dimanche 26 avril 2020

" Des vaguelettes ondulaient paresseusement sur le sable blanc ... "

Dark island 
Vita Sackville-West

Livre de poche, Biblio, 2013.

Tous les hommes sont fous de Shirin, qui n’a qu’une passion : l’île de Storn, entrevue dans son enfance et qui s’incarne au cours d’une soirée par son châtelain, Venn Le Breton. Venn, fasciné par la jeune femme, l’épouse et l’emmène dans son île, où règne une redoutable grand-mère. Dans ce livre paru en 1934, on retrouve avec délectation la liberté de ton, la délicatesse et l’audace de Vita Sackville-West.

Voici un roman qui m'a totalement charmée. Étrangement, bien que fan de Vita Sackville-West (il s'agit de ma 6ème lecture de son oeuvre), j'appréhendais la lecture de ce texte. D'autres lecteurs, aimant cette autrice, n'avait pas adhéré à Dark island, je pense notamment à Eliza avec qui je partage beaucoup de titres et d'auteurs "chouchous". Dans mon cas, j'ai adhéré dès les premières pages et mon intérêt ne s'est pas émoussé jusqu'au mot "fin". Même si Toute passion abolie reste mon roman préféré de l'autrice, Dark island est en haut de l'échelle. 
J'ai retrouvé avec bonheur la plume vive et tranchante de Vita Sackville-West. J'aime son humour, son ironie, sa vision cinglante du monde. J'avais déjà beaucoup aimé ses huis-clos pleins de non-dits tels que Paola ou Plus jamais d'invités!, Dark island monte d'un cran et nous offre une oeuvre étouffante et déroutante
Le roman est découpé en 4 parties selon quatre périodes de la vie de Shiring, l'héroïne. On la voit à ses seize ans, ses vingt-six ans, ses trente-six ans et enfin, ses quarante-six ans.  
Shiring est une personne atypique et difficile à comprendre. Il est parfois compliqué de la suivre et je n'ai pas tout compris à son comportement. Dans un premier temps, je l'ai imaginée superficielle et un peu peste. Mais Shiring n'est pas la femme qu'elle semble être. Elle a aussi le cœur sur la main, offre son temps aux nécessiteux et n'est jamais fausse ou hypocrite. J'ai aimé ce personnage malgré sa complexité. J'ai bien plus apprécié cette femme déroutante aux pipelettes londoniennes qui parlent de la vie des autres sans rien savoir. Shiring ira vivre sur une île isolée qu'elle admire depuis l'enfance pour suivre Venn, son second époux. Venn est antipathique. Bien sûr, j'ai pensé au personnage masculin de Vera en lisant certaines pages. Ceci dit, Venn n'a pas son pareil. Tout comme Shiring, il reste une énigme. Autour d'eux, gravitent la grand-mère presque immortelle et Cristina, la seule amie de Shiring. Suis-je la seule à avoir pensé à Virginia Woolf en lisant les pages sur Cristina? Sa haute taille, son long nez, son indépendance et sa relation très intime avec Shiring rappelant celle de Virginia et Vita? 
Les décors sont un autre grand point fort du roman. Cette île fouettée par le vent est majestueuse et glaçante. La tempête qui éclate lorsque Shiring accoste sur Storn nous offre de sublimes pages. 
Comme dans d'autres livres de Sackville-West, on reste avec certaines questions sans réponses une fois le livre refermé. Mais cela permet au roman de nous hanter encore de longues années. 
Dark island est un roman obscur et saisissant. Je ne pense pas avoir déjà lu un roman comme celui-là. J'ai trouvé du Daphné du Maurier dans le propos. Hitchcock en aurait fait une superbe adaptation. 
Un roman étrange réussi de bout en bout. A lire absolument!
" A elle seule, Storn, avec sa magie et sa beauté, démultipliait son énergie. Elle se sentait comme transfigurée, purifiée, habitée d'une incroyable et mystérieuse force qui transcendait tout et lui donnait une perception métaphysique de la réalité. Storn avait une âme, elle l'aimait pour tout ce qu'elle représentait, la solitude, la dignité, la poésie."

(Photos : Romanza2020)

samedi 18 avril 2020

Je te hanterai!


Les revenants
Laura Kasischke

Le livre de poche, 2013.

Une nuit de pleine lune, Shelly est l’unique témoin d’un accident de voiture dont sont victimes deux jeunes gens. Nicole, projetée par le choc, baigne dans son sang, et Craig, blessé et en état de choc, est retrouvé errant dans la campagne. C’est du moins ce qu’on peut lire dans les journaux mais c’est une version que conteste Shelly. Un an après, Craig ne se remet toujours pas. Il ne cesse de voir Nicole partout… Serait-il possible que, trop jeune pour mourir, elle soit revenue ?

