Folio, Paris, 1997.
Tome 1 : 1152 pages (Chapitre 1 à 46)
Tome 2 : 960 pages ( Chapitre 47 à 92)
Eblouissante d’invention et de truculence, cette « œuvre de génie » - dira son éditeur Jin Sheng-tan – met en scène une bande de hors la loi et d’insurgés de toutes origines sociales. Férus d’arts martiaux, mais forts habiles aussi en bien d’autres domaines, ils se recrutent parmi les vagabonds du monde « des rivières et des lacs » et d’autres insoumis en délicatesse avec la justice ou les autorités. Ils forment, au fil des rencontres et des hasards, des duels et des batailles, une bande de frères jurés unis à la vie à la mort, puis se retranchent au cœur de vastes marécages (« au bord de l’eau ») dans un repaire minutieusement organisé et défendu, d’où ils lancent leurs expéditions de justiciers en narguant les armées du Fils du Ciel.Aussi populaire en Chine qu’ici nos Trois mousquetaires, ce roman, savamment ourdi, d’aventures violentes et subtiles, mêle ruse et ribauderie, farce et stratégie, panache et poésie. Son réalisme, ses intrigues et ses personnages inoubliables, son style alerte, sa verve en font le plus vivant et le plus coloré des chefs-d’œuvre.
Je reviens essoufflée de cette oeuvre magistrale de la littérature chinoise. Essoufflée mais ravie.
Au début, plein de petites histoires font leur apparition sans aucun lien, et pourtant, au fil du récit, les personnages se rencontrent, les situations se mêlent et tout prend son sens.
Ces deux pavés ne nous laissent pas une seconde de répit. Dès la première page jusqu'au mot "fin" un régal d'action, d'humour et de magie.
Tout dans ce roman respire l'Asie : les paysages, les descriptions, les costumes, ... Tout un univers se crée.
Plusieurs genres composent cette oeuvre. A la fois policier, roman d'aventure, roman historique, fantastique, vieux contes chinois. Tout y est. La terreur nous prend et deux pages plus loin, un fou rire nous vient subitement.
Ornés de belles gravures, ces livres sont un véritable voyage à travers la Chine médiévale.Certes le nombre des personnages est important, certes les termes parfois un peu durs, on est fatigué, on s'épuise, mais rien ne vient gâcher cette lecture extraordinaire.
Il faut tout de même avoir parfois le ventre bien accroché car certaines scènes sont ... comment dire ... dégoutantes, écoeurantes. Mais je le dis et le redis, le bonheur que nous apporte les petites répliques croustillantes, les petites formules à la fin de chaque chapitre comme " Tournez-vite la page, on vous en dira davantage", les trésors de renseignements sur les codes de politesse chinois, tout ça efface la longueur et la densité de cette oeuvre.
A lire ...
" L'histoire dit que son le règne du fils du ciel Ren-Zong de la dynastie des Grands Song, à la troisième demi-heure de la cinquième veille de nuit du troisième jour de la troisième lune de l'an 3 de l'ère Jia-you, le souverain s'en vint prendre place pour siéger au palais des Appartements-Pourpres et recevoir les hommages de tous les hauts dignitaires."
(Au bord de l'eau, tome 1, Folio, p 43)
(Source : antique-prints.de)