Elle s'appelle Inès de Castro. Il s'appelle dom Pedro, héritier de la couronne du Portugal. Ils ont vingt ans. Ils s'aiment. Nous sommes en 1340. Ils, vont se retrouver pris au piège d'une effroyable machination, broyés entre raison d'État et raison du cœur. Du Portugal à la plaine vénitienne, de la Castille au palais des Papes, Gilbert Sinoué nous entraîne au cœur d'une fabuleuse fresque historique où la pureté des sentiments se heurte à la cruauté des temps, l'amour dévorant aux ambitions politiques. Entre fiction et réalité, tragédie et conspiration, il ressuscite, dans la lignée de L'enfant de Bruges, l'histoire célèbre et mythique d'une folle passion : celle de deux êtres que même la mort ne parviendra pas à séparer.
Je viens à l'instant de fermer cet émouvant roman. Durant toute sa lecture, j'ai apprécié cette histoire de trahison, de complot, d'amour et de haine. Gilbert Sinoué a une très belle écriture. Simple mais intelligente et érudite. Le contexte historique est très bien utilisé. J'ai beaucoup appris grâce à ce plongeon dans la noblesse portugaise et castillane. Je ne connaissais que très peu cette période et ces deux pays et j'ai été conquise par leurs noms chantants, leurs coutumes et leur Histoire.
J'ai eu peur de tomber (voyant le résumé) dans une simple histoire de coeur, mais il n'en est rien. L'histoire d'amour, bien que jalonnant le roman, ne tient pas une place si importante. De plus, elle est utilisée convenablement dans l'histoire. Tout est convenablement dosé.
Un récit, donc, très bien mené qui se lit vite et qui m'a tenue en haleine tout le long. Je me rends bien compte que ce ne doit pas être le roman le plus érudit de Sinoué (Le livre de saphir par exemple est connu pour être plus complexe), mais j'ai tout de même eu la sensation de lire un bon livre. Il me reste, après lecture, un goût de détente littéraire et romanesque, la sensation d'avoir passé un bon moment mais avec un sentiment très présent d'avoir, en plus, appris et de m'être enrichie.
En refermant ce livre, j'ai versé une larme. Comment ne pas pleurer en entendant cette si belle histoire? Le dénouement de La reine crucifiée met en scène la légende planant autour d'Inès de Castro et c'est tout simplement bouleversant. Savoir que c'est une histoire vraie et encore plus troublant.
Je compte bien rouvrir un livre de Gilbert Sinoué mais cette fois avec un roman plus complexe et plus long ...
"Jamais il n'avait fait une telle chaleur un jour de Noël. Un soleil plus brûlant qu'en été flamboyait sur les plaines de l'Alentejo. Les chênes-lièges, les champs d'oliviers, les vignes étouffaient. C'était bien pire encore sous la voûte de l'église qui jouxtait le palais. Lames chauffées à blanc, les rayons avaient transpercé les vitraux transformant la nef en étuve."
(La reine crucifiée, édition livre de poche, p142)
(Source de l'image : topazio1950.blogs.sapo.pt)