Voici mon cinquième roman de Laura Kasischke. Moi, la grande lectrice de classiques, me délecte de ces histoires sombres, modernes, troubles. Depuis ma découverte d'Esprit d'hiver il y a quelques années, je lis au moins une fois dans l'année cette autrice américaine qui joue avec mes nerfs. 
Même si je reconnais que Les revenants possèdent beaucoup de faiblesses et qu'il n'est assurément pas le meilleur, Laura Kasischke a encore réussi à me captiver. 
Comme dans tout roman de Kasischke (et surtout dans ce dernier qui est le plus épais que j'ai lu d'elle), il faut s'attendre à de nombreuses pages où il ne se passe ... rien. Kasischke prend son temps. Elle décrit, explique, narre, parle du quotidien. Ce quotidien va doucement se fissurer et le vernis va craquer. Ce roman prend place sur un prestigieux campus américain. Les Campus novel marchent du feu de dieu avec moi, j'en suis assez friande. J'aime l'ambiance à la fois studieuse et insolente de la vie universitaire. Je me suis, du coup, assez vite immergée dans le roman. Plusieurs voix vont se répondre dans ce texte : Shelly, Mira, Craig et Perry. Ils prennent chacun leur tour la parole et Kasischke mélange passé et présent, ce qui crée une sorte de destruction de l'histoire. Il revient au lecteur de rassembler les différentes pièces. Là encore, Kasischke reste Kasischke et il faut vous attendre à ne pas avoir toutes les réponses à la fin de votre lecture. C'est frustrant, mais c'est aussi en cela que j'aime cette autrice. 
Ce que j'apprécie particulièrement dans l'oeuvre de Kasischke? Cette ambiance américaine  assez clichée pleine de pompoms girls, d'étudiantes blondes, de voitures, de routes interminables, de Motel. On pourrait se dire que cela sonne faux. Pourtant ce n'est pas le cas. Chaque page est un concentré de cette Amérique à la fois folle et puritaine, un mélange de sitcoms des années 90 et de films engagés actuels. Kasischke parle des incohérences de son pays avec beaucoup de clairvoyance. Elle souligne les qualités mais n'essaie pas de masquer les erreurs. 
L'histoire des Revenants fait froid dans le dos. Je ne préfère pas en dire plus. La 4ème de couverture a été assez intelligente pour en dire peu, si bien que je ne savais pas du tout ce qui m'attendait (histoire de vampires? enquête policière?) et j'ai énormément apprécié de rester dans l'ignorance. Le pourquoi-de-l'éventuel-comment est évoqué après plusieurs pages et on lit de nombreux chapitres sans avoir une seule idée de l'endroit où nous amène l'autrice. La seule chose que je m’autorise à vous dire est que je suis ravie d'avoir connu l'université française et non américaine! 

Si vous n'avez pas encore découvert Laura Kasischke, il est grand temps de vous y mettre! Par contre, ne lisez pas Les revenants en premier. Découvrez-la dans un roman plus court, plus subtil, plus fin. Habituez-vous d'abord à son univers. Quoi qu'il en soit, lisez-la! Quant à moi, j'ai déjà hâte de lire les derniers romans d'elle qu'il me reste à découvrir. 
" La scène de l'accident était exempte de sang et empreinte d'une grande beauté. Telle fut la première pensée qui vint à l'esprit de Shelly au moment où elle arrêtait sa voiture. Une grande beauté. La pleine lune était accrochée dans la ramure humide et nue d'un frêne. L'astre déversait ses rayons sur la fille, dont les cheveux blonds étaient déployés en éventail autour du visage. Elle gisait sur le côté, jambes jointes, genoux fléchis. On eût dit qu'elle avait sauté, peut-être de cet arbre en surplomb ou bien du haut du ciel, pour se poser au sol avec une grâce inconcevable. Sa robe noire était étendue autour d'elle comme une ombre. Le garçon, qui s'était extrait du véhicule accidenté, franchit un fossé rempli d'eau noire pour venir s'agenouiller à côté d'elle."

(Photos : Romanza2020)

L'histoire d'une vie

David Copperfield
Charles Dickens



Livre de poche, Tome 1 et 2, 1965.

