Rocher de Brighton
Graham Greene
Matilda's contest
Robert Laffont, Pavillons poche, 2009.
Pinkie Brown, redoutable petite frappe de dix-sept ans, tourmenté, sexuellement inhibé et déjà mégalomane, veut venger le meurtre de Kite, son chef de gang et, par la même occasion, s'imposer comme leader.
Fred Hale, journaliste au Daily Messenger, soupçonné par Pinkie d'avoir assassiné Kite, séduit Ida Arnold dans un bar pour ne pas se retrouver seul face au dangereux gangster. Alors qu'elle s'éloigne de lui un court instant, il disparaît. Lorsque la police découvre le cadavre de Fred Hale et conclut à une crise cardiaque, Ida, mondaine épanouie et pleine d'humanité, craint qu'il y ait anguille sous roche et décide de mener son enquête.
À cause de la maladresse d'un de ses complices, Pinkie a peur d'être dénoncé par Rose, jeune serveuse malheureuse et sans grâce. Celle-ci tombe facilement sous le charme envoûtant de l'odieux assassin qui l'épouse pour qu'elle ne puisse jamais témoigner contre lui.
C'est une course contre la montre qui a commencé pour Ida dont le seul but sera de rétablir la vérité et de stopper les agissements meurtriers de Pinkie.
Rocher de Brighton commence comme un polar au charme désuet mais se transforme vite en un roman plus ambitieux et ambigu sur le Bien et le Mal.
(présentation d'Amazon.fr)
J'ai souffert. J'ai failli arrêter ma lecture ... ce qui ne m'arrive jamais. Pourtant, j'ai tenu. Non par goût de l'auto flagellation, ni par fierté, mais parce que je savais au fond de moi que ce que je lisais le méritait. Graham Greene m'a torturé, je suis heureuse d'avoir fini ce roman, contente de passer à autre chose ... et pourtant, je dois reconnaître que ce roman a des qualités indéniables. Il ne fait pas parti de ces livres que l'on rejette entièrement, qui nous révoltent, où l'on se demande même comment quelqu'un a pu écrire ça. Non. Rocher de Brighton est complexe, exigeant, froid, noir, bavard, moralisateur ... mais, je pense, qu'il mérite d'être lu.
Mon manque d'enthousiasme pour ce roman vient en grande partie que tous les personnages sont insupportables. Ida, Rose, le Gamin, ... Je n'ai pu ressentir aucune compassion, aucun intérêt pour ces êtres égoïstes, froids, tellement particuliers qu'on ne peut pas s'y attacher. Quant à l'intrigue, elle ne m'a pas passionnée. Le roman commence comme un thriller puis part vers une fable moraliste sur le Bien et le mal. C'est intéressant, mais franchement pas passionnant. Grahame Greene a une plume non dénuée d'intérêt, particulière et unique, mais qui n'a pas su me toucher. Certaines scènes sont prenantes, mais l'ensemble du roman est long, froid et distant.
En fait, ce roman serait un film parfait. D'ailleurs deux adaptations ont été réalisées. Une en 1946 et une seconde en 2010. J'aimerai vraiment les voir. Ce roman est fait pour le cinéma. En film, il doit être superbe. Les malfrats, la course poursuite du début, les dialogues, .... Rocher de Brighton est un scénario parfait pour un film noir à la Hitchcock. Le roman est une succession de scènes de cinéma.
Je ne vous dirai pas de passer votre chemin, mais je ne peux pas non plus vous conseiller de lire ce classique de la littérature anglaise. C'est un roman particulier qui n'a pas su me toucher, bien écrit mais trop sombre et d'un ton trop distant. J'étais heureuse de le terminer et j'ai hâte d'ouvrir quelque chose de plus doux et poétique. Pourtant certaines images me hantent encore .... Une chose est sûre, c'est une lecture qui ne laisse pas indifférent ...
" Le monde allait voir de quoi il était capable. Ils croyaient que parce qu’il n’avait que dix-sept ans… Il rejeta ses étroites épaules en arrière, en se rappelant qu’il avait tué un homme et que ces poulets qui se croyaient si malins ne l’avaient pas été assez pour le découvrir. Il traînait derrière lui les nuées de sa propre gloire : depuis le berceau, l’enfer l’entourait. Il était prêt pour d’autres morts."
(Rocher de Brighton, G. Greene, Robert Laffont, 2009)(Source image : Brighton rock (1947). thefilmpilgrim.com)