dimanche 30 décembre 2012

Ce que j'ai trouvé (de littéraire) dans ma chaussette ...


Blonde de Joyce Carol Oates : Depuis ma bouleversante lecture de Nous étions les Mulvaney, je veux lire d'autres textes de Oates. Racontant la vie d'une star énigmatique et fascinante, Blonde me tente énormément. 


La char de Jagannath et autres nouvelles de Mahasweta Devi : Je ne connaissais pas du tout et je suis ravie de découvrir cette nouvelle plume indienne. Je l'ai d'ailleurs ouvert hier. 

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett : Il me faisait de l'oeil depuis un bon moment. La littérature américaine témoignant de la discrimination raciale m'intéresse beaucoup. D'autres m'attendent tels que La couleur pourpre, La case de l'oncle Tom, ... 


Sandition de Jane Austen (roman inachevé, terminé par une autre dame) : Etant une fan d'absolue de Jane Austen, cette belle édition de Sandition était forcément au pied du sapin. 
Mais je lirai le dernier roman achevé de Jane Austen qui me reste à lire, Mansfield Park, avant d'attaquer celui-là. 

Trois tomes réunissant 6 des 18 Crimes célèbres d'Alexandre Dumas : Dumas est mon chouchou d'amour et ces Crimes célèbres me tentent depuis très longtemps. Ils sont difficiles à trouver tous réunis malheureusement. Mon Romanzo m'en a trouvé 6 (2 crimes par tome : La marquise des Ganges, Urbain Grandier, Vaninka, Massacres du midi, Nisida, Jeanne de Naples) dans une vieille édition. A force de fouiller, je finirai par avoir les 18 au complet ... Mais dans plein d'éditions différentes .... Ils ne sont malheureusement pas réédités. 


Trop gâtée! Mais ça fait plaisir!

samedi 29 décembre 2012

Christmas reading

L'arbre de Noël, L'histoire de l'enfant, La maison hantée et Noël quand on prend de l'âge 
4 récits de Noël
Charles Dickens
La Pléiade, Gallimard, 1979.

Cette édition de la Pléiade de Charles Dickens réunit La maison d’Âpre-vent et 18 courts récits de Noël et autres.

Non, je n'ai pas lu La maison d'Âpre-vent, ce gros roman de Dickens qui me fait tant rêver. Je savais que je n'aurais que très peu de minutes à moi en cette période de fête, donc j'ai choisi de grignoter quelques courts récits de Monsieur Charles. Je garde précieusement La maison d'Âpre-vent pour des moments plus propices.
J'ai reçu cette belle Pléiade (la première Pléiade de toute ma vie .... *Papillons dans les yeux*) pour le Noël de l'an dernier. Fines pages, couverture souple et élégante, police délicate et qualité de la traduction ... Un régal! 
Mais, bref, passons!
J'ai donc lu 4 des petits récits que nous propose cette édition : L'arbre de Noël, L'histoire de l'enfant, La maison hantée et Noël quand on prend de l'âge. Disons-le tout de suite, ces courts textes n'ont rien à voir avec le génie Des grandes espérances, mais Dickens reste Dickens et j'ai aimé retrouver sa plume si vive et croustillante. Oui, il m'a faite encore rire, le bougre! A dire vrai, ces 4 textes sont assez étranges. Nous emmenant dans des visions merveilleuses et métaphoriques, Dickens nous perd un peu. La maison hantée est l'histoire la plus étrange de toutes. Noël quand on prend de l'âge est un texte très mélancolique. J'ai particulièrement aimé L'arbre de Noël qui reflète admirablement bien la magie de la fête de Noël. Ma préférée est tout de même L'histoire de l'enfant qui n'est pas un récit de Noël. Cette métaphore de la vie est sublime. J'ai été totalement absorbée, la magie de Dickens a opéré. 
Il est assez difficile de parler de ces 4 textes car je les ai grignotés un peu n'importe comment, n'importe quand, que je les ai vécus sur le moment, sans réfléchir à ce que je pourrai en dire. Je me suis laissée aller en compagnie de Dickens sans réfléchir au lendemain.
Je grignoterai de nouveau volontiers dans ces quelques pages ... et j'attaquerai avec délice La maison d’Âpre-vent.

" J'ai contemplé, ce soir, une joyeuse assemblée d'enfants réunis autour de ce charmant jouet venu d'Allemagne qu'est un arbre de Noël. L'arbre était planté au milieu d'une grande table ronde et se dressait bien haut au-dessus de leurs têtes. Il était brillamment illuminé par une multitude de petites bougies et sur toutes ses faces il était couvert d'objets brillants qui étincelaient  et jetaient mille feux. Il y avait des poupées aux joues roses, dissimulées derrière les feuilles vertes; il y avait de vraies montres (ou du moins des montres pourvues d'aiguilles mobiles et susceptibles d'être remontées à l’infini  accrochées à d'innombrables rameaux ; il y avait des tables vernies au tampon, ainsi que des chaises, des lits, des armoires, des horloges, et divers autres meubles familiers ... "
(L'arbre de Noël in La maison d’Âpre-vent et Récits pour Noël et autres, Charles Dickens, La Pléiade, p 1059)
(Source image : Carte postale ancienne. Darkwoman.canalblog.com)

jeudi 27 décembre 2012

dimanche 23 décembre 2012

Où je relis de la littérature russe ...


La fille du capitaine
Alexandre Pouchkine
Un hiver en Russie

Livre de poche, 2006.

