vendredi 30 avril 2010

Et un Lady Swap ... un!!!

Quel ravissement que ce Lady Swap!
Durant quelques minutes, en ouvrant mon colis, j'étais totalement plongée dans ce monde si envoûtant des ladies. Et ça c'est grâce à Maggie qui m'a merveilleusement gâtée ....

Un grand merci belle dame!
Mais voyez plutôt :
Un beau colis coloré avec des petits mots sur des gros coeurs roses. Je me suis confortablement installée sur mon lit et j'ai dégusté chaque petit cadeau. Je m'en vais vous les présenter.

Tout d'abord, les objets so anglais :

  • Une carte très belle que j'ai glissé dans un roman pour une prochaine lecture.
  • Une tasse londonienne dont je suis tombée amoureuse. Elle me suit partout. Au moment où je vous parle elle est à mes côté pleine d'un bon thé brûlant.
  • Un sac à livres fait main superbe. Je reste éblouie devant ce petit bijou. Il est pratique, solide et beau ... que demander de plus?

Les gourmandises :


Heureusement que je ne fais pas de régimes parce que Maggie m'a gâtée question friandises. Voyez plutôt :

  • Du bon thé Lady Grey. Je le connaissais déjà et je l'aime beaucoup ....
  • Des truffes. C'est un de mes péchés mignons. Comment as-tu su? Bon ... elles sont toutes déjà décédées. Paix à leurs âmes!
  • Du chocolat à la crème brûlée. J'en mange un morceau par jour avec mon thé d'après repas. Un régal!
  • Des galet de Dieppe dans une magnifique boîte. Hum ... Miam!
  • Des caramels au beurre salé. En tant que normande, j'ai été aux anges en voyant ça. J'adore ces bonbons!

Les livres :

J'ai reçu pas moins de quatre romans. Maggie a fait des choix parfaits. Un grand merci!

  • La maison biscornue d'Agatha Christie. Une femme que j'admire beaucoup. Je suis ravie de me replonger bientôt dans son univers. (Lu!)
  • Orlando de Virginia Woolf. Bien que Miss Dalloway me laisse un souvenir étrange, je suis bien décidée depuis quelques temps à redécouvrir cette grande dame anglaise. Maggie m'en offre l'occasion.
  • L'hôtel hanté de Wilkie Collins. Bien que je n'ai pas encore ouvert un livre de cet auteur, j'achéte ses romans dès que j'en vois un. Je suis heureuse d'ajouter celui-là à ma bibliothèque. Il sera le premier Collins que je lirai. (Lu!)
  • Juvelinia de Jane Austen. Maggie ne pouvait tomber mieux. Jane Austen et moi, une grande histoire d'amour. Un recueil que je voulais lire depuis très longtemps.

La photo de l'ensemble :


Un grand merci à Maggie qui m'a comblée. Elle m'a offert un colis très personnel et touchant. Merci à toi d'avoir pris du temps pour me faire plaisir. Mille fois merci!

Merci également aux organisatrices Titine et Lou. Merci de votre patience, de votre écoute et votre passion si communicative.

J'ai eu, quant à moi, la joie de gâter Lilly.

vendredi 23 avril 2010

" Les héros ne sentent pas bon! "

L'éducation sentimentale
Gustave Flaubert
Défi J'aime les classiques (Avril)

Livre de poche, 1986.

Entre Mme Arnoux qui passe dans la vie les yeux baissés, fidèle à son honneur, et Rosanette, la fille de joie, Frédéric hésite. Flaubert dissèque une société qui s'enivre de vertu tout en se goinfrant de plaisirs faciles.
Nous sommes à la veille de la Révolution de 48. Jamais l'on a plus débattu de la démocratie, de la République et de la propriété. Ses amis s'engagent, militent, Frédéric, lui, pense à sa carrière et calcule. La bêtise règne sur les salons bourgeois, dans les réunions politiques, les salles de rédaction et les ateliers. L'éducation sentimentale est le roman de la parole qui ne mène qu'au rêve en amour, en politique comme au travail. De ce chef d'oeuvre noir où Flaubert a mis tant de lui-même, tout le roman contemporain est sorti.

