samedi 31 décembre 2011

La magie de Noël selon Dickens ...

 Le grillon du foyer
Charles Dickens

Edition Nelson, 1963.

Petite divinité domestique, tour à tour silencieuse et volubile, le grillon est l'âme de la maison. Symbole du bonheur et de la sérénité, il apaise les cœurs rongés par le doute, la colère et l'aigreur. Extraordinaire conteur, Dickens dénonce la misère de la société industrielle tout en évoquant la vie quotidienne avec humour et s'impose comme l'un des plus grands écrivains anglais du XXe siècle.
(Résumé de l'édition Folio, 2006.)

Qui dit Noël, dit lecture de Noël! 
J'ai donc ouvert ce petit conte de Monsieur (Chouchou) Dickens et ce fut un bien agréable moment. Certes, j'ai largement préféré Un chant de Noël qui reste pour moi le conte de Noël indétrônable, mais ce Grillon du foyer possède un charme évident. C'est un bien joli conte que nous offre Dickens. Certains passages m'ont profondément émue. Le personnage de Caleb est magnifique. Ce père inventant une autre vie que la sienne pour éviter la triste réalité à sa chère fille aveugle est bouleversant.  Dickens m'a confirmé à quel point son écriture était magique, à quel point il savait jouer autant avec le comique qu'avec le tragique. Même si ce conte n'a pas la profondeur Des grandes espérances, il me donne plus que tout envie de me plonger encore et encore dans l'oeuvre de ce fabuleux auteur. 
Un petit conte touchant, humain, sensible, drôle et bouleversant ... Dickensien, quoi! Une histoire qui se lit toute seule, parfaite en cette période de l'année ... 

La Bouilloire fit entendre son premier cri ! Ne me dites pas ce que mistress Peerybingle disait. Je le sais mieux qu’elle. Mistress Peerybingle peut laisser croire jusqu’à la fin des temps qu’elle ne saurait dire lequel des deux commença à crier ; mais moi je dis que c’est la Bouilloire. Je dois le savoir, j’espère ! La Bouilloire commença cinq bonnes minutes, à la petite horloge de Hollande qui était dans un coin, avant que le grillon poussât le premier cri."
(Le grillon du foyer, Dickens, Nelson, 1963, page 9)

(Source imgae : etanchermasoif.com)

dimanche 18 décembre 2011

L'auberge hantée ...

L'auberge de la Jamaïque
Daphné du Maurier

Livre de poche, 1954.

Orpheline et pauvre, Mary Yellan n'a pas d'autre ressource que de quitter le pays de son enfance pour aller vivre chez sa tante, mariée à un aubergiste, sur une côte désolée de l'Atlantique. Dès son arrivée à l'Auberge de la Jamaïque, Mary soupçonne de terrifiants mystères. Cette tante qu'elle a connue jeune et gaie n'est plus qu'une malheureuse, terrorisée par Joss, son époux, un ivrogne menaçant. Aucun voyageur ne s'est arrêté depuis longtemps dans cette auberge...


Décidément, Madame du Maurier est une magicienne. Elle m'avait déjà envoûtée avec Les oiseaux et autres nouvelles et surtout avec le géniallissime Rebecca. L'auberge de la Jamaïque a confirmé mon amour pour cette grande dame. 
Certes, ce roman n'a pas la profondeur de Rebecca mais il est passionnant et haletant. Même si je n'ai pas trop eu le temps de lire ces dernières semaines, j'ai adoré me plonger dans cette histoire de contrebande, de naufrage, de lande inquiétante, de meurtres et de violence
Daphné du Maurier a vraiment l'art de raconter des histoires qui nous tiennent en haleine durant des heures. C'est intelligent, efficace, distrayant. Une ambiance "Brontë" totalement addictive. Un vrai bonheur! 
Certaines scènes ont eu raison de mon petit coeur fragile. Comme celle dans les premières pages où Mary Yellan espionne son oncle au milieu de la nuit. J'ai vraiment vécu cette scène à la place de l'héroïne. Je l'ai trouvé réellement bien faite. J'ai aimé la description des pensées de Mary. Daphné du Maurier a un talent fou pour parler des sentiments humains, des émotions, des sensations. 
Je suis complètement rentrée dans le jeu. J'ai marché à fond. J'ai tremblé comme Mary aux apparitions de cet horrible Joss, les évocations des naufrages m'ont terrifiée et les promenades nocturnes de Mary m'ont glacée. 
Je ne saurais vous expliquer à quel point l'univers de Daphné du Maurier me fascine. Je suis vraiment en extase devant son imagination, sa plume, ses atmosphères, ses personnages. Elle n'a pas peur d'évoquer le meurtre, la violence (qu'elle soit physique, morale, sexuelle), la cruauté, l'horreur mais toujours d'une façon intelligente, imaginative, fouillée. 
Je suis heureuse de voir dans ma bibliothèque Le mont-Brûlé, Le général du roi, La chaîne d'amour, Ma cousine Rachel et L'aventure vient de la mer (ou La crique du français) qui m'attendent sagement. Je retrouve dans les romans de Daphné du Maurier tout ce que j'avais aimé dans Jane Eyre, Les hauts de Hurlevent
A lire absolument. 
Une plume à découvrir d'urgence si ce n'est pas déjà fait! 



"Elle connut une fois de plus l’humiliation d’être une femme quand, brisée moralement et physiquement, son état fut admis comme une chose naturelle.
Si Mary était un homme, on la traiterait avec rudesse, tout au moins avec indifférence… lorsqu’on en aurait terminé avec elle, s’embarquerait sur quelques paquebots et travaillerait pour payer son passage, ou bien elle prendrait la route, avec quelques sous en poche, le coeur et l’esprit libres.
Mais elle était là, les larmes prêtes à couler, ayant la migraine; on l’éloignait en hâte du lieu du crime avec des paroles et des gestes apaisants; elle n’était qu’un élément d’encombrement et de retard, comme toutes les femmes et tous les enfants après une tragédie."

(L'auberge de la Jamaique, Livre de poche, 1954, page375)


(Source image : dessin de Victor Hugo. culturofil.net)

mardi 13 décembre 2011

Bonne résolution ... (enfin ... J'essaie!)



J'ai fait un grand (mais alors un grand) pas dans ma vie. J'ai décidé de progresser en anglais … de progresser beaucoup.

La décision de m'y mettre ne fut pas simple : peur de l'échec, manque total de confiance en moi et j'en passe. Mais mon amour de la littérature anglaise a été plus fort. J'en avais assez d'envier constamment ceux qui lisaient Jane Eyre en anglais, les romans de Jane Austen et qui n'étaient pas obligés (comme moi) d'avoir les sous-titres français pour voir un film en VO. J'ai dit STOP ! Arrête d'envier les gens et lance-toi ! La chose qui a fini par me décider ? Ceci. Merci Fashion !
Je me suis dit pourquoi pas moi !
J'ai comme tout le monde un simple niveau scolaire en anglais. Je n'étais ni très bonne, ni très mauvaise. J'ai eu de bonnes notes et de très mauvaises notes. Bref ! La routine ! Depuis mon départ de l'université, je me suis rendue compte que je n'avais pas perdu mon anglais (contrairement à mes deux autres langues, l'espagnol et l'italien (comme je la regrette celle-là ! Snif!)). Je crois que l'on est tellement baigné au quotidien dans cette langue que l'on ne peut pas l'oublier.
La langue de Shakespeare restait tout de même pour moi une langue étudiée à l'école et c'est tout. Jusqu'à ce que je (re)découvre Jane Austen et tout ce qui l'entoure. Je me suis rendue compte à quel point la culture anglaise était riche. J'ai eu envie de lire cette grande dame dans sa langue maternelle et de redécouvrir mes autres auteurs chouchous (les sœurs Brontë, Pearl Buck, Marion Zimmer Bradley et plus récemment Daphné du Maurier).

