lundi 23 décembre 2013

C'est utile parfois d'avoir 7 langues de dragon dans sa poche!

Contes choisis
Grimm

Folio classique, 2001.

Les frères Grimm ont rassemblé et publié des contes populaires dont la tradition vivait encore à leur époque dans les pays allemands. Ils ont ainsi fait entrer dans la littérature et dans l'histoire de la pensée de ces petits chefs-d’œuvre. Les principaux étant "Cendrillon", "La Belle au Bois Dormant", "Blanche-Neige", "L'oiseau d'or" et quinze autres. Ces récits décrivent un passage, gêné par mille obstacles, mais qui s’accomplit heureusement à la fin ; ils expriment la nécessité pour l'individu d'évoluer d'un état à un autre, d'un âge à un autre, et de se former à travers des métamorphoses douloureuses, qui ne prennent fin qu'avec son accession à une vraie maturité. Aller de l'enfance à l'état d'homme est une épreuve qui ne peut être surmontée sans une initiation. La fée aide le héros perdu à sortir de l'égarement. Le conte donne ainsi aux enfants, et aux autres, une image d'eux-mêmes, de leur famille, de leurs parents : le merveilleux est dans le quotidien.

Après avoir lu (il y a quelques années) les contes de Perrault et les contes d'Andersen, je me suis plongée dans les contes des frères Grimm. Je me suis vite rendue compte que je connaissais très peu leurs récits et j'ai pris beaucoup de plaisir à les découvrir. Je dois même avouer que je les ai dévoré. Je ne pensais pas lire aussi vite ce recueil, à vrai dire. Je me suis faite attraper par ces histoires magiques et merveilleuses.
J'ai retrouvé certains contes célèbres comme Hansel et Gretel (et j'ai pu constater qu'il me faisait aussi peur que dans mon enfance ... Aahh! le passage de "grignoti, grignoton, qui grignote ma maison" ... bbbrrrr!!), Blanche-Neige, La belle au bois dormant, Cendrillon, Peau de Mille bête (Peau d'âne), ... J'en aussi ai découvert des nouveaux tout aussi passionnants comme Le fidèle Jean, De celui qui partit en quête de la peur,  Les six cygnes, ... J'ai eu la surprise de constater que tous ces contes sont extrêmement gores. Tortures, supplices, morts atroces, mutilations, ... Bref, je ne m'y attendais pas du tout. Mais les frères Grimm ne rentrent pas dans le détail, ils donnent les infos et c'est tout. Donc, les âmes sensibles, ne vous en faites pas, vous pouvez lire ces contes. 
Les histoires sont très courtes, elles se dégustent. Dès les premiers mots, on est embarqué. Un recueil à ouvrir sans crainte, avec confiance. C'est passionnant!
Perrault m'avait surtout séduite pour sa belle langue précieuse, typique de son époque. Ses contes sont assez intellectuels, très moralistes. Andersen (mon chouchou) me touche par sa grande sensibilité, ses histoires très humaines, presque sociales. Il est poétique, mélancolique. Les frères Grimm eux semblent avoir pour but de divertir uniquement. Le style est simple, les contes sont très courts. On les lit pour le plaisir.
Revenir aux classiques, aux sources, fait toujours un bien fou. Surtout quand ils sont succulents et passionnants. 

Avant que j'accède à votre désir, il me faut avoir trois robes, une dorée comme le soleil, une argentée comme la lune, et une brillante comme les étoiles : en outre j'exige un manteau fait de mille peaux et de mille fourrures, pour lequel chaque animal de votre royaume devra donner un morceau de sa peau ... "
(Peau de Mille bêtes, Contes de Grimm, Folio classique, 2001, p188)

(Source image : Hansel et Gretel, wikipedia.org)

samedi 21 décembre 2013

Fais pas ci, fais pas ça!

Fifi Brindacier
Astrid Lindgren

Livre de poche, jeunesse, 2009. 

Avec ses yeux vifs et ses tresses, on pourrait croire que Fifi Brindacier est une petite fille comme les autres. Et pourtant... D'abord, Fifi vit toute seule dans une grande maison avec un cheval et un singe. Ensuite, pour une petite fille, elle est douée d'une force...incroyable! Avec cela, un cœur d'or et une fantaisie sans limite. Pour ses camarades, elle est toujours prête à se dévouer ou à inventer des jeux extraordinaires. Et naturellement, tout le monde adore Fifi Brindacier.

