samedi 25 juillet 2015

British certes ... mais choquant!

Maurice
E. M. Forster

Petit bac 2015

 10/18, 1989.

Depuis son plus jeune âge, Maurice est hanté par des rêves dont il s'explique mal la nature étrange et mélancolique. Puis, comme tous les jeunes gens de la bonne société anglaise, il part faire ses études à Cambridge. C'est là qu'il rencontre Clive, étudiant comme lui, auprès de qui il sent naître de nouveaux sentiments. Tentant d'abord d'ignorer cette passion, le jeune homme va peu à peu entamer un long cheminement, parfois douloureux, vers la liberté et l'affirmation de son identité. Dans ce récit intimiste à l'écriture ciselée, Forster, qui jamais ne consentit à ce que cette oeuvre soit publiée de son vivant, livre une magnifique histoire d'amour sur fond de chronique sociale de l'Angleterre puritaine des années 1920.

Maurice fut ma première lecture de E. M. Forster.  D'abord étonnée par un style très détaché, j'ai vite compris que l'écriture de Forster était en réalité toute en sensibilité et en retenue. Maurice mêle avec génie scandale et politesse, réalisme et romantisme. 
J'ai été touchée par l'histoire de Maurice. Forster nous conte la vie amoureuse d'un homme qui est assez banale et simple, mais parce qu'il est homosexuel cette vie devient douloureuse et semée d’embûche. J'ai aimé que l'auteur ne tombe pas dans le mélodrame, mais qu'au contraire il montre que Maurice est un être humain comme un autre, un amoureux qui doute, se questionne, aime, pleure, rêve. C'est un roman extrêmement délicat, qui va à l'essentiel, ne s'attarde pas sur du sentimentalisme inutile. Forster trouve le mot juste pour chaque émotion
Ce roman est également très moderne pour l'époque. Je comprends pourquoi Forster n'a pas voulu qu'il soit publié de son vivant. Il parle de sexe et de désir homosexuel sans tabou ... mais toujours avec élégance. 
C'est un roman très beau et optimiste. J'ai aimé cette fin qui nous interroge sur notre relation à la société. Sommes-nous prêts à être nous-même ou continuerons-nous à vivre comme le monde veut que l'on vive? 
Cette première découverte de Forster fut très belle. Prise par le travail et la vie de famille, je n'ai eu que quelques minutes de lecture volées dans la journée, mais ce fut toujours des instants délicieux. 

" Allumant une bougie, il contempla avec surprise son pyjama déchiré et ses membres tremblants. Il pleurait toujours sans pouvoir s'arrêter, mais le plus fort de la crise était passé. Il refit son lit et se recoucha.

Le délire de Maurice fut comme le coup de tonnerre qui disperse les nuages. L'orage n'avait pas couvé pendant trois jours, ainsi qu'il l'imaginait, mais pendant six ans. Il s'était formé dans les profondeurs obscures de son être, et son entourage l'avait épaissi. Il avait éclaté, et Maurice n'en était pas mort. La splendeur du jour l'entourait. Il se tenait sur la crête des montagnes qui enténèbrent la jeunesse. Maintenant, il " voyait ".
Il avait vécu de mensonges. Les mensonges sont l'aliment ordinaire de la jeunesse, et il s'en était avidement repu. Même si tout le monde s'en foutait, il vivrait désormais loyalement. Ne serait-ce que pour la beauté de la chose. Il essaierait de ne plus se raconter d'histoires. Pour commencer, il ne prétendrait plus être attiré par les femmes alors que seuls les hommes allumaient son désir. Il désirait, n'avait jamais désiré que les hommes. Maintenant qu'il avait perdu celui qui partageait son amour, il l'admettait enfin.
Après cette crise, Maurice devint un homme. "

(Maurice, E M Forster, 10/18, 1989)



mardi 21 juillet 2015

Résultat du tirage au sort


Quatre valeureuses concurrentes ont relevé le défi du jeu Challenge Myself  : Lilly, Bénédicte, Alphonsine et Un livre Un thé.

Elles ont toutes trouvé la réponse à la question posée. Il s'agissait bien de ma chère Pearl Buck.

Et maintenant, roulements de tambour ...


 Une main innocente ...



Et Lilly est la grande gagnante! 

Elle a choisi de recevoir Les fleurs de lune de Jetta Carleton.

Merci à vous quatre d'avoir joué le jeu et participé.

mardi 14 juillet 2015

Petit jeu spécial Challenge Myself!

Oyez participants au Challenge Myself 2015!


Dans la joie et la bonne humeur, je vous propose un petit jeu! 
C'est très simple. 

