lundi 9 avril 2012

C'est une vérité universellement reconnue qu'un bon téléfilm met du baume au coeur

Orgueil et préjugés


Téléfilm de 1995 (BBC) en 6 parties de Sue Birtwistle et Simon Langton avec Jennifer Ehle et Colin Firth.


Voilà qu'hier soir (ainsi que toute la nuit), je me suis retrouvée seule, abandonnée par Romanzo. Qu'à cela ne tienne, je me suis faite une soirée délicieuse en regardant pour la énième fois Orgueil et préjugés (1995). Cela faisait bien plus d'un an (depuis la naissance de Romanzino en fait) que je ne m'étais pas laissée bercer par l'histoire de Lizzie et Darcy .... Et, ah lalalala, ça fait un bien fou! 
Calée dans mon lit, je me suis régalée durant 6 heures de ce petit bijou austinien. 

J'ai seulement évoqué ce téléfilm ici, mais je n'en ai jamais réellement parlé. Pour moi, jaser sur ce film équivaut à parler d'un roman que j'ai adoré. C'est à la fois indispensable et totalement impossible. Je sais bien qu'en décidant d'écrire sur cette adaptation, je finirais frustrée et déçue, mais bien lucide, sachant que ce que j'ai écrit ne représente qu'un quart de ce que je ressens. 


Cette série est une merveille. On relit les mots de Jane Austen à chaque dialogue, redécouvre les descriptions dans chaque paysage, on sourit des mêmes scènes, on pleure aux mêmes instants. Cette adaptation est un cri d'amour. Un amour infini pour l'univers de Jane Austen. Les réalisateurs ont tout compris. Sa délicatesse, sa satire, son ironie, sa passion, son amour pour ses héros, son humour, son romantisme ... 


La réussite de ce téléfilm tient aussi au jeu incroyable des acteurs. En commençant par les deux héros : Elizabeth Bennett et Mr. Darcy. 
Je trouve le choix de ces acteurs tout simplement parfait. On a souvent reproché à Jennifer Ehle de ne pas être assez jeune et jolie pour le rôle. Je trouve, pour ma part, cela faux. Jennifer Ehle est une beauté passionnée aux yeux expressifs, s'illuminant à chacun de ses sentiments. Elle est pour moi parfaite. Une beauté sans défaut n'aurait pas pu être Lizzie. Darcy ne tombe pas sous son charme dès le premier regard, il n'y a pas de coup de foudre entre eux. Lizzie est d'une beauté discrète remarquée par les esprits intelligents ... comme elle. 
Et Colin Firth! Que dire? C'est LE Darcy de Jane Austen. Pas moins. Son génie vient surtout de son regard. Pas besoin de mots, on suit le cheminement de ses sentiments par son regard. L'indifférence, puis l'intérêt, l'admiration, l'amusement, le trouble, l'amour. La scène la plus parlante est bien entendu lorsque Lizzie est au piano avec Georgiana. Tout est dit. Cette scène est sublime. Non, pas de longs baisers fougueux ou de déclaration échevelée au soleil couchant. Pas un mot, juste un regard. Tout le talent de Colin Firth est dans cette scène. Et bien sûr c'est un parfait Darcy car les bottes empires lui vont à merveille, qu'il porte la chemise mouillée comme personne et qu'un homme se remettant autant en question pour une jeune femme le vaut bien ... 
Les autres personnages sont également magnifiques. Une Mrs Bennett exaspérante, un Mr Bennett ironique et soucieux, un Mr Collins repoussant à souhait, des soeurs Bingley que je claquerai bien et les autres. Seule Jane Bennett est à mon sens physiquement fade par rapport à Lizzie. Elle est normalement plus belle que sa soeur cadette, pourtant je trouve l'actrice assez laide. Je suis d'accord avec Lou qui lui trouve un air "bovin" ... Mais le rôle est, c'est vrai, très bien joué. C'est une Jane douce et généreuse comme dans le roman.