Je suis bien décidée depuis quelques temps à lire les classiques de la littérature de jeunesse que je n'ai pas encore lus. Fifi Brindacier est un titre que j'avais noté depuis un moment. J'ai déjà lu Astrid Lindgren vers 10/11 ans. Il s'agissait de Ronya Fille de brigand. Je ne le recommanderai jamais assez aux jeunes lecteurs. Ce roman m'avait totalement engloutie. J'avais ressenti mes premières vraies émotions de lectrice : tristesse, peur, solitude, deuil, amitié, entraide, ... Il faudrait que je le relise. Ce monde peuplé de nains gris et de brigands est fabuleux. Mettez-le entre les mains de vos enfants! Bref ... Revenons à Fifi.
C'est dans un tout autre style que j'ai retrouvé Astrid Lindgren. L'univers n'est pas sombre comme dans Ronya. Plus léger, plus enfantin, Fifi Brindacier est un roman que tous les enfants adoreront. L'histoire d'une petite fille de 9 ans passant son temps à faire des bêtises ne peut que les passionner. Chapitre après chapitre, on se délecte des péripéties de Fifi. J'ai lu certains passages avec mon fils (de bientôt 3 ans) et il est resté très attentif. Un petit singe, un cheval, un cirque, un pique-nique, ... Il s'en passe des choses dans la vie de Fifi. 
En tant qu'adulte, mon regard sur Fifi est allé au-delà de la simple fascination. Les enfants aiment la voir faire n'importe quoi, ils aiment sa force incroyable et son esprit farfelu. Quant à moi, la situation de Fifi m'a rappelé celle de certains enfants que je croise dans mon quotidien. Fifi n'a pas de règles, de cadres, elle a été élevée de façon marginale, loin des convenances de la société. Lorsqu'elle est en contact avec d'autres personnages, elle est aussi fascinante qu'isolée, écartée, dévisagée. Plusieurs scènes montrent que Fifi ne se rend pas compte qu'elle est mal élevée ou différente. Lorsqu'elle saccage une pause thé ou un spectacle de cirque, elle croit bien faire car elle n'a pas les mêmes normes, les mêmes limites que les autres gens. Elle est en décalage permanent. Elle est ravie dans les dernières pages d'assister à un incendie sans se rendre compte que des vies sont en jeu. Certains moments m'ont renvoyé à mon métier où l'on croise beaucoup d'enfants que l'on n'arrive pas à comprendre, qui font, disent, pensent des choses qui nous paraissent incohérentes et que l'on rabroue car ce n'est pas dans l'ordre des choses d'agir ainsi. Comme le fait la maîtresse du village quand Fifi décide d'aller à l'école. Mais Fifi ne peut agir autrement, elle ne comprend pas, ne se rend pas compte qu'elle agit mal car personne ne lui a jamais dit que telle ou telle chose ne se faisait pas. Je me suis mise à la place de Fifi et j'ai compris ce que pouvait ressentir un enfant auquel on disait mille fois par jour (par exemple) "on insulte pas les autres!" mais qui n'a connu que ça autour de lui depuis sa naissance. 
Il y a vraiment deux lectures dans ce texte et c'est ce qui le rend riche et intéressant. On a une Fifi fabuleuse, acrobatique, drôle et imaginative mais aussi une Fifi qui ne pourra jamais allée à l'école, qui vivra toujours en marge, sera rejetée par certains et toujours vu comme une bête de foire. On est partagé entre sa liberté, son indépendance, son originalité qui la rend si attachante et sa tristesse de se sentir si décalée face aux autres, son manque de repères et d'équilibre. Cet aspect du livre d'Astrid Lindgren est vraiment frappant et passionnant. 
Je vous conseille vraiment de vous plonger dans ce classique enfantin. Vous rirez des réflexions de Fifi et de ses aventures. C'est frais, gai, ça se lit sans faim. Par contre, vous y découvrirez aussi une lecture plus adulte sur la vie d'une enfant marginale et vous vous questionnerez sur l'avenir de ce brin de fille pétillant. Peut-on vivre en marge de la société, sans aucune connaissance des règles et des mœurs? En ouvrant ce texte, je ne pensais vraiment pas me poser autant de questions ... 

Dans la toute petite ville, tout le monde sut rapidement qu'une drôle de petite fille de neuf ans vivait seule à la villa "Drôlederepos". Et les papas et les mamans de la petite ville n'aimait pas du tout, mais alors, pas du tout une chose pareille. Tous les enfants devait avoir quelqu'un qui leur disait ce qu'ils avaient à faire, tous les enfants devaient aller à l'école et apprendre les tables de multiplication. Donc les papas et les mamans de la petite ville décidèrent que la petite fille de la villa "Drôlederepos"devait être immédiatement placée dans un orphelinat, une maison pour enfants. "
(Fifi Brindacier, Astrid Lindgren, Livre de poche, 2009, p37)

(Source image : silvi.over-blog.com)

mercredi 18 décembre 2013

Diantre!

Cranford
Elizabeth Gaskell


Points, Grands romans, 2009.

Au XIXe siècle, le petit village anglais de Cranford vit au rythme des discussions autour du thé et des entorses aux convenances. Au fil des saisons, Mary Smith rend visite à ses amies et connaissances. Elle est ainsi témoin de tous les grands et petits événements qui bouleversent la société de Cranford : deuils, scandales amoureux mais aussi manque d'argent. Car ces dames de bonnes familles se doivent de dissimuler leur pauvreté sous le vernis de l'élégance.

Je dois reconnaître - tristement- que mon premier sentiment lors de ma lecture de Cranford fut la déception. Oui, je le confesse (je ferai 4 Ave et 6 Pater, promis)! 
J'ai adoré Nord et Sud (*soupir*) et j'ai trouvé beaucoup de charme aux Confessions de Mr Harrison, je partais donc toute guillerette dans les aventures de Cranford.  Je ne peux pas trop expliquer ce qui s'est passé dans ma tête. Je crois que, déjà, je m'attendais à un roman dans sa forme la plus basique, alors que Cranford a une construction assez particulière. Au début, on ne sait même pas qui est le narrateur (la tendre Mary se dévoile au fur et à mesure), j'ai eu la sensation d'être télescopée à Cranford assez brutalement, sans préambule, sans introduction. Cranford est composé d'anecdotes. Étrangement (pour une adepte de la blogosphère littéraire et des romans anglais), je ne m'y attendais pas. Du coup, j'ai mis plusieurs pages à me faire à cette construction. J'avais l'impression de passer du coq à l'âne en permanence. Bref, vous l'aurez compris mon emménagement à Cranford ne s'est pas fait en douceur. Puis, progressivement, je me suis liée d'amitié avec les habitantes. Thé après thé, j'ai appris à vivre parmi elles. J'ai surtout été très émue par Miss Mathy, très touchante. Certains passages sont franchement drôles. J'ai beaucoup souri. D'autres au contraire m'ont rappelé Nord et Sud pour leur profondeur, leur force. En quelques mots, Gaskell arrive à rendre un simple moment beau, émouvant, nostalgique : " Miss Matty dénoua le paquet avec un soupir qu'elle s'empressa de ravaler aussitôt, comme s'il était répréhensible de regretter le passage du temps, ou celui de la vie d'ailleurs. Nous convînmes de les lire séparément, en prenant chacune une lettre différente dans le même paquet et en décrivant son contenu à l'autre avant de la détruire. Avant cette soirée, je ne m'étais jamais douté qu'il était si triste de lire d'anciennes lettres et j'aurais été bien embarrassée de dire pourquoi. Car ces lettres débordaient de bonheur - du moins celles qui remontaient le plus loin dans le temps. On y trouvait un sentiment très vif, très intense du moment présent, qui paraissait si puissant, si épanoui qu'on avait l'impression qu'il ne pourrait jamais s'éteindre, que les coeurs chaleureux et vivants qui s'exprimaient ainsi ne pourraient jamais mourir et disparaître pour toujours de la terre ensoleillée. " (p86).
J'ai fini par me régaler des petites aventures de Cranford, à écouter les ragots, à aider les amies. Si je m'étais, dès les premières lignes, attendue à ce style de lecture, j'aurai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Malheureusement, cela m'a pris du temps et j'ai lu plusieurs pages un peu perdue. 
Cranford est le texte que j'ai le moins aimé de Gaskell  (après avoir lu Nord et Sud et Les confessions de Mr Harrison). Et c'est avec tristesse que je le reconnais. Mais je suis toujours bien décidée à lire les autres romans de cette grande dame de Lettres. Je me replongerai avec bonheur dans son monde sentant bon le Earl grey et les scones. 

