vendredi 15 juin 2018

En route ... ou pas!

Route des Indes
E. M. Forster

10/18, 1982.

Une jeune femme anglaise est agressée dans les grottes de Marabar, une enquête s'ensuit. Ce fait divers ordinaire sert de point de départ à E.M. Forster (1879 - 1970) pour bâtir une des œuvres les plus magistrales de la littérature moderne, tout en écrivant le roman de la présence anglaise aux Indes. Maurois comparait cet écrivain à Proust pour la finesse de ses analyses. Le rapprochement semble fondé : il faut redécouvrir Forster.

J'ai toujours mis plusieurs pages avant de rentrer totalement dans un roman de Forster. J'ai lu Maurice et Avec vue sur l'Arno et je peux affirmer que ce grand écrivain anglais a un style parfois particulier. Pourtant, bien que je sois toujours noyée dans les premières pages de ces romans, je finis toujours finalement par m'y plaire. Là, ce ne fut pas le cas. J'ai passé plus de 400 pages ennuyeuses et je reconnais avoir hésité plusieurs fois à abandonner ma lecture. Je n'ai absolument pas accroché à ce texte et je n'ai malheureusement que peu de choses à en dire. 
Je suis toujours déstabilisée par les dialogues de Forster. Je me souviens qu'au début d'Avec vue sur l'Arno, je ne savais pas qui parlait, qui était qui, etc ... Mais cette sensation est vite passée. Avec Route des Indes, je suis restée perdue du début jusqu'à la fin. L'écriture, les personnages, l'histoire, ... je suis complètement restée en dehors. Le ton est lourd et il m'a assommée. La dénonciation de l'impérialisme occidental en Inde aurait pourtant pu amener une histoire plus humaine. Le lecteur reste extérieur à l'histoire.
Un très bref avis peu constructif ... mais je ne parviens pas vraiment à parler de ce roman. Je ne vous conseille pas de commencer Forster par ce titre. Un roman sans âme que je n'ai pas aimé. Préférez lui Avec vue sur l'Arno ou Maurice.
" La plus grande partie de la vie est si terne qu'il n'y a rien à en dire, et les livres et les discours qui tentent de lui donner un intérêt sont obligés d'exagerer dans l'espoir de justifier leur propre existence. A l'interieur du cocon tissé de travail et d'obligations sociales, l'esprit des hommes somnole la plupart du temps, enregistrant les alternatives de plaisir et de douleur, mais sans rien de la vivacité que nous nous attribuons ".
(Photos : Romanza2018)

vendredi 8 juin 2018

Be here now


Un article un peu particulier sur le blog aujourd'hui ... un peu personnel aussi. 
Ma première année d'enseignement s'achève bientôt et c'est le moment du bilan. Ce fut une année extrêmement intense, émotionnellement forte. J'ai du accepter de ne pas être la professeure dont je rêvais, que cet idéal était en construction ... et qu'il le serait probablement toujours. J'ai du accepter de faire des erreurs, de ne pas savoir, de me tromper, de recommencer. J'ai beaucoup pleuré, douté et angoissé. 
Malgré toutes ces difficultés, je sais que ce métier est fait pour moi. Je l'aime profondément. Cette remise en question permanente, cette indispensable empathie, cette source inépuisable de savoirs, ... j'aime cet univers ... avec ses défauts et ses difficultés. Mais j'ai aussi pris conscience que je devais me protéger de ça.
Cette année m'a appris énormément de choses sur les autres et sur moi-même. L'une des plus importantes est que cette année m'a ouvert les yeux sur l'importance d'être bien en soi. 



