Le manteau suivi de Le nez
Nicolas Gogol
Librio, 2005.
La vie d'Akakievitch, bornée à l'univers étroit de son travail au ministère, se trouve bientôt métamorphosée par un projet invraisemblable : l'acquisition d'un manteau neuf ...
Le nez raconte la découverte que fit un jour le barbier Ivan Iakovlievitch dans le pain qu il s apprêtait à croquer un matin : un nez. Il cherche à s en débarrasser, en vain. La police finit par arrêter cet homme qui tente désespérément de se séparer d un nez. De son côté Kovaliov, assesseur au collège a perdu son nez, il ne reste plus qu à le lui rendre. Mais le nez semble refuser de retrouver sa place sur la figure de Kovaliov et préfère mener sa propre existence.
Je viens de combler une des mes (trop) nombreuses lacunes en matière de littérature russe, j'ai lu deux textes de Nicolas Gogol. Même si cette lecture fut bien trop courte pour apprécier monsieur Gogol à sa juste valeur, j'en ressors assez enthousiaste. Les deux nouvelles sont assez absurdes et drôles. Mais sous un air faussement simple, ces deux histoires cachent une vive critique d'un monde fait d'apparences, de faux semblants et d'hypocrisie. Je suis assez frustrée de ne pas avoir étudié Gogol à l'université car cela doit être passionnant. Il y a d'abord cette première lecture légère et pleine d'humour puis une fois le recueil refermé, la sensation d'avoir lu quelque chose de très poussé, de très profond, est tenace. On aimerait avoir des clefs, des outils pour comprendre un peu mieux le propos de Gogol.
Un recueil très simple d'accès mais bourré de symboles et très satirique qui m'a donné envie de découvrir davantage cet auteur russe. Je compte le relire avec l'intégralité de ses Nouvelles de Saint-Pétersbourg.
- Aujourd'hui, Prascovia Ossipovna, je ne prendrai pas de café, dit Ivan Iakovlévitch, et, à la place, je me mangerais bien un petit pain chaud avec une tête d'oignon. (C'est-à-dire qu'Ivan Iakovlévitch aurait souhaité et l'un et l'autre, mais il savait qu'il était absolument impossible de demander les deux choses en même temps, Prascovia Ossipovna ne supportant guère ce genre de lubies.) " Qu'il mange son pain, l'imbécile ; moi, ça m'arrange, se dit l'épouse, il me restera une tasse de café en plus. " Et elle lui jeta un pain sur la table.
(Le nez in Le manteau suivi de Le nez de Gogol, Libretto, 2005, p 47)