dimanche 23 décembre 2018

Petit bilan de mes lectures de 2018

11ème bilan. 11 an de blog! Le temps passe. 
Faisons un point sur 2018.

Voici mes lectures marquantes de l'année :

  • Corps et âme de Conroy. Plus je repense à ce roman et plus je l'aime. Un énorme coup de cœur que ce roman. A découvrir ABSOLUMENT!
  • Anna Karenine de Tolstoï. 2018 a annoncé ma relecture de mes romans favoris, ceux qui ont construit la lectrice et la femme que je suis. J'ai donc relu Anna Karenine cette année et j'ai pris un plaisir monstre à le faire. C'est une oeuvre magistrale! Je n'étais jusqu'à maintenant pas une "relectrice". Maintenant, je compte bien relire chaque année un de mes romans fétiches. Anna Karenine a ouvert ce nouveau rituel et j'en suis ravie. Il y a quelque chose de tellement jouissif de connaître sur le bout des doigts une oeuvre, de la lire, de découvrir un nouvel aspect à chaque lecture. Je compte bien le relire une troisième fois, une quatrième et ... plus.
  • Le destin de Mr Crump de Lewisohn. Un roman glaçant et maîtrisé de bout en bout.
  • Ursule Mirouët de Balzac. Un excellent roman de cet auteur prodigieux. Que serait une année de lecture sans Honoré? 
  • La vie d'Arséniev de Bounine. Un roman d'une poésie rare. J'ai délaissé quelques temps la littérature russe alors que je l'adore. Je compte bien remédier à cet abandon impardonnable. 
  • L'auberge du pèlerin de Goudge. J'aime d'amour cette grande dame pleine de douceur et de générosité. Elle aime l'être humain et ça fait du bien. Les livres d'Elizabeth Goudge sont clairement une thérapie contre la dépression.
  • Loin de la foule déchaînée de Hardy. Un roman que j'ai longtemps rêvé de lire. Même si elle n'a pas le génie de Jude l'obscur, cette belle histoire nous suit plusieurs semaines après l'avoir finie.

En 2018, j'ai aussi poursuivi ma découverte de Vita Sackwille-West que j'apprécie énormément, enrichi ma connaissance de Duras que j'aime de plus en plus et retrouvé avec jubilation Amelia Peabody. Et bien d'autres choses.
J'ai aussi lu 3 livres qui ne sont pas des romans : Prenez le temps d'e-penser de Bruce Benaram ; Le grand roman des maths de Michaël Launay et Les lois naturelles de l'enfant de Cécile Alvarez. Je ne les ai pas tous chroniqués ici, mais j'ai réellement apprécié de ne pas  lire QUE des romans. Ces coupures "essais, documentaires, ..." m'ont appris plein de choses.


En 2019, je me souhaite plein de choses. Mais plus particulièrement :

  • Relire mon autre coup de cœur absolu avec Anna Karenine : Jane Eyre de Charlotte Brontë. J'en suis déjà fébrile!
  • Continuer à lire régulièrement malgré l'emploi du temps chargé et la fatigue. En toute honnêteté, j'aimerais vraiment lire plus. Je suis un brin frustrée de mon rythme irrégulier. Je peux parfois engloutir des pages et à d'autres moments traîner un roman durant des semaines. J'aimerais que ce rythme soit plus stable.
  • Poursuivre mes lectures offertes avec mes enfants. Je leur lis des livres depuis toujours bien sûr, mais maintenant on lit des livres "pour plus grands" ensemble (Comtesse de Ségur, Roald Dahl, etc ...). Un chapitre par ci par là. Des moments que j'affectionne.
  • Continuer à lire 2 ou 3 livres dans l'année qui ne sont pas des romans : essais, biographies, documentaires, ... 
J'ai pris le temps de parcourir ma PAL. Parmi les étagères de ma bibliothèque, quelques envies de lecture se peaufinent. Vous croiserez sûrement sur mon blog en 2019 : Watership down, Illusions perdues, Gabriële, Bleu de Sèvres, Martin Eden, La nuit du bûcher, La marche de Radetsky, Dark Island, Le lys de Brooklyn, Le maître des illusions, Kristin Lavransdatter, ... Mais aussi un Joyce Carol Oates, un Jules Verne, un Laura Kasischke, un Daphné du Maurier, .... Bref, quand je vous dis que je rêverais de LIRE PLUS!!


Je vous souhaite (un peu en avance) une année 2019 pleine de belles lectures!

Le son du vent dans les blés

 Loin de la foule déchaînée
Thomas Hardy
Archi poche, édition collector, 2017.

Jeune femme d’une grande beauté et au caractère impétueux, Bathsheba Everdene hérite à vingt ans d’un beau domaine, qu’elle dirige seule. Quand un incendie se déclare dans sa propriété, un ancien soupirant ayant connu des revers de fortune, Gabriel Oak, apporte une aide précieuse pour sauver ses récoltes. Elle lui procure un emploi parmi ses gens, mais devient l’élue de deux autres prétendants, bien décidés à obtenir sa main.

