jeudi 31 juillet 2008

Plus qu'un ...


- Un livre avec une couleur dans le titre : Le pays du dauphin vert - Elisabeth Goudge
- Un livre avec un nom d'animal dans le titre : Un crocodile sur un banc de sable - Elizabeth Peters
- Un livre avec un prénom dans le titre : La passion selon Juette - Clara Dupont-Monod
- Un livre avec un nom de lieu géographique dans le titre : Impératrice de Chine - Pearl Buck
- Un livre avec un phénomène météorologique dans le titre : La planète aux vents de folie - Marion Zimmer Bradley

- Un livre avec un nom de plante dans le titre : La colline aux gentianes - Elisabeth Goudge

Ce qu'il adviendra de nous ...

La planète aux vents de folie
La romance de Ténébreuse
Marion Zimmer Bradley
(Défi Le nom de la rose 2008)

Pocket, 1977.

Avant tout, quelques explications.

La planète aux vents de folie fait parti d'une série de romans composant La romance de Ténébreuse. Cette série est constituée de plus d'une vingtaine de livres. Certains divisés en plusieurs tomes. Chaque livre peut être lu indifféremment. Le récit se situe toujours dans le monde de Ténébreuse, mais les personnages changent, les situations ne sont pas les mêmes, etc ... Ceci dit, comme dans toute histoire, un ordre chronologique existe que l'on peut décider se suivre ou non. Moi, j'ai décidé de commencer par le commencement. Je pense que l'on voit ainsi mieux les évolutions du peuple de Ténébreuse, l'histoire de cette planète, ... Enfin, chaque lecteur fait comme il veut, mais pour ceux que ça intéresse de lire la romance dans l'ordre chronologique comme moi, le voilà :

La planète aux vents de folie ; Reine des orages ; La belle fauconnière ; Le loup des Kilghard ; Les héritiers d'Hammerfell ; Redécouverte ; La chaîne brisée ; La maison des amazones ; La cité des mirages ; L'épée enchantée ; La tour interdite ; L'étoile du danger ; La captive aux cheveux de feu ; Soleil sanglant ; L'héritage d'Hastur ; L'exil de Sharra ; Projet Jason ; Les casseurs de monde ; La chanson de l'exil ; La Matrice fantome ; Le Soleil du Traitre.

Egaré dans l'espace à la suite d'un orage gravitationnel, un astronef s'écrase sur une planète inconnue. Les survivants - des membres de l'équipage, des pionniers que le vaisseau transportait vers une colonie lointaine au fond des étoiles - pourront-ils le réparer et repartir vers leur destination initiale ? Ils n'ont d'autre moyen d'y arriver que de reconstituer les machines nécessaires à partir des matériaux locaux, au risque de détruire l'écologie de la planète. Mais voici que se lèvent les vents de folie apportant avec eux des pollens aux mystérieux pouvoirs. Parmi les survivants, certains veulent s'établir sur place, abandonner la civilisation industrielle et s'adapter à cet environnement étrange. Ils doivent apprendre le prix à payer pour que cette étrange planète consente à les accepter dans son sein...


Je ne lis jamais de science fiction. Pourtant je n'ai rien contre. Le seul roman SF que j'ai lu était Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley et j'avais d'ailleurs adoré. Et depuis des années, je dévore de temps en temps les albums de Yoko Tsuno. Mais à part ça, nada! C'est sûrement parce que je ne suis pas une folle de technologie et que je préfére la description d'un beau paysage plutôt que de l'astronef C321 à pulsion rotative ... Pourtant, l'espace me fascine (comme j'ai pu rêver enfant en regardant Star Wars), l'aventure aussi et les questions éthiques des avancées scientifiques également. Mais je ne sais pas ... je ne vais pas d'instinct vers ce style de romans.

En tout cas, je me suis laissée tenter par La planète aux vents de folie de Marion Zimmer Bradley, car je suis à genou devant cette auteure majestueuse depuis ma découverte des Dames du lac. Je m'étais dit que venant d'elle, ça ne pouvait qu'être superbe.