A l'âge de seize ans, sur ordre de son père, Piotr Andréïtch Griniov gagne le fort de Bélogorsk où il va servir et, parce qu'il est noble, devenir d'emblée officier. Quoique la vie de garnison ne fût pas faite pour le séduire, son existence devient vite plaisante, en particulier grâce à la présence de Maria
Ivanovna, la fille du capitaine, qu'il souhaiterait épouser. Mais, au début d'octobre 1773, on apprend que le cosaque Pougatchov vient de réunir une bande de brigands et se fait passer pour Pierre III, le défunt époux de Catherine II : il ne va pas tarder, à prendre le fort d'assaut et ce sera, pour Griniov, l'occasion de montrer qu'il est bien le " chevalier " de Macha. La rébellion de Pougatchov a réellement eu lieu et Pouchkine lui a consacré un livre d'histoire avant de faire paraître en 1836, quelques semaines avant sa mort, La Fille du capitaine. Mais, dans ce roman historique, c'est à Griniov qu'il laisse le soin de raconter à la première personne les menées de ce Pougatchov qu'il affronte et qui, sous ses yeux, sous les nôtres, entre deux moments de férocité, se montre aussi capable d'humanité : fasciné par l'abîme, le brigand devient fascinant.

J'ai beaucoup de tendresse pour la littérature russe ... et pourtant, j'en ai peu lu. Pour moi, elle est synonyme de grands espaces, de grandes épopées. Elle est un mélange de grandeurs impériales, de palais majestueux mais aussi d'étendues de neige où se perdent quelques isbas colorées. Ayant eu la chance d'aller à Saint Petersbourg en plein mois de novembre il y a de ça 5 ans, j'ai pu admirer toutes ces splendeurs en vrai. J'en reste bouleversée encore aujourd'hui. 
J'ai aimé la première fois la littérature russe en lisant Anna Karenine durant mes années de lycée. J'ai été transporté par ce monde fascinant, dur et touchant, violent et bouleversant. Puis durant mes années de faculté, j'ai découvert Dostoïevski avec Le double, un roman étrange qui m'avait beaucoup marquée. Il y a eu aussi Nabokov et quelques autres. Mais je n'avais jamais ouvert Pouchkine. 
J'ai aimé ce court roman mêlant un roman de guerre à une romance douce et tendre. Ce texte commence d'un ton joyeux, presque grivois. Le jeune Piotr est un homme insouciant et assez égoïste. Soudain, le roman devient sombre, dur, violent. D'un récit narrant les drôles aventures d'un jeune homme, nous tombons au coeur de l'Histoire russe avec la rébellion des cosaques. C'est un roman intelligent, facile à lire et captivant. Aucune longueur, des péripéties, des sentiments et toujours ces paysages russes enivrants. Quant aux personnages, Pouchkine gagne le pari en peu de pages de nous les rendre attachants, terrifiants, énervants ... bref, vivants. 
Je pense que La fille du capitaine est une bonne approche de la littérature russe. J'ai appris des choses que j'ignorais tout en passant un excellent moment romanesque. Je relirai sans hésitation Pouchkine. Il m'a donnée très envie de lire les grands classiques russes que je traîne depuis un bout de temps (comme Guerre et paix, par exemple, ou Crime et châtiment). 

" Cette nuit-là, je ne fermai pas l'oeil et je ne me déshabillai même pas. J'avais l'intention de me rendre dès l'aube à la porte du fort, par laquelle devait partir Maria Ivanovna, pour lui dire un dernier adieu. Je sentais qu'un immense changement s'était opéré en moi : l'agitation de mon âme me pesait beaucoup moins que l'abattement où j'avais été plongé tout récemment. La tristesse de la séparation se mêlait à je ne sais quel espoir confus, mais très doux, à l'impatience d'affronter le danger, à un sentiment de noble ambition."
(La fille du capitaine, A. Pouchkine, Bibliothèque rouge et or, 1952, p81)


(source image : pgiroud.fr)

mardi 18 décembre 2012

Cet hiver ....

... je voyage en Russie
(oui, je sais, j'ai de la chance).


C'est ICI pour les infos.

Mes billets

- La fille du capitaine de Pouchkine
- L'idiot de Dostoïevski
- La dame de pique suivi de Doubrovski et La tempête de neige de Pouchkine. 

lundi 17 décembre 2012

Insecte de malheur!

La mort dans les nuages
Agatha Christie

Club des masques, 1972.

Se réveillant d’une brève sieste dans l’avion qui le ramène de Paris à Londres, Hercule Poirot découvre qu’une de ses voisines vient d’être tuée par une fléchette empoisonnée. Le meurtrier est forcément à bord, mais une fois, qu’avec la police, il a interrogé les passagers un par un, y compris les deux stewards, il doit se rendre à l’évidence : l’enquête ne mène nulle part ! Serait-il possible que pour une fois l’affaire reste irrésolue 

Bon, ça ne va pas être une surprise si je vous dis que le génie d'Agatha Christie a encore opéré! Et que vous dire d'autre?
C'est toujours un réel plaisir d'ouvrir une enquête de dame Christie. C'est vif, efficace, intelligent, passionnant, agréable ... et relaxant, je dirai même. Bref, Agatha Christie est une valeur sûre. 
J'ai retrouvé dans La mort dans les nuages, la même ambiance que dans Le crime de l'Orient-express (qui reste pour moi le meilleur) : on connaît le nombre des suspects, leur nom, leurs histoires. A nous de trouver l'assassin dans tous ces personnages. Bon, autant vous dire tout de suite que je ne l'ai pas trouvé. Mais cela dit, j'ai eu quelques éclairs d'intelligence dans la façon de tuer la victime. J'en suis fière! Je ne m'appelle pas Hercule Poirot, mais quand même! Le crime est si complexe qu'on se demande comment va s'en sortir notre détective. Puis le dénouement tombe, il est clair et non tiré par les cheveux et là, on se dit : chapeau bas, monsieur Poirot!
Bref! Je reviendrai encore et toujours vers dame Christie lorsque j'aurai envie de suspense, de tension, de jeu et de danger. 
Heureusement qu'elle a écrit de nombreux romans ... plusieurs heures de lecture m’attendent encore!

