jeudi 4 juin 2020

Caroline et Shirley

Shirley
Charlotte Brontë

Archipoche, 2018.


1812. Du fait des guerres napoléoniennes, la province du Yorkshire subit la première dépression industrielle de l'Histoire. Les temps sont durs, aussi bien pour les patrons que pour les ouvriers qui, menacés par l'apparition des machines-outils, fomentent une révolte. Robert Moore est l'un de ces industriels dont les filatures tournent à vide. La timide Caroline, sa cousine, est éprise de lui. Mais Robert est trop préoccupé par les émeutes et les ennuis financiers pour songer à un mariage si peu lucratif.

Voici un roman que j'ai bien eu du mal à terminer!
J'aime Charlotte Brontë pour Jane Eyre. J'aime profondément ce personnage. J'ai une relation avec lui qui est exceptionnelle, unique. Je reconnais que d'autres romans sont bien mieux écrits que Jane Eyre, mais c'est cette femme, petit bout de personne chétive, peu gracieuse, intelligente et sensible, à qui je voue un véritable culte. Ouvrir un autre roman de Charlotte Brontë a été difficile. J'appréhendais beaucoup. Même si Shirley possède des qualités indéniables, j'y ai peu retrouvé ce que j'aime dans Jane Eyre
Charlotte Brontë est, à mon sens, l'autrice d'une oeuvre majeure, les autres textes sont bien loin de Jane Eyre. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé Shirley. Mon intérêt a été parfois éveillé, notamment vers la fin qui m'a un peu réconciliée avec l'ensemble du roman. Shirley nous offre de très belles scènes et des pages féministes engagées très fortes. Ceci dit, le tout est long, bavard et très distant avec son lecteur. Je n'ai pas retrouvé la fougue et l'imagination de Jane EyreJe ne pense pas avoir été aveuglée par ma fascination pour Jane Eyre. Même si je n'avais jamais lu Charlotte Brontë avant de lire Shirley, j'aurais reconnu le manque de finesse et de richesse de ce texte. Shirley est plus pauvre ... c'est un fait.
Nous suivons dans Shirley deux personnages féminins intéressants : la douce et sage Caroline et la passionnée et engagée Shirley. Ces deux femmes vont s'aimer et s'entraider. J'ai aimé leur relation. J'ai aimé la gentillesse et la raison de Caroline. J'ai apprécié Shirley et son franc parler. L'oeuvre nous offre de jolis tableaux. Non dénuée d'humour, Charlotte Brontë se moque de la gente masculine, déconstruit les clichés. Dommage que le personnage masculin soit si insipide et le roman bien trop long. Si le roman ressemble à Nord et Sud de Gaskell dans son propos, la comparaison s'arrête là. Shirley n'a ni la profondeur ni le génie de Nord et Sud
Un texte à lire ... si on aime les romans anglais très lents. Ne vous attendez pas à trouver un roman passionnant et flamboyant comme Jane Eyre. Shirley est long et plein de défauts ... mais possède cependant un certain charme. 
" Une santé parfaite était un des bienfaits dont jouissait Shirley; elle n'était point nerveuse. De puissantes émotions pouvaient l'exciter et la dominer sans l'abattre: secouée et agitée pendant la tempête, elle retrouvait après l'orage sa fraîcheur et son dynamisme habituels. De même que chaque jour lui apportait ses stimulantes émotions, chaque nuit lui procurait un repos réparateur. Caroline la regardait en ce moment dormir, et lisait la sérénité de son âme dans la beauté et le calme heureux de son visage ".
(Photos : romanza2020)



1 commentaire:

Lilly a dit…

J'avais été un peu déçue par ma relecture de Jane Eyre, mais je projette de relire Charlotte depuis longtemps. Peut-être que "Villette" serait un meilleur choix.