Vendredi ou la vie sauvage
Michel Tournier
Folio junior édition spéciale, 1993.
Un jour de septembre 1759, Robinson, seul survivant du naufrage de La Virginie, échoue sur l'île qu'il baptise Speranza et s'en déclare gouverneur. Aussi, quand il rencontre l'Indien Vendredi, le tient-il naturellement pour son esclave.
Voici un classique de la littérature de jeunesse que je n'avais jamais encore lu. En tant que professeure des écoles, je me devais de le découvrir. Je me souviens aussi que mon frère l'avait dévoré étant jeune adolescent. Il en parle toujours avec beaucoup d'émotion. Pour toutes ces raisons, je me suis décidée à découvrir ce texte si célèbre. Ce fut une belle découverte.
Je n'ai jamais lu Robinson Crusoé de Daniel Defoe, mais, je connais comme beaucoup l'histoire. Dans mon enfance, j'ai regardé un nombre incalculable de fois un vieux VHS d'une adaptation de 1972 du réalisateur russe Govoroukhine (que j'aimerais retrouver d'ailleurs). Je connaissais donc l'esprit très "colonisateur" de l'oeuvre de Defoe. La relation de Robinson et Vendredi, l'indien qu'il rencontre sur l'île, est basée sur la supériorité de l'homme occidental et civilisé. " Qu'était Vendredi pour Daniel Defoe? Rien, une bête, un être en tout cas qui attend de recevoir son humanité de Robinson, l'homme occidental, seul détenteur de tout savoir, de toute sagesse. L'idée que Robinson eût de son côté quelque chose à apprendre de Vendredi ne pouvait effleurer personne avant l’ère de l'ethnographie" (Michel Tournier, Le vent Paraclet). Michel Tournier va redonner sa vraie place à Vendredi lorsqu'il écrit Vendredi ou les limbes du Pacifique, puis Vendredi ou la vie sauvage. Il lui donne sa place d'homme, d'être pensant, détenteur d'une histoire et d'un savoir. Je ne savais pas, avant de le lire, ce que Tournier avait modifié dans l'histoire originale. J'ai été surprise par ce retournement, cette inversion des rôles. En tant que bonne occidentale, j'aimais la vie créée par Robinson au début de son naufrage ainsi que son organisation sur l'île. Puis j'ai compris, à l'aide de Vendredi, l'importance de la liberté et du respect de la nature.
J'ai énormément aimé ce texte. L'écriture simple et limpide, pourtant pleine de symboles et de sous-entendus, est sublime. Ce court texte chamboule et bouscule. La fin m'a serré le cœur.
Je pense que c'est un roman à mettre entre toutes les jeunes mains ... à condition d'en parler ensuite. C'est une histoire, certes belle, mais également dure. Certaines scènes peuvent marquer les jeunes lecteurs. Ce texte n'est pas évident à comprendre. Il doit être interprété et discuté avec les plus jeunes. Je pense que c'est un texte que je lirai avec de futurs élèves et que je ferai découvrir avec plaisir à mes propres enfants. Je le relirai, en ce qui me concerne, avec joie.
Un classique à découvrir!
"Ainsi toute l'oeuvre qu'il avait accomplie sur l'île, ses cultures, ses élevages, ses constructions, toutes les provisions qu'il avait accumulées dans la grotte, tout cela était perdu par la faute de Vendredi. Et pourtant il ne lui en voulait pas. La vérité, c'est qu'il en avait assez de cette organisation ennuyeuse et tracassière, mais qu'il n'avait pas le courage de la détruire. Maintenant, ils étaient libres tous les deux. Robinson se demandait avec curiosité ce qui allait se passer, et il comprenait que se serait désormais Vendredi qui mènerait le jeu."
Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier, Folio junior, 1993, p 89)
(Photos : Romanza2018)
3 commentaires:
oh la la,moins non plus je ne l'ai jamais lu en entier !! la honte ! mais ton billet me motive...
J'ai lu ce livre au collège en cours de français, il m'avait beaucoup plu. il est depuis plusieurs mois dans ma liste de livres à relire, ça me donne bien envie de le faire!
Il est nul le livre
Enregistrer un commentaire