Sous le charme de Lillian Dawes
Katherine Mosby
Folio, 2010.
«Il y a presque toujours dans la vie un moment clé, un point divisant le temps entre un avant et un après – un accident ou une histoire d'amour, un voyage ou peut-être un décès...»
Ainsi commence le récit que fait Gabriel, dix-sept ans, de l'été qui changea le cours de sa vie. Renvoyé du pensionnat, il s'installe à Manhattan chez son frère Spencer, qui a renoncé à la carrière diplomatique pour la bohème littéraire. Enivré par sa liberté toute neuve, Gabriel goûte aux plaisirs de la ville et croise le chemin de Lillian Dawes. Artiste? Aventurière? Espionne? Cette jeune femme, indépendante et mystérieuse, est de celles qui enflamment l'imagination des hommes. Ni Spencer ni Gabriel ne sortent indemnes de cette rencontre...
Un très beau roman d'apprentissage dans le New York des années 1950.
Je viens de passer quelques jours bien agréables avec ce roman au charme fou. J'avoue que je n'attendais rien de particulier. Ne connaissant ni l'auteur, ni réellement l'intrigue, je me suis laissée guider. Au bout de quelques pages seulement, j'ai été happée par l'atmosphère. Si je devais retenir une seule chose de ce roman, c'est ça. L'ambiance du roman de Katherine Mosby a un charme incroyable. On s'y sent bien, on s'y love, on s'y installe. Sous le charme de Lillian Mosby, c'est les Etats-Unis des années 50, New-York de l'après guerre et ses envies de liberté et d’excès. J'y ai retrouvé tout ce que j'aime dans les romans classiques américains. On rentre dans une bulle, un univers. L'immersion fut pour moi totale. Mais les qualités de ce roman ne s'arrêtent pas là. L'écriture de Katherine Mosby est quant à elle très fine et juste. L'ensemble est fluide et agréable à lire. Ce n'est pas surfait ou pédant. Elle n'est pas dans l'imitation (vu le sujet assez proche de celui de Capote, ça aurait pu arriver), elle reste dans le naturel, le spontané et l'élégance. L'écriture est un reflet du personnage de Lillian Dawes, fraîche, joyeuse, simple mais cachant une certaine complexité et une grande richesse. Les réflexions de Lillian ont réussi à me transporter. Le roman porte bien son titre, on ne peut pas ne pas tomber sous le charme de cette femme. J'ai adoré les scènes se déroulant chez Clayton, une connaissance des deux personnages principaux. A côté des richesses, des faux semblants, des manières et du pédantisme (très proches des fêtes de Gatzby), il y a Lillian et sa joie de vivre.
Bien sûr, auprès de Lillian, il y a Spencer et Gabriel. Deux frères que j'ai tout de suite aimé. Leur relation est très touchante et humaine. J'ai été émue par leur complicité, leur respect mutuel, leur intimité. J'ai aimé leur quotidien et leurs rituels. J'aurai aimé vivre dans leur appartement au milieu des romans de Spencer (comment ne pas l'aimer ce tendre romantique : " C'est vrai qu'il avait toujours aimé la compagnie des livres et qu'il était capable de quitter un court de tennis à la recherche d'une balle perdue, pour se retrouver dix minutes plus tard plongé dans la lecture d'une recueil de poésie oublié sur le gazon ou dans la contemplation des carpes au bord de l'étang à nénuphars. " p 30). Le trio Gabriel/Spencer/Lillian fonctionne bien, je l'ai trouvé assez cohérent ... même si j'aurai peut-être aimé davantage de pages et de détails. Leur triangle amoureux m'a rappelé (tiens encore une comparaison avec un grand roman américain) la force des relations humaines dans Le choix de Sophie.
C'est une très belle surprise que ce roman et je suis ravie de découvrir de si jolie perle dans la littérature contemporaine. Sous le charme de Lillian Dawes m'a mis un véritable baume au cœur. Chaque moment de lecture ressemblait à un bain moussant réconfortant et apaisant. Je m'y suis plongée avec un bonheur simple et pur.
Je ne peux que vous conseillez de le lire.
" Les gens ne sont pas des noix qu'on ouvre d'un coup. Apprendre à connaître quelqu'un est un plaisir à savourer, comme du chocolat. On ne peut pas l'avaler tout rond, il faut le laisser fondre lentement afin que le palais en goûte chaque infime nuance."
(Sous le charme de Lillian Dawes, K. Mosby, Folio, 2010, p265)