" A l'évidence, le sucre était l'économie favorite de Mrs Jamieson,. Je gagerais volontiers que la pince à sucre en filigrane, qui ressemblait plutôt à une paire de ciseaux à broder, n'aurait jamais pu s'écarter suffisamment pour saisir un de nos honnêtes et vulgaires morceaux de taille ordinaire; d'ailleurs , lorsque j'essayai de prendre d'un coup deux des petits morceaux miniatures, afin qu'on ne me vît pas plonger de trop nombreuses fois dans le sucrier, elle en lâcha un d'office, avec un petit claquement sec et une malveillance délibérée. "
(Cranford, Elizabeth Gaskell, Points, 2009)

(Source image : Cranford (BBC) interactive.wxxi.org)

lundi 16 décembre 2013

Noël avant l'heure!


Il y a des matins où, en se levant, on ne s'attend à rien de particulier. On sort doucement du brouillard, on prend plaisir en se disant que notre petit d'Homme ne nous a pas réveillé cette nuit (Aah! les joies de la varicelle), on s'installe pour le petit déjeuner traditionnel accompagné du roman du moment (avec une pause préparation du mini déj' du petit d'Homme nommé plus haut) ... On se prépare, on se conditionne pour aller travailler. Et là, la sonnerie retentit. 10 sec pour demander au chien de bien vouloir fermer sa g****e et enfin on entend le postier qui nous dit : "un colis pour vous!". Bon ... On descend (zut, pas fini de m'habiller, j'ai encore le bas de pyjama!), on signe, on remercie (avec dignité même si on est en bas de pyjama). Et là, on cogite. Qui nous envoie un colis? Est-ce que j'ai commandé quelque chose? Le prénom me dit quelque chose, le nom de famille rien! Et ça y est ... On comprend! On commence à être euphorique, on n'y croit pas, on se dit que franchement la vie est belle. Un petit colis comme ça, pour rien, juste pour faire plaisir, pour le bonheur de surprendre quelqu'un et de lui illuminer sa journée. Merci Lou! Je suis touchée et émue. C'est une belle attention, un geste délicat ! Et c'est avec amitié que je te crie un grand merci! La blogosphère crée de belles rencontres. 

Vu que c'est Noël dans quelques jours, je n'ai rien ouvert (enfin j'ai ouvert le colis tout de même ... où le thé Mariage Frères, le marque page et le carnet Actes Sud n'étaient pas emballés!!). J'ai lu la carte aussi, mais le reste, j'ai caché ça dans un tiroir pour le soir du réveillon. Et vu que je suis très méchante, vous serez, vous aussi, obligés d'attendre Noël pour savoir ce que cachent ces jolis paquets! 

Bonne journée à tous!

dimanche 8 décembre 2013

L'Homme n'est que désir ...

Brûlant secret et autres nouvelles
Stefan Zweig

 France loisirs, 2009.

Comment le désir et la passion, enracinés au fond de chaque être, peuvent le révéler à lui-même et bouleverser son destin : tel est le secret que tentent de percer les quatre récits qui composent ce volume. L'éveil de la jalousie chez un garçon de douze ans, qui a innocemment rapproché sa mère et le jeune vacancier oisif dont l'amitié l'emplissait de fierté ; la dérive nocturne d'un homme qui découvre au contact des voyous et des prostituées une part inconnue de lui-même ; le mystère d'une jeune femme qui se donne sans vouloir révéler son identité; la rivalité de deux soeurs, l'une religieuse et l'autre courtisane : dans des situations très diverses, l'auteur de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme explore avec audace des sentiments troubles et fascinants, témoignant d'une absolue maîtrise de son art de romancier.

