai l'intime conviction d'avoir lu quelques unes des plus belles scènes de romans.
J'ai eu plus de facilité à lire Le vieil homme et la mer que Pour qui sonne le glas, pourtant j'ai largement préféré le second, plus fouillé, plus beau.
Je dois avouer que j'ai envie de relire Hemingway notamment Les neiges du Kilimandjaro, Le soleil se lève aussi et L'adieu aux larmes.
A suivre!

" Tu veux ma mort, poisson pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, j'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ca m'est égal le quel de nous deux tue l'autre.

Qu'est-ce que je raconte ? pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson."
(Le vieil homme et la mer, Hemingway, Folio, 2011)

(Source image : première.fr)

samedi 26 novembre 2011

Où vous apprenez que mes lectures ne se bornent pas aux romans d'adultes!

La grande Ourse d'Ikomo
Agnès de Lestrade et Nicolas Duffaut

Père Castor, 2007.

Pour aider à la guérison de sa sœur, Ikomo, le petit esquimau, s'en va pêcher les plus beaux poissons. Mais son voyage n'est pas sans danger, car c'est sur le territoire de la grande ourse blanche qu'il doit s'aventurer...

Avec ce petit livre pour enfants, j'inaugure une nouvelle catégorie de mon blog : La bibliothèque de Romanzino. Avec l'arrivée de petit homme, la collection de livres pour enfants de la maison s'est étoffée. Ce qui n'est pas pour me déplaire d'ailleurs. Je vous présenterai brièvement de temps à autre (quand j'aurai le temps et l'envie) quelques unes des merveilles que contient le "grenier à livres" de mon Romanzino.

La grande Ourse d'Ikomo est surtout magnifique par les splendides illustrations de Nicolas Duffaut. Cette ambiance bleue, blanche, glacée, hivernale est merveilleuse. Un régal pour les yeux! Chaque page est une oeuvre d'art.
Le texte est quant à lui assez simple et très lyrique. De jolies phrases, un beau conte pour petits et grands, une belle histoire touchante.

Un album, doux et poétique, à découvrir ...


mercredi 23 novembre 2011

" Il y a des choses que des gens comme nous ne peuvent pas faire ... "

Précoce automne
Louis Bromfield

Club des amis des livres, 1964.
(Edition récente : Phébus, 1999)

Olivia, bientôt quarante ans, est mariée à un homme fade, dernier né d'une grande famille de la Nouvelle Angleterre. Derrière un masque de respectabilité et de morale, la famille Pentland cache une froideur, un manque total d'amour, d'humanité, de joie. Olivia étouffe .... Le pouvoir des Pentland se resserre autour d'elle. Ce pouvoir d'anéantir le moindre souffle de vie, la moindre lueur d'espoir.
C'est un magnifique roman que je viens de refermer et j'en suis encore toute bouleversée.

Cette histoire m'a remuée. Les tragédie silencieuses, quotidiennes, cachées, me touchent beaucoup. Bien plus que les grands drames théâtraux. Je pleure dans les deux cas, j'aime les deux, mais les petites tragédies enfouies au fond de nous me parlent davantage. Car ce sont eux, les vrais drames.
Je ne sais pas trop quoi écrire en réalité. Je pense que la lecture du roman de Louis Bromfield est toute personnelle.
Je n'ai jamais lu cet auteur bien que trois de ses romans prennent place dans ma bibliothèque. Celui que je vous présente ici, La colline aux cyprès et Emprise.
Je n'ai rien attendu de spécial de ce roman. C'est peut-être aussi pour cela qu'il m'a autant bouleversée. Il m'a eu et m'a joué un bien vilain tour. Je suis allée innocemment vers lui et me voilà tremblante d'émotions.
Ce roman est beau. Tout simplement. Les pages défilent comme passent les saisons à Durham où se tient notre histoire. Louis Bromfield nous parle de la vie. Celle des lieux, de la nature, des gens, des choses. Olivia voit sa vie défiler, immuable. L'emprise des Pentland la prive d'oxygène, l'étouffe petit à petit. Elle se dit que pour elle, il est trop tard. Elle fera tout pour que sa fille Sybil parte loin, qu'elle est une chance d'être heureuse.
Olivia est un personnage inoubliable. Humaine, tolérante, attentionnée ... mais bien trop gentille. Je lui en ai voulu d'avoir touché le bonheur du doigt et de l'avoir laissé filer. J'ai eu envie de hurler dans les dernières pages. Pourquoi n'a t-elle pas la fougue de la rousse Sabine (qui portant est parfois bien énervante)? Pourquoi John Pentland a t-il parlé ainsi? J'ai haï cet homme autant que je l'ai admiré.
Je ne voulais pas lâcher Olivia. J'aurai voulu la suivre encore, ne pas la laisser tout de suite.
Ce roman m'a vraiment bouleversée ... et je ne sais pas comment en parler. Je peux juste vous dire de lire Précoce automne pour sa belle et douce écriture poétique, pour sa magnifique histoire qui remue les tripes, c'est un roman qui semble anodin mais qui cache une profondeur incroyable. De le lire également pour ses personnages inoubliables, parfois détestables, parfois terriblement attachants ... et pour ces belles heures de lecture qu'il vous offrira.
J'aime les romans dans lesquels on se laisse prendre. On les ouvre sans attente particulière, on lit, on aime et puis soudain ... magie des mots ... on est bouleversé, renversé, subjugué.
L'histoire d'Olivia me poursuivra encore longtemps. Ce roman profond, bien plus complexe qu'il en a l'air, soulève beaucoup d'interrogations, de questionnements.
Précoce automne a remué mon âme à la petite cuillère ...

