La course au mouton sauvage
Haruki Murakami
Challenge Petit bac 2015
Points, 2013.
Ami d'un jeune homme surnommé le Rat, un publicitaire assez banal, divorcé, vivant avec une femme dotée de très belles oreilles, voit son univers basculer parce qu'il a publié la photo d'un troupeau d'ovins dans un paysage de montagnes. Parmi ces moutons, l'un d'eux aurait pris possession d'un homme pour en faire le Maître d'un immense empire politique et financier d'extrême droite. Or, le Maître se meurt. Menacé des pires représailles, le publicitaire doit retrouver le mouton avant un mois.
(Quatrième de couverture de l'édition Seuil)
Murakami me met dans une colère noire. Si vous saviez comme il m'énerve! Je n'ai jamais été dans une telle situation. C'est la deuxième fois que je le lis et je ne sais toujours pas quoi penser de son oeuvre. J'aime ou je n'aime pas? Impossible de le dire.
Je pensais que la lecture d'un second roman de l'auteur (ma première rencontre fut Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil) m'éclairerait un peu sur cet étrange écrivain. Et bien, non! Je suis perdue. Je suis incapable d'écrire un avis, tout simplement parce que je n'ai rien compris à ce roman. La course au mouton sauvage est une énigme. Je dois être sacrément limitée intellectuellement pour ne pas comprendre l'un des auteurs contemporains les plus lus. Je suis en colère car je suis une lectrice qui aime la retenue, les non-dits. Murakami sous-entend les choses, je devrais accrocher. Pourtant, j'ai l'impression de ne pas avoir toutes les cartes en main, d'être trop "nouille" pour comprendre la finesse du roman.
La course au mouton sauvage est un texte facile à lire et assez agréable. Le style fluide, l'humour et la poésie de Murakami en font un roman travaillé et beau. Mais derrière l'histoire loufoque et l'écriture simple se cache une rare complexité. Je suis incapable de vous expliquer les 30 dernières pages du texte. Je n'ai rien compris. Je dois pourtant reconnaître que j'ai aimé partir à l'aventure avec le héros sur les pas de ce mouton étoilé, abandonner une vie médiocre pour quelque chose de plus grand. Mais j'étais en attente de réponses, de lumière ... et je n'ai trouvé que des questions supplémentaires et l'ignorance.
J'aimerai pouvoir mettre des mots sur ma frustration. Murakami me remet en question, met en doute mon statut de lectrice qui aime la finesse et l'originalité. J'aimerai pouvoir dire que Murakami n'est pas un auteur pour moi et ne plus en parler, mais malheureusement, je dois avouer être questionnée, intéressée par ses romans. J'ai ouvert La course au mouton sauvage avec joie toute la semaine. Mais je ne comprends pas ce que veut Murakami, ce qu'il veut faire passer comme message. Je sais qu'il s'agit de "réalisme magique". J'aime Gabriel Garcia Marquez qui l'utilisait pour ses romans et je n'ai jamais ressenti cette sensation d'incompréhension en lisant ses textes. En fermant La course au mouton sauvage, j'ai ressenti la même colère qu'avec Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil. Je suis retournée en arrière, j'ai relu au cas où un détail pouvant m'éclairer m'aurait échappé. Mais non, rien. Si Murakami est lu par tant de personnes, c'est que les gens y trouvent une vérité, un sens! Pourquoi moi je passe systématiquement à côté? Et pourquoi d'un autre côté, suis-je incapable de le haïr, de jeter loin de moi ses romans et que je continue même à en noter les titres dans mon répertoire de livre à lire? Je suis preneuse pour tous les éclaircissements que vous pouvez me fournir. Je suis remontée comme un oiseau à ressort.
" Elle dormait, les bras croisés, en face de moi. Le soleil de ce matin d’automne jetait à travers la fenêtre un léger voile sur ses genoux. Un papillon de nuit venu dont ne sait où voltigeait aux alentours comme un bout de papier tremblant dans le vent. Le papillon se posa bientôt sur son sein, s’y reposa quelques instants avant de repartir comme il était venu. Le papillon disparu, j’eus l’impression qu’elle avait imperceptiblement vieilli."(Haruki Murakami, La course au mouton sauvage, Points, 2013.)