Dans ce recueil de quatre nouvelles (Brûlant secret, Conte crépusculaire, La nuit fantastique, Les deux jumelles), Zweig a développé un point de sa personnalité qui, jusqu'à maintenant, m'était que légèrement apparu : sa sensualité. Les quatre nouvelles traitent du désir. Ce dernier est parfois frustré, mais aussi brutal, mystérieux, animal, passionné, dépravé. Nous croisons des personnalités différentes, luttant avec leurs secrets et leurs angoisses, mais qui se retrouvent à un moment de leur vie face à un choix, un doute, une révélation impliquant leurs désirs, leur sensualité, leurs émotions. 
Brûlant secret m'a énormément rappelé Vingt quatre de la vie d'une femme, texte sublime de Zweig. Cette histoire de femme prisonnière de sa vie et de ses devoirs qui se laisse tenter par l'infidélité et le déshonneur est bouleversante. La relation que cette femme entretient avec son fils est complexe, elle remue les tripes, chamboule, déconcerte. Zweig dans toute sa splendeur. 
La seconde, Conte crépusculaire, possède une ambiance particulière. Une femme se livre à un homme la nuit sans jamais dévoiler qui elle est. C'est beau, humain, troublant.
La nuit fantastique est la nouvelle que j'ai trouvé la moins passionnante et pourtant, je pense qu'elle est la plus approfondie. Le héros est assez antipathique. Heureusement, la plume de Zweig, toujours aussi sublime, m'a permise tout de même de me laisser aller dans cette étrange aventure d'une nuit.
La dernière, Les deux jumelles, se dévore. Écrite sous forme de légende, on découvre un Zweig presque grivois, contant les péripéties de deux sœurs peu pudiques. Son but est de divertir et ça marche. 
Comme toujours, j'ai été attrapée. Zweig a su me captiver. Et son écriture! Que dire? Même fatiguée, déconcentrée, la tête ailleurs, il arrivait à m'agripper en trois mots. N'importe laquelle de ses phrases, même lue hors contexte, est un délice de poésie, d'humanité, de psychologie, de sensibilité. Décidément, un grand monsieur. 

" La locomotive fit entendre un rauque sifflement : on était arrivé au Semmering. Pendant une minute les noirs wagons stationnèrent sous la lumière faiblement argentée du ciel ; ils rejetèrent un mélange de personnes et en avalèrent d’autres. Des vois nerveuses résonnèrent çà et là, puis la machine siffla de nouveau et entraîna bruyamment la chaîne sombre des wagons dans la gueule du tunnel. Et la paix recommença à régner sur le vaste paysage aux clairs arrière-plans balayés par le vent humide."
(Brûlant secret, Stefan Zweig, France Loisirs, 2009)

(Source imgae : baudelet.com. Gustave Caillebotte, Femme à sa toilette)

mercredi 4 décembre 2013

.....

Je vous souhaite un bel hiver ...


... rempli de lectures passionnantes, de thés réconfortants, de paysages enneigés, de balades, de joues rouges, de chocolats chauds, de pâtisseries, ....

Dévorons des pages blotties dans un plaid au coin d'un feu, plongeons dans des aventures littéraires palpitantes, .... Vibrons, pleurons, rions, .... 

Bel hiver tout en lecture.

mardi 3 décembre 2013

Une vie bien remplie

Des femmes remarquables
Barbara Pym

10/18, 1996.

Des femmes remarquables passe, en Angleterre, pour l'un des meilleurs crus, et à juste titre. Mildred Lathbury, qui s'épuise elle-même par son excès de vertu et contemple avec consternation les reflets gris et ternes que lui renvoient les miroirs du presbytère trop assidûment fréquenté, est l'un des personnages paradoxalement les plus réussis de Barbara Pym. Son drame ? Etre une chic fille qui sait prêter aux autres une oreille trop aisément compatissante et qui a toujours une bouilloire sur le feu pour le thé quand on sonne à sa porte. 

Voilà un petit roman frais, agréable et au charme délicat ... Je n'avais jamais ouvert de romans de Barbara Pym, plume britannique considérée soit comme talentueuse soit comme complètement ennuyeuse. C'est chose faite et j'ai été conquise. J'ai trouvé ça "douillet", drôle, tendre et fin. Ceux qui désirent des aventures rocambolesques, des meurtres, du sang et du sexe, passez votre chemin. Ici, on parle de thé, de tricot et de ragots. J'étais très confortablement installée dans le petit monde de Pym cette semaine, et ce fut une jolie expérience. Mildred est un personnage qui m'a énormément faite rire. Ses répliques, ses réflexions, son autodérision sont excellentes : "Nos plateaux s'entrechoquant défilaient à une vitesse vertigineuse, si bien que je finis par me retrouver nantie d'un assortiment de mets que je n'aurais jamais choisis si j'avais eu une minute de réflexion " (p100) ; "Je songeai, non sans tristesse, que c'était excatement le genre de lingerie susceptible d'appartenir à une femme de mon genre, aussi se passe t-elle de description" (p 110) ; "Bien des histoires d'amour ont dû être étouffées dans l'oeuf par le spectacle d'un vis-à-vis affairé à manger des spaghettis. " (p124). Outre son humour, Mildred m'a émue. Je n'ai pas senti qu'elle était triste d'être célibataire. Elle revendique le droit à l'indépendance et aime le petit monde solitaire qu'elle a crée. Par contre, j'ai ressenti le poids de la société autour d'elle, ces gens qui sont en permanence en train de lui chercher un mari ou qui la plaignent d'être dans une situation si peu enviable. Le manque de choix de la femme se ressent douloureusement : se marier ou être considérée toute sa vie comme une vieille fille un peu inutile. 
Un roman que j'ai ouvert toujours avec le sourire. Simple, doux, sans prises de tête, mais intelligent et profond. Une ambiance anglaise tout simplement succulente. Je n'en ai pas fini avec Mrs Pym ... C'est sûr! J'ai déjà hâte d'ouvrir un autre de ses textes. Une belle découverte! 

" Je me dis qu'après tout, la vie se réduisait, pour la plupart d'entre nous, à des détails de cet ordre : les petits désagréments plus que les grandes tragédies, les dérisoires petites envie plus que les grands renoncements et les tragiques passions amoureuses de l'histoire ou des romans. "
(Des femmes remarquables, Barbara Pym, 10/18, 1996)

(Source image : portrait of Dolly Stiles sur en.wahooart.com))

samedi 23 novembre 2013

" Et maintenant, ..., adieu bonté, humanité, reconnaissance ... Adieu à tous les sentiments qui épanouissent le coeur! "

Le comte de Monte Cristo
Alexandre Dumas

Folio, 2012.

