Livre de poche, Paris, 1974.
Tess Durbeyfield, jeune fille pauvre de la campagne anglaise, voit sa vie bouleversée par les révélations d’un prêtre. Sa famille descendrait directement de celle des d’Urberville, vieille puissance ruinée. En apprenant cette nouvelle, les parents de Tess décident de l’envoyer chez l’une des dernières branches riches de cette famille, chez Alec d’Urberville et sa vieille mère aveugle. Ils ignorent que ce ne sont que des imposteurs qui ont repris le nom glorieux des d’Urberville. Alec s’avère être un homme sans morale, abusant de la naïveté de Tess et qui la déshonorera pour la vie. Dans cette société puritaine anglaise, la femme n’a droit à aucune faiblesse. Tess doit quitter sa famille et son village. Elle se fait engager dans une laiterie et rencontre Angel Clare …
Quelle belle et touchante histoire! Tess est attachante, bouleversante ; Angel, à la fois parfait et trop humain. Ce livre est un plaidoyer contre les préjugés. Tess passera sa vie à payer une faute qu'elle n'a qu'à moitié commise. Elle souffrira à la limite du possible. Souffrance qui la poussera à l'inimaginable ... La femme de l'Angleterre puritaine n'a que des devoirs ; l'homme a tous les droits. Ce livre nous rappelle cette injustice à chaque ligne. L'ombre d'Alec d'Urberville ne laissera jamais la pauvre Tess en paix. Comme un spectre infernal, sa silhouette apparaît au loin dans la campagne anglaise pour la tourmenter. Outre cette histoire bouleversante, ce livre est d'une poésie magnifique. Les mots chantent. Chaque paysage est parfaitement décrit. Ce roman est une succession de scènes mythiques, de scènes inoubliables, comme celle du cheval, celle du bal de campagne, celle de l'étreinte ... et bien d'autres encore que je vous laisse découvrir.
A lire absolument ...
"La société de volatiles dont Tess avait été nommée surveillante, pourvoyeuse, infirmière, chirurgien et amie, avait pour quartier général une vieille chaumière située dans un ancien jardin, maintenant sabloneux et piétiné. Le lierre envahissait la maison, et ses branches en élargissaient la cheminée, lui donnant l'aspect d'une tour en ruine. Les pièces du bas étaient complétement abandonnées aux oiseaux, qui s'y promenaient d'un air de propriétaires, comme si cet endroit avait été bâti par eux et non par certains tenanciers réduits en poussière qui gisaient maintenant dans le cimetière."
(Tess d'Urberville, Livre de poche (1969), p 74)
(Source de l'image : victorianweb.org)