L'étranger
Albert Camus
Livre de poche, 1957.
Le roman, se déroulant en Algérie, débute par la réception d'un télégramme annonçant à Mersault, personnage principal du roman, la mort de sa mère qui séjournait depuis 3 ans dans un asile.
Encore un classique jamais lu!
Lors de l'anniversaire de sa naissance, je suis tombée sur un reportage parlant d'Albert Camus. Bien que je connaissais forcément cet auteur français, je ne l'avais jamais lu. J'ai été fascinée par sa personnalité, son charisme et ses engagements. Je me suis jurée de lire les mots d'Albert Camus un jour.
Je me suis instinctivement dirigée vers L'étranger. Il y avait cet incipit si connu, si entendu, le nom de Mersault souvent croisé et cette histoire tragique, particulière.
J'ai dévoré ce roman. Il est tout simplement fascinant. Depuis que j'ai tourné la dernière page, il me hante. J'ai lu ce texte tout en me disant à chaque page que ce que j'étais en train de lire frisait tout simplement le génie. C'est étrange d'ailleurs. Le thème est dur, le personnage principal particulièrement antipathique, le style est très journalistique, ... mais quelle plume, quel analyse de l'être humain, quel souffle! C'est assez compliqué à expliquer en réalité. C'est un texte assez "masculin" (en tombant vulgairement dans la caricature), je ne l'ai pas trouvé poétique, ni envoûtant. Mais il se dégage une telle maîtrise de la langue, une telle originalité dans le propos, une telle force dissimulée dans un style sobre et saccadé. Et puis, il y a ces dernières pages où l'on comprend tout. La nonchalance de Mersault, son insensibilité lors de l'enterrement de sa mère, son terrible geste ... J'ai été saisi. Quel génie! L'étranger est un texte grandiose, complexe, maîtrisé de bout en bout, qui m'a complètement dépassée, mais il n'est jamais pédant, inutilement supérieur ou imbu de lui-même. C'est grand ... très grand!
J'ai été frappée par le personnage de Mersault. Il est rare de croiser un être si dénué de passions, de sentiments. Camus n'a aucune envie que l'on aime son personnage. C'est une prise de risque incroyable. L'important n'est pas là. Le manque permanent d'avis de Mersault m'a souvent énervée. J'ai eu envie de crier et de le secouer. Lorsqu'il aide son voisin pourtant violent et inhumain, je l'ai détesté. Tout comme son attitude passive avec Marie ou face aux autorités. "Prends parti! Décide, Rebelle-toi!", je bouillais intérieurement. Puis, j'ai compris. Cette fin terriblement pessimiste, tragique. Ces derniers mots me hantent encore. J'ai vu et compris Mersault. Pourtant, je suis en total désaccord avec sa vision des choses, mais je n'ai pu que le respecter et le comprendre. Le laisser face à lui-même.
J'aimerai relire un texte de Camus, mais j'ai peur. Peur de me casser le nez, de tomber sur quelque chose bien au-dessus de moi, de plus fort encore que L'étranger. Avez-vous un titre à me conseiller?
Je me sens tellement petite. J'aurai aimé étudier cet auteur à l'université, en savoir plus. J'ai tant de questions.
Je me sens tellement petite. J'aurai aimé étudier cet auteur à l'université, en savoir plus. J'ai tant de questions.
Sublime ...
" J'ai souvent pensé alors que si l'on m'avait fait vivre dans un tronc d'arbre sec, sans autre occupation que de regarder la fleur du ciel au-dessus de ma tête, je m'y serais peu à peu habitué. J'aurais attendu des passages d'oiseaux ou des rencontres de nuages (...). Or, à bien y réfléchir, je n'étais pas dans un arbre sec. Il y avait plus malheureux que moi."
(L'étranger, Albert Camus, livre de poche, 1957)
7 commentaires:
Je l'avais étudié en lycée ! J'en garde un bon souvenir ! Oui, l'écriture est particulière ( on parle d'écriture blanche) car on dirait qu'elle est simple en fait, elle est très travaillée pour donner cette impression " d'étranger" au monde ! De camus, j'ai aussi lu la chute qui est tout aussi fort mais je m'en souviens moins bien
Moi aussi je l'ai beaucoup aimé lorsque je l'ai lu. Ce que j'ai surtout apprécié est la vision de la justice et du jugement humain qu'il offre : absurde.
Très beau billet sur un texte classique, pourtant incontournable, que je n'ai jamais lu !
Maggie : Je note "La chute" ... Merci!
Fleur : C'est vrai que je n'en ai pas parlé!
L'or rouge : Alors je te le conseille!
Ah Camus voilà :-) je l'aime d'amour... j'en avais lu plein adolescente et puis je l'avais oublié, quand je l'ai retrouvé avec Le premier homme, ça a été un sacré choc alors je te le conseille :-) une merveille...
http://lireouimaisquoi.over-blog.com/article-le-premier-homme-46951212.html
Je note "Le premier homme" bien sûr ;)
J'ai lu "La peste" il y a plusieurs semaines et comme toi j'ai trouvé le style d'écriture assez particulier, "journalistique" est vraiment le terme approprié. Encore aujourd'hui je ne sais pas si j'ai aimé ou pas. Ce qui est certain c'est que 'L'étranger" et "La chute" sont tous deux dans ma PAL.
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