Superbe n'est pas le mot. Mais j'ai tout de même beaucoup aimé. Déjà, parce qu'il n'y a pas de description de l'astronef C321 à pulsion rotative. C'est futuriste, c'est vrai, mais ça reste beau, bien écrit. Son amour des beaux paysages se sent dans chaque page. C'est d'ailleurs, le thème majeur de ce roman : le retour à la Nature. Des hommes sont égarés sur une planète inconnue. Aucunes solutions de retour. Ils devront donc reprendre leur existence comme elle était avant l'apparition des technologies modernes.
J'ai aimé l'idée que ces terriens vont devoir reprendre le procédé de l'évolution pour survivre. Apprendre à se servir de l'environnement, élever des animaux, cultiver, ... Par contre, un nouveau don va remplacer la technologie perdue : la télépathie. Les habitants de cette planète seront touchés par le pollen d'une plante mystérieuse qui va renforcer leur faculté sensorielle.

Beaucoup d'aventures et de mystères dans ce court roman. Tout y est pour nous mettre l'eau à la bouche et avoir envie de continuer la série. Des choses sont évoquées, mais pas totalement dévoilées ... Futée madame Bradley.

Ce tome est le seul de la série à être un peu futuriste, car il parle de la naissance du peuple de Ténébreuse, de son arrivée de l'espace, de la colonisation, ... Dans les tomes suivants, les Ténébrans seront déjà établis dans leur monde (sans technologie, rappelons-le!), le style deviendra beaucoup plus fantastique que futuriste (c'est ce que j'ai entendu en tout cas).

Ce petit roman fut fort agréable, ça coule tout seul, c'est bien écrit et même si ça ne vaut pas Les dames du lac, j'ai passé de très bons moments. Je dois même avouer que je suis désormais bien curieuse de savoir ce que deviennent les Ténébrans. Ces êtres humains venus de chez nous, qui nous ressemblent tant et qui petit à petit vont appartenir à un autre peuple, vont avoir d'autres religions, une autre Histoire. Parcourir les origines d'une civilisation imaginaire m'a beaucoup plu. C'est tout un nouveau monde qui apparaît, une histoire complète et riche, ça donne envie de parcourir les mots de La romance de Ténébreuse pour vivre une nouvelle vie sur cette planète si mystérieuse en parallèle de la nôtre.

L'avis de Aileean.


" L'espace d'un instant, un beau visage calme, ni masculin, ni féminin, flotta dans son esprit. "Oui. Nous savons que vous êtes ici. Nous ne vous voulons aucun mal, mais nos chemins sont séparés. Nous vous aiderons quand même du mieux que nous pourrons, même si nous ne pouvons vous joindre que difficilement, à travers les portes closes de vos esprits. Mieux vaut que nous ne nous approchions pas trop. Mais dormez en sécurité cette nuit et partez en paix ..." Dans les yeux de Rafe, une lumière nimbait les beaux traits, les yeux d'argent. Et jamais, ni sur le moment, ni par la suite, il ne sut s'il avait vraiment vu les yeux de l'étranger et ses traits éclairés, ou si son esprit les avait captés avant de former une image composée des rêves enfantins d'anges, de fées et de saints auréolés ... Mais c'est en entendant le chant lointain et la berceuse du vent qu'il s'endormit."

(La planète aux vents de folie, pocket, 1977, p 225).





(Source image : loisirs-lyon.com)

vendredi 25 juillet 2008

Une antidote contre l'ennui ...

Mort sur le Nil
Agatha Christie


Livre de poche jeunesse, 2007.


La riche et séduisante Linnet Ridgeway part en Egypte en voyage de noces avec son mari, Mr Doyle. Rejoints par des amis et Hercule Poirot, le séjour semble s'annoncer sous les meilleurs auspices. Jusqu'au moment où Linnet est retrouvée assassinée. Les crimes mystérieux se succédent et il faudra toute la perspicacité du célébre détective pour confondre le coupable.