J'avais adoré Madame Bovary il y a environ 5 ans. L'éducation sentimentale m'a nettement moins convaincu. Il y a du très bon. Flaubert écrit magnifiquement bien et on se sent tout petit face à lui. Pourtant, la magie n'a pas opéré. Enfin, pas entièrement dirons nous.

D'abord, j'ai été ravie de me plonger dans un gros pavé classique (j'adooore!). De plus, j'étais en vacances à la campagne, sans un bruit, sans télévision, juste la nature et ses premiers rayons de soleil printaniers, mon roman, mon thé. Bref, la situation idéale. Pourtant, j'ai eu beaucoup de mal à me laisser emporter par Flaubert. Il a par moment réussi à me faire rêver, mais à d'autres moments, je lisais ... sans réellement savoir quoi! Ce roman contient de très belles scènes. Des scènes qui marquent, qui bousculent, qui bouleversent (je pense notamment à cette si magnifique scène finale avec Mme Arnoux). Mais malheureusement ce n'est pas toujours le cas. Tout n'est pas palpitant dans ce roman. Je me retrouve dans le même état d'esprit qu'après Pour qui sonne le glas. Beaucoup de belles images en tête, des personnages attachants, mais aussi beaucoup de souvenirs de lecture laborieuse.

J'ai aimé Rosanette, Madame Arnoux, Louise et Madame Dambreuse. Je trouve les personnages féminins sublimes. Qu'elles soient futiles, divines, niaises, ambitieuses, menteuses, bouleversantes ou énervantes, elles sont toutes superbes. J'ai trouvé Frédéric bien pâle et fade à côté d'elles. J'ai aimé toutes les scènes avec Mme Arnoux, la rencontre, les épines des roses, le rendez-vous manqué. C'est un très beau personnage pour qui j'ai ressenti beaucoup de tendresse et de respect. J'ai aimé également certaines scènes de la vie parisienne, les révoltes, les débats. Parfois, Flaubert quitte la monotonie de son récit et nous crée des scènes splendides.

Parmi les connaissances de Frédéric, je n'ai pas réussi à savoir exactement qui était qui et qui pensait quoi. On s'y perd! Les noms ne sont pas faciles à retenir, leurs idées politiques non plus. J'ai totalement abandonné l'idée de reconnaître chaque personnage. Je me suis tenue aux principaux.

Un texte qui a beaucoup de qualités, mais qui est long, complexe et parfois d'un ton tellement détaché que l'on n'arrive pas à se plonger dedans. L'écriture de Flaubert m'a rappelée par moment celle des frères Goncourt. Je n'ai jamais réussi à me faire à leur ton froid, distant, pas concerné. j'ai lu trois romans d'eux (La fille Elisa, Germinie Lacerteux, Manette Salomon) sans jamais réussir à ressentir de la pitié pour leurs personnages .... à cause de leur style étrange. Flaubert n'est pas détaché à ce point car j'ai réellement aimé les personnages de ce roman, mais parfois, sa mise à distance par rapport aux événements est troublante, déstabilisante.

Un classique à lire ... si on aime les classiques et que l'on est patient. Bien que les 500 pages soient dures à avaler, une histoire pleine de qualités remplie de scènes magnifiques. J'ai tout de même nettement préféré dans la même veine Le lys dans la vallée de Balzac.

L'avis d'Erzébeth.

" Celle [la maison] de Rosanette l'amusait. On venait là le soir, en sortant du club ou du spectacle; on prenait une tasse de thé, on faisait une partie de loto; le dimanche, on jouait des charades; Rosanette, plus turbulente que les autres, se distinguait par des inventions drolatiques, comme de courir à quatre pattes, ou de s'affubler d'un bonnet de coton. Pour regarder les passants par la croisée, elle avait un chapeau de cuir bouilli; elle fumait des chibouques, elle chantait des tyroliennes. /.../