De voir autant de gens sur la toile lire des romans en anglais m'a fait me demander si je n'en étais pas moi aussi capable. Le post de Fashion m'a fait comprendre que beaucoup de monde partait avec la même histoire que moi avec cette langue. Alors qu'avant j'étais persuadée que tous ces gens étaient nés bilingues ou alors 1er de la classe à l'école.
J’ai donc pris le taureau par les cornes (Pauvre taureau!).
Et me voilà, tous les jours à faire 5/10 minutes de grammaire (pour me remettre mes idées au clair), à écouter les infos en anglais, à lire quelques lignes en anglais (pour le moment dans mon ancien manuel de littérature anglaise … Le Père Noël m'amène normalement des romans en anglais! Je dois attendre un petit peu encore!) et à, quand j'ai le temps, regarder des films en anglais (sans sous-titres ou avec sous-titres mais en anglais uniquement).
Voilà 3 semaines que j'ai commencé! Les progrès ne sont pour le moment pas flagrants mais j'y crois! Et puis, plus important encore, je prends énormément de plaisir. Je suis heureuse quand j'écoute ou lis cette langue, on dirait une enfant.
Par contre, pour le moment, je suis décidée à ne lire que des romans que j'ai déjà lu en français. Dans un premier temps, découvrir un texte directement en anglais ne me tente pas. J'ai davantage envie de lire des romans que j'ai déjà lu. Je ne suis pas une adepte de la relecture mais il y a des textes que je veux vraiment relire comme les Jane Austen, Jane Eyre, Les hauts de Hurlevent, La mère, Rebecca, etc … Les lire en anglais est, je pense, un bon moyen de les redécouvrir d'une façon différente. Et je ne pense pas non plus lire ces romans comme je lis mes romans habituels (pour le moment du moins). Je pense lire quelques pages tous les jours à côté de mon roman du moment.
Affaire à suivre ….
Peut-être que dans quelques semaines, je vous présenterais mon premier avis d'un roman en anglais.

dimanche 27 novembre 2011

Captain Igloo

Le vieil homme et la mer
Ernest Hemingway
(Matilda's contest)

Folio, 2011.

Manolin, un jeu garçon, accompagne Santiago, le vieil homme, à la pêche, mais ils n’ont rien pris depuis 84 jours. Les parents de Manolin, qui trouvent que Santiago est malchanceux, décident que leur fils embarquera sur un autre bateau avec lequel il aura effectivement plus de succès. Un jour, le vieil homme explique à Manolin qu'il va partir loin dans le golfe pour mettre fin à sa malchance et trouver "le poisson" qui lui ramènera l'estime de tous. Il part ainsi au large à l'aube du 85e jour et rencontre son adversaire, un poisson manifestement hors normes. Ainsi commence une lutte acharnée entre l’homme et le poisson ...
(résumé de wikipedia.org)

J'ai découvert Ernest Hemingway il y a quelques années avec Pour qui sonne le glas. Roman qui m'avait laissée une drôle d'impression, celle d'avoir lu un roman autant passionnant qu'ennuyeux. Je savais que c'était un beau et grand roman, j'ai été ébloui par certaines scènes splendides (j'en suis encore marquée aujourd'hui ... Les personnages m'ont particulièrement marquée), mais parfois le texte m'épuisait, m'ennuyait. Et voilà qu'il y a quelques jours, en souvenir de certaines magnifiques scènes de Pour qui sonne le glas, j'ai eu envie de redécouvrir Ernest Hemingway. Je me suis tournée vers le plus célèbre roman de cet auteur : Le vieil homme et la mer.
Plus facile d'accès que Pour qui sonne le glas, Le vieil homme et la mer reste tout de même un roman plus complexe qu'il n'en a l'air. Cette histoire se présente comme un conte philosophique bourré d'images, de métaphore, de symboles. L'histoire est simple. Mais son analyse est plus difficile. Je pense que je n'ai pas tout compris à ce texte. J'y ai vu le beau message de tolérance et de respect que nous fait passer Hemingway, un amour de la nature, un amour de la vie aussi. Mais je n'ai pas réussi à saisir les détails. Pourtant, j'ai aimé ce texte. J'ai trouvé l'histoire de ce vieil homme très touchante. Hemingway arrive à nous tenir en haleine avec une simple histoire de poisson. Je dis "chapeau"! Les scènes avec les requins m'ont particulièrement angoissée. Hemingway a un véritable talent pour décrire l'émotion, pour les instants bouleversants mais terriblement simples.
Hemingway n'est pas un coup de coeur, ce n'est pas une rencontre exceptionnelle qui révolutionne ma vie de lectrice, mais que ce soit avec Pour qui sonne le glas ou Le vieil homme et la mer, j'ai l'intime conviction d'avoir lu quelques unes des plus belles scènes de romans.
J'ai eu plus de facilité à lire Le vieil homme et la mer que Pour qui sonne le glas, pourtant j'ai largement préféré le second, plus fouillé, plus beau.
Je dois avouer que j'ai envie de relire Hemingway notamment Les neiges du Kilimandjaro, Le soleil se lève aussi et L'adieu aux larmes.
A suivre!

" Tu veux ma mort, poisson pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, j'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ca m'est égal le quel de nous deux tue l'autre.

Qu'est-ce que je raconte ? pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson."
(Le vieil homme et la mer, Hemingway, Folio, 2011)

(Source image : première.fr)

samedi 26 novembre 2011

Où vous apprenez que mes lectures ne se bornent pas aux romans d'adultes!

La grande Ourse d'Ikomo
Agnès de Lestrade et Nicolas Duffaut

Père Castor, 2007.

Pour aider à la guérison de sa sœur, Ikomo, le petit esquimau, s'en va pêcher les plus beaux poissons. Mais son voyage n'est pas sans danger, car c'est sur le territoire de la grande ourse blanche qu'il doit s'aventurer...

Avec ce petit livre pour enfants, j'inaugure une nouvelle catégorie de mon blog : La bibliothèque de Romanzino. Avec l'arrivée de petit homme, la collection de livres pour enfants de la maison s'est étoffée. Ce qui n'est pas pour me déplaire d'ailleurs. Je vous présenterai brièvement de temps à autre (quand j'aurai le temps et l'envie) quelques unes des merveilles que contient le "grenier à livres" de mon Romanzino.