"Hercule Poirot songeait :
« elle est gentille cette petite, là-bas. Son menton indique une forte volonté, mais qu'est-ce qui peut bien la tracasser ? »
L'avion descendait légèrement.
....
Une guêpe bourdonna autour de la tête de Mr Clancy.
....
À l'extrémité du compartiment dans le siège no 2, la tête de Mme Giselle s'affaissa légèrement sur sa poitrine. On aurait pu croire la passagère endormie. Mais… Mme Giselle était morte…"
(La mort dans les nuages, Agatha Christie, Club des masques, 1972)

 (Source image : aerobuzz.fr)

jeudi 13 décembre 2012

" Je suis ennemie du ballet, que je considère comme un genre faux et absurde, hors du domaine de l'art. "

Ma vie
Isadora Duncan

 Folio, Gallimard, 2011.

Isadora Duncan n'est pas seulement la danseuse dont l'art, la vie et la mort stupéfièrent le monde. Son autobiographie est un livre savoureux, sincère où l'humour et la passion font un mélange acide. Isadora Duncan dit tout sur ses passions artistiques, morales, intellectuelles, et aussi physiques.
Le 14 septembre 1927, sa longue écharpe se prit dans la roue de sa voiture, sur la promenade des Anglais, à Nice, l'étranglant brutalement. Quelques mois plus tôt elle travaillait encore à ce livre.

Je fais de la danse classique depuis bientôt 18 ans. Découvrir la vie de la célèbre danseuse Isadora Duncan m'a beaucoup intéressée. Malgré la pauvreté du style et le caractère peu attachant de l'artiste, j'ai aimé découvrir cette nouvelle conception de la danse et de l'Art. Je me suis beaucoup questionnée à la lecture de cette oeuvre.
Isadora Duncan l'avoue elle-même dans sa préface, elle n'est pas écrivain et ça se sent. Les anecdotes s'enchaînent de façon décousue et il est difficile parfois de trouver le lien entre deux paragraphes. C'est vrai que l'oralité de ce roman donne une certaine fraîcheur, une jolie spontanéité, mais hélas, elle donne aussi un côté lourd et maladroit. Mais pour la défense d'Isadora, elle est décédée tragiquement avant d'avoir pu relire et corriger son texte. Hormis ce style assez bancale, nous plongeons avec délice dans la vie artistique de la fin du XIXème jusqu'au début du XXème siècle. 
Pour Isadora Duncan, la danse doit refléter l'âme. Chaque être humain danse naturellement. Il n'a pas besoin de torturer son corps par un apprentissage inhumain. La danse classique est, pour elle, complètement contre nature. Sans prendre aucun cours de danse, Isadora Duncan devient une danseuse mondialement reconnue. Elle participe à la création de la danse contemporaine. Le passage où elle assiste à une répétition de la célèbre Anna Pavlova est très parlante. A travers ses yeux, on se demande, nous aussi, pourquoi Pavlova se torture ainsi et s'obstine à se dresser sur ses pointes. Est-ce cela la danse de l'âme? : " Pendant trois heures je demeurai assise, au comble de l'étonnement, à suivre les prouesses extraordinaires de Pavlova. Elle semblait avoir un corps d'acier. Son beau visage avait les traits sévères d'une martyre. Elle ne s'arrêta pas un instant. Tout cet entraînement paraissait avoir pour but de séparer complètement les mouvements du corps de ceux de l'âme, mais l'âme ne peut que souffrir, ainsi tenue à l'écart de cette rigoureuse discipline musculaire. C'est juste le contraire de toutes les théories sur lesquelles j'avais fondé mon école, dans laquelle le corps devient transparent et n'est que le truchement de l'âme et de l'esprit" (p 208/209). Je suis une grande passionnée de danse classique et pourtant, j'ai compris sa pensée et j'y ai même parfois adhéré. Mais si nous devons aborder la question de l'esthétisme, alors mon adhésion s'arrête là. J'aime les pensées de Duncan, mais ses danses, non. Je trouve cela inesthétique au possible. Je dois être sadique car je préfère voir Pavlova souffrir sur pointes en dansant la mort du cygne (ici) que les chorégraphies d'Isadora Duncan sur Schubert (ici. Ce n'est pas elle sur la vidéo). Et pourtant ses théories sur la danse m'ont fascinée. 
J'ai été souvent mal à l'aise à la lecture de ce texte car Isadora nous conte son histoire au creux de l'oreille, on ne connaît rien d'elle, c'est elle qui nous apprend tous les détails de sa vie et pourtant, elle ignore une chose que l'on connaît, nous : sa mort. Et quelle mort! Tragique, théâtrale ... comme sa vie. J'ai eu la sensation d'être clairvoyante durant tout le roman. C'est un sentiment étrange. 
Un texte à lire si on aime la danse et l'Art. Une autobiographie maladroite, mais enrichissante. Une personnalité hors du commun à découvrir. 

" Il y a dans ces réunions au coin du feu, avec le thé noir, les tartines de pain beurré, le brouillard jaune au-dehors, et la lenteur civilisée des voix anglaises, un charme qui fait de Londres une ville séduisante, et si j'en avais auparavant deviné l'attrait, je l'aimai profondément à partir de ce jour. Il y avait dans cette maison une atmosphère magique de sécurité et de confort, de culture et de bien-être et j'avoue que je me sentis dans mon élément comme un poisson dans l'eau. La belle bibliothèque m'attirait elle aussi. "
(Ma vie, Isadora Duncan, Folio, 2011, p 72) 

(Source image : thecoloringbookofcemence.blogspot.com)

mercredi 5 décembre 2012

" Le cadre de la vie réelle est si limité pour les femmes qu'elles souhaitent toujours s'en échapper "

Climats
André Maurois

 Livre de poche, 1968.

Philippe Marcenat, fils de grands bourgeois limousins conventionnels et rigides, s'éprend passionnément de la ravissante Odile Malet et l'épouse malgré l'hostilité de ses parents.
Histoire d'un double échec conjugal, Climats, roman d'une finesse psychologique exceptionnelle, écrit dans une langue admirable, est l'ouvrage le plus célèbre et le plus représentatif du talent de romancier d'André Maurois.