C'est la première fois dans un roman d'Agatha Christie que je trouve le coupable et son mobile avant la fin. J'ai trouvé que la solution était beaucoup plus facile que dans Le crime de l'orient-express (qui reste mon préféré tant le dénouement de ce roman m'a bouleversée) ou encore, Les dix petits nègres (introuvable). Mais ça n'entache absolument pas la qualité du roman.
Agatha Christie est vraiment une sublimissime conteuse. Elle nous tient en haleine du début à la fin sans voyeurisme ou violence gratuite. Tout est en finesse. La psychologie des personnages est minutieusement travaillée, chaque détail, étudié précisément. Certes, j'ai eu très vite une idée sur l'indentité du tueur, mais je n'ai pas tout trouvé dans le moindre détail. C'est ça qui est impressionant chez cette auteure. Elle nous donne tous les indices, on a absolument toutes les cartes en main, on en sait autant que Poirot et pourtant, on ne trouve jamais la solution. Agatha Christie monte ces crimes comme si c'était elle l'auteur.
Une première partie, l'avant meurtre, où l'ambiance se crée. Le décor se met en place doucement. On sait que ça va éclater ... mais quand?
Dès que le premier meurtre a lieu, c'est partie pour une ligne droite palpitante où les yeux ne se décrochent plus des pages.
La fin m'a laissée toute tremblante et émue. J'aime la tendance "grise" de Mrs Agatha. C'est à dire que dans tous les romans que j'ai lu d'elle, il n'y a pas vraiment de gentils ou de méchants, pas de blancs, ni de noirs. Il n'y a que des êtres humains.
Bref! Elle m'épate cette dame. J'adore l'ambiance de ces huis clos où chaque personnage s'espionne et s'accuse, où l'on fouille dans le passé étrange de ces caractères tous si particuliers. De grands moments de littérature (car oui, Agatha Christie est une vraie écrivaine, une plume talentueuse) à découvrir et redécouvrir encore.
...
" La jeune fille fit un pas vers eux. Le couple se figea.
- Bonsoir, Linnet, dit Jacqueline de Bellefort, ainsi te voilà! Décidément, nous ne cessons de tomber l'une sur l'autre. Bonsoir, Simon, comment vas-tu?
Avec un petit cri, Linnet Doyle s'était rencognée contre le rocher. Le beau visage de Simon Doyle s'était convulsé de rage. Il s'avança comme s'il voulait frapper la fragile jeune fille.
D'un rapide mouvement de tête, elle lui signala la présence d'un étranger. Simon se retourna et, apercevant Poirot, prit un ton embarrassé.
- Bonsoir, Jacqueline, bafouilla t-il. Je ... je n'espérais pas te voir ici."
(Mort sur le Nil, Livre de poche jeunesse, 2007, p63)





(Source image : es-conseil.fr)

dimanche 20 juillet 2008

Parfois un moment d'angoisse peut se transformer en instant sublime


La tombe des lucioles
Nosaka Akiyuki


Picquier poche, 2002.



La Tombe des lucioles, visionnaire et poignant : l'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage et que la faim tue. Voici une prose étonnante, ample, longue, proustienne dans le sens qu'elle réussit à concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, mais prose très violente, secouée de mots d'argot, d'expressions crues, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle, d'images quasi insoutenables - prose parcourue d'éclairs (Diane de Margerie).


Et oui, ça m'est arrivé! La toute première fois de ma vie de lectrice. Ne me demandez pas comment ou encore pourquoi mais c'est comme ça ... c'est arrivé! Je me suis retrouvée sans rien à lire hier soir. Moment horrible d'angoisse. J'avais beau me dire que ce n'était rien, que ça allait passer. De tout manière, il était minuit, j'allais bientôt tomber de sommeil ... et bien, non Rien n'y a fait! Je n'étais pas chez moi, j'avais oublié (comment est-ce possible??) de ramener mon prochain roman. J'ai donc fouillé désespérement partout à la recherche d'un petit livre qui pourrait me rassasier. J'ai été ravie de trouver dans les rayonnages : La tombe des lucioles. J'avais adoré le film d'animation Le tombeau des lucioles tiré de cette magnifique nouvelle de Nosaka Akiyuki. Les mots de ce sublime auteur m'ont énormément touchée. J'ai eu envie d'émotion et de beauté hier soir, j'ai été servie avec cette petite nouvelle bouleversante. Les mots sont beaux, la plume est délicate et pourtant, l'histoire est dure, crue et sans pitié. Ces deux enfants m'ont bouleversée. Devant la cruauté de la guerre, ils sont faibles et démunis. J'avais une envie folle de les serrer dans mes bras. Nosaka Akiyuki nous offre 40 pages bouleversantes, fortes et poignantes. 40 pages intenses, sans repos, sans pause. La guerre nous apparaît nue, précise, dans toute son horreur.
Un magnifique petit livre à déguster pour la qualité de son écriture si poétique ainsi que pour son message d'humanité.