La grande Ourse d'Ikomo est surtout magnifique par les splendides illustrations de Nicolas Duffaut. Cette ambiance bleue, blanche, glacée, hivernale est merveilleuse. Un régal pour les yeux! Chaque page est une oeuvre d'art.
Le texte est quant à lui assez simple et très lyrique. De jolies phrases, un beau conte pour petits et grands, une belle histoire touchante.

Un album, doux et poétique, à découvrir ...


mercredi 23 novembre 2011

" Il y a des choses que des gens comme nous ne peuvent pas faire ... "

Précoce automne
Louis Bromfield

Club des amis des livres, 1964.
(Edition récente : Phébus, 1999)

Olivia, bientôt quarante ans, est mariée à un homme fade, dernier né d'une grande famille de la Nouvelle Angleterre. Derrière un masque de respectabilité et de morale, la famille Pentland cache une froideur, un manque total d'amour, d'humanité, de joie. Olivia étouffe .... Le pouvoir des Pentland se resserre autour d'elle. Ce pouvoir d'anéantir le moindre souffle de vie, la moindre lueur d'espoir.
C'est un magnifique roman que je viens de refermer et j'en suis encore toute bouleversée.

Cette histoire m'a remuée. Les tragédie silencieuses, quotidiennes, cachées, me touchent beaucoup. Bien plus que les grands drames théâtraux. Je pleure dans les deux cas, j'aime les deux, mais les petites tragédies enfouies au fond de nous me parlent davantage. Car ce sont eux, les vrais drames.
Je ne sais pas trop quoi écrire en réalité. Je pense que la lecture du roman de Louis Bromfield est toute personnelle.
Je n'ai jamais lu cet auteur bien que trois de ses romans prennent place dans ma bibliothèque. Celui que je vous présente ici, La colline aux cyprès et Emprise.
Je n'ai rien attendu de spécial de ce roman. C'est peut-être aussi pour cela qu'il m'a autant bouleversée. Il m'a eu et m'a joué un bien vilain tour. Je suis allée innocemment vers lui et me voilà tremblante d'émotions.
Ce roman est beau. Tout simplement. Les pages défilent comme passent les saisons à Durham où se tient notre histoire. Louis Bromfield nous parle de la vie. Celle des lieux, de la nature, des gens, des choses. Olivia voit sa vie défiler, immuable. L'emprise des Pentland la prive d'oxygène, l'étouffe petit à petit. Elle se dit que pour elle, il est trop tard. Elle fera tout pour que sa fille Sybil parte loin, qu'elle est une chance d'être heureuse.
Olivia est un personnage inoubliable. Humaine, tolérante, attentionnée ... mais bien trop gentille. Je lui en ai voulu d'avoir touché le bonheur du doigt et de l'avoir laissé filer. J'ai eu envie de hurler dans les dernières pages. Pourquoi n'a t-elle pas la fougue de la rousse Sabine (qui portant est parfois bien énervante)? Pourquoi John Pentland a t-il parlé ainsi? J'ai haï cet homme autant que je l'ai admiré.
Je ne voulais pas lâcher Olivia. J'aurai voulu la suivre encore, ne pas la laisser tout de suite.
Ce roman m'a vraiment bouleversée ... et je ne sais pas comment en parler. Je peux juste vous dire de lire Précoce automne pour sa belle et douce écriture poétique, pour sa magnifique histoire qui remue les tripes, c'est un roman qui semble anodin mais qui cache une profondeur incroyable. De le lire également pour ses personnages inoubliables, parfois détestables, parfois terriblement attachants ... et pour ces belles heures de lecture qu'il vous offrira.
J'aime les romans dans lesquels on se laisse prendre. On les ouvre sans attente particulière, on lit, on aime et puis soudain ... magie des mots ... on est bouleversé, renversé, subjugué.
L'histoire d'Olivia me poursuivra encore longtemps. Ce roman profond, bien plus complexe qu'il en a l'air, soulève beaucoup d'interrogations, de questionnements.
Précoce automne a remué mon âme à la petite cuillère ...

Un vrai coup de coeur ...

L'avis de Titine.

" On donnait un bal dans la vieille maison des Pentland, car, pour la première fois depuis bientôt quarante ans, il y avait dans la famille une jeune fille qu'il fallait présenter à la bonne société de Boston et aux privilégiés qu'on avait priés de venir de New York et de Philadelphie. C'est pourquoi l'ancienne demeure était décorée de lampions et de gerbes des dernières fleurs de printemps, tandis que dans le hall majestueux et nu, aux murs peints en blanc, un orchestre nègre installé derrière des plantes fleuries jouait une musique bruyante et lascive. "
(Précoce automne, Bromfield, Amis du livre, 1964, p27)

(Source image : affiches-et-posters.fr. Kees van Dongen)

mercredi 9 novembre 2011

Romanza horror show II

Le tour d'écrou
Henry James

Livre de poche, 2009.

Le Tour d'écrou est unanimement considéré comme le chef-d'oeuvre d'Henry James. Borges a même écrit que, selon lui, «aucune époque ne possède des romans de sujet aussi admirable que Le Tour d'écrou...». Une intrigue serrée, un mode narratif subtilement ouvragé, des personnages plus vrais que nature, une atmosphère étouffante : le fantastique rejoint le quotidien et s'impose comme une version possible de la réalité. Pour la première fois, grâce à la magie d'une traduction réussie, l'univers de James devient directement accessible au lecteur français.

J'ai terminé ce roman il y a quelques jours mais je n'ai malheureusement pas eu le temps de venir en parler avant aujourd'hui (vive le 11 novembre!).
Voulant poursuivre mes lectures effrayantes, j'ai ouvert Le tour d'écrou. Je n'avais jamais lu Henry James. J'ai beaucoup apprécié sa plume toute en sous-entendus, en allusions. Une écriture délicate, toute en retenue, mais vraie, brute, sans fioritures.
L'intérêt principal de ce roman se trouve dans l'ambiance. Une atmosphère lourde, pesante, un huis clos étrange et étouffant. J'ai aimé cette histoire de revenants et d'enfants possédés. Les deux bambins sont particulièrement effrayants, mi-anges mi-démons, ils m'ont vraiment mise mal à l'aise.
Je me trouve dans la même situation qu'après avoir lu Carmilla. J'aurai aimé en savoir plus, j'aurai aimé plus de pages, un bon gros pavé. J'aurai aimé plus de descriptions des lieux. Passer plus de temps dans cette demeure hantée m'aurait ravie. Bref, je ressors à la fois conquise et frustrée. Mais Le tour d'écrou m'a confirmée à quel point j'aimais les romans à ambiance. Il m'a donnée envie d'ouvrir La dame en blanc ou Pierre de lune de Collins ou les romans de Daphné du Maurier qui patientent gentiment dans ma bibliothèque.

