La peste
Albert Camus
Folio, 2002.
Albert Camus publie La Peste en 1947 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il y relate une épidémie de peste qui aurait sévi en 1940 à Oran. Au fil des pages, on assiste à l'extension progressive de la maladie et on observe la réaction de chacun face à l'épidémie : certains fuient, d'autres restent pour lutter. À travers ce roman, l'écrivain invite à réfléchir sur les valeurs de solidarité et d'engagement.
J'avais totalement été éblouie par L'étranger, ma première lecture de Camus. La peste ne m'a pas autant engloutie. Bien évidemment, je reste toujours aussi fascinée par l'écriture si particulière et envoûtante de Camus. Il nous offre des passages de pure beauté et une connaissance très fine de la nature humaine. Cependant, son ton si détaché et "journalistique" a eu, pour cette fois, raison de moi. Je suis restée observatrice, distante. Je n'ai pas réussi à rentrer dans le texte comme j'ai pu le faire avec L'étranger. Peut-être que mon esprit n'était pas disponible.
L'histoire est assez angoissante. La peste envahit la ville, les hommes meurent les uns après les autres. L'ambiance est bien rendue et le génie de Camus crée une ambiance particulièrement étouffante. Rieux est un personnage tout aussi froid que Mersault. Du moins, en apparence.
" Vous n’avez pas de cœur », lui avait-on dit un jour. Mais si, il en avait un. Il lui servait à supporter les vingt heures par jour où il voyait mourir des hommes qui étaient faits pour vivre. Il lui servait à recommencer tous les jours. Désormais, il avait juste assez de cœur pour ça."
J'aime m'identifier aux personnages des romans que je lis et Camus a une fâcheuse tendance à les rendre peu chaleureux et avenants. Si cela ne m'a pas empêchée d'adorer L'étranger, pour La peste il en fut autrement. Camus ne nous dit pas tout. J'aime cette finesse. Cependant, là, j'avoue, je suis restée un peu en-dehors.
Même si ce ne fut pas une lecture "immersion", la plume de Camus est exceptionnelle et c'est un auteur à découvrir absolument.
Je le retrouverai sans l'ombre d'un doute.
" Vous n'avez jamais vu fusiller un homme? Non, bien sûr, cela se fait généralement sur invitation et le public est choisi d'avance. Le résultat est que vous en êtes resté aux estampes et aux livres. Un bandeau, un poteau, et au loin quelques soldats. Eh bien, non! Savez-vous que le peloton des fusilleurs se place au contraire à un mètre cinquante du condamné? Savez-vous que si le condamné faisait deux pas en avant, il heurterait les fusils avec sa poitrine? Savez-vous qu'à cette courte distance, les fusilleurs concentrent leur tir sur la région du cœur et qu'à eux tous, avec leurs grosses balles, ils y font un trou où l'on pourrait mettre le poing? Non, vous ne le savez pas parce que ce sont là des détails dont on ne parle pas. Le sommeil des hommes est plus sacré que la vie pour les pestiférés. On ne doit pas empêcher les braves gens de dormir. Il y faudrait du mauvais goût, et le goût consiste à ne pas insister, tout le monde sait ça. Mais moi je n'ai pas bien dormi depuis ce temps là. Le mauvais goût m'est resté dans la bouche et je n'ai pas cessé d'insister, c'est-à-dire d'y penser. "
La peste, Albert Camus.
(Photos : Romanza2017)
1 commentaire:
Je me souviens avoir été soufflée par ce livre, lu pour faire passer des oraux blancs du bac il y a quelques années ! le souvenir d'une grande lecture !
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