Un vrai coup de coeur ...

L'avis de Titine.

" On donnait un bal dans la vieille maison des Pentland, car, pour la première fois depuis bientôt quarante ans, il y avait dans la famille une jeune fille qu'il fallait présenter à la bonne société de Boston et aux privilégiés qu'on avait priés de venir de New York et de Philadelphie. C'est pourquoi l'ancienne demeure était décorée de lampions et de gerbes des dernières fleurs de printemps, tandis que dans le hall majestueux et nu, aux murs peints en blanc, un orchestre nègre installé derrière des plantes fleuries jouait une musique bruyante et lascive. "
(Précoce automne, Bromfield, Amis du livre, 1964, p27)

(Source image : affiches-et-posters.fr. Kees van Dongen)

mercredi 9 novembre 2011

Romanza horror show II

Le tour d'écrou
Henry James

Livre de poche, 2009.

Le Tour d'écrou est unanimement considéré comme le chef-d'oeuvre d'Henry James. Borges a même écrit que, selon lui, «aucune époque ne possède des romans de sujet aussi admirable que Le Tour d'écrou...». Une intrigue serrée, un mode narratif subtilement ouvragé, des personnages plus vrais que nature, une atmosphère étouffante : le fantastique rejoint le quotidien et s'impose comme une version possible de la réalité. Pour la première fois, grâce à la magie d'une traduction réussie, l'univers de James devient directement accessible au lecteur français.

J'ai terminé ce roman il y a quelques jours mais je n'ai malheureusement pas eu le temps de venir en parler avant aujourd'hui (vive le 11 novembre!).
Voulant poursuivre mes lectures effrayantes, j'ai ouvert Le tour d'écrou. Je n'avais jamais lu Henry James. J'ai beaucoup apprécié sa plume toute en sous-entendus, en allusions. Une écriture délicate, toute en retenue, mais vraie, brute, sans fioritures.
L'intérêt principal de ce roman se trouve dans l'ambiance. Une atmosphère lourde, pesante, un huis clos étrange et étouffant. J'ai aimé cette histoire de revenants et d'enfants possédés. Les deux bambins sont particulièrement effrayants, mi-anges mi-démons, ils m'ont vraiment mise mal à l'aise.
Je me trouve dans la même situation qu'après avoir lu Carmilla. J'aurai aimé en savoir plus, j'aurai aimé plus de pages, un bon gros pavé. J'aurai aimé plus de descriptions des lieux. Passer plus de temps dans cette demeure hantée m'aurait ravie. Bref, je ressors à la fois conquise et frustrée. Mais Le tour d'écrou m'a confirmée à quel point j'aimais les romans à ambiance. Il m'a donnée envie d'ouvrir La dame en blanc ou Pierre de lune de Collins ou les romans de Daphné du Maurier qui patientent gentiment dans ma bibliothèque.

« Toute cette impression du moment me revient du moins avec une intensité qui me permet de l’exprimer ici avec une précision que je ne lui ai encore jamais donnée. C’était comme si tout le reste de la scène avait été frappé de mort à l’instant même où j’apercevais… ce que j’ai aperçu. Je peux encore entendre, en écrivant, le silence prenant dans lequel sont tombés les bruits du soir. Les freux ont cessé de croasser dans le ciel doré, et durant une minute, cette heure amicale a perdu toute voix. Mais rien d’autre n’avait changé dans la nature, à moins bien sûr que l’étrange intensification de mon regard n’ait été un changement. L’or était toujours dans le ciel, la limpidité dans l’air, et l’homme qui me regardait du haut des remparts était aussi net qu’un tableau dans son cadre. »
(Le tour d'écrou, Henry James, livre de poche, 2009).