« Toute cette impression du moment me revient du moins avec une intensité qui me permet de l’exprimer ici avec une précision que je ne lui ai encore jamais donnée. C’était comme si tout le reste de la scène avait été frappé de mort à l’instant même où j’apercevais… ce que j’ai aperçu. Je peux encore entendre, en écrivant, le silence prenant dans lequel sont tombés les bruits du soir. Les freux ont cessé de croasser dans le ciel doré, et durant une minute, cette heure amicale a perdu toute voix. Mais rien d’autre n’avait changé dans la nature, à moins bien sûr que l’étrange intensification de mon regard n’ait été un changement. L’or était toujours dans le ciel, la limpidité dans l’air, et l’homme qui me regardait du haut des remparts était aussi net qu’un tableau dans son cadre. »
(Le tour d'écrou, Henry James, livre de poche, 2009).

(Source image : Les autres. Allocine)

jeudi 3 novembre 2011

Romanza horror show I

Nouvelles histoires extraordinaires
Edgar Allan Poe

Livre de poche, 2008.

L'homme est lui-même et ce qu'il se cache. Ce secret hanta Edgar Poe. Le descendant de la maison Usher qui croit sa soeur morte, l'assassin du chat noir et William Wilson sont victimes de leur double, le cousin de Bérénice l'est de sa névrose obsessionnelle, le peintre du portrait ovale, de son art. Dans ces nouvelles fantastiques, prolongement des Histoires extraordinaires, les cadavres se promènent, un sourire ironique aux lèvres, les femmes sont « belles comme un rêve de pierre », et la mort clôt chaque récit. L'envoûtement est total, l'horreur atteint son point culminant et pourtant la réalité est là, tangible, pour chasser l'irrationnel. Fasciné par cette oeuvre américaine, Baudelaire l'a traduite admirablement et rendue célèbre dans le monde entier.


Il s'agit de ma toute première lecture de Poe (cela faisait un bon bout de temps que je voulais le découvrir). A force de voir des citrouilles et des petits monstres réclamant des bonbons partout dans les rues, j'ai eu envie de lire un livre "qui-fait-peur-pour-aller-avec-l'ambiance".
Peur? A dire vrai, ce n'est pas trop ce qu'il s'est passé. Mais certaines histoires m'ont faite ressentir tout de même un peu d'angoisse. J'ai trouvé certains contes vraiment passionnants (Le coeur révélateur, Bérénice, La chute de la maison d'Usher, Le puits et le pendule, Le portrait ovale, ... sont mes préférés). Mais malheureusement, il y en a plusieurs qui m'ont sincèrement ennuyée (Puissance de la parole, Colloque entre Monos et Una, Conversation d'Eiros avec Charmion). Tout n'est pas passionnant dans ce recueil. J'aurai aimé plus d'histoires merveilleuses et terrifiantes comme Le portrait ovale ou Bérénice. J'ai parfois trouvé ça très (trop) compliqué, trop philosophique, trop métaphorique ... Je n'étais pas préparée à trouver ce genre de nouvelles. J'ai bêtement préféré les histoires de fantômes toutes simples.
Cela ne m'étonne pas que Baudelaire aimait Poe. J'ai souvent eu la sensation de lire de la poésie en prose. Poe est un poète. Son côté très sombre, violent, noir a du plaire à notre Charles national.
Des petites histoires de saisons que je conseille ... mais pas toutes. Certaines étant passionnantes et envoûtantes, d'autres trop complexes et ennuyantes. Je pense qu'il faut faire son tri ou être préparé à ne pas découvrir que des histoires distrayantes de fantômes.
Je compte tout de même découvrir les premières histoires extraordinaires de Poe.

" J'étais brisé, — brisé jusqu’à la mort par cette longue agonie ; et, quand enfin ils me délièrent et qu’il me fut permis de m’asseoir, je sentis que mes sens m’abandonnaient. La sentence, — la terrible sentence de mort, — fut la dernière phrase distinctement accentuée qui frappa mes oreilles. Après quoi, le son des voix des inquisiteurs me parut se noyer dans le bourdonnement indéfini d’un rêve. Ce bruit apportait dans mon âme l’idée d’une rotation, — peut-être parce que dans mon imagination je l’associais avec une roue de moulin. Mais cela ne dura que fort peu de temps ; car tout d’un coup je n’entendis plus rien. Toutefois, pendant quelque temps encore, je vis ; mais avec quelle terrible exagération ! Je voyais les lèvres des juges en robe noire. Elles m’apparaissaient blanches, — plus blanches que la feuille sur laquelle je trace ces mots, — et minces jusqu’au grotesque ; amincies par l’intensité de leur expression de dureté, — d’immuable résolution, — de rigoureux mépris de la douleur humaine. Je voyais que les décrets de ce qui pour moi représentait le Destin coulaient encore de ces lèvres. Je les vis se tordre en une phrase de mort. Je les vis figurer les syllabes de mon nom ; et je frissonnai, sentant que le son ne suivait pas le mouvement."
(Le puits et le pendule in Nouvelles histoires extraordinaires, Livre de poche, 2008, p 99/100)

(Source image : citypaper.com)

dimanche 30 octobre 2011

Et au commencement était ce film ...

Jane Eyre

De Franco Zeffirelli (1996) avec Charlotte Gainsbourg et William Hurt.

Après une enfance triste au pensionnat de Lowood, la jeune orpheline Jane Eyre est engagée à sa majorité comme gouvernante de la petite Adèle chez le riche Edward Rochester. (allocine)


Voilà le responsable de mon amour pour Jane Eyre ...
Je l'ai revu hier soir et j'ai eu une envie soudaine d'en parler.
Certes, je sais qu'il n'est pas sans défaut, qu'il n'est qu'un bref résumé du superbe roman de Charlotte Brontë, mais je l'aime. Il m'a fait connaître cette si belle et touchante histoire qui reste indétrônable dans mon Panthéon livresque.
Je l'ai vu la première fois à la télévision avec ma maman. Je ne sais pourquoi on avait choisi ce programme. Soirée "film de filles" probablement. Dès les premières minutes, j'ai été transportée par cette histoire de petite orpheline rejetée. Son arrivée à Lowood, son amitié avec Helen Burns, son départ pour Thornfield, Mr Rochester. Un régal!


Le destin a voulu que le lendemain, durant les courses, je tombe sur Jane Eyre dans le rayon des livres. Ma mère me l'a offert. Je me suis malheureusement rendue compte arrivée à la maison qu'il s'agissait d'un abrégé pour enfant. Je le dévorais en 2 heures. Je n'étais bien sûr pas rassasiée, mais toujours imprégnée de cette merveilleuse histoire.
J'ai retrouvé l'édition complète dans une brocante quelques temps après. J'ai pourtant attendu encore plusieurs années avant de la lire. Je l'ai ouvert à la fac'. Révélation! Tout me plaît dans ce roman. L'histoire, l'intrigue, les personnages, les dialogues, la plume de Charlotte Brontë. Un régal! Je ne me lasse pas de cette histoire. Jane et Mr Rochester sont mes personnages de romans favoris. Il y a tout dans ce roman.
Je ne l'ai pas encore relu mais ça ne tardera plus ...


Donc, ce film, je l'aime.
Charlotte Gainsbourg est MA Jane Eyre. Pas belle, mais possédant un charme indéniable et une flamme passionnée dans les yeux qui la rend attachante et attirante.
William Hurt incarne à merveille le taciturne Mr Rochester. Elégant, mystérieux, d'une beauté discrète mais bien réelle.
Les paysages, Thornfield, les choix des décors sont parfaits.
Mon seul regret? Qu'il soit trop court.


