samedi 19 septembre 2009

Nous sommes tous des mangeurs de soleil!

Le soleil des Scorta
Laurent Gaudé

J'ai lu, 2007.

La lignée des Scorta est née d'un viol et du péché.
Maudite et méprisée, cette famille est guettée par la folie et la pauvreté. A Montepuccio, dans le sud de l'Italie, seul l'éclat de l'argent peut éclipser l'indignité d'une telle naissance. C'est en accédant à l'aisance matérielle que les Scorta pensent éloigner d'eux l'opprobre. Mais si le jugement des hommes finit par ne plus les atteindre, le destin, lui, peut les rattraper. Le temps, cette course interminable du soleil brûlant les terres de Montepuccio, balayera ces existences de labeur et de folie.
A l'histoire de cette famille hors du commun se mêle la confession de sa doyenne, Carmela, qui résonne comme un testament spirituel à destination de la descendance. Pour que ne s'éteigne jamais la fierté, cette force des Scorta.
Goncourt 2004.

Je viens de passer des moments de lecture très forts et passionnés.
Le soleil des Scorta est un roman puissant sur la force de la terre, de l'amour, de la peur, de la fraternité. Un roman dans la droite ligne des grandes tragédies grecques. Une histoire de fatalité et de malédiction qui prend aux tripes. Des scènes horribles (le vol des médailles, la fin de Luciano au début du roman) qui croisent des scènes d'une poésie rare (l'histoire d'Elia et Maria, et surtout celle de Donato et Alba. Magnifiques!). Une belle plume que celle de Laurent Gaudé qui nous emméne dans la chaleur étouffante d'un village italien. On sent la morsure du soleil sur notre corps, le poids de l'hérédité, l'amour des siens.
Une belle et émouvante saga familiale qui se lit toute seule.

" La chaleur du soleil semblait fendre la terre. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s'était évanoui. La pierre gémissait de chaleur. Le mois d'août pesait sur le massif du Gargano avec l'assurance d'un seigneur. Il était impossible de croire qu'en ces terres, un jour, il avait pu pleuvoir. Que de l'eau ait irrigué les champs et abreuvé les oliviers. Impossible de croire qu'une vie animale ou végétale ait pu trouver - sous le ciel sec - de quoi se nourrir. Il était deux heures de l'après-midi, et la terre était condamnée à brûler. "
(Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé, Folio, 2007, p 11)


(Source image : marie.guenro.free.fr)

6 commentaires:

Leiloona a dit…

Ralala, j'avais déjà envie de le lire, mais après ton billet, si je l'avais eu dans ma PAL, je crois que je me serais jetée dessus !

Romanza a dit…

Leiloona : Hihi! J'en suis ravie!

Praline a dit…

Une très belle saga en effet que le soleil et le silence rendent encore plus étouffant mais prenant !

Theoma a dit…

Je ne peux pas résister à un tel billet. Je note !

Karine:) a dit…

Dans ma pile... et prévu en lecture commune pour décembre avec Chiff et Reka! Super super!!

Nicolas a dit…

Très bon roman, pour moi le meilleur de Gaudé. Le style de Gaudé, épuré et fluide, est très beau: un vrai régal. Un bon Goncourt, ce n'est pas si fréquent!