suivi de La chatte sur un toit brûlant
Tennessee Williams
Piqué au vif, Kowalsky enquêtesur cette prétentieuse belle-soeur.
Heure de vérité aussi dans une plantation du Sud pour Grand-père Pollitt et son fils préféré, Brick, dans La chatte sur un toit brûlant. La chatte, c'est Maggie, la femme de Brick qui la repousse parce qu'il la croit responsable de la mort de son meilleur ami. De même que Grand-père se croit exempt d'un cancer, de même que Grand-mère se croit aimée ...
Je ne lis que très rarement du théâtre. J'ai connu Tennessee Williams à l'université en cours d'Anglais. J'ai beaucoup aimé son atmosphère à la West side story (en moins romantique tout de même) et depuis, je gardais dans l'idée de lire ses œuvres un jour. Me replonger dans des pièces de théâtre m'a ravie.
L'univers de Tennessee Williams est très noir. Les gens sans défauts, sans vices ne l'intéressent pas. Il préfère apparemment les personnages durs, violents, prêts à chuter, au bord du gouffre.
Je connaissais l'histoire d'Un tramway nommé désir. J'ai aimé cette pièce presque tragique, ce huis clos étouffant où règne une atmosphère sensuelle et violente. Je l'ai trouvée assez complexe. Pas à lire, la lecture est simple, coulante, vivante. Mais les personnages d'Un tramway nommé désir, surtout Blanche, sont assez déstabilisants. Ils sont très profonds. Leur caractère, même si Williams nous montre que ce qu'il veut, est étudié dans les moindres détails. Le passé de Blanche est simplement évoqué, mais l'on prend conscience qu'il a été travaillé, réfléchi par l'auteur. Une pièce qui se lit vite, une pièce passionnante et marquante.
Je connaissais La chatte sur un toit brûlant que de nom (les titres de Williams sont si imaginatifs qu'ils marquent), je ne savais rien de l'histoire. Cette pièce m'a séduite. Elle est sombre, mais elle est optimiste contrairement à Un tramway nommé désir. Moins violente, moins crue, j'ai trouvé La chatte sur un toit brûlant très moderne, parlant de sujets universels et posant des questions essentielles.
Dans les deux pièces, certaines scènes sont très marquantes. Tennessee Williams a un talent fou pour écrire des dialogues facilement imaginables sur scène. On voit les personnages évoluer, bouger. Les didascalies sont très bien faites. On a une excellente vision de la pièce en la lisant.
Les deux pièces traitent des mêmes sujets : la violence, la destruction, le sexe, le mal de vivre, les désillusions, l'alcoolisme, ... Elles parlent de l'être humain dans ses recoins les plus sombres, dans son humanité la plus brute.
Deux très bonnes pièces, des classiques de la littérature américaine qu'il faut découvrir. Un petit plaisir littéraire qui nous plonge dans l'Amérique des années 50.
" Il agit comme une bête! Il a les manières d'une bête ! Il mange comme une bête! Il rôde comme une bête! Il parle comme une bête ... C'est un être préhistorique, il n'a pas encore tout à fait atteint l'ère humaine. Il y a quelque chose en lui qui rappelle le singe. Comme ces gravures que j'ai vues dans les livres d'anthropologie ... Des milliers et des milliers d'années ont passé sur lui, sans le marquer ... et le voici, Stanley Kowalsky : le survivant de l'âge de pierre, revenant de la jungle, rapportant la viande crue ... et toi ... toi ici, qui l'attends, Stella. "
(Un tramway nommé désir, Williams, 1966, Scène 4, Acte I, p126)
(Figaro.fr. Un tramway nommé désir avec Marlon Brandon et Vivien Leigh)