Ce petit roman, tombé quasiment dans l'oubli, m'a profondément bouleversée. 
Composé de deux partie, deux lettres, nous y rencontrons Philippe, homme exigeant et complexe, Odile, une âme éprise de liberté et Isabelle, jeune femme compréhensive et soumise. La première lettre est écrite par Philippe. Adressée à Isabelle, cette longue missive raconte son premier mariage avec Odile. Il se livre totalement avant de demander à Isabelle de devenir sa seconde épouse. La lettre suivante, écrite par Isabelle, narre sa vie avec Philippe, leur rencontre, leur union. 
D'une écriture limpide, fluide, extrêmement agréable, André Maurois nous fait rentrer dans l'intimité de ses trois personnages avec beaucoup d'émotion. J'ai emmené Philippe, Odile et Isabelle partout avec moi durant toute ma lecture ... et même après.  
Philippe m'a, en toute honnêteté, beaucoup agacée. Je l'ai trouvé égoïste, nombriliste, prétentieux et j'en passe. Même si je l'ai, lui aussi, emmené partout avec moi, car il fait intégralement parti de cette histoire, ce n'est pas lui que j'ai aimé. Il m'a parfois touchée, mais je ne l'ai pas toujours compris. Isabelle, quant à elle, est touchante. Bien trop gentille pour moi, elle reste une femme émouvante, que l'on prend sincèrement en affection. Mais le plus beau personnage reste Odile. Je crois que c'est l'un des plus beaux personnages littéraires que j'ai pu rencontrer. J'ai corné presque chaque page tant les réflexions et le caractère d'Odile étaient sublimes. J'ai compris son désir de liberté, sa soif de vivre et d'être elle-même, d'être femme avant d'être épouse. Je relisais avidement certains passages avec dans le coeur un sentiment de compréhension presque violent. Odile était vivante devant moi. J'ai pu la toucher, l'écouter, la comprendre : Que vous cherchez loin! me dit-elle avec pitié ... Qu'est-ce que vous croyez? Qu'est-ce que vous craignez? ... Que je sois avec un homme? Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'un homme? ... Ce que vous ne comprenez pas, c'est que je veux être seule pour être seule. Et même, si vous voulez que je sois tout à fait franche, je veux surtout ne pas vous voir pendant quelques jours. Vous me fatiguez tellement par vos craintes, par vos soupçons, que je suis obligée de surveiller mes phrases, de faire attention de ne pas me contredire, comme un accusé chez le juge d'instruction ... Ici, j'ai passé une journée délicieuse, j'ai lu, j'ai rêvé, j'ai dormi, je me suis promenée dans la forêt. Demain, j'irai au château voir des miniatures ... Tout cela est si simple, si vous saviez." (p 67). Philippe étouffe Odile, la détruit, tue ce qu'il a pourtant tant aimé en elle, sa joie de vivre, son enthousiasme, sa passion pour l'existence : " Mais plus je connaissais ma femme, et plus je comprenais qu'elle possédait une faculté d'oubli qui la faisait semblable à un enfant. Rien n'était plus contraire à ma propre nature, à mon esprit qui notait, accumulait, enregistrait."(p 48)
Ce roman m'a également fait beaucoup réfléchir. D'une grande finesse d'analyse, Climats nous renvoie à nos propres craintes, à des questionnements profonds sur les sentiments, les émotions, les réactions que l'on peut avoir dans nos relations avec les autres ou avec nous même : " Ce qui vous perd, lui disais-je, c'est que vous vous acceptez telle que vous êtes, comme si nous recevions notre caractère tout fait. Mais on peut former son caractère, on peut le refaire. " (p 63)
André Maurois aimait la littérature et ça se sent. J'ai relevé énormément de références à la lecture. Les personnages sont conditionnés par leurs lectures, apprennent à se connaître grâce à leur préférences littéraires. Ils lisent, se réfugient dans la lecture, se découvrent, se déchirent, se loupent ou se retrouvent dans les pages des romans qu'ils lisent : " C'était curieux les lettres d'Odile, elle écrivait comme une petite fille. Elle disait : "Je suis très tranquille. Je ne fais rien. Il pleut. Je lis. J'ai relu Guerre et paix. " (p 70) ; " Rien n'était plus facile que de comprendre les goûts de Philippe, il était de ces lecteurs qui ne cherchent qu'eux-mêmes dans les livres. Souvent je trouvais les siens couverts de notes que je déchiffrais avec difficulté et qui m'aidaient à suivre sa pensée à travers celle de l'auteur. " (p 145).
Climats est un court roman qui contient tous les questionnements de la vie. C'est un concentré d'émotions.
Je vais offrir ce petit roman partout autour de moi. Peut-être échappera t-il ainsi un peu à l'oubli!

" La pelouse ensoleillée de Gandumas. Plus bas, dans la plaine le village de Chardeuil, voilé par une brume de chaleur tremblante. Un petit garçon, enfoncé jusqu'à mi-corps dans un trou qu'il a creusé près du tas de sable guette, dans l'immense paysage qui l'entoure, l'arrivée d'un invisible ennemi. Ce jeu était inspiré par la lecture de mon livre favori, la Guerre de forteresse de Danrit. "
(Climats, Livre de poche, 1968, p 14)

(Source image : femmes-en-1900.over-blog.com)

lundi 3 décembre 2012

Oh oh oh! C'est Noël avant l'heure!

Voilà ce que j'ai trouvé ce matin dans ma boîte aux lettres :


Cranford d'Elizabeth Gaskell. 

J'ai gagné cette belle édition il y a quelques semaines lors d'un petit concours organisé par Titine

J'avais adoré Nord et Sud qui m'a laissé un souvenir cuisant, un souvenir qui devient plus fort de jour en jour. Les éditions du Point ont eu la bonne idée de rééditer deux autres romans de cette grande plume anglaise : Cranford et Les confessions de Mr. Harrison

Nord et Sud a été lui aussi réédité (alors que sa réédition était très récente). Malheureusement l'ancienne couverture était bien plus belle. Mais il s'agissait du même tableau que le roman  Chez les heureux du monde de Wharton. Je pense que cela a joué dans le choix d'une nouvelle couverture et d'une réédition. 

