lundi 18 janvier 2021

" C’est comme si nous ne sommes tous qu’un ventre affamé, comme si l’être humain n’est qu’un paquet de besoins qui épuisent le monde. "

Dans la forêt 
Jean Hegland


Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.

 

Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.


Il va m'être difficile de parler de ce texte tant je l'ai aimé. Voilà plusieurs semaines que j'en ai tourné la dernière page et il me hante encore.

Bien sûr, la pandémie actuelle a fait que cette lecture fut extrêmement immersive. Ce roman fait tant échos à ce qu'il se passe autour de nous. Il faut s'accrocher pour lire ce texte. Il faut se préparer à être chamboulé. Dans la forêt n'est pas un roman glauque ou violent, mais il reste dur dans le sujet qu'il traite : la survie dans une société qui s'effondre. Je pense que je le relirai souvent, car ils soulèvent tellement de questions que des relectures sont nécessaires.

Jean Hegland prône un retour à la nature. Même si ses deux héroïnes retournent à l'essentiel par la force des choses et non par choix, nous sentons bien que l'autrice reconnaît cette nécessité. Nous avons abusé de la Terre, de la Nature et nous devons faire en sorte de revivre en harmonie avec elle. Si ce rapprochement ne vient pas de nous, il se fera par un autre biais : une pandémie, une rupture de carburant, des phénomènes météorologiques, ... une succession d'événements qui déclenchera la fin du monde que nous connaissons. Je vous avais prévenus, il vaut mieux être préparé avant de l'ouvrir. Rassurez-vous cependant, Dans la forêt n'est pas un roman anarchiste ou extrémiste. Mais c'est cela qui fait toute sa force. C'est un roman réaliste, plausible, extrêmement simple au final. 

Nous suivons Nell et Eva dans leur survie. L'une étudie et dévore les livres, l'autre danse. En tant que lectrice ET danseuse, j'ai été en totale empathie avec ces deux sœurs. Nous les voyons s'organiser, réapprendre à vivre, se défaire de choses qui pourtant leur paraissaient essentielles avant. J'ai aimé ces deux personnalités très différentes mais attachantes.

J'ai souvent lu que jusqu'aux dernières lignes le lecteur se demande bien comment va faire Jean Hegland pour clôturer un tel roman. C'est vrai. Je me suis questionnée. J'ai imaginé une fin horrible, un happy end doux et positif…. J'ai tout imaginé …. sauf ce qui allait réellement se passer. Quelle fin ! Il ne pouvait pas en avoir d'autres. A l'image du roman, simple et vraie.


Gros coup de cœur de la fin d'année 2020. Un roman terriblement actuel à lire ABSOLUMENT!

" Je me suis réveillée dans l’obscurité en entendant la voix de ma sœur, en sentant ses mains fermes sur moi.
- Tout va bien, a-t-elle promis. C’était un rêve.
Alors même qu’elle disait cela, et que mon moi conscient acquiesçait, je crois que nous savions toutes les deux que les rêves viennent d’un lieu, quelque part, qui existe vraiment, qu’un rêve n’est que l’écho de ce qui a déjà été vécu."

3 commentaires:

FondantGrignote a dit…

Oh oui, comme tu dis, à lire absolument !! coup de coeur par ici aussi, il y a 2 ans. Bon week-end, Romanza !

Lilly a dit…

J'ai été complètement refroidie après avoir lu qu'il y avait une (des ? ) scènes d'inceste.
J'ai du mal avec Gallmeister, ils ont de très bons communiquants sur les réseaux sociaux, mais j'ai souvent été déçue dans mes tentatives avec leurs parutions. Je finirai sans doute par lire quand même ce livre, surtout que tu le recommandes, mais emprunté en médiathèque.

Romanza a dit…

Lilly : Je vois tout à fait de quelle scène tu parles! Il n'y en a qu'une seule. Elle m'a gênée et surprise. Je le reconnais. Il s'agit de la seule ombre au tableau. Je ne sais tellement pas quoi faire avec cette scène que je l'ai occultée je crois. Mais je ne sais pas comment te dire, la scène en question fait partie d'un tout et ne fait pas l'apologie de l'inceste. Elle est dérangeante et choquante, j'aurais aimé qu'elle n'existe pas, mais cependant, elle ne change rien à la qualité du roman. Même si je ne comprends pas ce choix de l'autrice et que je le cautionne pas, cette scène est inscrite dans la vie si "atypique" des deux soeurs, dans ce monde apocalyptique où tout est chamboulé.
C'est horrible car j'ai l'impression de justifier l'inceste ..... tu te doutes bien qu'absolument pas!!! Bref .... c'est un passage, court, gênant d'un roman que j'ai aimé!