Presque toujours, il trouvait Mme Arnoux montrant à lire à son bambin, ou derrière la chaise de Marthe qui faisait des gammes sur son piano; quand elle travaillait à un ouvrage de couture, c'était pour lui un grand bonheur que de ramasser, quelquefois, ses ciseaux. Tous ses mouvements étaient d'une majesté tranquille; ses petites mains semblaient faites pour épandre des aumônes, pour essuyer des pleurs, et sa voix, un peu sourde naturellement, avait des intonations caressantes et comme des légèretés de brise. /..../

La fréquentation de ces deux femmes faisait dans sa vie comme deux musiques : l'une folâtre, emportée, divertissante, l'autre grave et presque religieuse; /.../"

(L'éducation sentimentale, Flaubert, 1986, Livre de poche, p170/171)

(Source image : 1st-art-gallery.com. Illustration Le lys dans la vallée de Balzac)

samedi 17 avril 2010

Loup y es-tu? M'entends tu?

Shutter island
Dennis Lehane
Rivages noirs, 2009.


Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island, se dresse un groupe de bâtiments d'allure austère. On dirait une forteresse. C'est un hôpital psychiatrique. Mais les pensionnaires d'Ashecliffe Hospital ne sont pas des patients ordinaires. Ils souffrent de graves troubles mentaux et ont tous commis des meurtres particulièrement horribles.
Lorsque le ferry assurant la liaison entre Shutter Island et le continent aborde ce jour-là, deux hommes en descendent : le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule. Ils sont venus à la demande du directeur de la prison-hôpital et du médecin chef, le docteur Cawley, car l'une des patientes, Rachel Solando, manque à l'appel. Il s'agit d'une dangereuse schizophrène.
Son évasion est inexplicable, elle semble s'être volatilisée. Comment a t-elle pu sortir d'une cellule fermée à clé de l'extérieur et franchir les barrages de sécurité? Pour aller où? L'île est totalement inhospitalière, bordée de falaises abruptes, bordée de violents courants ; or, malgré les recherches entreprises sur place, Rachel n'a toujours pas été retrouvée.
Daniels et Aule vont donc s'attaquer à une mission quasi impossible. Le seul indice dont ils disposent est une feuille de papier retrouvée sur le lit de Rachel Solando. On peut y lire une succesion de chiffres et de lettres sans signification apparente. Est-ce l'oeuvre incohérente d'une malade mentale ou ce cryptogramme recèle-t-il un secret?

Je ne lis jamais de thrillers ou autres policiers modernes. Mes envies se tournent plus vers les vieux romans comme Agatha Christie, Conan Doyle, Gaston Leroux. Mes lectures policières se limitent à ça ... et ça me va. J'en suis folle. Je n'aime pas les thrillers modernes. Je les trouve trop sanglants, voyeuristes. Mais c'est surtout parce que ce n'est pas une ambiance, un univers qui me fait m'évader. Bref, je ne suis pas fan (ceci dit, je ne suis pas une experte et peut-être que certains romans me plairaient beaucoup ... Qui sait?) et c'est rare qu'un titre m'attire. Mais parfois, ça arrive. C'est ce qui s'est produit avec la trilogie des Millenium (que j'ai acheté mais pas encore lue) et Shutter Island. Ce n'est pas grâce au film en ce moment dans les salles que j'ai connu ce roman mais grâce à Ys qui a posté un avis plus que convaincant. Je me suis donc laissée tenter.

Contrairement aux autres thrillers modernes, j'ai adoré l'ambiance et j'ai embarqué complétement dans cette étrange histoire. Je pense que c'est principalement grâce à l'époque où se déroule le roman. Shutter Island se passe dans les années 50. J'ai donc retrouvé mes chères ambiances un peu désuètes à la Agatha Christie. Pas de policiers jouant les gros bras avec un blouson en cuir et disant "Merde,chier,con" à chaque phrase. Ce fut un réel soulagement de lire un style efficace, recherché, sans vulgarités inutiles.

Le lieu où se passe l'action est également très bien choisi. Quoi de plus angoissant qu'un endroit dénué de logique? Nous voilà plongé dans un monde à la Alice au pays des merveilles où tous les gens nous semblent fous. Le milieu psychiatrique, les asiles de fous, la lobotomie sont des choses de notre Histoire qui m'ont toujours troublée et terrifiée. On se perd dans ce lieu comme Teddy et Chuck. On a peur de ne jamais en ressortir.