"Il la regardait qui somnolait, étendue, par terre avec sa poupée dans les bras ... Et s'il s'taillait un peu le doigt lui, y pourrait lui donner un peu de sang à boire, et puis même, l'doigt, ça lui ferait rien d'plus l'avoir du tout, s'il lui donnait plutôt la viande s'son doigt à manger ...."Y t'embêtent tes cheveux, hein?", car seuls ses cheveux regorgeaient encore de vie et foisonnaient, et la remettant sur son séant il fit une tresse de sa tignasse, parmi laquelle ses doigts se glissaient en effleurant les poux, "Merci Seita!"; arrangés de la sorte, ses cheveux creusaient autour de ses yeux des cernes encore plus profonds ..."

(La tombe des lucioles, picquier poche, 2002, p63)

(Source image : anime-kun.net)

samedi 19 juillet 2008

J'ai croisé l'amour des mots un jour d'hiver dans un vieux château

Le treizième conte
Diane Setterfield

Folio, 2008.


Vida Winter, auteur de best-sellers vivant à l'écart du monde, s'est inventé plusieurs vies à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres et toutes sorties de son imagination. Aujourd'hui, âgée et malade, elle souhaite enfin lever le voile sur l'extraordinaire existence qui fut la sienne. Sa lettre à Margaret Lea est une injonction : elle l'invite à un voyage dans son passé, à la découverte de ses secrets. Margaret succombe à la séduction de Vida mais, en tant que biographe, elle doit traiter des faits, non de l'imaginaire. Et elle ne croit pas au récit de Vida. Dès lors, les deux femmes vont confronter les fantômes qui hantent leur histoire pour enfin cerner leur propre vérité...


Ah! Comme j'ai été éblouie par l'amour des mots, l'amour des livres qui ressortent de ce roman. Comment ne pas être touchée par un tel livre lorsque la lecture tient une place si importante dans notre vie? J'ai été bouleversée par les premières pages de ce roman sublime où la narratrice, Magaret Lea, parle de son amour des livres. On se dit : "Enfin quelqu'un qui me comprend! Enfin quelqu'un qui arrive à mettre des mots sur ce que je ressens!".
Le reste du roman m'a également passionnée. L'intrigue est si bien ficellée que l'on repose le livre qu'avec difficulté. Bien que j'ai trouvé la fin un peu rapide, le dénouement un peu téléphoné, je classe tout de même ce sublime roman dans mes coups de coeur à vie.
Une ambiance doucement gothique aux saveurs des soeurs Brontë. Un roman qui parle de livres. Un récit qui ressemble étrangement à un des romans qui m'a le plus touchée au monde Jane Eyre. Un livre où un médecin prescrit des pages de lecture pour se soigner d'une maladie. Un roman qu'il faut lire absolument!
Dur de faire un commentaire sur un livre aussi "littérairement" passionnant. Que dire à part que ce livre m'a énormément touchée? Qu'il m'a émue? Que j'ai eu un sentiment intense d'identification en rencontrant le personnage de Margaret? Rien. Alors ... Chut!
Bonne lecture!
...
" C'était presque l'heure. Je me dépêchai. Dans la salle de bains, je me savonnai le visage et me brossai les dents. A huit heures moins trois, j'étais en chemise de nuit et en pantoufles à attendre que mon eau veuille bien bouillir. Vite, vite. Huit heures moins une. Ma bouillotte était prête, et je remplis un verre d'eau au robinet. Il était important de faire vite. Car à huit heures précises, le monde s'arrêtai de tourner. C'était l'heure de lire.
L'intervalle entre huit heures du soir et une ou deux heures du matin a toujours été pour moi un moment magique. Contre le dessus-de-lit en chenille bleu, les pages blanches de mon livre ouvert, éclairées par un cercle de lumière, sont des portes donnant acès à un autre monde."
(Le treizième conte, D. Setterfield, Folio, 2008, p41)





(Source image : akilit.com)

lundi 14 juillet 2008

B2 Touché .... B3 Taguée!

Bien que planquée tout le week-end à la campagne, je n'ai pu échapper à l'oeil curieux de mademoiselle Ys ... Mais bon, je réponds à ce tag de bon coeur tout de même ...
Je ne suis rien sans….

* Comme la totalité de la blogoshère littéraire, mon livre. Et oui! Toujours mon roman du moment dans mon sac où que j'aille. Je ne peux pas vivre sans un livre et lorsque je pars en voyage les premières choses que je rapproche de mes bagages, ce sont les romans que j'emméne.

* Du thé. Je dois en boire environ 5 ou 6 tasses dans la journée ... sûrement plus en fait! J'adore ce breuvage réconfortant et ma boîte à thé est mon coffre aux trésors.

