vendredi 9 août 2019

" Ce qui était grand, puissant, original en lui, elle ne le voyait pas ou - pire - elle ne le comprenait pas ".

Martin Eden
Jack London

Phébus, Libretto, 2010.

Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’œuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature.

Voici un roman que je rêvais de lire depuis plusieurs mois déjà. Je suis ravie de m'être plongée dans ce texte durant l'été, période de l'année où je peux lire davantage. Même si ce ne fut pas le coup de cœur flamboyant que j'attendais, j'ai adoré ce roman et je compte bien relire Jack London afin de retrouver sa plume si bouleversante et vivante
Martin Eden est un personnage magnifique qui, je pense, restera gravé dans mon cœur pendant des années. Cet homme simple, ce marin dynamique et plein de fougue change de vie du jour au lendemain pour être à la hauteur de la douce Ruth. Il décide de se cultiver et passe son temps à lire et étudier. Il y trouve la joie de l'apprentissage et de la connaissance, mais progressivement il découvre également l'hypocrisie de la société, sa violence, son injustice. La vie de Martin Eden est bouleversante. Comment ne pas être touché par cet homme? J'ai été tellement écœurée par les dernières pages que j'en frissonne encore. Je ne peux en parler librement sans divulgâcher l'histoire, je me tairai donc. Voir cet homme se heurter à tout ce qu'il y a de plus bas chez l'être humain est difficilement supportable. Certes, la violence est moins sanglante que les anciennes bagarres de Martin. Il n'y a pas de coups, de bras cassés ou d'insultes. Pourtant, le parallèle que London crée entre les deux est saisissant. La violence froide, la perfidie, la supériorité de certains êtres ne sont-elles pas bien plus dures que des heurts de marins? Je n'ai pu m'empêcher de penser au Jude de Thomas Hardy ou au Stoner de John Williams. Les trois héros ont des similitudes frappantes. 
Plus que l'histoire qui marque les esprits pour longtemps, c'est la langue de Jack London qui fut une vraie découverte. Martin Eden est un texte de toute beauté. Affûtée au couteau, chaque phrase est juste et puissante. Les mots disent tout. Ils disent la violence, l'absurdité, l'amour, la déception, la reconnaissance, la paix. Martin Eden fait partie de ces textes qu'il faut relire plusieurs fois dans sa vie. On y trouvera une vérité à chaque moment de son existence. 
Je suis heureuse d'avoir enfin découvert ce texte si célèbre. Célébrité qu'il mérite amplement. Je pense que je ne resterai pas si longtemps sans relire du Jack London. Je ne suis pas prête d'oublier Martin et son obsession de l'écriture. 
" Avant, je ne savais pas que la beauté avait un sens. Je l’acceptais comme telle, comme une réalité sans rime ni raison. J’étais dans l’ignorance. A présent, je sais, ou plus exactement, je commence à savoir. Cette herbe me paraît beaucoup plus belle maintenant que je sais pourquoi elle est herbe, par quelle alchimie du soleil, de la pluie et de la terre elle est devenue ce qu’elle est. "
Martin Eden, Jack London. 
(Photos : Romanza2019)

2 commentaires:

Lili a dit…

Que j'aime Martin Eden !

FondantGrignote a dit…

Depuis le temps que je dois le lire ! Encore une chronique qui me le rappelle :-)