J'ai beaucoup aimé la relation entre Teddy et Chuck. Je la trouve très touchante. Chuck a des repliques croustillantes qui m'ont énormément faite rire. C'est un personnage attachant que j'ai été ravie de rencontrer. Autre relation touchante : celle de Teddy et de sa femme Dolores, décédée dans un incendie. J'ai eu le coeur extrêmement serré lors des évocations ou des rêves de Teddy nous montrant sa femme. La souffrance de Teddy est très bien décrite.

Vous allez vous dire que je n'ai rien à reprocher à ce roman? Et pourtant, si. J'ai tellement entendu de gens dire que la fin était incroyable, qu'on ne pouvait pas s'en douter avant la révélation de Lehane, que ce dernier nous manipulait du début à la fin, que sans même le faire exprès, j'ai compris la fin du roman dès les premières lignes. Pas dans les détails bien sûr. Je n'ai pas fouillé le sujet, je n'ai pas trop réfléchi pour être sûre d'avoir une surprise à la fin. Mais j'ai tout de même pensé dès le début "Ah! Et si c'était ça?" Heureusement, je n'ai pas poussé ma réflexion plus que ça. C'est donc un petit regret que j'ai. Mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier le roman. Lehane écrit tellement bien qu'il m'a, au fur et à mesure de l'histoire, faite totalement oublié mon intuition première. J'ai réellement embarqué sur Shutter Island.

Un roman à lire. Vous embarquerez dans une histoire extrêmement forte et touchante. Plus qu'un roman policier, Shutter Island raconte un drame, nous parle d'un homme et de ses souffrances. L'analyse psychologique de Teddy (à travers ses rêves, ses malaises, etc ...) est, pour moi, la réussite de ce roman. Plus que la révélation finale, qui pour ma part était un peu attendue, l'intérêt de ce livre réside dans l'analyse parfaite que Lehane fait de Teddy Daniels. Un beau roman sur l'âme humaine.

Les avis de Ys, Karine :) , Caro[line] , ...

"Ils découvrirent les pierres à environ cinq cent mètres de la côte, alors que le ciel chargé de nuages couleur d'ardoise s'assombrissait rapidemment. Ils avaient franchi plusieurs passages détrempés où foisonnaient des graminées ramollies, rendues glissantes par la pluie, et à force de crapahuter ils étaient tous les deux couverts de boue.

Un champ s'étendait en contrebas, aussi plat que le fond des nuages, nu à l'exception de quelques buissons, de grosses feuilles charriées par les bourrasques et d'une multitude de petites pierres dont Teddy supposa d'abord qu'elle avaient été elles aussi portées par le vent. En descendant, il s'arrêta cependant à mi-parcours pour mieux les examiner?"

(Shutter Island, Rivages noirs, 2009, Chap 9)

(Source image : blogg.org)

dimanche 11 avril 2010

Prolonger le plaisir ...

Persuasion


ITV 2007 (BBC) avec Sally Hawkins et Rupert Penry-Jones.


Anne, la deuxième fille de sir Walter Elliot, est une jeune femme de 28 ans paisible et solitaire. Son seul regret est de ne pas avoir épousé huit ans plus tôt, Frederick Wentworth, l'homme qu'elle aimait. Son amie, Lady Russell, l'avait persuadée de rompre cet engagement. Après une longue absence, Frederick, devenu un riche capitaine, cherche à se marier. Les prétendantes sont nombreuses ...


Je me suis offerte ce film il y a quelque temps. Je le gardais précieusement afin de le visionner après avoir lu le roman de Jane Austen. J'ai ainsi pu prolonger ce moment d'extase que fut la lecture de Persuasion.

