mardi 18 juin 2013

" Elle avait pris la vieillesse comme elle était venue, et l'avait laissée arriver à grands pas. "

Mrs Palfrey Hôtel Claremont
Elizabeth Taylor

Payot rivages, 2011.

 Publié en 1971 en Angleterre et sélectionné pour le Booker Prize, "Mrs Palfrey, Hôtel Claremont" fut salué par la critique comme l'un des romans essentiels de cette romancière anglaise. 
Veuve, Mrs Palfrey s'installe dans un hôtel qui est en fait une résidence pour personnes âgées. Chaque pensionnaire, afin de distraire la monotonie des menus et des conversations, applique la stratégie du temps qui reste, et la drôlerie le dispute sans cesse à l'émotion. Un jour, Mrs Palfrey rencontre Ludo, un jeune écrivain qu'elle fait passer pour son petit-fils, et cette "aventure" qui bouleverse sa vie fera d'elle une "vieille dame indigne" délicieusement britannique.

Je ne pouvais pas choisir un roman plus "anglais" que celui de Mrs Taylor
Imaginez un vieux pensionnat pour personnes âgés, des salons à la "Agatha Christie" où les habitants des lieux se dévisagent, s'analysent ... dans la plus pure étiquette britannique, la plus profonde politesse. Un délice! 
Il ne se passe pas grand chose dans ce salon anglais et pourtant, on y retrouve toutes les angoisses de l'être humain : la peur de la mort, de la solitude, l'isolement, la vieillesse, la maladie. Un très beau roman que j'ai trouvé profondément délicat, tout en retenue et pourtant extrêmement satirique. Elizabeth Taylor dénonce les faux semblants, les mœurs puritaines qui nous poussent aux mensonges ... même pour cacher des choses pures et simples, comme l'amitié. 
J'ai souvent souri aux touches d'humour très anglaises (" Encore un dimanche presque passé ", déclara rapidement Mrs Post pour masquer un petit pet. Elle avait de la présence d'esprit. " p 58), mais j'ai aussi été très émue par la belle plume d'Elizabeth Taylor. Il y a beaucoup d'humanité et de compassion dans ces pages. Bien que très fine et discrète, l'histoire entre Mrs Palfrey et Ludo est très émouvante. Ces deux êtres solitaires s'aiment, s'aident, se consolent. 
Un beau et sensible roman ... Je compte bien relire la plume d'Elizabeth Taylor.

" Dans le salon, on sortit les tricots. Il y eut même une amorce de conversation à bâtons rompus. Mrs Palfrey n'ignorait pas que, dans un hôtel de ce genre, chaque client dispose d'un fauteuil attitré. Sachant comme d'habitude comment se comporter, elle s'assit pour cette première soirée dans un endroit assez sombre, près de la porte et dans un courant d'air, s'enveloppa les épaules de son étole puis ouvrit son Agatha Christie. "
(Mrs Palfrey Hôtel Claremont, E. Taylor, Payot rivages, 2011, p 12)

(Source image : commons.wikimedia.org)


9 commentaires:

sylire a dit…

J'ai ce livre dans ma PAL. Je m'en réjouis après avoir lu ton billet.

Lou a dit…

eh bien ce billet me donne plus envie de découvrir cet auteur que curieusmeent je n'ai toujours pas lu :) ça me parle plus que "Angel", je ne sais pas pourquoi !

Romanza a dit…

Sylire : Tant pieux ;)

Lou : Je pense vraiment que ce roman sas prétention mais très profond te plaira!

Romanza a dit…

"sans" plutôt que "sas"

Miss Léo a dit…

J'aime beaucoup cet auteur, que je n'ai cependant pas relu depuis très longtemps ! Tu me donnes envie de découvrir ce titre.

Titine a dit…

Je n'ai jamais lu Elizabeth taylor mais ton billet me plait beaucoup. Je le note !

Karine:) a dit…

Je n'ai lu qu'un roman de l'auteur, que j'ai beaucoup aimé. J'ai commandé celui-là depuis quelques semaines... et j,attends toujours! Mais tu m'encourages!

maggie a dit…

Cela me rappelle que j'avais un roman de cette romancière. il faudrait que je le resorte vite car ce que tu en dis me séduit...

Matilda a dit…

Je ne sais plus où j'étais tombée sur cette auteure (il me semble un article de blog qui parlait de ce livre aussi), mais en tout cas ton billet me donne encore plus envie de m'y mettre. Il faut que je me le dégote à la bibli. la prochaine fois que j'y vais.