Edmond Dantès, jeune officier, revient d'un voyage à bord du Pharaon, navire appartenant à l'armateur Morrel. Il a dû remplacer le capitaine Leclère, décédé durant le voyage, des suites d'une fièvre cérébrale. Le 24 février 1815, c'est donc lui qui ramène le Pharaon dans le port de Marseille. Dès son arrivée, il est accueilli par Morrel qui lui promet de le nommer capitaine. Dantès est au comble du bonheur : il va ainsi pouvoir aider financièrement son vieux père et épouser sa belle fiancée, la Catalane Mercédès. Mais ce bonheur suscite la jalousie. Il y a tout d'abord Danglars, le comptable du bateau qui brigue le poste de capitaine du Pharaon, et aussi Fernand Mondego, un pêcheur amoureux de Mercédès et repoussé par elle.
Aidés de Caderousse, voisin et ami de Dantès, Danglars et Fernand vont comploter pour se débarrasser d'Edmond.
(Wikipedia.org)
Bon, il faut que j'arrête de reculer, de repousser et de trouver toujours des excuses. Je tourne autour du pot depuis plusieurs jours. J'essaie en vain de me lancer dans l'écriture de cet avis. Je sais avant même de rédiger ce billet que je n'en serai pas satisfaite. J'ai trop de choses dans le coeur, trop de choses à dire et d'autres à taire. La lecture du Comte de Monte Cristo est comparable à nulle autre. On plonge dans un monde plein de violences, de haines, de complots, un univers si addictif que l'on n'en ressort plus. 1400 pages qui se lisent d'une traite, le souffle coupé, sans aucun moment long ou inutile, la main tremblante, le coeur serré
Je connais le génie de Dumas depuis presque 15 ans. La reine Margot fut ma première lecture de ce grand homme et un de mes plus forts souvenirs littéraires. Je ne peux y repenser sans émotion. Puis il y a eu l'inoubliable Les trois mousquetaires, le touchant La tulipe noire, le passionnant La guerre des femmes et l'agréable Pauline. Je pensais que Dumas n'avait plus rien à me prouver, je connaissais sa plume si vive, drôle, dynamique, je connaissais son talent pour écrire des intrigues palpitantes et menées à la perfection, ainsi que sa poésie et sa délicatesse. En ouvrant, Le comte de Monte Cristo, je m'attendais vraiment à trouver un joyau ... Malgré ça, bien que je m'y sois préparée, je suis à genoux, éblouie. 4 jours après ma lecture, je suis toujours à côté d'Edmond Dantés, cet homme grave, sévère, intimidant ... mais si parfait. 
Je n'ai pas retrouvé dans ce roman l'humour si piquant de Dumas. Mais ce livre est si sombre, si dramatique (presque tragique) que l'humour n'a pas sa place ici. Ce manque de légèreté ne m'a pas manqué car il n'aurait pas collé à cette histoire si sombre. Par contre, j'ai retrouvé sa sensibilité, sa délicatesse, sa passion, son art de tenir en haleine son lecteur qui devient tout bonnement incapable de lâcher le roman. J'ai rarement lu un texte si bien ficelé, une intrigue parfaite en tout point. Aucune faiblesse, aucune facilité. De l'excellence du début à la fin. Je me demande même où Dumas (et Auguste Maquet, son collaborateur ... rendons à César ce qui est à César) a trouvé toutes ses idées. La construction de la vengeance de Dantés est scotchante. Cette idée de ne jamais dire avant la fin que le comte de Monte Cristo est Edmond Dantés (alors que le lecteur le sait très bien) est géniale. Lorsque tombe cette phrase : "Je suis Edmond Dantés" ... Notre coeur s'arrête ... Et pourtant, on savait! La différence entre ses deux personnalités Dantés/le comte, qui sont pourtant la même personne, est saisissante. Edmond Dantés est la part humaine de notre héros. Le naïf capitaine du Pharaon captif malgré lui et, dans les dernières pages, l'homme mûr qui se demande si sa vengeance n'a pas dépassé les limites. Le comte de Monte Cristo lui ne fléchit pas, ne doute pas, il est sans pitié et déterminé à faire tomber les coupables. 
Le comte de Monte Cristo nous offre des personnages tous plus inoubliables les uns que les autres. Bien sûr, il y a notre héros qui surpasse tous les autres en intelligence, en charisme, en stratégie, en émotion. Mais on croise aussi le terrible Villefort, la triste Mercédés, le touchant Maximilien, le séduisant Luigi Vampa, ... Chaque personnage a sa propre histoire, son moment de gloire (ou de défaite), devient le héros durant quelques pages. Et toujours, telle une ombre survolant la terre, le comte de Monte Cristo veille, attend le moment où sa toile d'araignée sera achevée et où il pourra enfin frapper le dernier coup. Il est partout, contrôle tout. 
Dumas reste Dumas ... et dans chacun de ses romans, le fond historique a son importance. C'est à Dumas que je dois tout ce que je sais sur la Saint Barthélémy, la fin des Valois, les guerres de religion. C'est lui qui m'a fait comprendre qu'un roman historique fallait 100 cours d'Histoire. Certes, Le comte de Monte Cristo n'est pas un roman historique et le contexte est moins présent, moins important que dans d'autres de ses romans. Mais j'ai tout de même apprécié de revoir l'histoire de la chute de Napoléon, les 100 jours, la Restauration, ... Parce qu'en plus d'en prendre plein les yeux et plein le coeur, avec Dumas, notre petit cerveau apprend plein de choses. 