J'ai de nouveau tremblé pour Anne lors de ses rencontres avec Frederick Wentworth, j'ai de nouveau guetté chaque regard, chaque geste, chaque signe me montrant combien Frederick tenait encore à Anne. Le film rend très bien ces scènes sublimes où Anne et Frederick s'observent, s'analysent tout en essayant de le cacher. J'ai aimé retrouvé ces deux personnages se mouvant dans la société mais enfermés ensemble dans leur secret, dans leur sentiment. Le caractère solitaire et intelligent d'Anne est très bien mis en scène. Elle est souvent à part (parfois même malgré elle), se montre davantage censée et honnête que les autres personnages. On comprend, bien qu'elle ne soit plus très jeune pour l'époque ni plus très belle (ceci dit, tout comme dans le livre, son visage change, devient de plus en plus beau au fil de l'histoire), que Wentworth la trouve bien au-dessus de toutes les autres femmes qu'il rencontre. Les deux acteurs sont, à mon avis, parfaitement bien choisis. Sally Hawkins est d'une beauté discrète qu'un sourire illumine. Elle a l'âge d'Anne Elliot et sait, avec sensibilité, incarner ce personnage si complexe, incroyablement beau, profond et vrai. Quant à Rupert Penry-Jones, il nous offre un Frederick Wentworth tout en fierté, un homme a la prestance incroyable qui garde la tête haute malgré son coeur brisé. Il est très beau. MON Capitaine Wentworth ressemble beaucoup à celui que m'a offert la BBC. Oui, j'aime le capitaine Wentworth ... et Darcy aussi ... et puis le colonel Brandon et bien sûr, Henry Tilney. Bref ... Je m'égare! Revenons à nos moutons!! Il y a beaucoup de raccourcis, de changements, mais dans l'ensemble le film est assez fidèle au roman. Mon seul regret : la lettre finale. Cette scène est si sublime dans le roman que j'ai été triste de la voir traitée autrement dans l'adaptation. Certes elle est bien présente et les mots de Wentworth sont presque identiques à ceux qu'il nous offre dans le roman, mais pourquoi diable ne pas avoir laissé cette scène sublime écrite par Jane Austen? Celle du film est malgré tout très belle, mais elle n'arrive pas aux orteils de la vraie version.
Je suis également un peu déçue par la course finale d'Anne dans Bath. Je ne l'ai pas trouvé très "brittish", très austenienne. Cet ajout du réalisateur m'a un peu déconcertée. Comment une jeune fille de la haute société peut-elle courir à en perdre haleine, sans coiffe, dans les beaux quartiers de Bath?? Et puis, ce baiser!! En pleine rue entre deux personnes qui ne sont même pas officiellement fiancés! J'ai trouvé cela dommage de ne pas rester fidèle à l'univers de Jane Austen jusqu'au bout.
Mais malgré ces quelques bémols, j'ai passé un moment magnifique. J'ai bien entendu pleuré comme une madeleine aux moments clefs. C'est une très belle adaptation, les musiques sont magnifiques, les paysages envoûtants et les acteurs parfaits.


A voir ... pour replonger encore et toujours dans ce monde si géniallissime de Jane Austen.

(Sources images : disqueoffice.ch ; my350z.ru ; elora.over-blog.net ; images.theage.com ; litteranet.blogspot.com)

mardi 6 avril 2010

Pas la peine de me persuader .... Je suis déjà conquise!

Persuasion
Jane Austen
(Défi Matilda's contest)

10/18, 1996.

Sous le vernis d'un genre, chacune des phrases de Jane Austen attaque les conventions, traque les ridicules, et finit avec une grâce exquise par pulvériser la morale bourgeoise, sans avoir l'air d'y toucher. Les héroïnes de Jane Austen lui ressemblent, elles aiment les potins mais détestent bavardages, grossièreté et vulgarité. La pudeur, le tact, la discrétion, l'humour sont les seules convenances qu'elles reconnaissent... Et si Jane Austen mène les jeunes filles au mariage, c'est fortes d'une telle indépendance qu'il faut souhaiter au mari d'être à la hauteur ! A lire yeux baissés et genoux serrés pour goûter en secret le délicieux plaisir de la transgression des interdits.