J'ai vu d'autres adaptations de Jane Eyre depuis. Celle avec Orson Welles et Joan Fontaine, celle de Robert Young (1997) et enfin, la série de 2006 avec Ruth Wilson. Je trouve un charme particulier à chacune de ses adaptations. J'ai particulièrement aimé celle de 2006. Plus longue, elle est plus fouillée. J'ai aimé visionné durant plusieurs heures, cette histoire que j'aime tant.
En 2012 sort une toute nouvelle adaptation. On verra ...
Une chose est sûre, l'adaptation de Zeffirelli garde une place de choix dans mon coeur ... Il est le commencement de tout!

(Sources images : fanpop.com ; kimpenguin.wordpress ; surcine.com ; thefancarpet.com ; toutlecine.com)

dimanche 23 octobre 2011

" ... le jouet des vagues et des vents."

De grandes espérances
Charles Dickens

Livre de poche, 1959.

Élevé, à la mort de ses parents, par sa sœur et son mari, Pip semble promis à l'existence obscure d'un jeune villageois sans fortune.

Dès les premières pages, le destin de Pip bascule lorsqu'il se voit obligé d'aider un forçat évadé, Abel Magwitch, à se libérer de ses chaînes. Puis son existence est bouleversée une seconde fois quand il fait la connaissance de l'étrange Miss Havisham qui vit recluse dans son manoir de Satis House en compagnie de sa fille adoptive, Estella, au nom prédestiné, dont la froide beauté exalte et désespère tout à la fois le jeune garçon.

Lorsqu'une série de circonstances exceptionnelles permet à Pip de recevoir l'éducation d'un gentilhomme et d'espérer entrer en possession d'une immense fortune, le jeune homme y voit l'occasion rêvée de conquérir l'inaccessible Estella.

(wikipedia.org)


Si des doutes, concernant la place de Dickens dans ma vie, persistaient, il n'y en a aujourd'hui plus aucunes traces.
Dickens vient de prendre une grande place dans mon coeur au côté de Dumas, Zweig, Zola, Balzac, Buck, Austen et tous les autres écrivains composant mon petit Panthéon.
Mon seul regret? Ne pas avoir eu le coup de coeur dès ma première découverte de l'auteur il y a trois ans avec Oliver Twist. Mais je compte bien redécouvrir cette oeuvre et l'aimer comme j'ai aimé De grandes espérances.
J'ai tout simplement tout aimé dans ce roman. Je me demande comment j'ai pu mettre autant de temps à le lire.
J'avais peur d'ouvrir ce texte. Je m'attendais à un grand roman assez exigeant et difficile. Mais il n'en ai rien. C'est passionnant, palpitant, euphorisant, ...
J'ai, bien évident, adoré l'histoire. On ne s'ennuie pas une minute. Dès les premières lignes (Ah! Cette scène d'ouverture au cimetière!), on retient notre souffle ... et ça dure jusqu'au mot "fin" (j'ai souvent tremblé lors des nombreux rebondissements et révélations de ce texte). L'histoire de Pip est touchante. J'ai souvent entendu des lecteurs disant qu'ils n'avaient pas aimé Pip, sans pour autant le détester. Pour ma part, j'ai aimé ce personnage et j'ai été touchée par ses mésaventures. C'est un être sensible, partagé entre ses envies et sa morale, apprenant de ses erreurs. Il prend souvent le mauvais chemin, se perd tout seul ... mais il est émouvant et j'ai aimé ses réflexions, ses regrets, sa détermination dans le bien (comme dans le mal parfois ... Après tout, il ne pouvait pas savoir ce qui arriverait!). En plus de cette intrigue parfaite et d'un héros attachant, Dickens nous offre des personnages secondaires géniallissimes et inoubliables. Il y a les détestables, les émouvants, mais il y a surtout des êtres humains, tous essayant de survivre avec leurs espoirs et leurs malheurs. Joe et Miss Havisham sont mes deux personnages favoris. Ce que j'ai aimé, c'est la complexité des caractères que crée Dickens (Estella, Mr Jaggers, Wemmick en sont de beaux exemples). Il ne se borne pas à la simplicité. Tout n'est pas tout blanc ou tout noir. Les personnages se cherchent, se trompent, s'aiment, se détestent, se retrouvent. Ils apprennent. Ils sont humains.
Hormis, une histoire fantastiquement prenante, des personnages tout simplement renversants de vie, de couleurs, de passions et j'en passe, ce qui m'a durant toute ma lecture le plus scotchée, c'est l'écriture de monsieur Charles Dickens. Quelle plume! Quel talent! Autant d'émotions, d'humour, de poésie, d'engagement, de qualités à décrire l'attitude d'un personnage, ... Tout ça dans un seul homme, c'est un miracle. Comme j'ai ri! Comme j'ai pleuré! Je crois qu'un seul écrivain autre que Dickens a réussi à me faire passer du rire aux larmes en deux pages, Alexandre Dumas, autre grand monsieur. Je crois que j'ai quasiment corné toutes les pages de ma vieille édition (tombant en lambeaux) tant il y a de phrases cultes, des scènes émouvantes ou drolatiques (Ah! Monsieur Pumblechook et sa bêtise ... Mrs Gargery et son "chatouilleur" ... et Joe et sa naïveté!).
J'ai retrouvé mon âme de jeune lectrice en lisant cette oeuvre, j'ai plongé dans les mots de Dickens comme une enfant.
C'est officiel, je veux TOUT lire de Dickens. Je pense que je mettrai certains titres de la Pléiade dans ma liste de Noël.
Je reste encore imprégnée de ce roman ... Pip m'accompagnera longtemps.
A lire absolument!

" Dans le conte oriental, la lourde dalle qui doit tomber sur la couche d'apparat dans l'ivresse de la victoire est lentement extraite de la carrière, le tunnel où courra la corde destinée à maintenir la dalle à sa place est lentement creusé dans le roc pendant des lieues, la dalle elle-même est lentement soulevée et ajustée à la voûte, la corde est assujettie à la dalle, et va rejoindre à plusieurs milles de là le grand anneau de fer. Tous les préparatifs achevés à grand-peine, lorsque l'heure est venue, on éveille le sultan au milieu de la nuit, on lui met dans la main la hache aiguisée qui doit détacher la corde du grand anneau de fer; il frappe, la corde se rompt, disparaît dans le tunnel et la voûte tombe. De même pour moi; tous les travaux proches et lointains qui tendaient au même but étaient achevés; en un instant le coup fut frappé et le toit de ma forteresse s'écroula sur moi!"
(De grandes espérances, Dickens, Livre de poche 1959, p 319)

(Source image : frisbeebookjournal.wordpress.com)

mercredi 19 octobre 2011

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Je n'ai pas l'habitude de parler de faits divers ici, mais là ... je ne sais pas quoi dire devant une telle horreur ..... (ces images sont extrêmement traumatisantes!)

Comment sommes-nous devenus si individualistes?

Cette petite fille n'a pas été secourue durant plusieurs minutes, alors qu'elle était encore en vie ... Personne ne s'est arrêté ...

