dimanche 1 décembre 2019

Pour le meilleur ... et surtout pour le pire.

Basil
William Wilkie Collins

Phébus, Libretto, 2005.


Basil, un jeune homme, s'engage dans un mariage qui ne tarde pas à se révéler un guet-apens... Où la bonne société victorienne nous découvre le dessous - peu reluisant - de ses crinolines. Basil (1852), le plus sexué des romans de Collins, en tout cas l'un des plus délicieusement inconvenants, ne fait pas beaucoup de cadeaux à son lecteur... qui n'attend d'ailleurs que cela, l'hypocrite. A ne pas lire la nuit si l'on veut dormir.


Cela faisait longtemps que je n'avais pas mis le nez dans un Wilkie Collins et j'ai bien apprécié ce moment. C'est toujours un régal de retrouver la plume palpitante de cet auteur. Certes, Basil n'a pas la fougue et l'ambition d'un Pierre de lune mais il n'a pas à rougir. C'est un roman passionnant et très bien écrit
La quatrième de couverture exagère un peu en disant que les nuits du lecteur seront rétrécies, ceci dit il est vrai que l'intrigue est efficace. J'ai apprécié que Wilkie Collins prenne le temps d'installer le décor et l'ambiance. Le roman s'accélère uniquement dans le dernier tiers. Basil est principalement un roman à atmosphère. Le lecteur sait que le roman va basculer au bout d'un moment, mais il ne sait pas quand. Pour les puristes des thrillers contemporains, sachez que vous risquez de trouver le roman long. Pour les passionnés de romans classiques anglais, foncez! 
Même si les personnages principaux de l'histoire sont un brin caricaturaux, je me suis attachée à eux. Mention particulière pour Mrs Sherwin et son terrible destin, mais également à Ralph, le frère du narrateur, qui donne un souffle supplémentaire au récit et une pointe d'humour. 
Basil est extrêmement moderne. Certains thèmes sont abordés avec franchise notamment celui du désir et de la sexualité. Cependant, tout est teinté de bienséance et de pudeur. Basil est un roman qui mêle beau langage et scandale et c'est un vrai régal de s'y plonger. 
Encore quelques romans de Wilkie Collins m'attendent encore dans ma bibliothèque (Armadale et Cache-cache) ... et d'autres en librairie. Tout ça pour mon plus grand plaisir. Savoir que plusieurs belles heures de lecture captivantes m'attendent encore me ravit. 
Un auteur à découvrir si ce n'est pas encore fait!
(...), tout en elle portait la marque d'une vie de craintes et de contraintes perpétuelles; d'une disposition pétrie de générosités modestes et de sympathies discrètes, qui avaient été écrasées sans espoir de résurrection.Là, dans cet aimable visage blême, dans les soubresauts douloureux et la précipitation de ses mouvements, dans ses paroles tremblantes, presque imperceptibles, là, je voyais se dérouler devant mes yeux l'une de ces effroyables tragédies du coeur qui sont jouées, scène après scène, année après année, au théâtre secret des familles; sur ces tragédies descend lentement un rideau noir, un peu plus bas chaque jour; il descend, libéré par la main de la mort, qui dissimule tout.
(Basil, W. Collins)  
(Photos : Romanza2019) 

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