lundi 29 mars 2010

On a beau écraser des pousses de bambou ... Il y en aura toujours des nouvelles qui pousseront!

Terre coréenne
Pearl Buck

Livre de poche, 1971.

Dans le somptueux décor d'une cour asiatique, dans les admirables paysages de la Corée, nous voyons vivre, aimer, souffrir trois générations d'une même famille de coréens, qui luttent pour la libération de leur pays écrasé par l'occupation.
Les "ancêtres", Il-Han et Sunia, ont mené une vie sédentaire et obéi à des traditions millénaires. Mais déjà les deux guerres mondiales ont eu leurs répercussions en Corée et anéanti les traditions qui en faisaient certes le charme et peut-être la faiblesse. Hors de ce cercle éclaté, les deux fils du couple suranné connaissent des idylles tragiques. De leurs brèves unions naissent à leur tour deux fils dont le destin fort dissemblable symbolise les deux forces opposées qui déchirent le monde moderne.

En ouvrant ce texte, je me suis demander pourquoi. Pourquoi avoir mis tant de temps avant de rouvrir un Pearl Buck? D'habitude, je lis un de ses romans chaque année. Et pourtant, l'année dernière, je ne l'ai pas fait. Je ne sais pas pourquoi. Et puis, il y a quelques semaines, j'ai de nouveau ressenti ce besoin, cette envie dévorante de me plonger dans ce si exceptionnel monde de Pearl Buck.
Comme pour chacun de ses romans, nous retrouvons cette écriture si douce, sensible, poétique. Un petit bijou d'instants magiques! On se replonge dans cet amour si fort que Pearl Buck a pour la vie, pour ces moments simples, éphémères, mais si précieux. Un regard sur des jeunes pousses de bambou, un thé au jardin, une main tendue, un sourire, une communion muette. Pourtant, Pearl Buck nous conte une histoire dure, révoltante, parfois tragique. Mais l'amour de la vie maintient les personnages dans leur courage et leur espoir.
Les thèmes chers à l'auteur sont de nouveaux traités : la confrontation entre les anciennes traditions et les nouvelles, entre l'orient et l'occident, entre les ancêtres et la jeune génération. Bien que ces thèmes soient presque récurrents dans les romans de Pearl Buck. Ils sont toujours traités autrement. On ne s'en lasse pas. Elle développe toujours un peu plus le sujet, bouscule nos idées, nos émotions. Il y a des passages croustillants et sublimes dans Terre coréenne qui nous montrent bien la différence de culture entre l'orient et l'occident.
Pearl Buck a une vision sublime de l'être humain. Pas dure, pas naïve non plus, réaliste mais compatissante et compréhensive. Pas de super méchants, pas de super gentils. Seulement des hommes et des femmes qui survivent comme ils peuvent et de la manière qu'ils croient juste.
C'est la première fois que je lis un Pearl Buck évoquant un autre que la Chine. J'ai aimé me plonger dans l'histoire de ce pays que je connais peu : la Corée. Une terre prise entre trois puissances : la Chine, la Russie et le Japon. Un pays qui tente de se faire une place, de survivre entre ces trois dragons qui l'entourent. L'histoire de la Corée que nous conte Pearl Buck est bouleversante. Et quand on sait où ce pays (devenu LES pays) en est en ce moment, cela donne envie de hurler.
Après La mère, Pavillon de femmes, Pivoine, L'exilée, La terre chinoise, Vent d'Est vent d'Ouest et Impératrice de Chine, voilà un nouveau coup de cœur absolu pour Terre coréenne.

Une sublime histoire de famille racontée par une main de maître ...

Lisez Pearl Buck! Sortez-la des vides greniers, des brocantes, achetez les quelques malheureux titres qui paraissent encore en librairie, plongez dans son monde, faîtes la revivre, ne la laissez pas tomber dans l'oubli ...

" Elle s'assit gracieusement sur un coussin, parfaitement consciente d'appartenir à une nation privilégiée où les femmes gardaient leur fierté et ne s'agenouillaient pas devant leur mari comme au Japon, ne se bandaient pas les pieds comme en Chine, et ne se comprimaient pas la taille comme le faisaient, disait-on, les femmes occidentales. En Corée, mari et femme étaient égaux en dignité, chacun à leur place, et les grands fils n'avaient pas le droit de commander à leur mère. Au palais royal, si le roi venait à mourir, laissant un héritier trop jeune pour régner, la reine douairière assurait la régence jusqu'à la majorité de celui-ci. Il-Han avait aussi habitué Sunia à la liberté, en partie parce qu'il la respectait autant qu'il l'aimait, et en partie parce qu'il avait entendu parler de la liberté des femmes occidentales. Sa mère lui avait pourtant vanté les anciens temps où les femmes passaient inaperçues et n'avaient le droit de sortir dans la rue qu'à certaine heure. Les mœurs étaient si sévères dans ce temps-là que, si un homme regardait une femme sans permission, on lui coupait la tête! "
(Terre coréenne, 1971, p93/94)


(Source image : eurasie.net. Peinture de Sounya, artiste coréenne)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

L'autre jour en rangeant ma bibli. et quelques volumes que je garde juste parce qu'ils ne sont pas coupés et d'autres parce qu'ils sont coupés, pour voir comment c'était ... je découvre un livre d'une auteure dont le nom m'est famillié ... Pearl Buck, j'me dis tiens ça me dis quelque chose ... et je me souviens que je l'ai vu chez toi et du coup j'ai remis le bouquin en état pour pouvoir le lire et découvrir cette auteure que tu sembles beaucoup aimer !

Romanza a dit…

Matilda : C'est lequel????

Alicia a dit…

Dans ma bibliothèque familiale, il y a plusieurs tomes de cet auteur. Tu me donnes très envie de me plonger dedans =)

Anonyme a dit…

La fleur cachée ^^

akialam a dit…

j'ai récemment relu "vent d'est vent d'ouest" et cet auteur est vraiment fabuleuse, ce regard sur les différentes civilisations est vraiment génial!