Je rêve littéralement de ce roman depuis de nombreux mois. Je l'ai longtemps observé, guetté, cherché au détour d'un rayon de librairie. Certains soirs, si je l'avais eu sous la main, je l'aurai attaqué direct ... comme une soif intense à étancher immédiatement. Je l'ai enfin acheté le mois dernier et je l'ai lu. Thomas Hardy est un de mes auteurs favoris depuis ma lecture de Jude l'obscur il y a quelques années. Loin de la foule déchaînée n'arrive pas au niveau de Jude l'obscur, mais j'ai cependant adoré ce roman. Ce que j'aime chez Hardy, ce sont les champs de blé, les grands espaces, les forêts, les ruisseaux. Hardy aime la campagne anglaise et chaque page nous le prouve. J'aime aussi son analyse de l'esprit humain. Ces personnages sont toujours complexes, pleins de doutes et de contradictions. Hardy ne tombe pas dans la facilité. Loin de la foule déchaînée nous offre encore des personnages difficiles à comprendre. Il est impossible de les catégoriser. Ceux qui semblent bons ne le restent pas forcément. Quant aux personnages négatifs, ils apparaissent toujours bien plus profonds qu'on ne le pensait au départ. Bathsheba pourrait passer pour capricieuse, alors que c'est une femme indépendante et moderne. Troy pourrait passer pour un égoïste sans scrupule alors qu'il s'avère aussi émouvant, bouleversant et même tendre. Le personnage sublime de ce roman reste Gabriel Oak pour moi. Cet homme doux, intelligent, honnête est un bijou de la littérature. La relation qu'il entretient avec Bathsheba est juste, vraie, humaine
J'ai totalement embarqué dans cette histoire. J'en ignorais totalement le dénouement, je suis donc restée en apnée jusqu'à la dernière ligne. 
Même si je reconnais, comme pour Le maire de Casterbridge, une qualité d'écriture moins transcendante que pour Jude l'obscur, je reste à genou devant le génie de Thomas Hardy. J'aime son univers à la fois rude et doux, j'aime ses ambiances, ses descriptions, ses personnages. j'ai refermé ce livre des images plein la tête. Un roman à lire absolument!

A peine le roman refermé, j'ai visionné l'adaptation cinématographique avec Carey Mulligan. Ce film est sublime et met parfaitement en image l'histoire de Thomas Hardy. A voir absolument!

" Parmi les nombreux devoirs que Bathsheba s’était imposés en ne prenant pas d’intendant se trouvait celui de faire chaque soir une tournée dans la propriété, afin de s’assurer que chaque chose se trouvait bien en sûreté pour la nuit. Gabriel l’avait presque toujours précédée dans cette ronde, veillant sur les intérêts de la jeune fille aussi strictement qu’aurait pu le faire un homme préposé à cet effet ; mais son tendre dévouement était en grande partie inconnu de la fermière, ou, du moins, accepté sans gratitude. Les femmes ne cessent de déplorer l’inconstance du sexe fort ; mais elles semblent se rire de sa fidélité. " 
(Photos : Romanza2018)

Mieux vaut tard que jamais

Gloire tardive
Arthur Schnitzler
Livre de poche, biblio, 2017.


La vie du vieux fonctionnaire Edouard Saxberger bascule le jour où un inconnu frappe à sa porte. Un jeune poète vient lui dire son admiration et celle de ses camarades pour l'unique œuvre lyrique qu’il a publiée jadis... Ramené au souvenir de ses lointaines ambitions, grisé par ce groupe qui l'adule et l'invite à rejoindre son cercle, Saxberger oscille entre le rêve de débuter une nouvelle carrière littéraire et la tentation de retrouver la « sourde et molle quiétude » de son existence bourgeoise.

Dans ce texte inédit récemment découvert, Schnitzler fait le portrait d'un vieil homme tourmenté par l'impossible désir de rajeunir, en même temps qu'il brosse le tableau drôle et impitoyable d'un microcosme artistique plus actuel qu'il n'y paraît, où règnent la prétention, la vacuité, la mesquinerie et l'obsession de la publicité.

D'Arthur Schnitzler, je n'avais lu que le sublime Mademoiselle Else. J'ai retrouvé avec plaisir la plume délicate de l'écrivain allemand. Même si Gloire tardive ne m'a tenue en haleine aussi bien que Mademoiselle Else, j'ai dégusté ce court roman. L'histoire d'Edouard Saxberger est touchante. J'ai aimé la critique fine et sensible de Schnitzler sur ce monde de paraître et de faux semblants. Le personnage de mademoiselle Gasteiner est délicieusement énervant et exaspérant. Ce monde qui se complaît dans l'autosatisfaction est merveilleusement bien décrit. On suit avec tendresse Saxberger dans cette gloire tardive qui vient bousculer son train-train. Cette histoire m'a rappelé, en bien moins tragique, l'histoire du vieux professeur de L'ange bleu qui chamboule toute sa vie pour les beaux yeux de Marlene Dietrich. Saxberger est moins passionné, moins romantique que le professeur du film, il ne se laisse pas longtemps berner par les artifices de ses nouveaux amis. Cependant, l'image de cet homme tranquille bousculé dans ses habitudes et sa routine est assez similaire. 
Un roman de qualité à découvrir. Je compte lire très vite Vienne au crépuscule qui me fait terriblement envie.
" C'est toujours la même chose. Au début on se contente du plaisir que l'on prend à créer et de l'approbation des rares personnes qui nous comprennent. Mais en cours de route quand on voit tout qui monte à côté de soi, tout ce qui se fait un nom, et même, accède à la célébrité, on en vient à se dire qu'il serait même bon d'être enfin écouté et reconnu à son tout. Mais à partir de là, gare aux déceptions ! La jalousie de ceux qui n'ont aucun talent, la superficialité et la malveillance des critiques et surtout l'effroyable indifférence de la multitude. On finit par se sentir las, las, las. On aurait encore beaucoup à dire mais personne ne veut écouter et on finit par oublier qu’on été soi-même l'un de ceux qui voyaient grand, qui avaient peut-être créé quelque chose de grand ".
(Photos : Romanza2018)