Vous n'avez plus d'excuses .... 
Découvrez Mrs Gaskell!

Quant à moi, je craquerai bien pour Les confessions de Mr Harrison maintenant que Cranford m'appartient!

vendredi 30 novembre 2012

Ce ne sont pas "des coquins à l'eau de rose, je vous le promets. "

La foire aux vanités
William M Thackeray
Challenge Gilmore girls et Thursday Next


Folio classique, 2009.

Il s'agit de l'un des plus grands classiques du roman anglais. Le XIXe siècle britannique est divisé entre Dickens et Thackeray comme le nôtre entre Balzac et Stendhal. Thackeray (1811-1863) est l'égal de Stendhal et La Foire aux Vanités (1848), son chefs-d'œuvre. Il y utilise un style humoristique ou ironiquement épique pour donner l'un des plus grands romans de satire sociale en langue anglaise. La thèse fondamentale du livre est que, dans la société occidentale, le seul moyen d'arriver, si l'on est sans naissance ni fortune, est de violer tous les principes moraux que la société fait semblant de respecter. La question qu'il pose donc est : qui faut-il blâmer, ces aventuriers, ou le système qui les rend nécessaires ? Le personnage principal est une femme hypocrite, ambitieuse et sans scrupules : on assiste à son ascension au sommet de la société et à sa chute. Autour d'elle s'agite, dans une immense fresque, la " Foire aux Vanités ".

La foire aux vanités (et ses 1040 pages) m'a accompagnée durant presque 3 semaines. Et ce ne fut ni lourd, ni indigeste. Thackeray m'a conté sa riche histoire au creux de l'oreille et il m'a envoûté.
Nous suivons, dans cette foire aux vanités, deux femmes : Rebecca et Amelia. Rebecca est aussi manipulatrice qu'Amelia est honnête. Alors que l'une est douce et naïve, l'autre est ambitieuse et prête à tout. Autour d'elles, évolue une galerie de personnages pétillants, orgueilleux et égoïstes. Heureusement, il y a Dobbin, homme au grand coeur, la seule personne réellement honnête et généreuse de cette histoire. 
Il faut vraiment que Folio réédite ce roman, car l'affreuse et austère couverture de cette édition ne donne vraiment pas envie de l'ouvrir. Et c'est bien dommage! Car on y trouve une plume mordante, satirique, extrêmement intelligente et drôle. Je ne me suis pas ennuyée une seconde en compagnie de la douce Amelia et la venimeuse Rebecca. Rebondissements, apartés croustillants de l'auteur, émotions, frissons, ce roman regorge de petits bonbons succulents qui font de sa lecture un moment magique. Certes, il est préférable d'aimer les classiques pour lire ce gros pavé de plus de 1000 pages, car même si le sujet est encore aujourd'hui très actuel (la foire aux vanités existe encore, non?), le ton très vivant et la lecture agréable et simple, la forme reste tout de même classique. 
J'ai souvent souri en lisant ce roman. Rebecca, bien que totalement peste (sa petite soeur s'appelle Scarlett O'Hara) est un personnage hilarant. Bien plus intéressante que la douce Amelia, Rebecca apporte un brin de folie au roman. J'ai ri aussi en voyant comme ce texte est encore si actuel. Certains personnages, certaines réflexions de l'auteur me sont revenus en regardant la télévision ou en lisant les journaux. La foire aux vanités n'a pas de fin. 
J'aime les questionnements que ce texte soulève. Devons-nous blâmer Rebecca d'avoir voulu se hisser sur l'échelle sociale? Quelles sont les limites de la vertu? Quand commence le vice? Quelles armes possèdent les femmes à part leurs charmes et leur intelligence? 
Je ne sais pas trop comment parler de ce texte. Il est si riche que j'ai l'impression de ne parler pour ne rien dire et de passer complètement à côté de ce que j'aimerai mettre en valeur. Je suis frustrée. A part vous recommander fortement de commencer la première page de ce vaste roman, de laisser Thackeray vous raconter sa si délicieuse et si cruelle histoire, je ne sais que vous dire. 
Lisez les premiers mots. Voyez-vous Rebecca et Amelia quitter leur pension, avec dans la tête des ambitions différentes, mais possédant le même coeur plein d'espoir? ça y est, vous avez embarqué, maintenant, laissez-vous faire! Bonne lecture!

" Il n'est pas difficile de faire la grande dame dans un château ", pensait Rebecca en elle-même ; " je crois que je pourrais être une femme vertueuse si j'avais cinq mille livres sterling de revenu. Ce n'est pas bien fatiguant d'aller donner un coup d'oeil aux enfants et de compter les abricots sur les espaliers, au besoin même j'irais jusqu'à demander aux vieilles femmes comment vont leurs rhumatismes et faire distribuer des bouillons aux pauvres. C'est là un métier dont je m'accommoderais fort bien moyennant cinq mille livres sterling de rente. On me verrait aussi bien qu'une autre me rendre en voiture chez des voisins où je serais invitée à dîner, et suivre les modes vieilles de deux ans. Je paraîtrais avec avantage à l'église, dans le banc seigneuriale, ou bien, mon voile baissé et dans l'embrasure de la boiserie, j'apprendrais à dormir sans en rien laisser voir : tout cela s'acquiert par l'usage. Avec de l'argent, on paye ses dettes ; avec l'argent on a le droit de faire les fiers et de nous mépriser nous autres pauvres diables, parce que nous n'avons pas le sou. "
(La foire aux vanités, Thackeray, Folio, 2009, p 655)

(Source image : thebrothersh.blogspot.fr)

dimanche 25 novembre 2012

Le petit coin idéal


Quel est votre coin préféré pour lire?

