Le destin de Mr Crump
Ludwig Lewisohn
Libretto, 2014.
A la Belle époque aux Etats-Unis, un homme jeune voit sa vie de couple se transformer petit à petit en un enfer insoutenable, comme un piège inévitable, son destin prend progressivement la forme d'une prison.
Issu d'un milieu cultivé d'émigrés allemands installés dans le sud du pays, Herbert Crump est un jeune musicien plein d'avenir. Sa réussite passe nécessairement par la conquête de New York. Il quitte donc ses parents pour s'y installer et fait rapidement connaissance avec Anne, une femme d'apparence discrète et aimable.
Manipulatrice et expérimentée, elle le fait rapidement tomber dans ses filets. Elle arrive sans trop de mal à se faire épouser du musicien naïf et moralement vertueux.
Ce mariage est un désastre qui révèle à Herbert la vulgarité et la folie ordinaires de sa femme tout en compromettant sa réussite artistique. Entre cet homme et cette femme ce sont deux conceptions du monde inconciliables qui s'affrontent.
Issu d'un milieu cultivé d'émigrés allemands installés dans le sud du pays, Herbert Crump est un jeune musicien plein d'avenir. Sa réussite passe nécessairement par la conquête de New York. Il quitte donc ses parents pour s'y installer et fait rapidement connaissance avec Anne, une femme d'apparence discrète et aimable.
Manipulatrice et expérimentée, elle le fait rapidement tomber dans ses filets. Elle arrive sans trop de mal à se faire épouser du musicien naïf et moralement vertueux.
Ce mariage est un désastre qui révèle à Herbert la vulgarité et la folie ordinaires de sa femme tout en compromettant sa réussite artistique. Entre cet homme et cette femme ce sont deux conceptions du monde inconciliables qui s'affrontent.
En lisant Vera d'Elizabeth Von Arnim il y a quelques années, j'avais découvert une vision étouffante et diabolique du couple. La jeune héroïne était prise dans les filets d'un mari psychorigide et tyrannique. Le destin de Mr Crump expose la situation inverse. Nous suivons Herbert Crump, jeune musicien plein d'avenir, se faire piéger par Anne Vilas.
Tout comme Vera, le génie de ce texte vient de la grande complexité des personnages et de l'analyse fine des liens qui les unissent. Les personnages ne sombrent pas dans la caricature et là où Lewisohn aurait pu décrire qu'une horrible histoire glauque, il dissèque avec précision et rigueur les relations entre Herbert et Anne.
Le destin de Mr Crump est un roman violent et cru. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi il a été refusé pendant plusieurs années. Rien n'est épargné au lecteur. L'image d'Anne, ses cheveux, ses cris, ses rides, ses mains, ses incontinences sont gravés dans ma mémoire. Cependant, Lewisohn ne tombe pas dans la violence facile. L'horreur de la situation de Herbert vient du fait qu'elle est terriblement réaliste, sournoise, insidieuse. J'avais imaginé en ouvrant ce roman davantage de coups bas et de tortures. Finalement, j'ai trouvé un roman d'une maîtrise incroyable, qui arrive à créer un malaise et un terrible sentiment d'horreur tout en restant dans le vrai, le crédible. Je ne suis à aucun moment restée bouche bée d'effroi en voyant les manipulations d'Anne, car toutes les manœuvres de cette femme sont discrètes. On assiste, penauds et fatalistes, à la lente destruction de Herbert.
Je pense être la seule lectrice à avoir ressenti un peu de pitié pour Anne. Bien sûr, elle est odieuse et répugnante. Mais je n'ai pas réussi à m'enlever de la tête que pour agir ainsi, elle devait être terriblement seule et malheureuse.
Le destin de Mr Crump se dévore. C'est un roman singulier, puissant, aux personnages complexes. A lire absolument!
"Elle entourait encore une fois la tête d'Herbert de ses bras nus. Il semblait y avoir dans sa voix une réelle tendresse. C'est cette tendresse, dont l'impression persista en lui, qui l'empêcha de voir les mâchoires du piège où il était pris. Celui-ci avait-il été tendu de propos délibéré ? Avait-on fait jouer intentionnellement le ressort pour refermer les mâchoires ? Sur ce point, Herbert réserva toujours son jugement. Peut-être était-ce une vanité essentielle, au fin fond de lui-même, qui le faisait penser ainsi, une répugnance à croire que dans sa vingt-quatrième année il n'était qu'un sot fieffé. Puis ce fut comme si un serpent lentement, peu à peu, l'eût étreint de ses replis et lui eût comprimé la poitrine. Il fut certain de la duplicité instinctive d'Anne, de sa perfidie sans borne. Il continuait à vouloir croire, à se forcer à croire, que durant ces premiers jours fatals, elle avait été poussée par une passion sincère, et avait été la victime et non la maîtresse des événements."(Le destin de Mr Crump, Ludwig Lewisohn, libretto, 2014)
(Photos : Romanza2018)
1 commentaire:
C'est un sujet peu banal, surtout pour l'époque. Je l'ai acheté suite à un billet il y a des années, mais je n'ai pas encore pris le temps de le lire.
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