Danse avec la vie
Zoé Valdès
Gallimard, 2009.
Une romancière cubaine en panne d'inspiration est poussée par son éditeur à s'essayer à l'écriture d'un roman érotique. Elle trouvera finalement le sujet de son livre en même temps qu'un nouvel amant, l'homme d'affaires Richard Soler : ce sera l'aventure d'un triangle amoureux formé de deux danseurs, Canela et Juan, et d'un photographe, Peter, en pleine déprime. Si la Cubaine Canela et l'Andalou Juan ont d'abord du mal à s'accorder et à surmonter des sensibilités artistiques assez opposées, la danse finira par les unir, mais aussi par mettre en danger de mort Canela, dont le ténébreux mari est jaloux. Heureusement, l'éditeur change d'avis et la romancière doit tout reprendre de zéro... Zoé Valdés entremêle habilement plusieurs histoires, enchâssées les unes dans les autres, et déploie son imagination débridée et sa sensualité dans une trame romanesque des plus originales. La vie de l'écrivain fait ainsi irruption dans l'existence des personnages, et les deux mondes finissent par se mélanger. Cette manière très insolite d'entraîner le lecteur dans son univers haut en couleur constitue une nouvelle preuve de son grand talent.
Aaah! C'est très rare qu'un roman me déplaise sur tous les points, mais quand ça arrive, ça arrive vraiment ... et pas qu'à moitié ...
Comment rater un roman? Et bien, la réponse à cette question est comprise entre la page 15 et la page 278 (bref! toutes les pages) du roman de Zoé Valdès : Danse avec la vie.
- Premier point, choisir l'intrigue la plus bidon qui existe. Certains auteurs géniaux arrivent à te tenir en haleine rien qu'avec leur style, leur génie, leur magie des mots sans pourtant avoir une intrigue super méga cool. Là, ce n'est même pas que Zoé Valdès n'a pas d'intrigue, non. C'est tout simplement qu'elle a choisi le sujet le plus naze de l'histoire de la Littérature. On peut lui reconnaître que son titre est beau ... Mais alors il n'y a vraiment que ça. Ce roman tourne en rond, il ne s'y passe rien, c'est insipide, inodore et sans saveur. Une histoire d'amour (de cul, devrai-je dire!) qui n'a pas de conclusion, de suite, une enquête policière totalement nulle, qui n'en est même pas une, l'histoire d'une romancière qui écrit comme ses pieds et qui s'étonne de ne pas être publiée ... Naze, je vous dis!
- Second point très important, prendre les personnages les plus inintéressants possible, ne faisant que se regarder le nombril, pas attachants pour un sou ... bref, qui laissent totalement indifférents. La narratrice est totalement dénuée d'intérêt, Canela, exaspérante de nullité et les autres personnages sont plus ou moins calqués sur le même modèle.
- Troisième point : avoir le style le plus horrible du monde! Aucun talent dans les dialogues (j'en grince encore des dents), aucune finesse dans l'analyse, aucun goût dans les descriptions ... J'ai souvent pensé durant ma lecture (comment ai-je fait pour arriver au bout???) à mes chers auteurs chéris, à leur génie, leur sensibilité, leur maîtrise de la langue ... et je me suis dit qu'ils devaient vraiment avoir les poils qui se dressent en voyant ça.
- Quatrième point : être persuadé que mettre du cul à chaque page permettra au lecteur de rester accroché jusqu'au mot "fin". Le sexe en littérature ne me dérange pas le moins du monde, ni les mots crus ou la vulgarité si c'est bien employé (après tout, Le choix de Sophie est un des romans qui m'a le plus marquée de ma vie)! Mais alors là, mon dieu! Je crois que le but de Zoé Valdès est de nous dégoûter du sexe jusqu'à la fin de notre vie. Ses personnages ne pensent qu'à ça, tout le temps, en permanence. Quelqu'un leur dit bonjour quelque soit le sexe et hop, ça y est : des pensées salaces en veux-tu en voilà et des parties de jambes en l'air bestiales, dénuées d'humanité et de sentiments. Je ne sais pas si des personnes ressemblant aux personnages de Danse avec la vie existent réellement, mais je les plains sincérement. Je ne sais pas ce que Zoé Valdès a dans la tête, mais elle nous offre un roman malsain. Si encore il n'y a avait pas que ça. S'il y avait un intérêt autre, ça irait! Mais là, non. Aucun intérêt, un vilain roman érotique (pornographique plutôt!) ...
- Dernier point, commencer à parler de quelque chose d'intéressant seulement dans les dernières pages et juste en survolant. Ce roman parle dans les toutes dernières pages de la guerre, de ses horreurs, du déracinement, de la solitude, ... mais sans rentrer vraiment dans le sujet (apparemment les scènes de fion sont nettement plus intéressantes). Elle écrit de belles scènes finales, sans lien avec le reste, sans s'étaler. 200 pages sur les jouissances sexuelles d'insupportables oisifs et 70 pages enfin humaines qui pourraient être enrichissantes sans les 200 précédentes et sans le manque d'implication de l'auteur.
Ce qui m'a fait finir le roman? En toute honnêtété : le plaisir de pouvoir critiquer! C'est tellement rare ... et ça fait du bien!
En conclusion, passez votre chemin. Livre totalement inutile!
" Que puis-je faire contre "ça"? m'a demandé mon éditeur. "Ca", ce n'était rien de moins, ni rien de plus, que mon incapacité à trouver un sujet de roman convaincant à ses yeux. Et précisément "ça", à cet instant, signifiant tout pour moi. "Ecris un roman érotique, c'est la grande mode, il y a un public nombreux à s'y intéresser ... ", m'a t-il assuré, sans accorder beaucoup d'importance à mon évidente nervosité. "
(Danse avec la vie, Gallimard, 2009, p16)
(Source image : annagaloreleblog...)