lundi 18 février 2008

"Il faut laisser aux gens qu'on aime le droit de disparaître"

Déloger l'animal
Véronique Ovaldé

Actes Sud, Babel, 2007.


Rose a une quinzaine d'années mais elle en paraît sept, dans son corps comme dans sa tête. Elle vit avec ses parents dans une ville de bord de mer inondée de soleil. Elle aime monter sur le toit de l'immeuble, regarder le couchant au-delà des palmiers et surveiller ses lapins en attendant le retour de sa mère. Un soir, celle-ci ne rentre pas. Le cliquetis de ses talons aiguilles, l'éclat synthétique de sa perruque blonde, le velours de sa voix disparaissent en même temps qu'elle. Face à l'inquiétante insouciance de son père, à l'inertie des adultes, la petite Rose réinvente l'histoire, se dissout dans une vie rêvée... Un roman magnifique sur la confrontation de l'enfance absolue à l'aridité des choses, sur la rencontre entre l'imaginaire et le tumulte de l'adolescence.


Lors de sa sortie en 2005, ce roman m'avait attirée, ensorcelée, un véritable coup de foudre. Une belle édition, une illustration mystérieuse, enfantine. Il a fallu attendre deux ans avant que je me décide à le lire ... et bien, le coup de foudre s'est transformé en une vraie histoire d'amour. Quel roman! C'est un véritable coup de coeur. Une écriture pudique, fine, poétique, unique ; Une histoire incroyablement belle et originale ... Ce roman est une perle rare. J'ai cru pleurer à chaque phrase. L'histoire de cette petite Rose m'a littéralement bouleversée. A la fois extraordinaire et banale, poétique et réaliste, je n'ai jamais lu un récit si imaginatif et divers. C'est court et pourtant extrêmement recherché et complexe.
Les personnages prennent vie devant nos yeux, on s'attache à eux très vite. Malgré les quelques 160 pages de ce livre, on devient vite proche de leur histoire. On rentre tout de suite dans ce monde si envoûtant et particulier.
On pourrait regretter qu'il ne soit pas plus long, mais tout est tellement parfait que rien ne doit y être changé ...
Un petit bijou de bouquin ...Je n'ai qu'un seul conseil : précipitez-vous!

J'ai retrouvé le même esprit, la même ambiance que dans la magnifique pièce de théâtre d'Amanda Sthers : Le vieux juif bonde. A decouvrir également!

" Le matin, ma mère traînait les pieds sur le carrelage de l'appartement en trimballant son bol de thé, elle était maquillée, les yeux charbonneux et la bouche vive, mais il faisait si chaud qu'elle ne pouvait s'asseoir, la combinaison lui aurait collé aux fesses, elle restait donc debout, allumant sa cigarette au bout rougeoyant de la précédente, lisant un livre de poche tout corné, un roman guimauve, sur un coin de bar de la cuisine, feuilletant un magazine, ou agitant la télécommande de derrière le bar pour choper le rayon infrarouge et changerles chaînes de la télé ... "

(Déloger l'animal, Babel, p26-27)

(Source de l'image : nyanland.blogspot.com)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne l'ai pas encore lu, mais à voir toute l'émotion que ce livre t'a procurée, j'ai bien envie de me laisser tenter !!

Romanza a dit…

Oh oui! Fonce belle Florinette!

Anonyme a dit…

Tout comme Florinette... après un tel billet, comment résister!!! Je souligne!

Pauline a dit…

J'ai beaucoup aimé ce roman aussi!

Romanza a dit…

C'est vrai qu'il est splendide!

Je file faire un tour sur ton blog Pauline!!