lundi 1 septembre 2014

" ... les gens se disputent quand ils s'aiment, mais qu'ils ont conservé leur personnalité et qu'ils vivent dans le monde réel "

Freedom 
Jonathan Franzen

Edition de l'olivier, 2011.


Patty a décidé une fois pour toutes d’être la femme idéale. Mère parfaite, épouse aimante et dévouée, cette ex-basketteuse ayant un faible pour les bad boys a fait, en l’épousant, le bonheur de Walter Berglund, de St Paul (Minnesota). A eux deux, ils forment le couple « bobo » par excellence. En devenant madame Berglund, Patty a renoncé à bien des choses, et d’abord à son amour de jeunesse, Richard Katz, un rocker dylanien qui se trouve être aussi le meilleur ami de Walter. Freedom raconte l’histoire de ce trio, et capture le climat émotionnel, politique et moral des Etats-Unis de ces 30 dernières années, dans une tragi-comédie d’une incroyable virtuosité. Comment vivre ? Comment s’orienter dans une époque qui semble devenue folle ? Jonathan Franzen relève le défi et tente de répondre à cette question, avec cette histoire d’un mariage d’une implacable cruauté.


J'ai terminé Freedom hier et je ne sais toujours pas ce que je vais écrire. Je suis dans le flou. Ce roman ne laisse pas indifférent et je pense qu'il est très difficile d'en parler. Cet avis risque d'être décousu et assez plat, je m'en excuse (mon esprit de jeune maman ne doit pas aider).
Freedom est le roman étasunien contemporain par excellence. On y retrouve plusieurs thèmes chers aux plumes actuelles, tels que l'illusion du rêve américain et de ses libertés, le désir d'apparence et de perfection, la politique, la recherche d'identité, ... Si on aime la littérature américaine, amère et satirique, Freedom est sans aucun doute un roman à lire. Véritable saga familiale (sans aucun souffle romanesque ... les amoureux des textes "échevelés" et romantiques, passez votre chemin), Franzen nous plonge sur plusieurs décennies dans l'histoire de la famille Berglung. Freedom est un roman extrêmement complexe et très ambitieux. Il y a beaucoup de choses dans ces 700 pages : la quête de la liberté, l'opposition désir/sentiment, le conflit de générations, l'écologie, .... Ce trop plein d'idées aurait pu être un défaut (je l'ai longtemps pensé durant ma lecture), mais devient rapidement une qualité. L'ambition de Franzen est contrôlée, maîtrisée. Il sait où il va. En tant que lecteurs, il nous faut juste l'accepter. Il y a beaucoup de choses, l'ensemble manque cruellement de fraîcheur, mais c'est ce qui fait la qualité de ce roman. Il respire l'Amérique, ses excès, ses doutes, ses ambitions, ses contradictions. Mon sentiment face à ce roman se résume à ça : contradiction. Chaque défaut se transforme rapidement en qualité. Le roman est long et aurait pu être plus concis ... mais il n'aurait pas la même force, la même profondeur. Chaque mot est utile, chaque scène a son importance. Les personnages ne sont pas attachants, ils sont trop particuliers et compliqués pour qu'on s'identifie à eux .... mais c'est ce qui les rend si terriblement humains et vivants, et lorsque arrivent les dernières pages si touchantes, on se rend enfin compte qu'au fond de nous, on les aime. L'écriture de Franzen est trop distante, trop froide, trop peu poétique et parfois bien trop crue ... mais grâce à ça, il nous laisse libre d'analyser les actes et les désirs des personnages, de penser par nous-mêmes. Il ne vient pas systématiquement nous embellir la situation ou nous la décortiquer, nous expliquer chaque symbole, chaque image.  
Je me rends bien compte que je ne suis pas très claire, mais écrire un avis sur Freedom est vraiment complexe. J'ai eu la sensation jusqu'à la dernière page d'être incapable de dire si j'avais aimé ou non ce roman. Il se lit vite, il est bien écrit, très travaillé et intelligent mais parfois le propos de l'auteur, les personnages eux-mêmes ou bien l'écriture m'ont énervée, titillée, exaspérée. Si Franzen cherche à nous secouer, il réussit son pari. Je pense vraiment que Freedom est un roman que l'on peut soit adorer, soit détester. Après de longues hésitations, malgré mes coups de colère, mes doutes, mes interrogations, je dois avouer que j'ai beaucoup aimé Freedom. C'est un roman marquant. J'aurai longtemps en tête l'histoire de la famille Berglund, la fragilité de Patty et l'émouvant Walter. J'ai mis du temps à les comprendre, mais une fois cela fait, je les ai aimés profondément. Franzen ne cherche pas à créer des héros parfaits. Nous pourrions croiser Walter, Patty, Joey ou Jessica dans la rue et comme des personnes réels, je les ai rencontrés, je me suis vite rendue compte que ça ne collerait pas entre nous, puis j'ai appris à les connaître, j'ai compris, pardonné, accepté. 
Je vous conseille vraiment de vous pencher sur Freedom. Que vous y adhériez ou non, c'est un roman qui mérite que l'on s'y intéresse. Surtout si vous aimez la littérature étasunienne. Je pense vraiment qu'il me marquera longtemps ... 

" -  … Les gens parlent du caractère paisible de la nature, mais moi, ça me paraît être tout le contraire de paisible. C’est une tuerie constante. C’est encore pire que les êtres humains.
- Pour moi, dit Walter, la différence, c’est que les oiseaux ne tuent que parce qu’ils doivent manger. Ils ne le font pas par colère ni gratuitement. Ce n’est pas névrotique chez eux. Pour moi, c’est ça qui rend la nature paisible. Les choses vivent ou ne vivent pas, mais l’ensemble n’est pas empoisonné par le ressentiment, la névrose et l’idéologie. "
(Freedom, J. Franzen, l'olivier, 2011)

(Source image : cahierslibres.fr)

1 commentaire:

Un livre un thé a dit…

TU m'intrigues avec cet avis...