Bien sûr, ça dépend! 
Selon la saison, on aime lire auprès d'un ruisseau avec le chant des oiseaux ou alors blotti dans son canapé près d'un bon feu de cheminée. On a des envies différentes. Tout dépend du moment, du roman, de notre état d'esprit. 
Mais, on peut parfois avoir un lieu que l'on aime tout particulièrement. Lorsqu'on se pose là, on oublie le quotidien, le boulot, les enfants, les rendez-vous ... tout .... Quand on se pose là, c'est notre moment rien qu'à nous. 
Moi, le voilà mon endroit :


C'est assez simple! 
Un fauteuil avec de bons cousins moelleux, mon lit en face pour poser mes jambes, le radiateur juste à côté pour me tenir chaud (et pour poser mon thé), la nature derrière la fenêtre et la douce lumière du jour sur les pages de mon roman. 


Bien sûr, j'aime aussi lire dans mon lit lovée sous ma couette, devant mon petit-déjeuner, dans les transports, sur un banc dans un parc avec mon thermos de thé, sur mon canapé près de la cheminée ....... 

Et vous, parlez-moi de votre coin littéraire? 

Je fais de ce petit sujet un tag, un moment d'échange. 
Répondez à cette question en y ajoutant, si vous le désirez, une photo, puis taguez les personnes de votre choix.

Quant à moi, les habitudes littéraires de Maggie, Titine et George m'intéressent beaucoup. 
Si vous acceptez les filles!


jeudi 22 novembre 2012

Mes dernières folies

Un petit tour à la bouquinerie et voilà le résultat : 


Le journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau : Je n'ai pas encore lu ce classique qui me tente depuis plusieurs années. 



Deux Zola, Une page d'amour et La joie de vivre : Car je veux lire tous les Rougon-Macquart et que ça faisait bien trop longtemps que je n'avais pas acheté des romans de mon cher Zola. 


Climats d'André Maurois : Je ne connaissais pas du tout jusqu'à ce que je tombe sur un téléfilm adapté de cette oeuvre que j'ai trouvé très touchant. J'ai été ravie de le trouver à la bouquinerie. 


Black boy de Richard Wright : Toujours dans une volonté de découvrir davantage la littérature américaine. 

samedi 17 novembre 2012

Juste un moment de partage ....

Un pique-nique chez Osiris


Téléfilm français en 2 parties de Nina Companeez (2001).

Nous sommes en 1898. Héloïse, 19 ans, est issue d'une famille appartement à la haute bourgeoisie parisienne anti-dreyfusarde et antisémite. Par esprit de révolte, elle va entamer une relation amoureuse avec Maxime un jeune journaliste juif. Lors d'une terrible querelle avec son père, ce dernier est victime d'une attaque d'apoplexie dont il meurt. Pour l'éloigner de Maxime, sa mère Mathilde, sa cousine Olympe emmènent Héloïse faire un voyage en Orient. Après le Caire et les Pyramides, elles vont remonter le Nil puis traverser le désert en caravane. Loin des regards qui les jugent, elles vont se révéler elles-mêmes.

Je voulais vous parler d'un téléfilm qui me tient particulièrement à coeur et que je regarde très régulièrement avec toujours la même émotion. 
J'ai découvert ce téléfilm lors de sa première (et unique ... malheureusement) diffusion en 2001. J'ai tout de suite totalement plongé dans cette histoire touchante, humaine, à la fois drôle et émouvante. J'ai pendant plusieurs mois souvent repensé à ces images, à ces mots, à ces ambiances envoûtantes. J'ai pendant plusieurs années cherché le DVD de ce téléfilm qui paraissait introuvable. Quand, enfin, France Loisirs a eu la bonne idée de le sortir. Depuis, il ne se passe pas 6 mois sans que je me cale sur mon canapé (ou mieux, dans mon lit) et que je me laisse aller dans le monde passionnant d'Un pique-nique chez Osiris. Jamais lassée, je regarde de téléfilm comme si c'était la première fois. 


Ces trois femmes, prisonnières des carcans familiaux, sociaux, moraux, prisonnières des préjugés des autres, mais également des leurs, se libérant de leurs corsets au milieu du désert égyptien, me fascinent. J'aime la fougue et la passion excessive d'Héloïse, j'aime la tendre Mathilde totalement étouffée par son tyran de mari et enfin, j'aime Olympe, pleine de haine et de mépris pour tout le monde et enfermée dans ses idées reçues. Marina Hands interprète bien cette jeune femme sans réelle beauté mais bourrée de charme qui s'enferme dans sa révolte quitte à se tromper de voie. Je ne connaissais pas Dominique Reymond qui nous offre un rôle profond et tout en retenu. Quant à la géniale Dominique Blanc, elle est la petite touche qui fait la différence. Elle est drôle, terrifiante, émouvante, énervante. Superbe! 
Et puis, il a mon chouchou d'acteur Eric Ruf. J'ai la chance de l'avoir vu plusieurs fois sur scène à la Comédie française. C'est un acteur que j'aime énormément. Il y a sa voix merveilleuse, ses yeux passionnés, son physique si atypique ... Il ne joue pas, il vit. 


Le téléfilm est composé de deux parties. Il y a l'avant départ, puis le voyage. Les deux parties sont parfaites. J'aime la première car elle pose bien l'histoire, la vie étriquée de ces trois femmes. Il y a la France de l'affaire Dreyfus, les sautes d'humeur d'Héloïse, les réflexions terrifiantes de la cousine Olympe et cet antipathique Paul de Bonnières (et puis, bien sûr, Eric Ruf!). Dans la seconde, il y a l'Egypte. Et tout est dit! Comme ce téléfilm me donne envie de voyager!! Ce sentiment de liberté que ressentent nos trois héroïnes, il est là, dans ma poitrine, bien présent, aussi fort que le leur. Le désert, Ariel Cohen, le Nil, l'essence de rose, ..... On est plongé en plein dans l'orientalisme de l'époque. 
Peut-être que le changement de pensée et de vie de ces trois femmes peut paraître trop soudain, trop facile, mais moi j'y crois. Tout est bien mené et touchant dans cette histoire. Je suis toujours déçue lorsque la fin arrive. 
Si vous n'avez toujours pas vu cette jolie réalisation, foncez! 
Vous pouvez vous la procurer sur internet. Le DVD est désormais moins difficile à trouver. 
Voilà ... C'était juste un moment de partage. 

