Effi est une jeune fille de 17 ans qui vit heureuse avec ses parents. Un jour, un homme plus âgé qu'elle leur rend visite. Quelques heures après, Effi est fiancée à cet homme.
Encore une histoire d'adultère au XIXème siècle pourrait-on penser avec un arrière goût de déjà lu. Et pourtant, ce n'est pas du tout le cas. Pas de scènes d'amours avec amants fougueux et passionnés à la Anna Karenine ou Madame Bovary. Il n'y a aucune scène réellement explicite entre Effi et son amant. Elle ne l'aime pas. Ce roman n'est pas une histoire d'amour. Effi ne trompe pas par amour, mais par angoisse, par solitude, par désespoir. Effi n'est pas une romanesque qui cherche l'amour dans les bras d'un autre. C'est une jeune fille qui se marie pour obéir à ses parents sans vraiment y réfléchir. Elle n'a pas le choix. Elle épouse Innstetten parce que c'est ainsi. Elle espère l'aimer, être heureuse. Elle n'est pas triste de l'épouser. Un peu angoissée, mais heureuse. Mais les jours passent et la jeune Effi est livrée à elle-même dans une maison hantée et terrifiante où erre le fantôme d'un chinois, ancien habitant des lieux. Son mari s'amuse à entretenir cette angoisse. Peut-être une manière d'affirmer son autorité sur sa femme. Le « pédagogue » comme elle l'appelle la laisse seule avec ses peurs alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. Et pourtant, cela aurait été simple de créer un mari cruel et méchant. Mais non, Fontane aime la complexité. Innstetten est un homme aimable et doux. Sa superiorité et sa fierté masculines se manifesquent plus subtilement que par la violence brute et crue.
- Tu es une enfant. De la beauté et de la poésie! Tu te fais des idées; la réalité est tout autre et souvent, au lieu de lumière, mieux vaut l'obscurité » (p49).
Des scènes d'une grande beauté et d'une grande profondeur, mais qui tout comme celles de Jane Austen peuvent parfois déstabiliser par leur apparente simplicité. Theodor Fontane ne fait pas dans le grandiose. Pas de scènes larmoyantes, peu de sang et de pleurs, et pourtant, un roman d'une infinie beauté, une histoire d'une tristesse incroyable, des personnages complexes et travaillés.
Un autre aspect du roman m'a passionnée, le côté très Catherine Morland (héroïne de Northanger abbey de Jane Austen) d'Effi, le comique en moins. On a de la peine pour Effi lorsqu'on la voit totalement terrifiée par ces histoires de fantômes qui hantent sa maison. Un roman qui reprend les ambiances gothiques anglaises pour notre plus grand bonheur.
Laissez-vous porter par la triste histoire d'Effi … Je suis encore bouleversée par la fin de ce roman. Principalement, par la toute dernière scène qui m'a totalement rebellée!
(Source image : impressionism-art.org)