jeudi 19 février 2009

Petits rats de l'Opéra et autres petites bêtes étranges ...

Le fantôme de l'Opéra
Gaston Leroux
(Défi Au délà des mots 2008-2009)

Le livre de poche, 1971.

De mystérieux phénomènes envahissent l'Opéra Garnier à Paris. Un bruit circule dans les couloirs de ce lieu mythique : le fantôme de l'Opéra rôde.
En parallèle de ces événements, Raoul de Chagny retrouve son amour d'enfance, Christine Daaé, merveilleuse cantatrice.
...
Ce billet s'est fait un peu trop attendre, mais ce n'est pas pour cause d'ennui ou d'horrible expérience de lecture. Non, rassurez-vous! C'est même plutôt le contraire comme vous le lirez par la suite. La raison est toute simple, je cours à droite et à gauche en ce moment et je n'ai pas eu souvent l'occasion de me poser pour bouquiner. J'espère que vous me plaignez!
Bref! Revenons à nos moutons ... Enfin, à nos fantômes! (Oh! Mais dites-moi, je suis pleine d'humour aujourd'hui!).
Ce livre est tout à fait charmant! J'ai découvert pour la première fois l'écriture de Gaston Leroux et je peux vous dire que c'est un véritable régal. De l'humour, un brin d'ironie, une pincée de poésie. Un délice!
Je fais de la danse depuis des années et ai habité près de Paris pendant longtemps, du coup pour moi, L'opéra de Paris est un trésor, la caverne d'Ali baba, la grotte aux merveilles. J'ai plongé dans cet univers de danse corps et âme. Les coulisses, les toits, les dessous, les dessus, la face cachée, la face ouverte. Un pur bonheur! Rien que pour l'ambiance, ce roman vaut le détour. C'est un fabuleux roman policier aux accents un peu gothiques et fantastiques.
Le personnage du fantôme est très réussi. On est partagé entre pitié et horreur, dégoût et tendresse ... tout comme l'est Christine Daaé. Ce fantôme plane telle une ombre effrayante sur son royaume, l'Opéra.
La merveilleuse histoire de Raoul et Christine est très touchante. Leur enfance, leur combat, leur tristesse, leur courage deviennent les nôtres. On lutte, on pleure, on aime ... comme eux.
...
Un très bon roman policier (mais pas que ...) comme je les aime. Pas de voyeurisme, un huis-clos passionnant, des personnages bien étudiés, pas de manichéisme, ... un véritable plaisir!
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L'avis de Karine , ...
...
" Au premier palier, la Sorelli se heurta au comte de Chagny qui montait. Le comte, ordinairement si calme, montrait une grande exaltation.

"J'allais chez vous, fit le comte en saluant la jeune femme de façon fort galante. Ah! La Sorelli, quelle belle soirée! Et Christine Daaé : quel triomphe!

- Pas possible! protesta Meg Giry. Il y a six mois, elle chantait comme un clou! Mais laissez-nous passer, mon cher comte, fit la gamine avec une révérence mutine, nous allons aux nouvelles d'un pauvre homme que l'on a trouvé pendu."

(Le fantôme de l'Opéra, Livre de poche, p35)



(Source image : film de 1925. Allocine.fr)

mercredi 18 février 2009

Une PAL?? Moi???

Caro[line] m'a taguée! Oh la vilaine curieuse qui veut connaître les secrets de ma PAL !!!

Bon ... allez ... soit! J'avoue tout : j'en ai une! Et depuis très longtemps, même si ce terme de PAL est entré dans ma vie en même temps que l'arrivée d'internet!
Les livres sont mon principal (et peut-être mon seul) péché mignon en question d'achat! Même si je me freine, je doit avouer que je n'hésite que très rarement en achetant un roman. Pour moi ce n'est jamais perdu, ce n'est que du bonheur, j'ai toute la vie pour les lire ... et puis, si quelque chose m'arrive et bien, j'aurai eu au moins la satisfaction de les avoir dans ma bibliothèque.

Tout d'abord, il faut savoir que (contrairement à beaucoup sur la blogosphère) je ne range pas mes livres selon s'ils ont été lus ou non! Tous mes romans sont dans la même bibliothèque et mélangés. Je les trie plus selon leur "genre" (bien que certaines étagères ne soient pas entièrement définies).

Voilà (émotion!) mon trésor, mon coffre aux merveilles, ma bibliothèque :



A gauche: En haut, vous avez les romans anglais classiques ; en-dessous, les classiques français et étrangers ; puis mes romans asiatiques ou parlant de l'Asie ; viennent ensuite quelques romans gothiques ; de la littérature blanche ; les historiques et la dernière où il y a un peu tout et n'importe quoi.
A droite : Biographie, témoignages ; théâtre ; poésie ; policier ; quelques classiques ; quelques romans contemporains ; étagère "chmilblik" ; les fantastiques ; étagère "chmilblik".


