vendredi 9 mai 2014

Dépêchons-nous!

 Le grand Meaulnes
Alain-Fournier

Livre de poche, 1971

Le narrateur, François Seurel, raconte les aventures de son camarade Augustin Meaulnes. Celui-ci tombe fou amoureux d’une mystérieuse jeune fille, mais perd aussitôt sa trace. Les deux amis se lancent alors dans une quête éperdue pour la retrouver.

Empreint de nostalgie et largement autobiographique, Le Grand Meaulnes est le roman de la fin de l’adolescence et de l’entrée dans l’âge adulte.

(Quatrième de couverture de l'édition Hatier)

Alors que de nombreux lecteurs découvrent Le grand Meaulnes à l'adolescence, je l'ai pour ma part découvert il y a seulement quelques jours ...  et je suis bien embêtée pour vous en parler. 
Une chose est sûre c'est un roman qui ne peut pas laisser indifférent. L'ambiance si particulière, le lyrisme de l'ensemble, le ton extrêmement mélancolique donnent à cette lecture une saveur étrange et envoûtante
Je ne saurai pas l'expliquer, mais je trouve que Le grand Meaulnes ne peut qu'avoir été écrit par un auteur mort jeune. Tout dans ce roman respire l'urgence de vivre. J'ai été étonnée de trouver un texte si sombre et si noir. Peut-être est-ce parce que je l'ai lu adulte, mais ce roman m'a davantage marquée par son côté mélancolique que par son atmosphère onirique et magique. Certes, cette dernière est particulièrement réussie, je garde de "la fête étrange"  beaucoup de nostalgie et de tendresse Mais le sentiment dominant reste cette envie de vivre intensément et rapidement, car la mort guette dans l'ombre. Cette idée assombrit même les moments gais du roman. Durant toute ma lecture, je n'ai fait que penser au jeune Alain-Fournier mort au front à l'âge de 28 ans.  On a la sensation qu'il le sentait, le savait. Ce roman que tant d'adolescents ont lu et aimé m'a semblé extrêmement dur.  En le lisant, j'étais souvent mal à l'aise et oppressée. Durant 250 pages, je me suis longtemps demandée si j'aimais ce que je lisais. Alain-Fournier nous offre un roman si étrange et spécial que je n'étais pas certaine de ne pas tout comprendre à l'envers. Et puis, je l'ai terminé, refermé. C'était il y a 2 jours. Depuis, je repense souvent à François, Augustin, Yvonne et Franz. Je revois les paysages envoûtants que traverse le grand Meaulnes. Je découvre une étrange fête pleine de joies et d'enfants et je ressens une intense envie de vivre et d'aimer. Je me dit que si après plusieurs heures, ce roman me poursuit encore c'est qu'il a réussi son pari. 
Alain-Fournier a écrit une histoire unique et bouleversante. Un intense et joli moment.  

" Après cette fête où tout était charmant, mais fiévreux et fou, où lui-même avait si follement poursuivi le grand pierrot, Meaulnes se trouvait là plongé dans le bonheur le plus calme du monde. Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il retourna s’asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire. Presque aussitôt un des petits qui étaient par terre s’approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l’autre côté. Alors ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu’il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, c’était sa femme … "
(Le grand Meaulnes, Alain-Fournier, Livre de poche, 1971, p70)

(Source image : Corot - Eglise Marissel. musee-virtuel.com)

9 commentaires:

Eline a dit…

je l'ai lu il y a longtemps et j'en garde un très bon souvenir.

Titine a dit…

J'avais peur que ton billet ne sois pas positif mais je découvre que tu as beaucoup aimé ! C'est très beau ce que tu dis sur l'urgence de vivre et le fait que l'auteur soit mort jeune. Plus de 20 ans après ma lecture, je me souviens surtout de l'ambiance onirique de la fête. Je pense que si je le relisais aujourd’hui, c'est le côté mélancolique qui me séduirait. Il faut donc que je le relise !

maggie a dit…

Je l'ai lu jeune mais je n'avais pas aimé. Peut-être devrai-je essayer de le relire...

Fleur a dit…

J'avais entendu beaucoup de bien de ce roman, raison pour laquelle je l'ai lu. Finalement, j'avais été déçue. Je m'attendais à bien mieux. Malgré tout, j'ai trouvé que la fin du roman était vraiment très belle.

FondantOchocolat a dit…

Un roman que j'aime beaucoup, plein de poésie et d'entrelacs ! Je comprends aussi tes impressions d'"urgence"...

Caro Bleue Violette a dit…

Une jolie chronique pour un joli roman :) J'ai lu ce livre au collège et j'avais adoré, je me souviens d'en être ressortie bouleversée.

Lili a dit…

Je pense le découvrir prochainement également. Les classiques ont une saveur particulière lorsqu'on les découvre adulte !

yueyin a dit…

Ce qui m'a le plus frappé à la relecture de ce roman (- adolescente c'est la sensualité désespérée presque morbide qui m'avait frappée - ma prof de français n'avait pas apprécié mes commentaires déplacés :-) ) plus que l'ambiance onirique, c'est le style... j'ai trouvé l'écriture magique, j'avais l'impression de pouvoir sentir la brume sur ma peau ou le parfum de craie de la salle de classe :-)

Romanza a dit…

Eline : C'est une lecture de jeunesse la plupart du temps c'est vrai!

Titine : ça serait très intéressant de comparer tes impressions de jeune lectrice et lectrice mûre!

Maggie : Je comprends que l'on puisse ne pas aimer ou pire être indifférent à cette lecture ... Je l'ai trouvé si spéciale!

Fleur : C'est parfois ce qui arrive avec les grands classiques dont tout le monde parle.

Fondant : "plein de poésie et d'entrelacs", c'est tout à fait ça!

Caro : Il s'en dégage quelque chose de très particulier

Lili : Oui, notre âge, notre expérience influent sur notre réception d'une oeuvre ...

Yueyin : J'aurai aimé lire ces petits commentaires déplacés!! :)