(Source image : Les autres. Allocine)

jeudi 3 novembre 2011

Romanza horror show I

Nouvelles histoires extraordinaires
Edgar Allan Poe

Livre de poche, 2008.

L'homme est lui-même et ce qu'il se cache. Ce secret hanta Edgar Poe. Le descendant de la maison Usher qui croit sa soeur morte, l'assassin du chat noir et William Wilson sont victimes de leur double, le cousin de Bérénice l'est de sa névrose obsessionnelle, le peintre du portrait ovale, de son art. Dans ces nouvelles fantastiques, prolongement des Histoires extraordinaires, les cadavres se promènent, un sourire ironique aux lèvres, les femmes sont « belles comme un rêve de pierre », et la mort clôt chaque récit. L'envoûtement est total, l'horreur atteint son point culminant et pourtant la réalité est là, tangible, pour chasser l'irrationnel. Fasciné par cette oeuvre américaine, Baudelaire l'a traduite admirablement et rendue célèbre dans le monde entier.


Il s'agit de ma toute première lecture de Poe (cela faisait un bon bout de temps que je voulais le découvrir). A force de voir des citrouilles et des petits monstres réclamant des bonbons partout dans les rues, j'ai eu envie de lire un livre "qui-fait-peur-pour-aller-avec-l'ambiance".
Peur? A dire vrai, ce n'est pas trop ce qu'il s'est passé. Mais certaines histoires m'ont faite ressentir tout de même un peu d'angoisse. J'ai trouvé certains contes vraiment passionnants (Le coeur révélateur, Bérénice, La chute de la maison d'Usher, Le puits et le pendule, Le portrait ovale, ... sont mes préférés). Mais malheureusement, il y en a plusieurs qui m'ont sincèrement ennuyée (Puissance de la parole, Colloque entre Monos et Una, Conversation d'Eiros avec Charmion). Tout n'est pas passionnant dans ce recueil. J'aurai aimé plus d'histoires merveilleuses et terrifiantes comme Le portrait ovale ou Bérénice. J'ai parfois trouvé ça très (trop) compliqué, trop philosophique, trop métaphorique ... Je n'étais pas préparée à trouver ce genre de nouvelles. J'ai bêtement préféré les histoires de fantômes toutes simples.
Cela ne m'étonne pas que Baudelaire aimait Poe. J'ai souvent eu la sensation de lire de la poésie en prose. Poe est un poète. Son côté très sombre, violent, noir a du plaire à notre Charles national.
Des petites histoires de saisons que je conseille ... mais pas toutes. Certaines étant passionnantes et envoûtantes, d'autres trop complexes et ennuyantes. Je pense qu'il faut faire son tri ou être préparé à ne pas découvrir que des histoires distrayantes de fantômes.
Je compte tout de même découvrir les premières histoires extraordinaires de Poe.

" J'étais brisé, — brisé jusqu’à la mort par cette longue agonie ; et, quand enfin ils me délièrent et qu’il me fut permis de m’asseoir, je sentis que mes sens m’abandonnaient. La sentence, — la terrible sentence de mort, — fut la dernière phrase distinctement accentuée qui frappa mes oreilles. Après quoi, le son des voix des inquisiteurs me parut se noyer dans le bourdonnement indéfini d’un rêve. Ce bruit apportait dans mon âme l’idée d’une rotation, — peut-être parce que dans mon imagination je l’associais avec une roue de moulin. Mais cela ne dura que fort peu de temps ; car tout d’un coup je n’entendis plus rien. Toutefois, pendant quelque temps encore, je vis ; mais avec quelle terrible exagération ! Je voyais les lèvres des juges en robe noire. Elles m’apparaissaient blanches, — plus blanches que la feuille sur laquelle je trace ces mots, — et minces jusqu’au grotesque ; amincies par l’intensité de leur expression de dureté, — d’immuable résolution, — de rigoureux mépris de la douleur humaine. Je voyais que les décrets de ce qui pour moi représentait le Destin coulaient encore de ces lèvres. Je les vis se tordre en une phrase de mort. Je les vis figurer les syllabes de mon nom ; et je frissonnai, sentant que le son ne suivait pas le mouvement."
(Le puits et le pendule in Nouvelles histoires extraordinaires, Livre de poche, 2008, p 99/100)

(Source image : citypaper.com)