Je vous mets les jaquettes de mes vieux livres (1970) car je les trouve plus jolies que celle moderne avec la tête de Michelle Mercier. Mais ceci dit, je vous donne les références de l’édition actuelle qui existe en un seul tome : J'ai lu, Paris, 2001.
Les tomes sont souvent signés Anne et Serge Golon, mais c’est en réalité Anne seule qui en est l’auteure. Elle a du rajouter le nom de son mari à cause des discriminations envers les femmes écrivains. Sans ça elle n’aurait jamais pu publier. La saga Angélique comprend 13 tomes : 1 - Angélique marquise des anges ; 2 - Le chemin de Versailles ; 3 - Et le Roy ; 4 - Indomptable Angélique ; 5 - Se révolte ; 6 - Et son amour ; 7 - Et le nouveau monde ; 8 - La tentation d’Angélique ; 9 - Et la démone ; 10 - Et le complot des ombres ; 11 - A Québec ; 12 - La route de l’espoir ; 13 - La victoire d’Angélique. Dans les vieilles éditions (comme la mienne), chacun des 13 tomes sont divisés en deux voire trois tomes (comme celui que je vous présente). Ce qui fait énormément de livres, mais ils sont tous vendus à moins d’un euro (sur le web ou dans les vide greniers), sauf les deux derniers qui, par leur rareté, sont vendus à des prix exorbitants.
Avec ses longs cheveux d’or bruni et ses yeux d’émeraude, Angélique de Sancé est si belle que les paysans la regardent comme la vivante incarnation des fées. Pourtant, élevée par une nourrice qui préférait les histoires de brigands aux berceuses, elle cache sous cette gracieuse apparence une âme passionnée et avide d’aventures.Son père, ruiné, est alors obligé de la marier à un riche seigneur toulousain, le comte de Peyrac. La jeune fille est horrifiée ; son futur époux est défiguré, boiteux, et jouit auprès de la toute puissante église languedocienne de l’inquiétante réputation de sorcier. Pourtant, malgré ses disgrâces, le comte est un être fascinant, un savant et un homme de cœur. La jeune Angélique saura-t-elle surmonter l’apparence de ce mystérieux époux ?
Embarquée dans cette aventure malgré moi (cadeau d'une amie totalement fan!), j'y allais plutôt à reculons et au final ma réaction a été : Zut alors! J'ai aimé! Pour plusieurs raisons d'ailleurs ... Déjà, l'écriture. Anne Golon est une magnifique conteuse. Ses phrases enchantent, ses mots bien choisis. Tout dans l'écriture est parfait. J'ai été étrangement surprise de découvrir un style si beau navigant à la fois entre simplicité et rigueur. Deuxième point de satisfaction, le récit. C'est une belle histoire. Celle d'une jeune fille noble mais pauvre dans la France d'après Louis XIII qui s'élève jusqu'aux plus grands et qui chute ensuite dans une misère totale. Dans ce premier tome l'on parcourt son enfance, sa jeunesse, sa vie de femme, d'épouse et de mère. Il y a dans ce roman un magnifique travail psychologique. Le caractère d'Angélique évolue, se transforme au fil des pages. Oubliez l'Angélique nunuche des films! Celle des livres court dans les champs et a de la corne aux pieds. Oubliez le beau et sensuel Robert Hossein. Peyrac est laid, difforme et boiteux. Troisième point, les points historiques. C'est une VRAIE saga historique. On apprend beaucoup en lisant ces romans. C'est un véritable plongeon dans l'Histoire. On rencontre des personnages connus (il y a même de vrais citations de ces personnages dans le livre) par exemple Saint Vincent de Paul, la veuve Scarron, madame de Montespan et tant d'autres. Tout est précis au niveau de l'Histoire jusqu'à l'état d'esprit des gens de l'époque. C'est même parfois gênant pour nous, hommes et femmes, du XXIème siècle. Un si grand plongeon dans l'Histoire que les moindres détails sont retranscrits (racisme, xenophobie, incompréhension face aux difformités physiques, idéologie, obscurantisme religieux, ...). Ce livre retranscrit de véritables résumés des pensées scientifiques et idéologiques de l'époque ... A notre grand bonheur, les deux personnages principaux, le comte de Peyrac et Angélique sont très modernes pour l'époque. Ils refusent l'extrémisme religieux, se battent pour les avancées scientifiques et pour le partage avec les autres pays, les autres peuples et les autres croyances. Peyrac est splendide. Sa laideur n'a que son esprit comme égale.
Ces livres ne sont pas du tout comme les films. Par moment, ce n'est presque pas la même histoire. La forme est la même, mais le fond est totalement chamboullé. Dans le livre l'enfance d'Angélique prend 200 pages, dans le film : zéro minute ; l'affaire du coffret aux poisons est mieux comprises ; le procès de Joffrey est un vrai procès détaillé et passionnant contre lequel il est impuissant ; ... Tout y est plus développé, complexe et subtil.
Au final, je regrette les dessins naïfs des éditions, les titres pas très recherchés, l'influence néfaste des films et enfin, je regrette la mauvaise (la fausse) réputation de ce roman. Cette histoire est véritablement passionnante, sérieuse et méticuleuse. A lire!
"Aux jardins du palais, de longues tables blanches étaient disposées sous les ombrages. Du vin, coulait des fontaines devant les portes, et les gens de la rue pouvaient y boire. Les seigneurs et les grands bourgeois avaient accés à l'ntérieur.
Angélique, assise entre l'archevêque et l'homme rouge, incapable de manger, vit défiler un nombre incalculable de services et de plats : terrines de perdreaux, filets de canards, grenades au sang, cailles à la poêle, truites, lapereaux, salades, tripes d'agneau, foie gras. "
(Angélique, marquise des anges, J'ai lu (1979), p 231)
(Source de l'image : bibliorare.com)