Il n'est, par contre, ouvert qu'aux participants du Challenge Myself

Il vous suffit de répondre à une question concernant mon blog et ma vie de lectrice dès maintenant et jusqu'à lundi prochain minuit. Envoyez-moi votre réponse sur mon adresse romanza_plume@yahoo.fr. Je tirerai au sort, parmi les bonnes réponses, un seul nom. Le chanceux recevra un petit cadeau de ma part. Ce cadeau, c'est vous qui le choisirez car je vous laisse me désigner un titre de romans parmi mes coups de cœur littéraires. Choisissez-le parmi les auteurs cités dans mes bilans de fin d'année :  2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014
Envoyez-moi le titre du roman choisi en même temps que votre réponse sur la boîte mail du blog. 
Je publierai le nom du gagnant mardi prochain en fin de journée sur le blog. 

Voici la question ...

Quelle auteure célèbre américaine, écrivant principalement sur l'Asie, ai-je découvert adolescente et que je relis encore régulièrement? 
J'ai chroniqué 5 de ses romans sur mon blog.

A vos claviers!

dimanche 12 juillet 2015

" Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages. "

Mille femmes blanches
Jim Fergus

Petit bac 2015

 Pocket, 2011.

En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart vient en réalité des pénitenciers et des asiles... L'une d'elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens.Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste alors à la lente agonie de son peuple d'adoption...

Alors que beaucoup d'entre nous prennent le chemin des vacances, de mon côté, l'été est synonyme de longues journées de travail. Je prends le temps d'apprécier mes courts, mais agréables, instants de lecture. Tôt le matin devant mon petit déjeuner lorsque toute la maisonnée dort encore et le soir, dans mon lit avant de me laisser sombrer dans le sommeil. 
J'ai attaqué Mille femmes blanches (noté depuis un bout de temps), lors d'un week-end en famille dans un tipi traditionnel indien. Oui, je sais, je suis un brin compulsive. J'ai refermé ce roman vendredi soir et je dois avouer être assez partagée.
Le sujet m'a beaucoup intéressé. Ne connaissant que peu de choses sur les amérindiens (mais étant de plus en plus sensible à l'Histoire et la littérature étasuniennes), j'ai aimé apprendre les us et coutumes de ce peuple. On ne peut qu'être touché par un tel sujet. Le génocide "silencieux" du peuple amérindien est terrible et je n'en connaissais pas jusqu'alors toutes les horreurs. La façon sournoise avec laquelle le gouvernement américain a mis en place des interdictions chassant progressivement le peuple indien de ses terres fait froid dans le dos. J'ai appris beaucoup de choses en lisant ce roman. J'aurai aimé tout de même que ce sujet soit traité de façon plus intelligente. Le gros reproche que je fais à ce roman c'est d'être trop "romanesque". Dès les premières pages, j'ai eu la sensation d'être plongée dans un feuilleton de l'été sur TF1. Mille femmes blanches se lit vite, l'histoire est intéressante et j'ai appris beaucoup de choses, mais le style est fade et le tout ressemble trop à un téléfilm de série B. Je n'ai pas réussi à m'attacher à May que j'ai trouvé trop lisse et prévisible. Dans sa globalité, Mille femmes blanches manque de substance et de complexité. Le roman est bourré de caricatures et je n'ai pas réussi à trouver les personnages et les situations crédibles. 
Je n'ai pas détesté ce roman, j'ai même pris plaisir à le lire. J'ai parfois ri, pleuré et frémi. J'ai eu la gorge nouée en lisant les dernières pages. J'étais ravie le soir d'ouvrir le roman et de me retrouver dans la plaine américaine. Mais je dois avouer avoir trop souffert du manque de profondeur et de l'absence de style. 
Un roman à découvrir tout de même ... à condition de vouloir une lecture sans prises de tête.

" Le visage peint de mystérieux motifs, un grand nombre de nos visiteurs étaient vêtus de jambières et de tuniques de cuir resplendissantes, ornées de toutes sortes de parures fantastiques. Certains avaient les jambes et le torse nus, parcourus de curieuses peintures. D'autres, armés de lances décorées de couleurs vives, arboraient des plumes, parfois une coiffe entière. Leurs cheveux tressés étaient embellis de perles et de pièces d'argent frappé, ils portaient des colliers d'os et de dents d'animaux, mais aussi des boutons de cuivre et des clochettes d'argent, de sorte que leur magnifique apparition était accompagnée d'un tintinnabule mélodieux qui ne fit qu'ajouter au sentiment général d'irréalité. "
(Mille femmes blanches, Jim Fergus, Pocket, 2011, p117)