Et parce que je suis extrêmement gentille, j'ai sorti les romans non lus de mes étagères (rien que pour vous).

Tout d'abord, les classiques :
On y trouve les tomes de La recherche de Proust, un Zola, des Dumas, deux Flaubert, Crime et châtiment ... etc ...

Puis, les classiques anglo-saxons :

Vous pouvez voir Middlemarch, quelques Elizabeth Goudge, Sarn, L'amant de Lady Chatterley, Le professeur, ...

Maintenant, la littérature dite blanche :


Il y a 4 des 5 romans de J-P Blondel que j'ai gagné grâce au jeu sur le blog de Fashion, Ritournelle de la faim, Le temps où nous chantions, Best love Rosie, ...

Voilà mes petits Pearl Buck et autres romans asiatiques :

Il y a La lettre de Pékin, Fleurs de Chine, Multiple splendeur, ...

Les fantastiques :

Avec toute la série de L'assassin royal, mais aussi le 1er tome de Magyk, L'enchanteur, Reine des orages, Bilbo le hobbit, ...

De tout et de rien :

De l'aventure avec L'île au trésor et Le monde perdu, un policier Le parfum de la dame en noir, des historiques, ....

Voilà ma PAL! (Je me rends compte que certains romans ont échappé à mon oeil de lynx ... J'ai oublié de mettre Le hussard sur le toit, Le pianiste et quelques autres ...)!

J'espère que votre curiosité est rassasiée! Je passe le flambeau à qui veut car je ne sais plus qui l'a fait ou non!

mardi 17 février 2009

Si Jane Eyre avait une grande soeur ...

Secrets de famille
Louisa May Alcott


Edition Joëlle Losfeld, 2007.


Après avoir mis en scène dans Derrière le masque une femme avide de pouvoir et sans scrupules qui parvient à ses fins grâce à un stratagème, Louisa May Alcott nous introduit ici dans une famille déchirée par des secrets inavouables. Pris dans un imbroglio de tromperies en cascade dont ils sont à la fois les instigateurs et les victimes, la narratrice et le héros louvoient entre haine, désir de vengeance, folie et suicide. Mais jouer avec la confiance d'autrui mène plus loin qu'on ne le croit. Et, contrairement aux idées reçues, l'amour n'est pas toujours salvateur : il peut parfois se transformer en piège fatal ...

Que vous dire à part que j'ai dévoré ce petit bouquin?

Comme beaucoup sur la blogosphère, je ne connaissais Louisa M. Alcott que par son excellent roman Les quatre filles du Dr March pour lequel je garde un souvenir affectueux et passionné. J'ignorais qu'elle avait écrit autre chose, jusqu'à ce que la blogosphère fasse connaître deux de ces romans récemment réédités : Secrets de famille (que je vous présente ici) et Derrière le masque (que je compte lire très vite).

J'ai été engloutie durant trois jours par ce roman original à l'intrigue riche en rebondissements. Je l'ai lu partout, à chaque pause, à chaque moment de libre tant j'étais prise par l'histoire. Dès que je devais laisser de côté quelques instants Mlle Snow, j'étais bouleversée. C'est un roman simple, sans prétention et facile à lire, mais qui nous embarque pleinement dans le monde de la famille Carruth. Avec de doux et plaisants clins d'oeil à Jane Eyre ou autres petits romans victoriens, c'est une histoire pleine de mystères, d'amour, de crainte et de chagrins. J'ai fondu pour les beaux yeux du ténébreux Steele et tremblé avec Mlle Snow lors de ses tentatives désespérées.

Un réel petit bijou qu'il faut très très vite découvrir. Une belle édition, agréable et élégante. Une histoire passionnante.

Un grand merci à Lou pour cette découverte ...

Les avis de Clarabel , Malice , Stéphanie , ...

" - Peut-être vous demandez-vous pourquoi l'on n'a pas éloigné cette pauvre enfant de la maison. Tout simplement parce que je ne veux pas risquer qu'elle soit sous la garde d'étrangers ni perdre le triste plaisir de la protéger et de faire pour elle le peu que je puis. Maintenant, que je vous parle d'elle. Elle est malade depuis un an mais les crises violentes surviennent par intermittence. Entretemps, elle est presque elle-même et n'a besoin que des soins et des distractions que lui prodiguer quelqu'un de compatissant et d'intelligent. La vieille nurse, qui est avec moi depuis des années, est fatiguée et a besoin de repos. Elinor interdit aux femmes que j'ai engagées de l'approcher et nous avons décidé de tenter l'expérience avec une compagne jeune. Des gens compétents la soignent durant ses crises de folie; tout ce que je vous demande, c'est de la divertir et d'occuper ses journées quand elle est normale. Acceptez-vous?"