* Des sourires. Je suis une personne très heureuse d'être sur terre qui croque la vie pleinement ... et j'aime les sourires. Je ne suis rien sans un beau et sincère sourire.

* Ma famille. C'est ma ressource, mon oxygène, mon nid.

* Musique. C'est bon pour le coeur, l'âme, le corps. Que demande le peuple!

* Nature. J'ai besoin d'oiseaux qui chantent, de ruisseaux qui coulent et de forêts luxuriantes. C'est mon petit côté Blanche-Neige.

* Chocolat. On a tous nos faiblesses.

... Bon ... Je vais arrêter là car je n'en finirai plus ... Au passage, je tague Motslus, Aelys et Emmyne.



vendredi 11 juillet 2008

Où il est question de l'importance d'être bon conteur ...

Contes de la Bécasse
Guy de Maupassant

Livre de poche, 2007.


Chez le vieux baron des Ravots qui ne pouvait plus chasser, une coutume existait, qu'on appelait le " conte de la bécasse". Lorsque chaque convive avait dégusté son oiseau, le cérémonial voulait qu'après avoir graissé toutes les têtes, le maître de maison tirât au sort celui qui seul aurait le privilège de s'en régaler. "L'élu du hasard croquait le crâne suiffé en le tenant par le nez et en poussant des exclamations de plaisir. Et chaque fois les dîneurs, levant leurs verres, buvaient à sa santé. Puis, quand il avait achevé le dernier, il devait sur l'ordre du baron, conter une histoire pour indemniser les déshérités." Ce sont ces récits normands que Maupassant réunit ici. Histoires savoureuses sans doute à l'image du dîner, facétieuses aussi, mais pourtant cruelles : la drôlerie s'assombrit de noirceur, le tragique se lie à la farce, et le pessimisme à la bouffonnerie.


Ah! L'écriture de Maupassant est toujours un régal! C'est frais, simple, humain. On en redemande. Ces petits contes n'arrivent pas à la hauteur du sublimissime Une vie ou encore de Pierre et Jean, mais j'ai beaucoup apprécié leur lecture. Ce livre est arrivé à un bon moment. Après ma lecture passionnée et bouleversante de Marie-Antoinette, j'avais besoin de quelque chose de court, de petites histoires qui s'enchaînent, pas prise de tête. J'ai été servi! On rit beaucoup (Ce cochon de Morin; Farce normande; ...), on pleure aussi (La folle; Un fils; La rempailleuse ...), on tremble (La peur) et souvent, on rit jaune (Pierrot; Aux champs). La plume de Maupassant est toujours aussi fine. A la fois cruelle et humaine, poétique et réaliste. Un bon petit livre à découvrir.

" Madame Lefèvre était une dame de campagne, une veuve, une de ces demi-paysannes à rubans et à chapeaux falbalas, de ces personnes qui parlent avec des cuirs, prennent en public des airs grandioses, et cachent une âme de brute prétencieuse sous des dehors comiques et chamarrés, comme elles dissimulent leurs grosses mains rouges sous des gants de soie écrue.
Elle avait pour servante une brave campagnarde toute simple, nommée Rose.
Les deux femmes habitaient une petite maison à volets verts, le long d'une route, en Normandie, au centre du pays de Caux."

(Pierrot in Contes de la Bécasse, Maupassant, livre de poche, 2007, p37)
(Source image : art-lor-marteau.blogspot.com)

jeudi 10 juillet 2008

Une bien douce surprise ...

Quelle joie de trouver dans ma boîte aux lettres ce midi un petit mot d'Arsène et Praline, les organisatrices du Swap Cape et épée! Une petite lettre pour nous remercier d'avoir participé à ce Swap et un petit cadeau, un marque-page fait main par Praline. Magnifique! Vous pouvez le voir ci-dessous posé sur ma vieille édition de Vingt ans après de Dumas qui m'attend bien au chaud!


Une délicate attention que je tiens vraiment à remercier. Merci pour l'organisation du Swap et merci pour ce doux mot ...

1 + 1 = 2


- La chartreuse de Parme de Stendhal.
- Orgueil et Préjugés de Jane Austen.
- Oliver Twist de Charles Dickens.
- Marie-Antoinette de Stefan Zweig.
- Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.
...
Ah! Je suis ravie! Deux romans lus, deux romans fabuleux ... Merci encore à Fashion pour ce partage ...

mercredi 9 juillet 2008

A l'ombre de la guillotine ...