C'était inutile d'essayer de faire un avis ... Je crois que j'aurai mieux fait de me taire. Après une telle lecture, les mots semblent incapables de décrire cette passion, ce génie, ces émotions qui remplissent un roman tel que Le comte de Monte Cristo. J'aime Dumas de tout mon coeur. Tous les meilleurs films du monde ne pourraient pas m'offrir cette bourrasque de sentiments qui m'a traversé durant les 1400 pages de ce texte. Encore plus que d'habitude, j'ai pensé en lisant Le comte de Monte Cristo à quel point je plaignais et ne comprenais pas ceux qui n'aimaient pas lire. Comment ne peut-on pas être hypnotisé, englouti, passionné par une histoire telle que celle là? Je ne comprends pas. 
Je ferme les yeux et je revois le château d'If, la cellule d'Edmond, l'abbé Faria ... et j'ai envie de repartir dans cet univers, retrouver Maximilien, Valentine, Albert, Mercédés ... A l'évocation d'un seul nom, d'une seule scène, d'une seule image, je suis saisie ... Et je pense que plus les années passeront plus mon amour pour ce roman grandira. 

«On fit encore quatre ou cinq pas en montant toujours, puis Dantès sentit qu'on le prenait par la tête et par les pieds et qu'on le balançait.«Une, dirent les fossoyeurs.- Deux.- Trois !»En même temps, Dantès se sentit lancé, en effet, dans un vide énorme, traversant les airs comme un oiseau blessé, tombant, tombant toujours avec une épouvante qui lui glaçait le cœur. Quoique tiré en bas par quelque chose de pesant qui précipitait son vol rapide, il lui sembla que cette chute durait un siècle. Enfin, avec un bruit épouvantable, il entra comme une flèche dans une eau glacée qui lui fit pousser un cri, étouffé à l'instant même par l'immersion. Dantès avait été lancé dans la mer, au fond de laquelle l'entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds.La mer est le cimetière du château d'If.»
(Le comte de Monte Cristo, A. Dumas, Tome 1, Folio, 2012, p 218/219).

(Sources images : pastichesdumas.com)

mercredi 20 novembre 2013

Rentrée ...

... avec des couleurs plein la tête et l'esprit léger ... et des avis de lecture aussi! 

 (photos Laos, Romanza, 2013)

lundi 4 novembre 2013

Ce n'est qu'un au revoir ...

 ... Promis, je reviens! Je pars pour deux semaines ... 
Le Laos et ses merveilles m'attendent. 


Deux semaines pour se ressourcer, prendre le temps de vivre et penser à soi. 

Bien sûr, j'ai longtemps réfléchi aux lectures que je glisserai dans mes bagages. J'ai fouillé du côté de la littérature laotienne mais je n'ai rien trouvé de tentant. Alors, je me suis dit que ces deux semaines étaient l'occasion d'ouvrir un gros pavé classique, une lecture toujours repoussée par manque de temps. J'embarque Le comte de Monte Cristo de mon cher Dumas.  Je l'ouvre dans l'avion ... 
(En attendant, j'ai ouvert un recueil de nouvelles de Zweig. Un délice comme toujours! Je le finis sûrement ce soir, mais vous aurez mon avis qu'à mon retour).


A très vite!

samedi 2 novembre 2013

" Cet endroit... aussitôt que vous y avez mis le pied, il prend possession de vous... "

Simetierre
Stephen King

J'ai lu, 1987.

Louis Creed, un jeune médecin de Chicago, vient s'installer avec sa famille à Ludlow, petite bourgade du Maine. Leur voisin, le vieux Jud Crandall, les emmène visiter le pittoresque " simetierre " où des générations d'enfants ont enterré leurs animaux familiers. Mais, au-delà de ce " simetierre ", tout au fond de la forêt, se trouvent les terres sacrées des Indiens, lieu interdit qui séduit pourtant par ses monstrueuses promesses. Un drame atroce va bientôt déchirer l'existence des Creed, et l'on se trouve happé dans un suspense cauchemardesque... 

