Gloire tardive
Arthur Schnitzler
La vie du vieux fonctionnaire Edouard Saxberger bascule le jour où un inconnu frappe à sa porte. Un jeune poète vient lui dire son admiration et celle de ses camarades pour l'unique œuvre lyrique qu’il a publiée jadis... Ramené au souvenir de ses lointaines ambitions, grisé par ce groupe qui l'adule et l'invite à rejoindre son cercle, Saxberger oscille entre le rêve de débuter une nouvelle carrière littéraire et la tentation de retrouver la « sourde et molle quiétude » de son existence bourgeoise.
Dans ce texte inédit récemment découvert, Schnitzler fait le portrait d'un vieil homme tourmenté par l'impossible désir de rajeunir, en même temps qu'il brosse le tableau drôle et impitoyable d'un microcosme artistique plus actuel qu'il n'y paraît, où règnent la prétention, la vacuité, la mesquinerie et l'obsession de la publicité.
D'Arthur Schnitzler, je n'avais lu que le sublime Mademoiselle Else. J'ai retrouvé avec plaisir la plume délicate de l'écrivain allemand. Même si Gloire tardive ne m'a tenue en haleine aussi bien que Mademoiselle Else, j'ai dégusté ce court roman. L'histoire d'Edouard Saxberger est touchante. J'ai aimé la critique fine et sensible de Schnitzler sur ce monde de paraître et de faux semblants. Le personnage de mademoiselle Gasteiner est délicieusement énervant et exaspérant. Ce monde qui se complaît dans l'autosatisfaction est merveilleusement bien décrit. On suit avec tendresse Saxberger dans cette gloire tardive qui vient bousculer son train-train. Cette histoire m'a rappelé, en bien moins tragique, l'histoire du vieux professeur de L'ange bleu qui chamboule toute sa vie pour les beaux yeux de Marlene Dietrich. Saxberger est moins passionné, moins romantique que le professeur du film, il ne se laisse pas longtemps berner par les artifices de ses nouveaux amis. Cependant, l'image de cet homme tranquille bousculé dans ses habitudes et sa routine est assez similaire.
Un roman de qualité à découvrir. Je compte lire très vite Vienne au crépuscule qui me fait terriblement envie.
" C'est toujours la même chose. Au début on se contente du plaisir que l'on prend à créer et de l'approbation des rares personnes qui nous comprennent. Mais en cours de route quand on voit tout qui monte à côté de soi, tout ce qui se fait un nom, et même, accède à la célébrité, on en vient à se dire qu'il serait même bon d'être enfin écouté et reconnu à son tout. Mais à partir de là, gare aux déceptions ! La jalousie de ceux qui n'ont aucun talent, la superficialité et la malveillance des critiques et surtout l'effroyable indifférence de la multitude. On finit par se sentir las, las, las. On aurait encore beaucoup à dire mais personne ne veut écouter et on finit par oublier qu’on été soi-même l'un de ceux qui voyaient grand, qui avaient peut-être créé quelque chose de grand ".
(Photos : Romanza2018)
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