Marie-Antoinette
Stefan Zweig
(Fashion Klassik list 2008)

Grasset, Les cahiers rouges, 2002.

Qui était Marie-Antoinette, faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile piégée dans l'affaire du collier ? La pire ennemie de la Révolution? Une icône pour la Restauration ? Marie-Antoinette rétablit la courbe d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. Zweig analyse la chimie d'une âme qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la mumière de la souffrance. Par la main du grand écrivain autrichien, nous suivons une reine de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage et quelle histoire !



Marie-Antoinette m'a toujours fascinée. Tout d'abord, enfant lorsque je regardais avidemment lady Oscar (d'ailleurs, je peux affirmer, maintenant que j'en sais un peu plus, que ce dessin animé est étonnement très réaliste), puis avec mes cours d'Histoire. L'ambivalence que cette femme crée en moi est exceptionnelle. Cette reine fut hautaine, fière d'elle, dépensière, ignorante et totalement insensible aux malheurs de son peuple. Et pourtant, elle était grandiose, humaine et c'était une mère magnifique. Comment construire son bonheur quand à 14 ans on nous marrie par raison d'état et que l'on doit tout quitter, son pays, sa langue maternelle, ses amies? Je ne peux que comprendre cette jeune fille qui comble son manque affectif par la mode et la vie légère. Comment ne pas avoir pitié d'elle lorsque tout le monde ne lui parle que par intérêt? Cette lecture m'a rendue un peu mal à l'aise par certains côtés, car en tant que française, je ne peux que comprendre la Révolution. Ne nous lançons pas dans un débat sur cet événement de l'Histoire, mais je peux juste dire que la révolte du peuple français n'est qu'une suite logique et compréhensible à des siècles d'oppression. Je ne peux que défendre cet éclat. Mais là ou je suis mal à l'aise, c'est que tout fut trop sanglant. Il y a eu trop de meurtres inutiles, de cruauté. C'est très compréhensible, mais tellement triste. Dans l'Histoire de la Révolution française, il n'y a aucun manichéisme. Tout le monde a eu ces raisons, ses fautes et c'est cela qui est dur à gérer. C'est cela qui m'a énormément gênée à la lecture. On ne peut pas donner raison à Marie-Antoinette, mais on la prend en pitié et on la comprend. On ne peut pas accepter tout de la Révolution car des choses trop horribles s'y sont passées. On est tiraillé, broyé entre plusieurs camps. Zweig est particulièrement juste dans ce livre. Bien qu'autrichien, il ne défend aucun parti. Il explique, essaie de comprendre ce qui s'est passé, expose la situation en nous apportant des preuves précises de ce qu'il écrit. Il explique le malheur de Marie-Antoinette par le début de son mariage. Le roi Louis XVI, étant impuissant au début de leur union et laissant stéril ce mariage durant 7 ans, ne trouve pas la crédibilité nécessaire à un mari pour guider et moraliser son épouse. Elle lui fait payer en endettant le royaume, en vivant grandement et joyeusement, ce qui lui vaudra sa réputation de femme légère et de reine débauchée qui lui fera tant défaut par la suite : "Comment pourrait-il jouer au seigneur et maître devant une femme qui toutes les nuits assiste à sa confusion, constate son impuissance, ses échecs."(p40) ; "La destruction de l'autorité royale, en vérité, n'a pas commencé avec la prise de la Bastille, mais à Versailles."(p44). La Révolution est avant tout l'accumulation de plein de petites choses à première vue sans importance, mais qui prennent avec le temps une ampleur phénoménale.

A la question purement formelle du récit, j'ai vraiment apprécié. Les épisodes "clef" comme le premier mot à la Du Barry, l'affaire du collier, la fuite à Varennes, Fersen, m'ont vraiment passionnée. Cette histoire (Histoire) est, bien que tragique, palpitante. Un véritablement roman passionnant et envoûtant. Mais l'on garde toujours à l'esprit que tout ça est vrai, ce qui rend la lecture particulièrement émouvante.

L'écriture? J'y suis allée les yeux fermés. Connaissant déjà la plume sublime de Zweig, je n'ai pu que confirmer son réel don pour l'écriture en lisant cette biographie. C'est fluide, ça se lit comme un roman, c'est palpitant et efficace.