Pour moi, la meilleure définition que l'on puisse donner à Stephen King n'est pas « le maître de l'horreur ». Alors oui, bien sûr, il maîtrise le suspense comme personne, ses ambiances étranges et inquiétantes sont si bien rendues que l'on en reste scotché, il a un don pour nous faire flipper avec un rien, mais (tout comme lors de ma lecture de ça), ce qui fait le talent de King pour moi n'est pas son esprit noir et flippant, mais bel et bien ses qualités de conteur. Je suis bluffée. L'histoire de Simetierre est sombre, dure, traumatisante et pourtant l'horreur n'est réellement présente que durant un tiers du roman. Tout comme ça, Stephen King nous offre un roman profond parlant d'amour, d'amitié, parlant de nos peurs les plus secrètes, de nos doutes, nos rêves, nos angoisses. Les romans de Stephen King parlent d'humanité. J'ai longtemps pensé qu'il n'écrivait que des histoires trashs, crues, difficiles à lire tant l'horreur était à son apogée. Depuis ma lecture de ça il y a 4 ans, j'ai compris que King écrivait surtout des romans humains, beaux, touchants et écrits d'une main de maître. Je pense que les lecteurs recherchant une simple histoire gore risquent d'être déçus. Les choses ne s’accélèrent qu'à la page 300 (sur 570). Les premières pages sont là pour installer l'ambiance, nous mettre en condition, nous faire aimer assez les personnages pour être bouleversé par leur sort (comme j'ai eu envie de crier). On croirait presque lire un roman nous contant l'histoire tranquille d'une famille américaine. Certaines scènes font froid dans le dos mais au final elles ne sont pas très nombreuses. Bon par contre, elles sont intenses … autant vous prévenir. Mais plus que des scènes gores, King arrive à nous terrifier avec un rien. C'est un magicienL'horreur chez King est comme une ombre qui plane au-dessus de notre tête. Quelque chose de toujours présent, près de nous, prêt à frapper. Il installe si bien l'ambiance qu'il arrive à nous faire sursauter seulement en décrivant le bruit d'une feuille qui tombe d'un arbre. J'en reste bluffée. L'une des images les plus flippante du roman est (je pense) celle de Zelda, la soeur de Rachel. Pas de goutte de sang, pas de trucs dégoûtants lors de la description de ce personnage et pourtant, Zelda m'a complètement traumatisée. Chapeau à Mr King! Et puis, il y a Church aussi. Ce chat m'a donné quelques sueurs froides. Pourtant, King ne raconte rien de vraiment terrifiant, mais il sait avec quelques mots nous rendre tellement bien une ambiance que Church, sa démarche maladroite, son odeur de terre, ses yeux vitreux, m'a angoissée comme jamais. 
Simetierre est sublime. King prend le temps de nous présenter la famille Creed. On s'attache à eux, on les aime. J'ai aimé les suivre dans leur quotidien. Ellie et Gage sont devenus mes enfants, Louis m'a souvent beaucoup fait rire et Rachel m'a touché. Mais surtout, ses quatre personnes m'ont bouleversé. L'image du petit Gage me hante. Je n'arrive pas à faire mon deuil de cette histoire. Mon petit garçon a l'âge de Gage et je n'ai pas arrêté de penser à lui en regardant mon fils. Tout comme les personnages de ça, les visages de Simetierre m'accompagneront toute ma vie. J'aime cette sensation à la fin d'une lecture. J'ai laissé des amis derrière moi. 
Stephen King arrive à nous faire imaginer tellement bien l'histoire que tout prend forme devant nos yeux. Je voyais la maison des Creed, ainsi que la route la séparant de celle de Jud, le chemin du "Simetierre", ... On rentre véritablement dans un autre monde, un univers parallèle au nôtre.
Si King n'écrivait que des histoires noires où la violence gratuite regorge, où les descriptions tombent dans le sanglant, je ne le lirai pas. Tout ça ne m'intéresse pas. Mais King écrit de sublimes histoires d'hommes, de femmes, d'enfants, il parle de sentiments universels et profonds, tout ça accompagné par une ambiance délicieusement angoissante. 
Tout comme après la lecture de ça, j'emmène avec moi plein d'images : le petit Gage jouant au cerf-volant, Zelda hurlant dans son lit, les réflexions amusantes de Louis, les camions roulant bien trop vite, le regard inquiétant de Church, Jud busant sa bière devant sa maison, des traces de pas boueux, ... 
Dérangeant mais pas voyeur, angoissant mais sublime, … Un roman qui me poursuivra longtemps. Décidément je n'en ai pas fini avec King. 

On a probablement tort de penser qu'il peut y avoir une limite à l'horreur que peut éprouver l'esprit humain. Au contraire, il semble qu'à mesure que l'on s'enfonce plus profondément dans les ténèbres de l'épouvante, une espèce d'effet exponentiel entre en jeu. Pour aussi déplaisant qu'il soit de constater, l'expérience humaine tendrait plutôt à valider l'idée suivant laquelle l'horreur suscite l'horreur, une calamité accidentelle engendrant d'autres calamités - parfois voulues celles-là - jusqu'à ce que les ténèbres finissent par tout recouvrir à la façon d'une tache d'encre qui s'étale progressivement sur un buvard."
(Simetierre, S. King, J'ai lu, 1987)


(Source image : deviantart.com)


vendredi 1 novembre 2013

Il y a des squelettes dans le placard!

Halloween party
R L Stine

J'ai lu, 1997.

Halloween ! Au lycée de Shadyside, on ne parle plus que de cela. Justine, la nouvelle, donne une fête. Et tous s'interrogent. Pourquoi a-t-elle décidé d'inviter Terry, Cindy, Lester, et les autres ? Neuf convives. Choisis au hasard ? Arrive enfin le jour J. Chacun arrive déguisé en vampire, en squelette... Les costumes sont plus vrais que nature, le décor aussi : toiles d'araignée, crânes en papier mâché : tout le monde s'amuse à se faire peur, c'est Halloween ! Jusqu'au moment où l'on découvre Lester dans un placard. Mais cette fois, ce n'est plus un jeu : le garçon est bel et bien mort, un poignard planté en plein coeur. Dès lors, la fête vire au cauchemar...

Je pense que toutes les personnes de ma génération se souviennent de R L Stine, l'auteur de la série Chair de poule. Que ce soit en livre ou à la télévision le week-end, ces petites histoires terrifiantes ont passionné des milliers de jeunes. Je me souviens surtout, pour ma part, de La tour de la terreur. Lu à la pré-adolescence, ce roman m'avait fasciné. L'histoire de ces deux enfants poursuivis par un bourreau du moyen-âge alors qu'ils visitaient gentiment la Tour de Londres m'a longtemps perturbée. Ce terrible personnage au visage caché et traînant sa hache derrière lui était assez terrifiant. Bref! Il y a quelques années, durant un swap Halloween, j'ai reçu Halloween party, un roman de R L Stine que je ne connaissais pas. Englouti en moins de deux heures, ce roman m'a fait passé un agréable moment. Alors l'écriture est franchement fade, le style n'a rien d'exceptionnel ou de particulier et le tout est très stéréotypé. Mais je dois reconnaître que R L Stine a beaucoup d'idées. Je trouve ses histoires assez originales et prenantes. Celle de La tour de la terreur m'avait laissé cette impression et Halloween party le confirme. R L Stine est doué pour les histoires de fantômes, de pantins diaboliques, de maisons hantées et de vengeances. Alors même si la forme est franchement moyenne, l'histoire, quant à elle, est sympathique et on embarque. Halloween party m'a rapidement accroché et les 150 pages sont passées très vite. 