(Sources : amazon.fr ; programme-tv.net ; telephant.com ; cine-séries.orange.fr)

samedi 10 novembre 2012

Prendre conscience ... avant qu'il ne soit trop tard!

Tu verras
Nicolas Fargues


P.O.L, 2011. 

Mon père me criait de remonter mon jean au-dessus de mes fesses, de cesser d'écouter des chansons vulgaires sur mon iPod, de rapprocher mes coudes à table et de ne pas faire la tête chaque fois qu'il voulait m'emmener au musée. Il ajoutait toujours : "Plus tard, tu comprendras que c'est pour ton bien que je te disais ça, tu verras". 


Sans être un roman incroyable, Tu verras est un roman extrêmement touchant, je dirai même nécessaire. Je pense que tous les parents devraient le lire. Etant maman d'un petit garçon de 20 mois, Nicolas Fargues m'a projeté face à mes propres démons, mes doutes, mes craintes. 
Colin, la quarantaine, vient de perdre dans un terrible accident son fils de 12 ans, Clément. Il prend conscience de toutes les erreurs qu'il a pu faire, de son manque de compréhension et de tolérance vis à vis de ce jeune garçon gagnant petit à petit son indépendance. 
Colin est bouleversant. J'ai vécu intensément cette culpabilité qui le dévore. En lisant Tu verras, on comprends combien on peut se prendre la tête pour des détails. Clément aime le rap, son père vit mal que son fils n'aime pas, tout comme lui, le rock. Il est parfois sec avec lui sur des choses qui se révèlent bien insignifiantes après la mort de Clément. J'ai ressenti le manque de Colin, ce manque physique, animal, le besoin de sentir et toucher son enfant. J'ai vraiment pris la douleur de Colin en plein coeur. Mais la plume de Nicolas Fargues ne tombe pas dans le pathos. Les sentiments de Colin sont humains, simples et beaux
Je n'ai pas vraiment accrocher au voyage final de Colin. Pas assez fouillé, un peu téléphoné, je suis passée à côté. 
Un roman important et bien écrit. Un roman à lire pour le message qu'il transmet, les réflexions qu'il soulève. 

" (...) j'ai pris alors brutalement conscience de la fragilité de mon fils, comme tous les parents d'adolescents du monde. J'ai éprouvé, comme eux, le vertige d'imaginer qu'en mon absence, un accident pouvait lui arriver n'importe où et n'importe quand. Et, comme tous les parents du monde, j'ai fini par me raisonner, en me disant qu'on ne peut pas chaperonner un enfant tout au long de sa vie. Que la vie, c'est par essence un risque potentiel à courir de s'estropier ou de mourir à chaque instant de chaque jour."
(Tu verras, Nicolas Fargues, POL, 2011)


(Source image : spiritualité-chrétienne.com)

dimanche 4 novembre 2012

ça faisait longtemps ....

.... un petit tag!


  • Un livre que tu as particulièrement aimé 

Dur dur de n'en choisir qu'un seul.  Mais au fond de mon coeur un titre prédomine :


Mais j'aurai pu aussi citer Les dames du lac de Marion Zimmer Bradley, les romans de Pearl Buck, Le rêve de Zola, Une vie de Maupassant, Anna Karenine, Orgueil et préjugés, ... et tant d'autres. 

  • Un livre qui ne t'a pas plu

Sans aucune hésitation Danse avec la vie de Zoé Valdès. Aucun intérêt! Je me demande encore ce que ce roman a bien pu m'apporter. 

  • Un livre qui est dans ta PAL

Euh! Ma PAL est une véritable montagne mais si je dois n'en citer qu'un ... La foire aux vanités de Thackeray. 

  • Un livre qui est dans ta wish-list

Blonde de Joyce Carol Oates. J'ai envie de connaître un peu plus l'énigmatique Norma Jean et de retrouver la belle écriture de Oates. 

  • Un livre auquel tu tiens

Il y en a beaucoup trop. Mais je vais dire mon édition de L'histoire sans fin de Ende. Je l'ai lu durant un voyage humanitaire. La couverture est déchirée, les pages toutes détachées. J'y tiens comme la prunelle de mes yeux. 

  • Un livre que tu voudrais vendre ou troquer

Aucun. Je garde tous mes livres.

  • Un livre que tu n'as pas réussi à terminer

Je les finis tous. Il est très rare que je tombe sur un roman où tout est mauvais, si bien que je l'abandonne. 
Mais dans mes jeunes années de lectrice, j'ai abandonné La chartreuse de Parme de Stendhal, que j'ai repris des années plus tard et que j'ai adoré. Même chose pour Le château des Carpathes de Verne. Et il y a eu aussi De la littérature de Mme de Staël et quelques autres textes intéressants, mais un peu ennuyants parfois. 

  • Un livre dont tu n'as pas encore parlé

Je parle ici de tous les textes que je lis. Depuis 5 ans, toutes mes lectures sont chroniquées. Mais ma vie de lectrice était très remplie avant la création de ce blog, il y a donc de nombreuses lectures que je n'ai pas commenté ici. Beaucoup de classiques entre autre. 