Lorsqu’en 1850 il publie David Copperfield, Charles Dickens offre à ses
lecteurs le premier roman qu’il ait écrit à la première personne, et, derrière l’histoire de son jeune héros, c’est aussi parfois la sienne qu’on peut lire. Mais ce que dessinent surtout les douloureuses premières années, le dur apprentissage de la vie dans une fabrique, puis la fuite et l’errance picaresque du jeune Copperfield, c’est un roman de formation où le personnage se fait son propre biographe. Il arrive alors qu’on ne sache pas si le réel évoqué est celui que l’enfant vécut au présent ou celui que l’adulte revisite au passé. Car, d’épreuve en épreuve, c’est une nouvelle image de soi que le narrateur peu à peu reconstruit, avant de devenir lui-même, à la fin du livre, un écrivain semblable à celui qui, dès le début, a pris la plume pour raconter sa vie – et nous offrir ce qui est encore aujourd’hui le plus grand roman anglais du xixe siècle.

Je n'avais absolument pas prévu de lire ce pavé de 1000 pages durant le confinement. Mais quand ma tendre amie UnlivreUnthé m'a proposée une lecture commune, j'ai dit oui sans hésiter. Nous n'avions que ce roman en commun dans notre bibliothèque, on a donc choisi de le lire ensemble. Et quel délice! Je ne remercierai jamais assez mon amie pour m'avoir invitée à le découvrir. Le confinement m'a offert le temps de lire et j'ai pris un plaisir monstre à m'immerger dans ce texte riche et passionnant.

Je commence à avoir plusieurs lectures de Dickens à mon actif. C'est la septième fois que je le lis (sans compter certaines nouvelles de Noël que j'ai grignotées une année). Je crois que David Copperfield se hisse au rang de "roman préféré" de Dickens, suivi de très très près par De grandes espérances
Ce roman est extrêmement riche et il va m'être difficile d'en parler. Durant toute ma lecture, j'ai repensé à la touchante biographie de Marie-Aude Murail sur Dickens et j'ai revu ce brave Charlie faire des lectures publiques de ses œuvres. Je donnerais cher pour vivre cela! 
David Copperfield est l'oeuvre la plus autobiographique de Dickens et la vie de David ressemble sur certains points aux différentes expériences de Charles (on le voit jusqu'aux initiales du héros : D.C, l'inverse de Charles Dickens, C.D). Ce texte est très riche et foisonnant. Je ne me suis pas ennuyée une minute et j'ai parcouru les pages de ce roman avec passion. Mes passages préférés restent ceux de l'enfance de David. J'ai très souvent eu le cœur serré en lisant toutes ses mésaventures. Un début qui m'a énormément fait penser à Jane Eyre (un de mes romans favoris) dans son traitement des enfants orphelins et abandonnés dans d'hostiles et lugubres écoles. Lorsque David est adulte, mon intérêt ne s'est absolument pas émoussé, je vous rassure. J'ai, tout le long de l'oeuvre, eu beaucoup d'empathie pour David, cet homme sincère, intelligent et juste. Chaque chapitre est palpitant, on tremble, on sourit, on pleure. Ce que j'aime le plus chez Dickens (et que je retrouve beaucoup chez Dumas aussi), c'est sa maîtrise des émotions. Il peut nous faire rire franchement, tout en étant capable de nous faire pleurer à chaudes larmes. Un génie! Que j'ai ri mon Dieu! ... Mais comme j'ai eu la gorge serré aussi! David Copperfield est un torrent d'émotions. 
Comme tout bon Dickens, les personnages sont très nombreux. Mais autant cela m'avait posé problème lors de ma lecture de La maison d'Âpre-vent, autant ici, rien n'est confus et je ne me suis pas du tout perdue. La galerie de personnages est époustouflante.  Ils sont tous fascinants, même les hypocrites, même les mièvres, même les cruels. Mention spéciale à la tante de David! Cette femme est un bijou que je ne suis pas prête d'oublier. Un personnage littéraire inoubliable, drôle, farfelu, émouvant! Je l'ai souvent imaginé en Maggie Smith, telle la comtesse douairière Violet de Downton abbey

Un énorme coup de cœur donc pour ce livre. Je ne peux que vous dire de ne pas être freinés par les presque 1000 pages de cette oeuvre, elles se dévorent, s'engloutissent, se dégustent. 
" Je me rappelle que je songeai à tous les lieux solitaires où j'avais dormi sous le ciel nocturne, et je priai Dieu de me faire la grâce de ne plus me trouver sans abri et de ne jamais oublier ceux qui n'ont pas d'abri. Je me rappelle qu'ensuite il me sembla que je flottais le long du mélancolique et lumineux chenal tracé sur la mer, pour me perdre dans le monde des rêves ".
(Photos : Romanza2020)

mercredi 8 avril 2020

" On dispose de tout ce qu'il faut lorsqu'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder. "

Dans les forêts de Sibérie
Sylvain Tesson
 
Livre de poche, 2013.

Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

Voici un texte que je désirais lire depuis longtemps et une plume que je voulais découvrir. Bien que mon Romanzo ne soit pas un grand lecteur, il porte dans son cœur deux auteurs qu'il lit régulièrement : Jules Verne et Sylvain Tesson. J'étais curieuse de découvrir une oeuvre de Tesson, cet homme qui fait si souvent rire et réfléchir mon mari. J'ai aimé le style assez particulier de cet homme. Il est parfois exaspérant, avouons-le, mais il est souvent juste, vif, tranchant
Tout d'abord, si l'idée de se retirer seul dans une cabane peut en effrayer plus d'un, j'avoue pour ma part que cela me fait totalement rêver. La solitude ne m'a jamais terrifiée. Je confesse même qu'elle me manque souvent. J'aime les journées de calme, où la journée est rythmée par des activités choisies, d'autres indispensables à la survie. Du coup, lire les aventures de Tesson tient pour moi du quasi fantasme. Se préparer une liste de livres, songer, méditer. Tout en sachant que cela aura une fin bien évidemment. La solitude imposée, sans espoir de retrouver la civilisation, n'aurait bien évidemment pas la même "saveur". Mais se retirer du monde de façon volontaire pour revenir à l'essentiel ... oui, cela fait rêver. Ironie de la situation, j'ai ouvert ce livre de Tesson quelques jours seulement avant l'annonce du confinement national. Les mots de ce texte ont souvent fait écho à l'actualité. 
Je ne cacherai pas que ce journal peut être trop bavard. Pourtant court, j'ai trouvé que Tesson en faisait parfois des caisses. Ce qu'il reconnaît d'ailleurs volontiers et avec beaucoup d'humour. Tel un Rousseau ou un Chateaubriand, il contemple, commente, se lamente, se flagelle. Si j'ai aimé sa plume poétique, ironique, à la fois tendre et drôle, j'ai cependant été déstabilisée par certains détails qui ne me semblaient pas essentiels. Toujours est-il que Tesson est un écrivain à part, unique, qu'il faut absolument connaître. Sa vision de la vie, parfois rude, crue, violente, nous remet un peu à notre place, nous questionne, nous titille. Et ça fait un bien fou! Cette vision qu'il a de nos propres incohérences, de nos fautes vis-à-vis de la Planète, du monde, de ses habitants, s'impose à nous pour nous remuer. Je l'en remercie. Certaines de ses réflexions ont tellement fait écho en moi que j'en ai parfois eu la larme à l’œil. Je me suis surprise à penser : " Enfin quelqu'un qui met des mots sur ce que contient mon cœur!". J'ai beaucoup corné de pages et copié d'extraits. 
Tesson possède un talent d'écrivain à découvrir très vite si ce n'est pas déjà fait. Oui, dans ce texte, il est alcoolique et boit beaucoup trop. Oui, il est un brin suffisant. Oui, il peut être agaçant. Oui, il a une vision un peu XIXème de la femme. Mais tout cela le rend tellement humain. Il ne se sent pas supérieur à nous. Il nous montre ses taches, ses fautes, ses doutes. Il est un être humain. Éclairé, lucide, conscient. ... mais humain tout de même. Il peut se permettre de critiquer, car il se critique lui-même et nous autorise également à le faire. 
Un détail m'a souvent fait sourire : le guide ornitho qui le suit dans ses aventures. A la maison, nous avons le même. Ce Delachaux qui nous suit partout, qui tombe en lambeaux, mais que l'on aime tellement. Ce guide où l'on coche tous les oiseaux que l'on a pu observer, qui parfois rythme nos vacances, décide des lieux où l'on partira vadrouiller, ... C'est une Bible chez les Romanzi! Lorsque Tesson explique qu'il s'efforce d'apprendre le nom des oiseaux qui l'entourent car il ne trouve pas cela poli de s'imposer chez quelqu'un sans au minimum connaître le nom de la personne chez qui tu squattes, m'a fait beaucoup rire. 
Un beau texte à découvrir! Je pense piquer les autres livres de Tesson que possède l'Homme dans sa bibliothèque pour continuer à être titiller par cet homme à l'esprit cinglant.

" RAISONS POUR LESQUELLES JE ME SUIS ISOLE DANS UNE CABANE 
J'étais trop bavard 
Je voulais du silence 
Trop de courrier en retard et trop de gens à voir 
J'étais jaloux de Robinson 
C'est mieux chauffé que chez moi, à Paris 
Par lassitude d'avoir à faire les courses 
Pour pouvoir hurler et vivre nu 
Par détestation du téléphone et du bruit des moteurs"
Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie
(Photos : Romanza2020)