" Une tombe toute biscornue se dessinait sous la lueur blafarde de la lune. Les lettres gravées dans la pierre étaient recouvertes de mousse, mais une partie de l'épitaphe était encore lisible : MORT LE 31 OCTOBRE 1884. Terry Ryan avançait d'un bon pas pour passer devant la tombe le plus vite possible, mais Cindy Meyer, sa petite amie, le retint par la manche. "
(Halloween party, R L Stine, J'ai lu, 1997, p 5)



mercredi 23 octobre 2013

Drôles de clichés!

Chambres noires 
Tome 1 - Esprit, es-tu là?
Olivier Bleys et Yomqui Dupont

Vent d'ouest, 2010. 

Paris, 1877. Dans le studio de « photographie fluidique » de la famille Pénouquet, des bourgeois s’entretiennent avec leurs parents défunts puis posent en leur compagnie. Ce n’est bien sûr qu’un trucage : Louise et Tristan, les jumeaux adoptifs de la maison, se griment en spectres pour tromper les clients. Mais un jour, le visage d’un vrai fantôme apparaît sur les clichés…


Je ne suis pas une experte en bande dessinée. Alors je ne suis peut-être pas très crédible en vous recommandant le 1er tome de Chambres noires. Mais tant pis! J'ai passé un très bon moment. Les amoureux de la période victorienne aimeront cet album plein de charme, glauque et poétique, un peu comme un film de Tim Burton. Par contre, il se lit bien trop vite. C'est le seul regret. Notre curiosité est titillée, l'ambiance est délicieuse, les personnages particuliers et attachants et on arrive très frustré à la fin de ce tome alors que rien encore n'a été révélé. Un fantôme apparaît sur les clichés d'un des membres de la famille Pénouquet. Qui est-ce? Où sont passés les étranges jumeaux adoptifs? J'ai la tête pleine de questions et je vais me hâter de trouver les autres tomes de cet album bien savoureux. 
Amoureux des romans gothiques, des enquêtes policières victoriennes, cette BD est pour vous. 


dimanche 20 octobre 2013

Happy "dark" tea time !!

Rien ne vaut un petit goûter sympathique entouré de sa famille! Surtout si on sort les balais magiques, les toiles d'araignées et les potions magiques. 


J'avais prévu les boissons, Jus de citrouille pour le petit zombie (du jus d'orange en fait!) et Élixir de Loup-Garou pour les adultes (du "Thé de lune" de Mariage Frères). La musique était également au rendez-vous, on pouvez entendre les terrifiantes bandes originales de Danny Elfman (Edward aux mains d'argent, Beetlejuice, L'étrange Noël de Mister Jack, Sleepy Hollow). Les bonbons-souris étaient prêts à être mangés. La décoration (château hanté, petits fantômes réalisés avec le contour des mains, méchante sorcière marionnette) a mis l'ambiance. Et bien sûr, il y  avait de quoi grignoter : deux sortes de Cupcakes d'Halloween. 



Les Cupcakes Toile d'araignées sont au potimarron et à la noisette. Les Souris-vampires vertes sont aux épices et au zeste d'orange

Après le goûter, un petit moment lecture angoissante avec Monsieur Stephen King et son Simetierre


Un petit moment de partage avec ma famille zombie très agréable. 


Pour ceux que ça intéresse, les recettes des cupcakes :

Cupcakes au potimarron et à la noisette

300 gr de potimarron (1 petit potimarron)
50 g de noisettes en poudre
75 g de beurre demi sel
225 g de farine
1 cuillère à café de levure
125 g de sucre
3 oeufs
Pour la décoration : 50 gr de beurre doux fondu mais à température ambiante ; 100 g de sucre glace ; colorant orange ; 80 g de chocolat noir.

Epluchez et râpez le potimarron. Torréfiez légèrement la poudre de noisette à la poêle. Faites fondre le beurre doux et réservez. Mélangez la farine, la levure, le sucre, les oeufs. Ajoutez le beurre demi-sel fondu, la poudre de noisette et le potimarron râpé. Répartissez dans des moules à muffins et laissez cuire environ 25 mn à 180 °C.
Une fois les cupcakes froids, préparez le nappage. Mélangez le beurre doux et le sucre glace jusqu'à obtenir une texture bien crémeuse. Ajoutez le colorant. A l'aide d'une spatule, étalez le nappage sur les gâteaux. Faites fondre le chocolat dans une casserole. Mettez-le dans un sac de congélation et coupez très légèrement l'un des coins afin de faire une poche à douille à l'ouverture très fine. Tracez des spirales sur les cupcakes en partant du centre. Terminez en traçant des traits à l'aide d'un pique en bois.

Cupcakes aux épices et à l'orange

180 g de beurre demi-sel
180 g de cassonade
Le zeste râpé d'une orange non traité et la moitié de son jus
4 oeufs
200 g de farine
1 cuillère à café de levure
1 cuillère à café de mélange 4 épices
Pour la décoration : 150 g de beurre doux fondu mais à température ambiante ; 300 g de sucre glace ; colorant vert ; bonbons.

Mélangez beurre demi-sel, cassonade, zeste, jus. Ajoutez les oeufs, puis la farine, la levure et le mélange d'épices. Répartissez la pâte dans les moules. Laissez cuire environ 25 mn. 
Une fois les cupcakes froids, préparez le nappage. Mélangez le beurre doux et le sucre glace jusqu'à obtenir une texture bien crémeuse. Ajoutez le colorant. A l'aide d'une poche à douille, décorez vos cupcakes et installez vos bonbons d'Halloween. 
(Vous pouvez aussi utiliser cette recette avec une déco de Noël (colorant rose avec un sucre d'orge par exemple), l'orange et les 4 épices marchant aussi très bien en cette occasion).

Source des recettes : Desserts pour les gourmands - Guillemette Auboyer et Eve-Marie Briolat, Editions France Loisirs.