lundi 29 mars 2010

" Dans sa beauté, je vois la mienne. "

Precious (Push)
Sapphire

Points, 2010.

Precious, seize ans, claque la porte. Elle ne se laissera plus cogner par sa mère, ni violer et engrosser encore une fois par son père. Jamais. Virée de l'école, elle envisage une nouvelle vie, loin de Harlem et du ghetto afro-américain de son enfance. Elle veut apprendre à lire et à écrire, raconter son histoire à travers des poèmes et élever dignement son fils.

Que dire?
Ce livre est dur. On n'en sort pas indemne. L'histoire de Precious dépasse l'entendement. Violée par son père qui lui fait deux enfants, un à l'âge de douze ans qui naîtra trisomique, l'autre à seize ans, l'âge qu'a Precious lorsqu'elle nous raconte son histoire. Battue, humiliée, violée également par sa mère, Precious n'a personne. L'amour pur, simple, doux, elle ne connait pas. Et pourtant, malgré cela, Precious est une jeune fille douce, pleine d'espoir, de rage positive, une jeune femme qui aime ses enfants, qui a plein d'amour à donner. On aime Precious, ce petit être précieux, nécessaire, symbole de tous les enfants battus et violés.
Certes, certaines scènes de ce roman sont presque insoutenables. Mais jamais Sapphire ne tombe dans le voyeurisme. C'est Precious qui nous raconte sa vie avec ses mots, ses émotions, sa franchise, sa douleur. Sapphire ne tombe pas non plus dans le larmoyant poussé à l'extrême. Precious raconte les faits et ne cherche pas à nous faire sortir les larmes absolument. Elle raconte sa vie ...
Malgré tous les aspects sombres et violents de ce roman, c'est un livre d'espoir, de vie, d'amour. Precious apprend à lire, tente de s'en sortir, lutte avec un amour de la vie incroyable. Grâce à des personnes qui souffrent ou ont souffert, des personnes qui la comprennent, Precious va apprendre à vivre, à s'accepter, à s'aimer.
Et puis, il y a cette écriture. Celle d'une jeune femme qui apprend à lire et à écrire, qui se met nue devant nous, avec ses fautes d'orthographe et sa dyslexie. Precious est franche, vraie, honnête ... belle.
Un roman nécessaire, une belle leçon d'optimisme. Une grosse claque.

Le roman La couleur pourpre d'Alice Walker est très souvent cité. Je le note, j'ai très envie de le lire.
Pour ceux que ça intéresse, la bande annonce du film Precious actuellement au cinéma et adapté du roman de Sapphire.


" Ça me fait penser comme dit Rhonda, comme dit Farrakhan - y a un dieu. Mais moi quand j'y pense je penche plutôt avec Shug dans La couleur pourpre. Dieu est pas blanc, il est pas ni juif ou musulman, ptête qu'il est même pas noir, ptête que c'est même pas un "il". /.../ Je me rappelle de quand j'ai eu ma fille, l'infirmière gentille avec moi - tout ça c'est dieu. Shug dans La couleur pourpre a dit que c'est la "merveille" des fleurs pourpres. Je suis d'accord, même que j'ai jamais vu ni eu aucune fleur comme celle qu'a parle."
(Precious, 2010, p167)

(Source image : nanou10.bloguez.com)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu donne envie de le lire ... mais j'ai eu mon lot de lectures glauques et prenantes avec Anges de Julie Grelley ...

Romanza a dit…

Matilda : Alors attends un peu avant de te plonger dans celui-là!

LN a dit…

Je n'ai pas lu le livre mais le film a aussi été une grosse claque pour moi...