  • Un livre que tu vas lire pour une LC

Je n'ai pas fait encore de lectures communes sur internet. Mais depuis plusieurs années, je fais des lectures communes, chaque saison, avec mon amie de fac'. Nous habitons désormais à plus 800 km l'une de l'autre, nous nous organisons des lectures communes régulièrement. Il y a eu Stoner récemment, mais aussi Nous étions les Mulvaney, Chez les heureux du monde, ... La prochaine est encore en pour parler. 
Faire une petite lecture commune avec d'autres blogueurs sur internet me tente bien. Un jour peut-être ... 

samedi 3 novembre 2012

Qui dit Halloween, dit lecture d'Halloween!


Carrie
Stephen King
Challenge Gilmore girls

 J'ai lu, 1978.

Une mère puritaine obsédée par le diable et le péché ; des camarades de classe dont elle est le souffre-douleur : Carrie est profondément malheureuse, laide, toujours perdante. 
Mais à seize ans, ressurgit en elle le souvenir d'un "don" étrange qui avait marqué fugitivement son enfance : par sa seule volonté, elle pouvait déplacer les objets à distance. Et ce pouvoir réapparaît aujourd'hui, plus impétueux, plus impatient. 
Une surprise bouleverse soudain la vie de Carrie : lorsqu'elle est invitée au bal de l'école par Tommy Ross, le boy-friend d'une de ses ennemies, n'est-ce pas un piège plus cruel encore que les autres ?

J'ai découvert tardivement Stephen King il y a trois ans en lisant le célèbre ça, l'histoire du clown cabriolant. Assez sceptique en l'ouvrant, je suis tombée dans un univers hallucinant d'imagination qui m'a profondément marquée. Bien sûr, il y a eu la peur, le frisson et l'horreur, mais il y a eu surtout un magnifique talent de conteur, des personnages vivants et profondément attachants, des images, des émotions qui chamboulent là dans le fond du ventre et au final, une de ces lectures qui ne nous quittent plus. Rien qu'à l'évocation du mot "ça", je plonge dans un univers complet, total, un flot d'images m'envahit. Ce sont comme des souvenirs d'une vie vécue et non comme de simples lignes lues dans les pages d'un livre. Vous comprendrez pourquoi en ouvrant Carrie, j'étais à la fois heureuse et nerveuse. 
Je n'irai pas jusqu'à dire que Carrie a la force de ça (le nombre de pages joue, plus de 1000 pages pour ça, que 250 pour Carrie), mais j'y ai retrouvé tout ce qui m'avait plu
J'ai dévoré ce roman une fois ouvert. Construit comme une enquête, un rapport de police, on suit pas à pas l'histoire tragique de Chamberlain, ville du Maine. On sait dès le début qu'un terrible désastre a frappé la ville et que l'étrange Carrie White en est responsable. Mais les détails, les précisions ne viennent qu'au fil du récit. La narration est entrecoupé de témoignages, d'extraits d'enquêtes ou de rapports. Tout se construit comme un puzzle. On est tenu en haleine. 
J'ai tout de suite pris Carrie en pitié. Dans cette ambiance typiquement "clichés américains" où il faut être belle et capitaine des pom-pom girls de l'école pour être aimée et respectée, la pauvre Carrie est le mouton noir. Elle est sans cesse insultée. L'horreur atteint son paroxysme lorsque Carrie a ses premières règles dans les douches collectives. Sa mère l'ayant laissée dans l'ignorance, Carrie croit mourir d’hémorragie. Toutes les filles du vestiaire lui jettent des serviettes hygiéniques et des tampons au visage en lui criant des obscénités. Carrie, traumatisée, prend conscience d'une chose qui dort en elle depuis des années, la télékinésie. 
J'ai aimé Susan qui essaie comme elle peut d'aider Carrie (mais n'est-elle pas indirectement responsable du désastre?). C'est la seule, avec le doux Tommy et Miss Desjardins, à ne pas juger Carrie sur son apparence ou son éducation et qui tente de la faire sortir de sa coquille. J'ai par contre eu envie plusieurs fois de griffer cette peste de Chris. Carrie n'est qu'une victime. Les responsables du désastre de Chamberlain sont ceux qui la briment depuis des années. 
J'ai souvent entendu que Carrie n'était pas un roman qui faisait peur. C'est vrai que par rapport au clown psychopathe de ça, Carrie est assez gentillette, mais j'ai tout de même ressenti quelques frissons. L'image sanguinolente de Carrie détruisant par le feu sa ville et ses habitants ne me quittera pas de sitôt. 
Tout comme pour ça, je retire de ce roman une histoire profondément humaine. A l'époque, c'est l'histoire d'amitié du Club des Ratés dans ça qui m'avait remuée les tripes, avec Carrie c'est la stupidité humaine, la méchanceté gratuite, le jugement aveugle. Carrie m'a bouleversée. Mon coeur s'est souvent serré pour elle. 
Une très belle histoire, à la fois magnifique et terrifiante. Je n'aurai plus d'appréhension à ouvrir un Stephen King. Grâce à ces deux lectures, je sais que j'entrerai dans un monde humain, saisissant, imaginatif. 

" /.../ Et alors les autres filles se sont moquées d'elle?
- Pire que ça. Elles poussaient des hurlements et lui jetaient des serviettes hygiéniques à la tête quand je suis entrée. Elles les lui lançaient ... comme des cacahuètes.
- Oh! Oh mon Dieu! Vous avez relevé des noms?
- Oui, mais pas tous. Quoiqu'il y aura sans doute des dénonciations. Il m'a semblé que Christine Hargensen était la meneuse ... comme d'habitude.
- Chris et sa bande de perruches, murmura Morton.
- Oui. Tina Blake, Rachel Spies, Helen Shyres, Donna Thibodeau, et sa soeur Mary Lila Grace, Jessica Upshaw. Et Sue Snell - Elle fronça les sourcils. Je ne me serais pas attendue à ça de la part de Sue. Jamais je ne l'ai vue tremper dans ce genre de chahut. "
(Carrie, S. King, J'ai lu, 1978, p 23)



(Source image : stephenking.wikia.com. Sissy Spacek dans Carrie au bal du diable)