Anne Elliot, jeune femme de 27 ans, est la cadette d'une famille de trois filles. Discrète, douce, intelligente, elle est tombée amoureuse de Frederick Wentworth lorsqu'elle avait 19 ans. L'amour est partagé. Écoutant Lady Russell qu'elle considère comme sa mère, malheureusement décédée, Anne rompt ses fiançailles avec Wentworth. Ce simple marin sans fortune le rend inintéressant aux yeux de ses proches. Wentworth se retire désespéré. Anne vit durant 8 ans dans le regret et le souvenir de cet amour abandonné, quand un jour, Wentworth réapparaît dans sa vie.

Dès les premières lignes, ce fut un véritable enchantement. La magie opère à chaque fois. J'ouvre Jane Austen et quelque soit le moment, je plonge littéralement dans son univers. J'ai dégusté chaque phrase, chaque ligne de ce roman émouvant, magnifique et palpitant. Oui palpitant! C'est tout simplement impossible de s'ennuyer en lisant Jane Austen. Il se passe quelque chose d'indescriptible lorsque je lis les mots de cet auteur. Je suis dans son monde, je vois les personnages, je les entends, parle avec eux, je suis dans un salon anglais, je marche dans les landes anglaises, je suis DANS le monde de Jane Austen ... physiquement ... entièrement. Je suis devenue Anne Elliot durant 300 pages. Cette jeune femme douce, cultivée, sensible est très attachante. Chaque héroïne de Jane Austen a ses traits de caractère bien précis. On ne retrouve jamais le même personnage. Ce qui les rend d'autant plus réelles, palpables. Elles font parties de nous. Comme j'ai souffert pour Anne. J'ai ressenti toutes ses blessures : la morsure de la jalousie, le regret, la peur de revoir celui qu'on aime, la honte de soi. Les passages qui m'ont serrée le cœur sont ceux où Anne est ignorée de sa famille et parfois de ses amis. On ne fait pas attention à elle, la traite comme une quantité négligeable : "Elle fit un effort et dit, comme ils s'engageaient en ordre dans un nouveau sentier : "N'est-ce pas là un des chemins qui mènent à Winthrop?" Mais personne n'entendit, ou, tout au moins, personne ne lui répondit. " (p102).

Son histoire avec le si charmant capitaine Frederick Wentworth est magnifique. J'étais, tout comme Anne, dans l'attente d'un regard, d'un geste, d'un signe. Et puis, cette si belle scène de la lettre. Aaahh!!! Quel romantisme! Leur relation est parfaitement travaillée. Ce jeu des regards, cette compréhension mutuelle, cette confiance aveugle, tout est traité à merveille. Anne connaît Frederick comme personne. Elle analyse chacun de ses gestes, de ses paroles, de ses allusions.

Persuasion est un roman moins satirique qu'Orgueil et préjugés, moins drôle que Northanger Abbey. Il est davantage mélancolique et doux. On voit à travers les lignes, la Jane Austen malade et en fin de vie qui rédigea ce roman.

Un livre magnifique. Un coup de cœur. Un bijou.

Il ne me reste plus que Mansfield park et Emma à lire sans compter Juvelinia, The Watsons et Sandition. Je suis heureuse de voir que plusieurs heures de lecture enchanteresses m'attendent, mais j'appréhende également le moment où j'aurai tout lu.

La confirmation d'une passion grandissante, un amour et un respect profond pour cette grande dame de la littérature, pour son univers unique qui vient me chercher là, au cœur, mais aussi aux tripes. Une histoire d'amour ... non ... plus que ça!

Les avis de Lilly, Cuné, Pimpi, ....

" Bientôt, pourtant, elle commença à se raisonner et à tâcher de modérer ses sentiments. Huit ans, presque huit ans s'étaient passsés, depuis que tout avait été abandonné. Quelle absurdité de se remettre dans une agitation qu'un tel intervalle avait reléguée dans le lointain et le vague ! Que ne pouvait faire un intervalle de huit ant ? Evénements, de toutes sortes, changements, éloignements, départs.. tout, il devait tout comprendre ; et l'oubli du passé... si naturel, si certain aussi ! Il contenait à peu près le tiers de sa vie."

(Persuasion
, Austen, 10/18, 1996, p73)


(Source image : mollands.net : Illustration Persuasion Chapter XI)