Le général du roi
Daphné du Maurier
Challenge Myself 2014
Livre de poche, 1969.
Quel rôle reste-t-il à la femme quand les hommes sont en guerre ? C'est à cette question, vieille comme Homère. que répond ce roman violemment secoué par l'Histoire (nous sommes dans l'Angleterre du XVIIe siècle, en pleine guerre civile). Un livre publié en 1945 et composé dans l'urgence... au sortir d'une tout autre guerre. Soit une sorte de récit de cape et d'épée subtilement dévoyé... L'héroïne en est une femme, et les hommes - même quand ils sont dans le " bon camp " - sont loin d'y avoir le beau rôle. Mieux (ou pis), la jeune femme en question, qui cultive un goût de la liberté ignorant toute entrave, se trouve dès le début du livre et jusqu'à la fin de tout condamnée à l'immobilité d'un fauteuil d'infirme... Une troublante méditation sur la fidélité et l'honneur, qui poussés à leur extrême n'hésitent pas à courir le plus beau risque : celui de l'indignité. L'un des plus grands Du Maurier.
(Quatrième de couverture de l'édition Libretto, Phébus)
Première lecture de mon challenge Myself ... et quelle lecture! Je sais que Daphné du Maurier est une valeur sûre, mais elle arrive encore à m'épater. Chaque roman possède un souffle puissant et unique.
C'est la première fois que je lis Daphné du Maurier dans un genre historique. Je ne connaissais absolument rien des révolutions anglaises et j'ai appris beaucoup en lisant son roman. Je suis allée fouiller sur le net pour trouver des informations et grâce à elle, j'ai découvert une période de l'Histoire anglaise qui m'était totalement inconnue. J'ai toujours aimé les romans historiques et retrouver Daphné du Maurier dans ce genre m'a ravie. Difficile de souffler avec ce récit fougueux et passionné. Les pages se tournent et s'enchaînent sans laisser de répit au lecteur.
On retrouve les thèmes chers à Du Maurier. Le général du roi nous plonge dans des péripéties addictives, des mystères attendent d'être révélés, on loge dans une demeure pleine de secrets, on croise des personnages troubles nous laissant un sentiment mitigé, ami ou ennemi?
J'ai adoré le personnage de Honor. Elle refuse que l'on s’apitoie sur son sort et parle très peu de son accident et de son infirmité. Elle est fière, digne, combative. On ne peut que, je pense, se sentir admirative et respectueuse devant une telle personnalité. Nous vivons l'histoire entièrement à travers ses yeux, ce qui la rend proche, intime. Elle nous livre ses désirs les plus secrets, ses envies de femme, ses frustrations et ses doutes. Daphné du Maurier sait créer comme personne ces personnages féminins humains, forts et indépendants, même si elles ne le sont pas de corps, tout comme Honor, elles restent indépendantes d'esprit et de volonté.
Richard est un peu un Rhett Butler anglais. Assez antipathique, imbu de lui-même, égoïste et prétentieux, il m'a énervé assez régulièrement durant ma lecture voire même choqué. Mais étrangement, tout comme Honor, on ne peut pas ne pas être un brin séduite. Que voulez-vous? Esprit tordu de femme. J'ai compris ce sentiment que ressent Honor. Elle est consciente de la violence et des terribles défauts du caractère de Richard, mais elle l'aime, c'est ainsi. Les moments où elle sent la volupté l'envahir sans pouvoir la combattre sont très parlant. D'ailleurs, j'ai trouvé leur relation extrêmement sensuelle ... et physique. Pourtant Honor est infirme et ses désirs sont emprisonnés dans son corps immobile. Il y a une forte tension sensuelle entre Honor et Richard.
Pour les autres personnages, je me suis (je l'avoue) un peu mêlée les pinceaux par moment, certains membres de la même famille portant des prénoms identiques et Honor ayant un assez grand nombre de frères et soeurs. Mais ça n'entrave pas la lecture et la fluidité de l'ensemble. Les personnages les plus marquants sont, par leur prestance et leur personnalité, bien identifiables. C'est le cas, entre autre, de Gartred, la soeur de Richard. J'ai adoré ce personnage. Pour le coup, elle serait une sorte de Scarlett O'Hara ... en moins frivole et superficielle. Elle est prête à tout pour son confort et sa réussite, use allègrement de ses charmes, ne connaît que très peu la pitié et la compassion. Un personnage complexe que j'ai beaucoup apprécié. J'ai eu du mal à détester ce personnage de "méchant" pourtant terrifiant.
Comme tous les autres romans de Du Maurier que j'ai lu, Le général du roi est à découvrir. C'est un roman très fort qui soulève beaucoup de questions sur la place de la femme dans la société et son rôle dans l'Histoire ... surtout si la femme en question est infirme et refuse de rester cloîtrer dans sa chambre en laissant les événements glisser sur elle. Encore un roman nous prouvant que l'horizon des femmes était limité à ce que leurs yeux pouvaient voir et que tout leur avenir ne dépendait que des hommes, maris, frères, pères. Révoltant!
" Je les entendis rire sous ma fenêtre, puis monter sur leurs chevaux et galoper dans l'avenue. J'étais sur mon lit, contemplant le plafond. Il me semblait que mon poirier, si longtemps d'un blanc pur, éblouissant, avait perdu un peu de son éclat, qu'il était redevenu, après tout, un poirier ordinaire; mais cette idées qui 'eût jetée plus tôt dans un abîme de tourments, je pouvais, à trente-quatre ans, la supporter avec sérénité. "
(Le général du roi, Daphné du Maurier, Livre de poche, 1969, p 240).
