vendredi 18 juin 2021

Y a un blème!

L'anomalie 
Hervé Le Tellier

 Gallimard, 2020 (Prix Goncourt)

«Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension.»
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
Roman virtuose où la logique rencontre le magique, L’anomalie explore cette part de nous-mêmes qui nous échappe.

Ceux qui me suivent depuis un moment savent que je ne lis que peu de littérature contemporaine et presque jamais de prix littéraires. Mais parfois, on m'en offre et comme j'aime découvrir de nouvelles choses, je les lis avec plaisir. 
Lorsque j'ai reçu L'anomalie pour Noël, j'étais sceptique. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Je l'ai finalement ouvert curieuse de voir ce que j'allais y trouver. 
Les premières pages m'ont beaucoup plu. J'ai aimé cette polyphonie assez mystérieuse, ces tranches de vie justes et bien écrites. Hervé Le Tellier a de belles tournures de phrases et une sensibilité pleine d'humour et de tendresse. J'étais aussi très pressée de savoir ce qui se tramait (car oui, je n'en avais aucune idée. Je dois être la seule à ne pas avoir été divulgâchée). Finalement, mon intérêt s'est relâché dès que l'on apprend le fin mot de l'histoire (vers la moitié du roman). Je n'ai pas adhéré à l'hypothèse proposée. Bien sûr, j'ai conscience qu'il ne fallait pas le prendre au premier degré, avoir un certain recul et de l'humour. Ces ingrédients marchent souvent bien avec moi, mais là, non. Même si je reconnais que l'écriture de Hervé Le Tellier est efficace et juste et que j'ai eu à certains moments du mal à lâcher le roman, je trouve que L'anomalie ne tient pas dans la longueur. Au bout d'un moment, on se lasse, on décroche. L'auteur n'arrive pas à tenir son histoire jusqu'au bout. 
Une expérience intéressante cependant. Cela m'a fait du bien de lire un roman facile, plus léger qu'un classique et assez original. A découvrir donc.
"Depuis la mort de mon père, il y a plus de trente ans, je gardais toujours dans ma poche une briquette. Ce n’était ni un fétiche, ni un porte-bonheur. Juste quelques grammes de souvenir, presque une habitude. On m’a rendu celle que conservait le Victor qui s’est suicidé, et elles sont désormais deux. J’ai oublié laquelle est laquelle, et je les ai unies. Je ne saurais dire ce qu’elles symbolisent, mais j’ai l’impression d’avoir plus de choix, d’être plus libre que jamais. Malgré tout, je n’aime pas trop ce mot de « destin ». Ce n’est qu’une cible qu’on dessine après coup à l’endroit où s’est fichée la flèche."