Je ne sais pas quoi dire ....
Je fais une exception aujourd'hui, je ne traite pas de culture ... juste d'humanité ... ou plutôt d'absence d'humanité!


dimanche 16 octobre 2011

Où je me lance de nouveau dans un mini challenge ...

Et oui ....
Rassurée sur le fait que l'on peut concilier le rôle de jeune maman avec celui de lectrice compulsive, je me lance dans un petit défi initié par Karine ... mais un tout petit ... pas de prises de tête, non mais!
Il s'agit du Gilmore girls challenge.

Laissez-moi vous expliquer!

Je ne suis pas série, je n'en regarde pas (sauf Les simpsons et Kaamelott auxquels je voue un culte). Mais j'entends de plus en plus parler d'une série (pourtant pas récente) où l'héroïne est connue pour lire sans arrêt ... toujours un livre à la main paraît-il! Il s'agit de Gilmore girls. Débats sur de grands classiques, scènes de lecture, livres en veux-tu en voilà ... Bref! L'héroïne est une lectrice compulsive. Il n'y a pas moins de 343 références littéraires dans cette série. Et Karine en a fait une liste.
Je compte bien découvrir bientôt cette héroïne au coeur littéraire, mais en attendant je me lance dans la belle idée de Karine ... voir ici pour les infos ( ... et pour la liste ... )!
Il s'agit de lire 3 romans présents dans cette liste avant le 31 décembre 2012 (large!).


Et voici mes 3 choix :

- La cousine Bette de Balzac. Car j'aime Balzac et que celui-là erre dans ma bibliothèque depuis un bon bout de temps. (Lu!)

- La foire aux vanités de Tackeray, gros pavé que je rêve de lire depuis un moment. (Lu!)

- Carrie de Stefen King. Je l'ai acheté après ma découverte très positive de ça il y a quelques temps. Vais-je accrocher cette fois-ci? (Lu!)

......

Et vous, vous en êtes?

samedi 8 octobre 2011

Où l'on se perd autant que l'on s'y trouve ...

La danseuse d'Izu et autres nouvelles
Yasunari Kawabata

Le livre de poche, 2008.

Prix Nobel de littérature en 1968, Yasunari Kawabata ne révéla peut-être jamais aussi bien que dans les cinq nouvelles de La Danseuse d'Izu la poésie, l'élégance, le raffinement exquis et la cruauté du japon.
Est-ce là ce « délicat remue-ménage de l'âme » dont parlait le romancier et critique Jean Freustié ? Chacun de ces récits semble porter en lui une ombre douloureuse qui est comme la face cachée de la destinée.
Un vieillard s'enlise dans la compagnie d'oiseaux, un invalide contemple le monde dans un miroir, et ce miroir lui renvoie d'abord son propre visage dans une sorte de tête à tête avec la mort...
Rechercher le bonheur est aussi vain et aussi désespéré qu'apprivoiser une jeune danseuse, un couple de roitelets ou le reflet de la lune dans l'eau. Voici cinq textes limpides et mélancoliques, aussi pudiques sans doute dans l'expression que troublants dans les thèmes.

Bien que je connaisse Kawabata depuis longtemps l'ayant croisé régulièrement sur les étagères des librairies, des bibliothèques et du CDI de mon lycée, je n'avais encore jamais eu l'occasion de le lire. C'est chose faite! Et j'ai, ma foi, bien aimé.
J'aime énormément la littérature asiatique, pourtant, j'ai peu lu d'oeuvres japonaises. Chaque fois que j'en lis une, je suis bercée par la poésie, la douceur, la contemplation qui émanent de ces textes, mais je suis également totalement dépassée (en temps qu'occidentale) par les symboles, les références, les subtilités. Après la lecture de ce recueil de nouvelles, j'ai le même constat. J'ai aimé ma lecture, j'ai été bercée par les mots de Kawabata, par sa poésie et sa finesse d'analyse, mais je n'ai malheureusement pas tout saisi. Il a les sens cachés, les images, les métaphores, tout est subtil et parfois, je me suis un peu perdue.
La première nouvelle, intitulée La danseuse d'Izu, est pleine de beaux paysages et de poésie mais le sens m'a échappée. J'ai adoré la seconde, Elégie, que j'ai trouvé tout simplement sublime. Elle m'a beaucoup rappelée Lettre d'une inconnue de Zweig. J'ai trouvé Bestiaire, la troisième nouvelle, très glauque. Elle m'a rendue très mal à l'aise. Ces histoires de morts d'oiseaux m'a profondément dérangée. Je n'ai pas tout compris à Retrouvailles mais La lune dans l'eau, dernière nouvelle, est très belle. Le personnage féminin m'a émue.
Au final, je garde plusieurs images marquantes de ma lecture. Certaines sublimes comme les visions de l'héroïne de Elégie (cette nouvelle pourrait être un sujet de roman à part entière tant elle est riche), d'autres très dérangeantes comme la mort des roitelets de Bestiaires (j'ai des visions d'horreur encore maintenant ... J'aimerai vraiment lire une analyse de ce texte). Kawabata a gagné son pari, il m'a marquée. Je pense que je relirai un texte de cet auteur que j'ai trop longtemps ignoré. Certes, je n'ai pas toutes les clefs en mains pour comprendre toutes les subtilités de la littérature japonaise, mais je me suis laissée bercer par les mots et les images de ces belles (et parfois déstabilisantes) nouvelles.
Je me rends compte qu'il y aurait bien des choses à dire sur ce recueil si riche, mais malheureusement je n'en ai pas les moyens ...
A lire!

" Une nuit, dans la salle de bain, voici quatre ans, une senteur violente m'assaillit. Sans pouvoir la définir, je jugeai incongru de respirer un parfum si puissant alors que j'étais nue. J'eus alors un éblouissement ; je perdis connaissance. A ce moment précis, vous, dans un hôtel, aspergiez de parfum la couche blanche de votre nuit de noces. Vous veniez de vous marier, sans m'en avoir fait part, après m'avoir abandonnée. J'avais beau, sur le moment, tout ignorer de ce mariage, je me rendis compte plus tard, à la réflexion, que cela se produisit à ce moment précis. "
(Elégie in La danseuse d'Izu, Kawabata, Livre de poche, 2008, p 40)

(Source image : blue.fr)

mercredi 5 octobre 2011

" Monsieur Dickens est mort? Et le père Noël, est-ce qu'il va mourir aussi? "

Charles Dickens
Marie-Aude Murail

Belles vies, L'école des loisirs, 2005.

Marche, petit Charles. Marche dans les rues de Londres puantes et enfumées, faufile-toi entre les rats. Marche jusqu'à la fabrique de cirage où tu colles des étiquettes dix heures par jour, puis marche vers la prison pour dettes rendre visite à ton père et marche encore à la nuit tombée, rentre seul dans ta chambre. Galope, Charles. Galope en rêve et en imagination. Invente-toi une autre vie, théâtre, aventures, passions, demeures luxueuses... Cours Dickens. Deviens reporter, dénonce les injustices. Cours vers la gloire que tu mérites par ta verve et ton cœur. Cours à travers le monde, de Paris à New York, lis tes romans à voix haute devant un public abasourdi, et cours écrire le suivant que des centaines de milliers attendent semaine après semaine. Cours si vite, si bine, si loin que la mort même ne pusse t'atteindre, et vis éternellement, Charles Dickens, à travers tes romans et dans cette biographie écrite par celle qui t'a élu, un jour de ses dix-sept ans, son " père céleste ", et qui te ressemble tant.