(Secrets de famille, edition Losfeld, p11)

(Source image : John Singer Sargent. writinghistory.uh.edu)

dimanche 15 février 2009

A y chercher une tulipe noire, vous ferez vite d'y trouver votre coeur

La tulipe noire
Alexandre Dumas

Collection motifs, 2006.



En 1672, Guillaume d'Orange prend le pouvoir en Hollande, profitant du massacre par le peuple des frères Jean et Corneille de Witt, accusés de tractations secrètes avec la France. Accusé à tort de trahison et condamné, le jeune Cornélius van Baerle (filleul de Corneille de Witt), continue de se livrer à sa passion des tulipes en essayant de créer une tulipe noire, dont la découverte sera récompensée par un prix de la société horticole de Harlem. Cet épisode tragique de la vie politique hollandaise sert de base à l'aventure de Cornélius, qui, depuis sa prison, va connaître deux histoires d'amour : l'une avec sa tulipe noire, supplantée petit à petit par celle avec Rosa, la fille de son geôlier. Extrêmement célèbre, ce remarquable ouvrage écrit en 1850 est considéré comme un récit à part dans l'œuvre de Dumas.
...
J'ai passé de biens merveilleux moments auprés de Cornélius et Rosa. Mon cher Dumas m'a, une fois de plus, épatée. Une plume vive, un style à la fois palpitant, entraînant mais romantique, doux et beau, une histoire terrible et magnifique ... Bref! Dumas, dans toute sa splendeur.
Comme dans presque tous ses romans, le premier chapitre fut un peu ardu (un tout petit peu ... promis!) car Dumas nous dresse le contexte historique, la politique, et tout et tout. Surtout que là, il s'agit d'une histoire hollandaise et autant dire que je ne suis pas experte dans ce domaine. Mais la série des noms compliqués et autres trucs pointus ne dure qu'un dizaine de pages. Après, l'histoire commence, l'intrigue est lancée et là, c'est une ligne droite palpitante jusqu'au mot "fin".
C'est une très très belle histoire que celle-là. Malgré les premières pages très violentes, la suite est tout simplement magnifique. On y voit un homme et une femme progressivement tomber amoureux l'un de l'autre dans un milieu loin d'être gai, une prison. L'amour naît en parallèle de la très attendue tulipe noire. Des scènes vraiment sublimes, pleines de poésie. D'un côté, ces petits bijous de moments romantiques et de l'autre, des instants rocambolesques qui nous tiennent en haleine comme jamais.
Les chapitres s'enchaînent vite, sont courts et pleins de rebondissements. On ne s'ennuie jamais!
Un petit roman à lire ... comme tous les Dumas (en tout cas, c'est ce que je compte faire!!)

J'ai reçu ce livre l'an dernier de la part d'Emmyne lors du merveilleux swap Cape et épée.

" - Ah! chère, chère bien-aimée, s'écria Cornélius, regardez mes mains comme elles tremblent, regardez mon front comme il est pâle, écoutez, écoutez mon coeur comme il bat; eh bien! ce n'est point parce que ma tulipe noire me sourit et m'appelle; non, c'est parce que vous me souriez, vous, c'est parce que vous penchez votre front vers moi; c'est parce que - je ne sais si cela est vrai - , c'est parce que qu'il me semble que, tout en les fuyant , vos mains aspirent aux miennes, et je sens la chaleur de vos belles joues derrière le froid grillage. Rosa, mon amour, rompez le caïeu de la tulipe noire, détruisez l'espoir de cette fleur, éteignez la douce lumière de ce rêve chaste et charmant que je m'étais habitué à faire chaque jour; soit! plus de fleurs aux riches habits, aux grâces élégantes, aux caprices divins, ôtez-moi tout cela, mais ne m'ôtez point votre voix, votre geste, le bruit de vos pas dans l'escalier lourd, ne m'ôtez pas le feu de vos yeux dans le corridor sombre, la certitude de votre amour qui caressait perpétuellement mon coeur; aimez-moi, Rosa, car je sens bien que je n'aime que vous. "


(La tulipe noire, motifs, 2006, p240-241)



(Source image : dumaspere.com. Couverture de l'édition Nelson)

jeudi 12 février 2009

Woooaww! Et deux fois ... Woooawww!