Marie-Antoinette m'a bouleversée. Les dernières années de sa vie, son rôle de mère a changé cette femme un peu trop belle et vive et à racheter son existence de débauche. On lui pardonne, on l'aime, on veut la serrer dans nos bras. Mais trop tard! La roue du destin est lancée. L'inévitable se déclanche. Il faut tuer ce symbole trop puissant. Il faut tuer la reine. Il faut tuer Marie-Antoinette. Des dernières pages bouleversantes où l'on se demande pourquoi était-il si nécessaire de décapiter cette femme devenue vieille par des larmes trop souvent versées et si seule? On est tiraillé entre le peuple qui commence à comprendre que l'Homme est libre et unique (et comme on le soutient!) et cette femme qui est arrivée jeune fille naïve et qui ressort femme morte tuée par son pays d'adoption.

Un grand drame de l'Histoire de France qui nous est conté ici. Profond, bouleversant, mais nécessaire. Ni méchants, ni gentils. Que des coeurs et des hommes.

Un roman à dévorer. J'ai lu, compris et j'ai pardonné à Marie-Antoinette .... A vous!

" Il fallait un coup de tonnerre pour sortir Marie-Antoinette de son orgueilleux, de son indifférent laisser-aller. A présent, réveillée, elle commence à comprendre, après avoir été mal conseillée et n'avoir voulu écouter aucun avis en temps utile, ce qu'elle a négligé, et avec la nervosité qui lui est propre elle se dépêche de corriger d'une façon visible ses fautes les plus irritantes. D'un trait de plume elle s'empresse de diminuer son coûteux train de maison."

(Marie-Antoinette, Zweig, Grasset, p225)





(Source image : princesseaudrey.fr)

mardi 8 juillet 2008

Pause BD

L'épervier
1 - Le trépassé de Kermellec
Pellerin



Dupuis, 1994.
...
Aux yeux des uns, il est Yann de Kermeur, noble et breton. Pour les autres, c'est l'épervier, corsaire prestigieux. D'aucuns ne voient en lui qu'un criminel. Pour tous, il est redoutable ...
Avec Le trépassé de Kermellec, Patrice Pellerin offre ici l'élégance et la beauté limpide de son dessin pour servir le premier épisode d'une série marquée au sceau de la grande aventure.
...
Ah! Elle fut fortement agréable ma petite soirée en tête à tête avec Yann. Intrigue, meurtre, corsaire, falaise bretonne, femme courageuse et homme fourbe. Hum ... croustillant à souhait!
Yann est retrouvé près du cadavre de son ami le comte de Kermellec qui n'a eu que le temps de lui parler d'un tableau et lui donner un nom "Tlaloc". Notre héros est tout de suite accusé du meurtre et mené sous un chêne pour y être pendu. Malgré son acharnement à dire qu'il est innocent, les serviteurs du comte n'y entendent rien, aveuglés par l'image qu'ils ont vue : Yann penché au-dessus du cadavre.
C'est un premier tome haut en couleur, plein de suspense et d'intrigues. Il commence fort monsieur Pellerin. Un meurtre dès la troisième page et un héros à peine connu du lecteur qui est déjà accusé de crime et obligé de sauver sa peau.
Un album très agréable pour sa qualité artistique (très réaliste ... On s'y croirait!), son récit dynamique et son suspense haletant. Ce tome irait presque trop vite ...

dimanche 6 juillet 2008

Exposition Hokusai "l'affolé de son art" Musée Guimet

Le musée Guimet abrite de nombreuses oeuvres asiatiques. C'est le musée à voir lorsque l'Asie nous passionne. En ce moment, et ce jusqu'au 4 août, ce lieu parisien expose les oeuvres de Hokusai, artiste japonais (1760-1849).
J'ai eu un réel plaisir à voir toutes ces magnifiques estampes japonaises qui m'ont rappelée toutes mes lectures asiatiques que j'aime tant.
C'est doux, c'est délicat, c'est harmonieux. Un délice pour les yeux et l'esprit. Je suis ressortie sereine et calme.
« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Ecrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin. » Katsushika Hokusai, Postface aux cent vues du mont Fuji.