J'ai dévoré ce tout petit bijou ...
Je connaissais déjà Marie-Aude Murail grâce à son sublime Miss Charity et je désirais lire un autre de ses romans. Je me suis laissée séduire par cette biographie de Dickens car JE VEUX connaître davantage ce grand auteur qui m'intimide tant. Après avoir lu Oliver Twist, Un chant de Noël et Un conte de deux villes, Dickens prend de plus en plus de place dans mon petit coeur tout mou. Je compte me lancer dans très très peu de temps dans Les grandes espérances et j'ai tout petit peu peur. Pour me conforter dans mon idée de me lancer dans ce monument, j'ai donc décidé d'en apprendre plus sur Dickens et également de lire les mots d'une personne amoureuse de cet auteur. Je ne me suis pas trompée en ouvrant la biographie de Marie-Aude Murail. Elle aime Charles Dickens et elle le crie.
Ce texte est une toute petite biographie, qui va à l'essentiel et qui est, je pense, une très bonne première approche. Idéale pour une personne voulant se donner le dernier coup de pied aux fesses avant d'ouvrir un texte de Dickens, mais également pour les inconditionnels qui vont pouvoir entendre parler de leur auteur chouchou avec passion.
Je ne connaissais absolument rien de Charles Dickens donc autant dire que j'ai appris beaucoup en lisant ce petit texte. Je ne savais pas qu'il avait connu à ce point le succès de son vivant. J'ai adoré les pages parlant des lecteurs accro à Dickens, attendant avec impatience chaque nouvelle publication, pleurant sur certaines pages, riant sur d'autres. Les lectures publiques de l'auteur m'ont ravie. J'imaginais ce grand homme, parfait conteur, tenir en haleine toute une assemblée. Marie-Aude Murail a un talent fou pour faire apparaître devant nos yeux Monsieur Dickens. J'ai une envie terrible de lire tous les romans cités dans le livre (surtout La maison d'Apre Vent).
Je crois que le défaut principal de cette biographie est qu'elle est trop courte. J'ai aimé la plume de Marie-Aude Murail, j'ai aimé son cri d'amour, sa passion, j'ai aimé en apprendre plus sur Dickens, découvrir des extraits de ses oeuvres, ... et j'en aurai aimé plus.
Un livre à lire vite!

"De même, alors qu'il vieillit à vue d'oeil, il suffit d'un enfant pour lui faire retrouver son propre coeur d'enfant. Ainsi, cette petite fille qui s'approche de lui :

- C'est vous, monsieur Dickens ? Oh, j'aime tant vos livres ! Mais bien sûr, je passe les parties ennuyeuses, pas les parties ennuyeuses courtes. Mais les longues !

Charles éclate de rire puis sort son calepin, l'air très soucieux :

- Bon, dites-moi un peu où se trouvent ces parties ennuyeuses ?"

(Charles Dickens, Marie-Aude Murail, L'école des loisirs, 2005)

(Le rêve de Dickens, R.W. Buss. Wikipedia.org)

lundi 3 octobre 2011

Peut-on toucher un souvenir du bout des doigts?

Dans la main du diable
Anne-Marie Garat

Babel, 2007

Automne 1913. A Paris et ailleurs - de Budapest à la Birmanie en passant par Venise -, une jeune femme intrépide, Gabrielle Demachy, mène une périlleuse enquête d'amour, munie, pour tout indice, d'un sulfureux cahier hongrois recelant tous les poisons - des secrets de cœur au secret-défense. Habité par les passions, les complots, le crime, l'espionnage, et par toutes les aventures qu'en ce début du XXe siècle vivent simultanément la science, le cinéma ou l'industrie, Dans la main du diable est une ample et voluptueuse fresque qui inscrit les destinées sentimentales de ses personnages dans l'histoire d'une société dont la modernité est en train de bouleverser les repères. En 1913, Gabrielle Demachy s'avance, lumineuse et ardente, dans les rues de Paris, sur les chemins du Mesnil ; entre l'envol et la chute, entre eaux et sables, la voici qui s'engage dans le roman de sa vie..

Ouf! 1300 pages et 2 mois de lecture, cela faisait longtemps qu'un roman ne m'avait pas suivi durant autant de temps ...
J'ai énormément apprécié ce roman. Certes, il n'est pas sans défauts, mais je suis restée 2 mois en totale immersion dans les lignes de ce beau roman.
Je pense que beaucoup de personnes ayant lu ce texte ont pensé qu'il y avait beaucoup trop de pages, que l'intrigue pouvait tenir en 500 pages, pas plus. J'ai trouvé au contraire que ce roman prenait son temps et que c'était fort agréable. Dans notre époque où les romanciers enchaînent les chapitres, les révélations, toujours plus vite, toujours plus et plus, j'ai aimé cette sensation de lenteur, ces longues pages décrivant les paysages, les sentiments des héros, la vie quotidienne dans la campagne du Mesnil. Je dois reconnaître que dans les toutes premières pages, je me suis dit "Arrête Anne-Marie, tu fais trop de blabla, là!". Je trouvais les longues envolées poétiques et lyriques de l'auteur très surfaites et manquant de naturel. Puis, je me suis faite à l'écriture que j'ai finalement trouvé belle et agréable. Je crois que le gros défaut de ce roman est de vouloir être trop parfait : parfaitement poétique, une héroïne parfaite, une intrigue parfaite, du romantisme paaaaarfaaiiitt!! .... Tout doit être parfaitement parfait!! Alors certes, cela donne un texte passionnant, bouleversant, enivrant, Dans la main du diable chamboule le coeur (et le corps) ... Mais hélas, parfois, on a envie d'hurler "du naturel, que diable!".
Mais après vous avoir dévoilé le défaut principal de ce roman, je ne peux que vous conseillez mille fois de le lire. Vous allez découvrir un roman intelligent, fouillé, palpitant. Certes, il faut avoir un minimum le coeur romantique, mais ce n'est pas un roman à l'eau de rose pour autant (sinon, il ne m'aurait pas plu). On plonge dans une époque, l'avant premier guerre mondiale, la montée de l'industrie, les débuts des guerres modernes et de leurs horreurs, on plonge dans un secret d'état, dans le monde de la presse, de la médecine, du cinéma, ... Un voyage passionnant, enrichissant, fabuleux. Gabrielle est parfois (comme je le disais plus haut) bien trop parfaite, mais elle reste un personnage de roman magnifique, que j'ai aimé de tout coeur. J'ai ressenti ses joies comme ses peines ... Elle m'a labourée l'âme. Anne-Marie Garat nous offre une galerie de personnages inoubliable : le mystérieux et séduisant Pierre, l'émouvante Sophie, l'antipathique Blanche, la terrible Mme Mathilde, l'horrible Michel Terrier, tous les habitants du Mesnil, la petite Millie, Mme Victor, Sassette, Mauranne, ... Les pages parlant du Mesnil sont sans hésitation mes préférées. La vie à la campagne, l'éducation de Millie, la rencontre de Gabrielle et Pierre.
En ouvrant ce roman, on plonge dans un roman policier, un roman classique, un roman d'amour ... On découvre plusieurs romans en un. On ne s'ennuie pas en lisant les 1300 pages de ce texte! Parsemé d'alinéas, il se lit facilement, doucement, en dégustant.
Je pense que Dans la main du diable est un texte que l'on adore ou que l'on déteste ... et je comprends l'un comme l'autre. L'adorer car il est tout simplement passionnant et le détester car il peut paraître long et parfois trop poétique.
En tout cas, ne vous arrêtez pas sur le nombre de pages, ni sur la quatrième de couverture bien trop mièvre, ouvrez Dans la main du diable et faites la connaissance de Gabrielle. Je ne peux que vous conseillez mille fois de lire ce texte envoûtant. J'ai la tête encore imprégnée du Mesnil, de Gabrielle, de Millie, du cahier hongrois, de Venise, .... De beaux instant vous attendent!
La suite (car c'est une trilogie) est déjà sortie (L'enfant des ténèbres, suivi de Pense à demain), je compte bien dévorer les deux autres romans un jour. Je veux savoir ce que devient Gabrielle ... et les autres!