Que vous dire à part que j'ai été scandaleusement gâtée??
Lou (je fus ravie de voir que c'était ma petite swappeuse!) m'a préparée un petit colis tout bonnement parfait ...

Je vous laisse constater par vous-même ...

Déjà le colis (qui promet des monts et merveilles!) :


Hey! Regardez tous les petits colis! Ce n'est pas merveilleux? Ils sont bien plus nombreux que dans mes rêves ...



D'abord les friandises :


- Des petites gaufrettes au citron : Délicieuses ... J'en profite un maximun car elles viennent d'Allemagne et je ne pense pas y aller tous les quatre matins pour en chercher (malheureusement!). C'est tout à fait ce genre de truc qui fait que plus tu en manges, plus tu aimes!
- Du chocolat au nougat : Mamamia! J'en suis totalement accro ... Comment un humain a pu créer un délice pareil?? J'en reste sans voix ... Je pleure déjà le moment où j'en aurai plus!
- 1 chocolat dans son écrin en forme de coeur : N'est-il pas à croquer ce petit chocolat? D'ailleurs il est décédé juste après cette photo ... Mais je vous rassure, il n'a rien senti.
- 1 petite sucette à la pastèque : Que je garde précieusement pour une soirée DVD de filles, mouchoirs, thé et plaid ...

Maintenant, les petits objets pleins d'amour et THE DVD :


- 1 petit album photo choupinou : Pour mes souvenirs d'amoureux avec Romanzo ... (Maintenant, il va falloir le convaincre de se laisser prendre en photo ... hum ... pas évident!)
- 1 crème pour le corps et un gel douche au pamplemousse rose : Ah lalala! Quel bonheur! J'ai l'impression d'être un gros bonbon quand je sors de la douche ... hum ... un régal! La crème est toute fondante, c'est un vrai petit plaisir égoïste qui fait du bien au moral!
- 1 bougie pleine de coeurs : Pour les repas d'amoureux!
- 1 photophore : Magnifique! Il trône au milieu de la table du salon ...
- 1 sachet de petits coeurs en bois : A glisser dans plein d'endroits. Je trouve ça ravissant! C'est mignon à croquer! (J'ai préparé la table du petit déjeuner ce matin avec mes petits coeurs!)
- Une petite carte postale toute fleurie : Accompagnée d'un petit mot de Lou ... touchant!
- Et enfin, Le DVD : N'oublie jamais. Je ne connaissais pas du tout. L'histoire a l'air magnifique et larmoyante à souhait. Et puis, ça parle un peu de livres dedans ce qui n'est pas pour me déplaire. Bref! Je le regarde très très vite et vous poste un petit commentaire!

Et maintenant, la photo que vous attendait tous ... celle des livres :


- Effi Briest de Theodor Fontane : Etant totalement inculte en littérature germanique, je suis ravie de découvrir ce roman classique. De plus, cette édition est l'une de mes favorites. Un roman aux doux accents de Madame Bovary que je rêve déjà de dévorer. Un grand merci pour ce choix Lou! Je vais prendre un réel plaisir à faire la connaissance d'Effi. (Lu!)
- Secrets de famille de Louisa May Alcott : Lou a bien cerné mes goût littéraire en choisissant ce roman. J'ai dévoré Les quatre filles du Dr March adolescente, je suis ravie de redécouvrir Mrs Alcott. Un roman anglophone comme je les aime et une édition magnifique ... Un gros gros merci! (Lu!)

Une petite photo du tout :


Je crie, je hurle un énorme MERCI à notre belle Lou qui m'a beaucoup trop gâtée (mais, ce n'est pas une raison pour me reprendre des trucs ... hein??) ... Merci, merci et encore merci. Ton colis est tout simplement parfait.
Merci aux organisatrices (pour leur patience, leur gentillesse et tout et tout) et vive les swaps!

dimanche 1 février 2009

"Longtemps, je me suis couché de bonne heure."

A la recherche du temps perdu Tome 1
Du côté de chez Swann
Marcel Proust

Livre de poche, classique, 2008.



Alors que le narrateur a pris désormais l'habitude de s'endormir tard, le livre s'ouvre qur un premier souvenir : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure.'" Mais la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil le réveillait bientôt, et tandis qu'il attendait de se rendormir, il passit la plus grande partie de la nuit à se rappeler la vie de son enfance à Combray - une vie dont il va nous offrir le récit.
Dès ce premier volume de la Recherche que Proust fait paraîre en 1913, bien des personnages de son grand roman apparaissent, en particulier Charles Swann : c'est du côté de sa propriété que s'orientent souvent les promenades de Combray, et c'est de son amour pour Odette de Crécy que nous lisons ensuite le récit. Swann, plus tard, donnera au héros le désir d'aller à Balbec, et, au moment de commencer à écrire, le narrateur du Temps retrouvé nous reconduira de son côté encore lorsqu'il confiera : "La matière de mon expérience, laquelle serait la matière de mon livre, me venait de Swann."