J'ai toujours aimé la nature, le silence et la contemplation. J'aime la solitude et les moments de sérénité. J'ai toujours été attirée par l'idée d'harmonie, de profiter de chaque instant. Écolo dans l'âme et amoureuse des instants précieux, je suis convaincue depuis toujours de l'importance de la paix intérieure. Pourtant, il n'y a que cette année que j'ai compris ce que cela signifiait vraiment. J'étais finalement passée à côté durant des années. 
J'avais déjà essayé de méditer, de faire quelques postures de yoga, etc ... même si j'en comprenais l'importance et les bienfaits, je n'en avais pas encore ressenti toute la nécessité. 
Puis, il y a eu ce nouveau travail, un stress incessant, une classe terriblement compliquée et violente, ces 180 km quotidiens de voiture, ces listes de choses à faire qui n'en finissent pas ... Bref, la vie de beaucoup de gens. 
Dès les premières semaines, j'ai ressenti comme une bourrasque l'importance et la nécessité de me créer des rituels, d'apprendre à gérer le stress et à prendre du recul face aux événements. C'est la première fois de ma vie où j'ai compris ce que signifiait vraiment la méditation, le yoga, l'harmonie. Mes nombreuses tentatives antérieures étaient toutes tombées à l'eau. Désormais, avec ce changement de vie, mes 32 ans, mes 2 enfants, j'ai enfin compris. 

Si je ne voulais plus avoir cette boule au ventre chaque dimanche soir en pensant à la semaine qui arrivait, si je voulais faire le tri dans mes priorités, si je voulais être capable de prendre du recul et me sentir bien, je devais trouver quelque chose. 
J'ai commencé par le yoga. Au début, ce n'était que quelques postures simples. Je n'en ressentais pas forcément les bienfaits. Progressivement, j'ai senti que j'en avais besoin et que si je passais une semaine sans rien faire, j'avais des tensions dans le dos et les nerfs à vif.
Puis, ça a été mon rituel du dimanche soir pour trouver la paix avant le début de semaine : huiles essentielles, auto-massages, musiques apaisantes, respiration ... 
Petit à petit, j'ai commencé aussi à faire des moments méditations avec Romanzino et Romanzina grâce aux deux pépites Calme et attentif comme une grenouille d'Eline Snel et Mon premier livre de méditation de Gilles Diederichs et Caroline Modeste. 
Depuis plusieurs semaines maintenant, j'ai légèrement avancé mon réveil le matin (chose que j'avais déjà commencé il y a quelques temps, mais de façon moins systématique). Avant de prendre mon petit déjeuner, je fais quelques étirements de yoga, je médite 5 mn, j'apprécie le calme et le silence. Ensuite, je petit-déjeune longtemps en lisant plusieurs pages. Je fais des choses pour moi, rien que pour moi, avant que la journée commence. 
J'ai aussi pris l'habitude de tenir un carnet d'intentions. Plutôt qu'un journal intime, j'y écris chaque soir avant le coucher mes intentions du lendemain. Ces intentions peuvent être intellectuelles, sportives ou spirituelles. Le matin, je pars au travail avec, à l'esprit, une intention positive pour la journée. 
Pour l'instant, je tâtonne encore et je n'y arrive pas toujours. Mais l'intention et l'envie sont là. 

L'année dernière, j'aurais entendu parler n'importe qui de tout ça avec beaucoup d'intérêt et d'enthousiasme. Pour autant, je n'aurai pas réussi à l'appliquer à moi-même. J'aurais aimé du fond du cœur, mais je ne m'y serais pas tenue. Tout simplement parce que le temps n'était pas encore venu d'en comprendre la nécessité. 
Arnaud Desjardins, penseur, a expliqué qu'il ne fallait pas méditer pour faire comme quelqu'un ou parce qu'on aimerait bien le faire, y arriver, faire partie des gens qui méditent, etc ... Il a dit qu'il fallait méditer pour soi, qu'on pouvait comprendre la médiation que si on en ressentait réellement le besoin. Cela a mis plus de 30 ans pour que je le comprenne. Voilà pourquoi jusqu'à maintenant, ce n'était qu'une idée qui me plaisait, mais que je n'arrivais pas à pratiquer. Désormais, j'ai besoin de ces moments à moi, où je réfléchis et me concentre sur ce que je ressens (peur, doute, bonheur, ...). Je comprends des choses qui restaient obscures jusqu'à maintenant. 
Tout comme la lecture, je désire transmettre cela à mes enfants : l'importance d'être bien et heureux en soi pour être bien avec les autres. J'en ai toujours eu conscience et je l'ai toujours revendiqué, mais désormais, je le comprends vraiment. Être dans le présent n'est pas qu'une jolie phrase à balancer après un verre de vin de trop à un repas de famille ou pour faire une belle citation sur Instagram. Cela s'apprend. J'ai envie de l'apprendre, j'ai envie de le transmettre.