(Sources images : metavideogame.wordpress.com ; barnabys.blogs.com ; guimet.fr)

Vu au théâtre


La mégère apprivoisée
William Shakespeare



De la Comédie française
Mise en scène d'Oskaras Korsunovas

"Sly, vagabond endormi devant un cabaret au milieu de verres brisés, va vivre, pendant quelques heures, une histoire étourdissante. Manipulé par un Lord en quête de distractions, Sly se réveille dans un château, vêtu et parfumé comme un noble. Plutôt que d’éclaircir et d’affronter la réalité, Sly se laisse emporter dans la farce concoctée par le Lord. Devant lui, se joue alors, sur les conseils de faux médecins, un spectacle propre à chauffer son noble sang congelé par la tristesse. C’est l’histoire, à Padoue, de Catharina, jeune femme acariâtre fuie par les hommes mais que son père ne désespère pas de marier. Sa seconde fille, Bianca, entourée de prétendants mais amoureuse du seul Lucentio, ne pourra épouser celui-ci qu’après les noces de sa soeur. Surgit soudain Petruchio, gentilhomme de Vérone, séduit par la dot offerte par le père de Catharina et résolu à faire de cette mégère la plus douce des femmes. Séduction, humiliation, déguisement, provocation, tous les moyens sont bons pour faire tourner la tête de Catharina."


Ah lalala! Qu'est ce que j'ai pu rire!!! Quel jeu, quelle énergie, quelle prestation!

Je n'avais jamais rencontré de texte comique de Shakespeare et c'est une bien belle surprise. Je savais qu'il y a avait toujours un certain humour chez cet extraordinaire dramaturge, mais autant de rire dans une de ces pièces, je ne l'imaginais pas.

Tous les acteurs sont géniallissimes. Loïc Corbery, jouant Petruccio, est splendide. Un rôle de macho à nous faire plier en quatre. Un petit bémol du côté de Françoise Gillard qui interprète Catharina. Cela fait deux fois que je la vois jouer et j'ai toujours cette sensation de la voir faire toujours pareil. Ces rôles ne changent pas. Sa voix non plus. Contrairement à certains acteurs que j'ai vu 2 ou 3 fois et qui me montre une nouvelle facette de leur talent à chaque représentation, Françoise Gillard n'arrive pas à me faire oublier qu'il y a l'actrice sous le personnage. Sensation déstabilisante.

A part ça, un régal de chez régal! Une pièce superbement bien construite, drôle, profonde, humaine, un jeu d'acteur halucinant. Ils s'amusent, nous aussi. Du caviar, je vous dis!
(Sources : site de la Comédie Française ; flickr.com)

L'exposition Camille Claudel - Musée Rodin


Passée à côté lors de ma visite au musée il y a quelques semaines, j'y suis retournée et cette fois, je l'ai vu cette exposition ... j'y suis arrivée.
Avant d'entrer dans la salle d'exposition, petit tour dans le parc. Ah! Comme il est agréable! Cette seconde fois m'a encore plus enchantée. J'ai revu la chère Porte de l'enfer de Rodin, terrifiante à souhait. Le parc est simple, doux, romantique, un vrai petit moment de bonheur.
Mais revenons à Mademoiselle Claudel ...
Je n'ai pas fait d'études d'art, je ne suis pas experte et mes commentaires ne sont que le fruit d'un sentiment naïf, un élan spontané, je ne suis donc capable que de vous dire que j'ai été touchée et que j'ai aimé.
Plus que l'oeuvre, c'est la femme qui me touche. Camille Claudel m'a toujours fascinée. J'ai désiré voir certaines de ses oeuvres après avoir lu Une femme d'Anne Delbée que je vous encourage vivement à lire.
Mais j'aime ces oeuvres car c'est elle que l'on voit en transparence. Ses doutes, ses espoirs, ses recherches de l'art total et du bonheur.
Les deux sculptures qui m'ont le plus éblouie sont La valse et L'abandon.

La valse

L'abandon

Instants fugitifs, moments d'intimité et de douceur. On se sent presque mal à l'aise à regarder ces amoureux. On n'a envie de les laisser seuls, de les laisser s'aimer ... sans nous. Camille Claudel a réussi à créer une ambiance intimiste des plus romantiques et sensibles dans ces deux oeuvres.

Point fort de l'exposition (pour ma part), quelques lettres écrites de la main de l'artiste sont accrochées dans la salle parmi ces sculptures. C'est une façon de nous sentir encore plus proche de l'auteur.

Plaisir des sens. Couleurs, jeux des lumières, terrible envie de toucher le bronze, le marbre ou encore le plâtre, atmosphère à la fois paisible et passionnée.

Que dire de plus? Rien. Juste d'aller voir ... ou plutôt ... d'aller ressentir!

(Sources images : internet-normandie.eu ; vittoria-pazalle.com ; exporevue.com)