Je pense que je pourrais parler assez longtemps de cette adaptation en ayant par la même l'impression de ne parler pour rien dire. Je vais donc m'arrêter là. Je ne peux que conseiller à tous les amoureux de Jane Austen de déguster cette délicieuse série. C'est un véritable plongeon dans l'univers d'Orgueil et préjugés qui nous donne envie de se précipiter sur le roman (d'ailleurs, j'en ai relu des passages après). Les échanges entre Darcy et Lizzie sont parfaits et on pourrait rester à les écouter durant des heures ... Que du bon, que du Austen, que du Darcy ... 
Tiens, je la regarderai bien encore pour la peine .... 

(Source images : leslecturesdecachou.overblog.com ; jacobinette.com ; seventhartists.skyrock.com ; bazar-de-la-litterature.cowblog.fr)

jeudi 5 avril 2012

" Parce que rien de ce qui se passe entre des êtres humains n'est simple et qu'il est impossible de parler d'êtres humains sans les simplifier ou en donner une image déformée. "

 Nous étions les Mulvaney
Joyce Carol Oates


La cosmopolite Stock, 2010.

A Mont-Ephraim, petite ville des Etats-Unis située dans l'Etat de New York, vit une famille pas comme les autres : les Mulvaney. Au milieu des animaux, ils cohabitent dans une ferme respirant le bonheur, où les corvées elles-mêmes sont vécues de manière cocasse, offrant ainsi aux autres l'image d'une famille parfaite, comme chacun rêverait d'en avoir. Jusqu'à cette nuit de 1976 où le rêve vire au cauchemar... Une soirée de Saint-Valentin arrosée. Un cavalier douteux. Des souvenirs flous et contradictoires. Le regard des autres qui change. La honte et le rejet. Un drame personnel qui devient un drame familial. En dressant le portrait de la dissolution d'une famille idéale, Joyce Carol Oates épingle l'hypocrisie d'une société où le paraître règne en maître et érige en roi les princes bien pensants ; où un sourire chaleureux cache souvent un secret malheureux ; où il faut se taire, au risque de briser l'éclat du rêve américain.


Je connais Joyce Carol Oates de nom depuis bien longtemps. Pourtant, jusqu'à maintenant je n'avais jamais ouvert un de ses romans. Pourquoi? Parce que d'autres écrivains me tentaient davantage. Mais il y a eu ma rencontre, par hasard, avec Bellefleur. Le propos de ce roman m'a tout de suite tentée, j'ai craqué, je me le suis offert. Mais Bellefleur est paraît-il un Oates assez difficile d'accès. J'ai donc profité de la proposition de lecture commune d'une amie désireuse de lire un roman d'Oates pour m'initier, grâce à un texte plus simple, à l'univers de cette auteure américaine. Notre choix s'est porté sur Nous étions les Mulvaney. C'est donc avec ce roman que s'est fait ma rencontre avec Joyce Carol Oates
En ce moment, j'ai la main très chanceuse. J'ai enchaîné plusieurs romans délicieux et Nous étions les Mulvaney n'a pas échappé à cette période de chance. Cette première rencontre avec Oates fut un réel bonheur. Cette lecture m'a profondément émue. 
Nous étions les Mulvaney fut d'abord la rencontre avec un style tout personnel, unique, particulier. Une écriture toute en finesse, très intime. Oates mêle les points de vue, les émotions, les pensées. Un style à la fois très littéraire et très oral. Les personnages sont si bien décrits, si bien mis en scène que je les ai vu (je le jure) évoluer devant mes yeux, bouger, parler, respirer. J'ai fait la connaissance de Marianne, de Mike, de Corinne et des autres. Je les ai connus. 
Je revois surtout Marianne. Ado parfaite avant le "drame" qui ne serait sûrement pas devenue mon amie (les stars du lycée, pompom girls et bonne élève ... très peu pour moi), puis jeune femme perdue, errante, douce, confiante, extrêmement touchante que j'avais envie de prendre dans mes bras comme une enfant. Et aussi le beau Mike junior, l'étrange Patrick, Judd l'oublié, Corinne magnifique dans les premières lignes puis exaspérante avec sa foi et sa passivité inébranlables et Mike père, l'homme blessé, que j'ai autant maudit que plaint. J'ai accompagné ces six personnages dans leur bonheur, comme dans leur détresse, je les ai soutenus, mais je ne les ai pas toujours compris. J'ai fait la route avec eux, pleine d'espoir, pleine de doutes aussi ... J'étais une Mulvaney
Joyce Carol Oates décrit à merveille, de façon terrible, déchirante, insoutenable, la descente en enfer de cette famille pourtant si heureuse, si soudée. C'est un roman profondément nostalgique où l'on sent la présence du passé, de l'avant, comme un coup de poignard, une aiguille constamment enfoncée dans la chair. La scène finale est là pour nous rappeler tout ce que la famille Mulvaney a perdu en 17 ans ... On a le coeur serré autant de chagrin que de joie. 
Un magnifique roman, une lecture "immersion" passionnante.
Une aventure qui démarre entre Joyce Carol Oates et moi et qui se poursuivra sans aucun doute. Je veux de nouveau qu'elle touille mon coeur à la petite cuillère ... 
A lire AB-SO-LU-MENT!

