dimanche 6 avril 2014

Les murs n'ont pas que des oreilles ... Ils ont des bouches aussi!

Du domaine des murmures
Carole Martinez

 Folio, 2013.


En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... 
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte. 
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.

Le coeur cousu m'avait bouleversée il y a quelques années. Même si, je dois bien l'avouer, aujourd'hui, il ne me reste que peu de choses de ce roman, ce fut tout de même une belle découverte et un agréable moment de lecture.
J'ai découvert avec grand plaisir le curieux Du domaine des murmures offert par ma chère Lou
On y retrouve tout ce qui fait le talent de Carole Martinez, l'art du conte, le merveilleux, un "réalisme magique" à la manière de Gabriel Garcia Marquez. C'est ce que j'aime chez cette femme. Elle nous susurre des histoires fabuleuses, des légendes envoûtantes, elle nous prend la main et nous emmène dans son monde. Alors, c'est vrai que la magie n'opère pas longtemps et que j'ai vite oublié l'intrigue de son premier roman. Mais j'ai gardé des sensations, des émotions, des images. Du domaine des murmures me laissera sûrement le même sentiment dans quelques temps. 
Les chapitres se dévorent, l'histoire d'Esclarmonde est touchante, tragique, passionnante. J'ai été émue par le destin de cette jeune fille et du peu de choix qui s'offrait à elle (un écho intéressant à ma précédente lecture traitant aussi de la condition féminine). Je ne dévoilerai pas tous les secrets de ce roman, mais je peux juste dire que certains passages ont su toucher mon cœur de façon très sensible. Et je ne serais sûrement pas la seule en tant que femme et en tant que mère dans ce cas. 
J'aime les romans se passant au Moyen âge et j'ai apprécié vivre dans ce monde plein de croyances et de superstitions. La domination des hommes et de leurs envies, le poids de la religion, la terreur des hérésies, ... bien que ce roman soit court, j'ai trouvé ces sujets assez bien traités et de façon fine et subtile. 
Un roman facile et simple à lire avec une pointe d'originalité dans l'écriture, pleine de poésie et de merveilleux. Un contexte historique intéressant malgré un nombre de pages réduit qui ne permet pas de fouiller le sujet à fond. Une héroïne atypique et humaine. Un message profond et émouvant. 
Un joli roman-détente qui se lit vite. A découvrir!

" Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi ".
(Du domaine des murmures, C. Martinez, Folio, 2013)


(Source image : Ophelia de William Waterhouse. artsrtlettres.ing.com)

5 commentaires:

maggie a dit…

J'avais bien aimé l'évocation du Moyen Age ! Oui, et une belle écriture

FondantOchocolat a dit…

Bonjour ! J'ai déjà croisé plusieurs articles vantant les qualités de ce roman... "Le cœur cousu" m'avait heurtée (je l'avais trouvé très dur) mais celui-là, je crois qu'il "coulerait" mieux :-)...

Praline a dit…

Il me reste la petite musique de ces livres de C. Martinez, une ambiance, un style, guère plus. Mais c'est un souvenir plutôt positif.

Eline a dit…

je garde un trsè bon souvenir de ce livre

Romanza a dit…

Maggie : c'est ça ;)

Fondant : Il est assez dur aussi! Mais peut-être mon mélancolique ... quoi que!

Praline : Un peu pareil!

Eline : Il est bien, c'est vrai