En un monde parfait
Laura Kasischke
Le livre de poche, 2011.
Jiselle, la trentaine et toujours célibataire, croit vivre un véritable conte de fées lorsque Mark Dorn, un superbe pilote, veuf et père de trois enfants, la demande en mariage. Sa proposition paraît tellement inespérée qu'elle accepte aussitôt, abandonnant sa vie d'hôtesse de l'air pour celle, plus paisible croit-elle, de femme au foyer. C'est compter sans les absences répétées de Mark, les perpétuelles récriminations des enfants et la mystérieuse épidémie qui frappe les États-Unis, leur donnant des allures de pays en guerre. L'existence de Jiselle prend alors un tour dramatique...
Voici mon quatrième roman de Laura Kasischke et j'en ressors de nouveau très enthousiaste. N'arrivant pas à la hauteur d'Esprit d'hiver qui reste indétrônable, En un monde parfait m'a cependant extrêmement surprise et j'ai beaucoup aimé cette lecture. Prendre un roman de Kasischke, pour moi, c'est être sûre d'ouvrir un "page-turner" intelligent, percutant et marquant. Moi qui suis une grande amoureuse des classiques et qui ne lit presque que ça, je suis surprise d'aimer beaucoup cette autrice américaine écrivant des histoires actuelles assez sombres, satiriques, parfois violentes. Mais Laura Kasischke a une vision intéressante de la société et j'aime retrouver cet univers typiquement américain qui se fissure et ces personnages qui s'étiolent.
En un monde parfait m'a surprise car je m'attendais, tout comme dans Esprit d'hiver, Rêve de garçons et A moi pour toujours, à une montée en puissance pour finir par une révélation finale glaçante. Il n'en est rien ici ... et c'est cela qui m'a énormément séduite. En un monde parfait est un huis clos extrêmement émouvant. Dans ce roman, on revient aux bases de ce que devraient être les rapports humains. Isolée de force avec ses trois beaux-enfants, la fragile Jiselle va se découvrir à elle-même, mûrir, prendre confiance. Les liens qui se tissent entre chaque personnage sont sublimes et d'une grande émotion. Je me suis peu attardée sur l'épidémie qui oblige Jiselle à se retrancher, bien que ce sujet soit très bien traité. Même si le lecteur se pose automatiquement la question de ce qu'il ferait dans pareil cas, je dois admettre ne pas être totalement rentrée dans cet aspect là du roman. J'ai surtout été fascinée par la psychologie des personnages, les émotions de chacun, leurs faiblesses, leurs blessures. Je me suis vraiment attachée à cette famille isolée, à leur rythme de vie bouleversé, leurs joies simples et leurs partages. Comme dans tous les romans de Kasishke, les petits riens du quotidien sont très importants. Certains lecteurs risquent de s'y ennuyer. En ce qui me concerne, je m'y love avec bonheur à chaque lecture. Comme toujours également, il a fallu accepter de terminer le livre où Kasischke avait décidé de le finir, accepter de ne pas tout savoir, de laisser les secrets et les non-dits là où ils étaient.
Un roman à lire et surtout, une autrice à découvrir.
" Sa mère lui avait demandé : "Quel genre de femme consent à épouser un homme qu'elle connaît depuis trois mois ? Un homme qui a trois enfants? Un homme dont elle n'a pas rencontré les enfants ? "Si Jiselle avait été un type différent de fille ou de femme, elle aurait pu répondre : "Le genre de femme que je suis maman" ; mais même au temps de son adolescence, alors que sa meilleure amie lançait communément à la tête de sa propre mère "Salope, je te déteste!" Jiselle présentait des excuses à la sienne pour n'avoir pas dit "s'il te plaît" en redemandant de la salade.Au lieu de cela, elle répondit : "Je l'aime, maman". Sa mère eut un reniflement dégoûté. "(En un monde parfait, L. Kasischke)
(Photos : Romanza2019)
3 commentaires:
Je dois avoir deux titres de cet auteur chez moi depuis des années et je ne l'ai toujours pas lu. Il faut dire que je ne lis pas beaucoup d'Américains depuis un moment, mais ton avis me rappelle que j'ai tout intérêt à piocher dans ma PAL américaine :)
C'est l'un de mes préférés de l'auteur (dont j'ai presque tout lu) ! J'aime vraiment l'ambiance qui se dégage de ce roman.
Je n'ai rien lu d'elle hormis Esprit d'hiver que j'avais adoré !
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