« Insensible, désertée de sentiments et de pensées, elle dut se regarder dans le miroir pour vérifier qu’elle n’était pas disparue, effacée, en cendres, et elle se vit seule. Une qu’elle ne reconnaissait pas, mais qui la connaissait. Assez bien pour la haïr dans un hérissement de toute sa peau, des cheveux horripilés. Sa figure de jeune fille convenable, coiffée et vêtue de dentelles, comme un épouvantail de théâtre, masquée et fardée, barbouillée d’apparences. Sauvagement, elle arracha ses vêtements, se mit nue. Se serait arraché la peau pour être plus nue encore, mais nue elle n’était pas nue. Dans les dédales de son corps, il y avait une nudité plus grande, une capacité plus grande de dépouillement que son corps n’avouait pas, où elle était seule, désaimée et seule.
Elle se regardait comme de longtemps elle ne l’avait fait. Peut-être depuis un de ces matins, […] où elle avait admiré et convoité dans le miroir la chrysalide de son corps, ses seins menus et ses hanches de garçonne, sa peau mate, fluide et soyeuse à la lumière du matin, sa grâce juvénile en majesté […] ! Fière et amoureuse d’elle-même, sans crainte, sans pudeur ! Ce soir, comme celle-là était loin ! Son corps avait grandi et mûri, les courbes plus pleines, ses seins plus lourds à l’attache fine des clavicules, son ventre mince évasé des hanches à l’aine, un peu renflé en son centre, que le nombril creusait étrangement. De sa toison brune aux mamelons de café, cela semblait un visage au triangle étiré, mystérieuse expression pleine d’étonnement. Elle toucha avec crainte l’intérieur de ses cuisses, la longue plage de peau douce jusqu’au creux du genou, remonta à ses épaules, son cou, sa bouche qu’elle palpait sans la sentir sous ses doigts. Elle était femme, mais en vain […] Elle enfila vite sa chemise de nuit et se coucha, ivre de nostalgie pour la jeune fille perdue […]. »
(Dans la main du diable, Anne-Marie Garat, Babel)

(Source image : John_Singer_Sargent_-_Lady_Diana_Manners.en.academic.ru)

vendredi 30 septembre 2011

Je radote ... Et alors?

Je le dis chaque année ... mais tant pis, je le dis quand même : je suis ravie de voir revenir l'automne!


Douces lectures au coin du feu, tasse de thé brûlant à la main, plaid jeté sur les épaules, pulls douillets, balade dans la nature orangée bien emmitouflée, chasse aux champignons, bonheur de rentrer chez soi après une promenade sous la pluie, vent qui claque les carreaux, goût de la soupe maison, plaisir de cuisiner de bonnes et réconfortantes pâtisseries, bruit de la pluie qui ruisselle, moments créatifs, dessins, herbiers et coutures, cueillette des châtaignes, lectures victoriennes, livres gardés depuis un an pour ces premiers jours de froid, plaisir d'un rayon de soleil entre deux averses ....
Oui, j'aime l'automne et j'assume ...


(Source image : jpporshe.wordpress Germaine Bouret)
Tout comme celles de Sarah Kay, les illustrations de Germaine Bouret m'évoquent mes lectures d'enfant ...

dimanche 4 septembre 2011

Hey!

Non non je ne suis pas portée disparue ... Je suis là!
Travaillant en décalé des autres, je ne sors pas la tête du travail durant tout l'été. Maintenant que septembre est là, je peux souffler. Grand nettoyage "d'automne" dans tout l'appartement, tri des vêtements de Pti Romanzino (c'est fou comme elles grandissent vite ces petites bêtes là!), etc etc ... Bref, prête pour commencer cette rentrée!
Côté lecture, je suis toujours dans le gros pavé d'Anne-Marie Garat Dans la main du diable. J'aime beaucoup pour le moment, mais le manque de temps fait que je traîne un peu. Normalement, ça devrait s'arranger dans les jours qui viennent!


Sinon, voilà les nouveaux habitants (principalement des cadeaux) :

- Mille jours en Toscane de Marlena de Blasi : Roman contemporain italien qui a l'air de sentir bon le basilic et l'huile d'olive.

- Tu verras de Nicolas Fargues : Roman contemporain que je ne connais pas du tout, élu livre de l'année par France culture.

- Une odeur de gingembre d'Oswald Wynd : Je rêvais de le lire, on me l'a offert.

- Oeil ouvert et coeur battant de François Cheng : Des méditations sur la beauté qui ont l'air magnifiques.
- Les derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik : Pour en savoir un peu plus sur un de mes écrivains chouchous.
- Mrs Palfrey, Hôtel Claremont d'Elizabeth Taylor : Je ne connais pas du tout cette dame anglaise, mais j'en ai entendu le plus grand bien (nb : non, ce n'est pas l'actrice de Cléopâtre, c'est juste son homonyme).

- La peur et autres nouvelles de Stefan Zweig : Offert par Romanzo (il me connaît bien!)

- Contes du rivage de Simone Roger Vercel : Un vieux livre inconnu, trouvé par mon frère et ma belle-soeur dans une bouquinerie, parsemé d'illustrations faites à la main ... Une merveille!

- La fille du capitaine de Pouchkine : Dans une vieille et magnifique collection illustrée. Je me suis offerte également il n'y a pas longtemps La dame de pique du même auteur. Adorant la littérature russe, je ne voulais pas rester ignorante de la plume de Pouchkine.

- Les diaboliques de Barbey d'Aurevilly : Pour découvrir un peu plus cet auteur que je connais peu.
- Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll illustrée par Rebecca Dautremer : Magnifique! Bien que je connaisse déjà le roman, je me fais une joie de le relire dans cette sublime édition.