En ouvrant ce roman, j'ai eu la peur littéraire la plus forte de ma vie. Je me sentais comme une ridicule goutte d'eau face à un océan énorme. Je n'osais pas l'ouvrir. Je le regardais dans tous les sens, le sentais, le feuilletais. Bref! Je retardais le moment où j'allais le commencer. Puis, je me suis décidée. J'ai lu les premiers mots. Et là ... ce fut le choc! Comment ai-je pu trouver cela incompréhensible et assomant il y a cinq ans? Comment ai-je pu mettre autant de temps avant de me lancer dans La recherche du temps perdu? Je me suis littéralement faite engloutir par ces phrases magnifiques, poétiques, bouleversantes, ... J'ai embarqué comme une amoureuse éperdue dans l'histoire de Marcel, de Combray et de Swann. Et surtout (et comme ça fait du bien), j'ai pris le temps de savourer chaque mot, chaque phrase, de sentir chaque sensation, de m'imprégner de l'amour de la vie et des instants magiques qui se dégage de chaque mot ... Certes, on peut s'essouffler durant certains moments lors de la lecture de ce premier tome, non pas parce que le style devient plus complexe ou autre, mais Proust joue avec les mots d'une façon si impressionnante que parfois on s'épuise un peu. Dans ce cas, il faut accepter de ralentir le rhytme ou de faire une petite pause. Proust s'apprécie. Ces mots sont délicats, poétiques, doux, paisibles, mais pour un lecteur trop impatient, ils peuvent vite devenir durs et complexes. Proust est un concentré de douceur et de poésie, mais uniquement si le lecteur est lui-même dans cet état d'esprit.

La première partie du Côté de chez Swann m'a ravie. Intitulée Combray, on y rencontre le jeune Marcel Proust et ses souvenirs. Pleine de nostalgie, cette partie est calme et apaisante. On se prend à rêver à nos propres souvenirs d'enfance et à entendre la voix de Proust en écho dans notre coeur : "J'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance."(p46)

Un amour de Swann compose la seconde partie et raconte la rencontre de Swann, un ami de la famille de Proust, avec une cocotte, Odette de Crécy. Cette histoire se passant avant la naissance du petit Marcel. Là, c'est une véritable galerie d'images et de scènes cultes et inoubliables : la petite phrase de Vinteuil, "faire catleyas", l'attente devant la fenêtre d'Odette durant la nuit, la si croustillante dernière phrase, .... Ce texte qui m'avait tant fait souffrir il y a cinq ans m' est apparu drôle, beau, émouvant, sensible, vif. Un vrai plaisir!

La troisième et dernière partie me faisait peur. Etant intitulée Noms de pays : Le nom, je m'attendais à un passage un peu complexe et sans lien avec l'histoire du roman. En réalité, il s'agit d'une partie très plaisante sur l'amour du jeune Marcel pour Gilberte, la fille de Swann et d'Odette de Crécy. Le texte est très beau et les dernières lignes m'ont presque faites tirer les larmes ...

Vous aurez compris que ma redécouverte de Proust fut un succès. Je ne peux pas nier que Proust ne se lit pas comme n'importe quel roman, mais je me demande encore comment j'ai pu m'en faire tout un monde ... C'est tout simplement beau ... le reste est totalement secondaire! J'ouvrirai A l'ombre des jeunes filles en fleur avec moins de peur.

"L'idée de perfection que je portais en moi, je l'avais prêtée alors à la hauteur d'une victoria, à la maigreur de ces chevaux de Diomède, et que maintenant, pris d'un désir de revoir ce que j'avais aimé, aussi ardent que celui qui me poussait bien des années auparavant dans ces mêmes chemins, je voulais avoir de nouveau sous les yeux au moment où l'énorme cocher de madame Swann, surveillé par un petit groom gros comme le poing et aussi enfantin que saint Georges, essayait de maîtriser leurs ailes d'acier qui se débattaient effarouchées et palpitantes. Hélas! il n'y avait plus que des automobiles conduites par des mécaniciens moustachus qu'accompagnaient de grands valets de pied. "

(Du côté de chez Swann, Proust, livre de poche, 2008, p473)

(Source image : la sonate de kreutzer. Prinet. Wikipedia.org)