PS - Je sens que ce roman fait parti de ceux qui, plus le temps passe, plus ils prennent de la valeur. J'ai refermé ce livre il y a quelques heures et je sens que mon amour pour lui grandit de minute en minute ... 


" Corinne s'était mise à pleurer sans bruit, de cette façon Marianne se souvint pour la première fois depuis des années, comme pleurent les mères, silencieusement, en secret, afin de ne pas déranger. Si l'on pleure et que l'on vous entende, on pleure pour être entendu, mais les pleurs d'une mère sont exactement l'inverse, faits pour ne pas être entendus. En cet instant, pourtant, Corinne ne pouvait dissimuler ses larmes à ses enfants adultes. "
(Nous étions les Mulvaney, Oates, Stock, 2010, p 560)

(Source image : lexpress.fr)

mardi 3 avril 2012

Mon mois de Mars

Sur une jolie idée de Moka ... 


Avoir une semaine de congés / Et en profiter / Sortir en manche courte / Penser que le printemps est là / Et aimer ça / Choisir les peintures de mon futur (vrai) chez moi / Hésiter entre la couleur chocolat et la couleur cacao / Ne pas voir la différence entre les deux / Mais choisir chocolat / Aller au Salon du livre / Et dépenser / Apprécier de ne penser qu'à soi et de se faire plaisir durant toute une journée / Rentrer à la maison et ne pas cesser de toucher, sentir ces nouveaux livres qui s'installent dans ma bibliothèque / Trembler pour Sue Trinder / Déguster une gaufre au Nutella avec une bonne copine / Regarder Becoming Jane et pleurer / Me faire des bleus à la danse et aimer ça / Avoir l'impression d'être un peu sadique quand même / Se sentir proche de Suzy qui se bat pour garder sa dignité / Consoler mon fils après son premier bleu / Et être fier de lui / Lui faire découvrir Le petit Prince, La grenouille à grande bouche, Ikomo et la famille souris / Et voir ses yeux briller / Rigoler devant Les Simpsons / Puis pleurer la disparition de Stefan Zweig et le trouver incroyable / Se sentir au bout du rouleau, envahie par tout et tout le monde / Et relever la tête quelques minutes après / Déprimée de voir qu'il est 7h du matin un dimanche et que je suis déjà levée / Sourire en voyant la tête ébouriffée de mon fils qui se moque qu'il soit 7h du matin un dimanche / Oublier qu'il est 7h du matin un dimanche / Passer la journée dehors en balade / Etre heureuse de rentrer chez soi / Chercher le mystère de la dame en blanc / Essayer de se remettre à l'anglais / Faire semblant de tout comprendre / Mais être fière de soi quand même ... 

(Source image : sarah-kay.org)