On retrouve les thèmes chers à Du Maurier. Le général du roi nous plonge dans des péripéties addictives, des mystères attendent d'être révélés, on loge dans une demeure pleine de secrets, on croise des personnages troubles nous laissant un sentiment mitigé, ami ou ennemi?
J'ai adoré le personnage de Honor. Elle refuse que l'on s’apitoie sur son sort et parle très peu de son accident et de son infirmité. Elle est fière, digne, combative. On ne peut que, je pense, se sentir admirative et respectueuse devant une telle personnalité. Nous vivons l'histoire entièrement à travers ses yeux, ce qui la rend proche, intime. Elle nous livre ses désirs les plus secrets, ses envies de femme, ses frustrations et ses doutes. Daphné du Maurier sait créer comme personne ces personnages féminins humains, forts et indépendants, même si elles ne le sont pas de corps, tout comme Honor, elles restent indépendantes d'esprit et de volonté.
Richard est un peu un Rhett Butler anglais. Assez antipathique, imbu de lui-même, égoïste et prétentieux, il m'a énervé assez régulièrement durant ma lecture voire même choqué. Mais étrangement, tout comme Honor, on ne peut pas ne pas être un brin séduite. Que voulez-vous? Esprit tordu de femme. J'ai compris ce sentiment que ressent Honor. Elle est consciente de la violence et des terribles défauts du caractère de Richard, mais elle l'aime, c'est ainsi. Les moments où elle sent la volupté l'envahir sans pouvoir la combattre sont très parlant. D'ailleurs, j'ai trouvé leur relation extrêmement sensuelle ... et physique. Pourtant Honor est infirme et ses désirs sont emprisonnés dans son corps immobile. Il y a une forte tension sensuelle entre Honor et Richard.
Pour les autres personnages, je me suis (je l'avoue) un peu mêlée les pinceaux par moment, certains membres de la même famille portant des prénoms identiques et Honor ayant un assez grand nombre de frères et soeurs. Mais ça n'entrave pas la lecture et la fluidité de l'ensemble. Les personnages les plus marquants sont, par leur prestance et leur personnalité, bien identifiables. C'est le cas, entre autre, de Gartred, la soeur de Richard. J'ai adoré ce personnage. Pour le coup, elle serait une sorte de Scarlett O'Hara ... en moins frivole et superficielle. Elle est prête à tout pour son confort et sa réussite, use allègrement de ses charmes, ne connaît que très peu la pitié et la compassion. Un personnage complexe que j'ai beaucoup apprécié. J'ai eu du mal à détester ce personnage de "méchant" pourtant terrifiant.
Comme tous les autres romans de Du Maurier que j'ai lu, Le général du roi est à découvrir. C'est un roman très fort qui soulève beaucoup de questions sur la place de la femme dans la société et son rôle dans l'Histoire ... surtout si la femme en question est infirme et refuse de rester cloîtrer dans sa chambre en laissant les événements glisser sur elle. Encore un roman nous prouvant que l'horizon des femmes était limité à ce que leurs yeux pouvaient voir et que tout leur avenir ne dépendait que des hommes, maris, frères, pères. Révoltant!
" Je les entendis rire sous ma fenêtre, puis monter sur leurs chevaux et galoper dans l'avenue. J'étais sur mon lit, contemplant le plafond. Il me semblait que mon poirier, si longtemps d'un blanc pur, éblouissant, avait perdu un peu de son éclat, qu'il était redevenu, après tout, un poirier ordinaire; mais cette idées qui 'eût jetée plus tôt dans un abîme de tourments, je pouvais, à trente-quatre ans, la supporter avec sérénité. "
(Le général du roi, Daphné du Maurier, Livre de poche, 1969, p 240).
(Source image : Jeune fille lisant, Franz Eylb. Linternaute.com)
7 commentaires:
Je l'avais noté ! J'ai aimé tous les romans de Du maurier pour l'instant !
Je trouve ta comparaison Gatred/Scarlett très intéressante, je n'y avais pas pensé. Je trouve Richard assez irrésistible aussi (du moins je comprends Honor), mais pour moi il est beaucoup moins bien que Rhett Butler, faut pas pousser.
Ce livre est celui que j'ai préféré dans tous ceux que j'ai lus de Du Maurier pour l'instant, donc ton billet me ravit.
Je l'ai relu cette année et comme toi, j'ai vraiment beaucoup aimé.
Honor est un personnage passionnant.
Et comment résister au charme de Richard? C'est vrai que c'est un Rhett Butler anglais. Même si je dois avouer que je préfère quand même le héros de Margaret Mitchell...
Les relations entre Honor et Richard sont emplies de passion et donnent un grand souffle romanesque à cet ouvrage.
Maggie : Pareil!!!
Lilly : Bien sûr que Rhett est plus ..... irrésistible! Cela va de soi! ;)
Claire : Oui, les relations Honor/Richard sont un gros point positif. J'ai aimé leur complexité!
Comme je le disais dans un autre coin, peut-être ce livre me réconciliera-t-il avec Daphné Du Maurier.
J'ai bien envie de le lire pour le mois anglais :-) ou l'auberge de la jamaïque, dont le nom me fait rêver depuis l'enfance :-)
Kidae : Peut-être ... Je te conseille surtout Rebecca pour te réconcilier ;)
Yueyin : Je ne peux que te conseiller de lire et relire Du Maurier. L'auberge de la Jamaïque est excellent aussi. Un délice de suspense! Les deux sont très différents ... ça dépend de ce que tu recherches!
Enregistrer un commentaire