dimanche 25 mai 2014

Hey ... I'm ready!

 Au mois de juin, on lit, on rêve, on pense British ... 


CryssildaLou et Titine remettent le couvert cette année encore pour notre plus grand plaisir.  J'ai participé au mois anglais l'année dernière pour la première fois. J'avais énormément apprécié de m’immerger dans un pays, un style durant une longue période et de pouvoir partager ça avec d'autres. Cette année encore je participe avec joie. 
Pour retrouver le planning des lectures communes, c'est ICI
Je pense participer à la lecture commune de Vita Sackville-West et à celle de Barbara Pym. Pour le reste, j'ai sorti deux autres auteurs anglais de mes étagères, ainsi qu'une nouvelle et j'ai emprunté un album jeunesse à la médiathèque. Je compte également proposer une ou deux recettes anglaises (of course) et visionner au moins un film. 
Tout un programme! 


Bon mois anglais!

samedi 24 mai 2014

" ... cette merveilleuse terre, avec son soleil, ses matins glorieux et avec toujours quelque chose à attendre et espérer... "

Les fleurs de lune
Jetta Carleton

 Livre de poche, 2012.

Début du XXe siècle. Dans leur ferme du Missouri, Matthew et Callie Soames élèvent leurs quatre filles, aux personnalités différentes mais au caractère bien trempé /.../. Ces années durant, malgré chagrins et déceptions, les Soames parviendront, malgré tout, à préserver les liens d amour, qui forment le ciment même de leur famille. Une magnifique chronique romanesque, toute imprégnée des odeurs de l'Amérique profonde.

Le roman Les fleurs de lune a été publié aux Etats-Unis dans les années 60 et est resté plusieurs mois en tête des ventes. Considéré longtemps comme un classique, il fait désormais parti de ces romans oubliés. Et quel dommage! On y trouve la nostalgie et l'amour de la vie de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, les doutes et les peurs de Nous étions les Mulvaney, avec en plus une touche personnelle d'humour, de tendresse et d'humanité. 
Ce roman peut toucher un large public. Ceux qui désirent un roman simple, efficace et captivant pourront apprécier ce page-turner addictif. Les amoureux de la littérature classique américaine, des histoires fouillées et des rapports complexes entre les êtres trouveront également tout ce qu'ils souhaitent dans ces 600 pages passionnantes. 
Nous suivons la famille Soames. Il y a le père Matthew, intellectuel et réservé, et Callie la mère, entière et simple. De leur mariage naîtront quatre filles, toutes différentes. Jessica sera aussi rebelle que sa soeur Leonie sera sage et obéissante. Nous faisons également la connaissance de Mathy, l'enfant sauvage, et Mary Jo, l'indépendante. Leur histoire ne se déroule pas de façon chronologique. Les pièces de puzzle s'imbriquent et nous dévoilent progressivement les secrets, les failles et les doutes des membres de cette famille typique américaine. Malgré les épreuves, il y a toujours beaucoup d'optimisme et de tendresse dans ce roman ainsi qu'un amour profond pour les instants simples et magiques de la vie. Saga familiale rime parfois avec fougue, mystère et passion. Les fleurs de lune se distingue par sa grande délicatesse, sa pudeur, son réalisme. Rien n'est téléphoné, tiré par les cheveux ou trop romanesque. Ce texte parle de la vie, des émotions vraies et pures qui nous traversent tout au long de notre existence. 
Étrangement, c'est la sœur la moins romanesque que j'ai préféré, Leonie. Son dévouement m'a énormément émue. Le chapitre qui lui est consacré m'a bouleversée. Son chagrin est humain, simple, facile à comprendre. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour elle. Moins passionnée que ses sœurs, moins démonstrative et éprise de liberté, j'ai aimé pourtant son courage et la façon dont elle a été capable de chambouler sa vie et de remettre son existence en question. Callie, la mère, m'a elle aussi beaucoup touchée. Sa force, sa dignité, son ouverture d'esprit, c'est un personnage inoubliable.
Le seul bémol de ce roman pour moi est qu'à part une des quatre sœurs, les trois autres voient leur vie prendre un nouveau tournant à cause d'un événement assez similaire (ne lisez pas entre les astérisques si vous ne voulez pas le connaître ... bien que le savoir ne gâchera en rien votre lecture) : * l'arrivée d'un homme dans leur petite existence tranquille. Il n'y a que Mary Jo (seule membre de la famille n'ayant pas SON chapitre dédié, mais omniprésente et parfois même narratrice) qui choisira de quitter ses parents pour autre chose qu'une histoire de cœur. J'aurai aimé qu'elles ne soient pas toutes influencées par un homme, que l'amour (bien que rien ne ressemble à un conte de fées dans ce roman, je peux vous l'assurer) ne soit pas à chaque fois responsable de leur changement de vie, de pensée, etc ... *
Hormis cela (et c'est vraiment pour dire quelque chose), j'ai trouvé ce joli roman oublié tout simplement merveilleux. Il mélange avec génie simplicité et profondeur. On lit Les fleurs de lune très facilement, la lecture coule, le livre se dévore, mais il y a aussi beaucoup de complexité dans les rapports humains, beaucoup de choses à dire, à discuter, à débattre. 
Un sublime roman qui respire l'Amérique, l'optimisme et les joies simples de la vie. Un classique à ne pas laisser sombrer dans l'oubli. A dévorer absolument.

" Une feuille bougea. Mais non, on l'avait imaginé ! Mais si, elle bougeait ! Un léger spasme vint agiter le long bouton. Lentement d'abord, puis de plus en plus vite, le cornet vert s'ouvrit et le blanc des pétales commença à apparaître, puis à s'arrondir et à s'élargir jusqu'au moment où, enfin, fut complètement déployée, lumineuse et parfaite, la fleur de lune. "
(Les fleurs de lune, Jetta Carleton, Livre de poche, 2012)

(Image de la série Land girls BBC)

mardi 20 mai 2014

A lire accompagné d'un café liégeois et un muffin aux pépites de chocolat ...

Le journal de Frankie Pratt
Caroline Preston
Roman graphique

Nil, 2012.

Six cents pièces ont été nécessaires à la composition de ce scrapbook. Son héroïne, Frankie Pratt, a 18 ans en 1920 lorsque sa mère lui offre un journal. Élève prometteuse à Cornish (Nouvelle-Angleterre), la jeune fille voudrait quitter son village, découvrir l'université, et plus tard devenir écrivain, mais il lui faut renoncer au prestige du Vassar College pour aider sa mère veuve et désargentée : même avec une bourse, ces études demeurent hors de portée. Par un étrange tour du destin, les portes de la célèbre institution vont finalement s'ouvrir à elle, à la faveur de son idylle naissante avec le peu recommandable capitaine Pingree. Étudiante, Frankie croise des intellectuels et des écrivains, parmi lesquels Edna St. Vincent Millay (prix Pulitzer 1923), qui l'encourage à s'installer à Greenwich Village afin de se consacrer à l'écriture. Mais après quelques charlestons et verres de gin frelaté, les amours à New York deviennent folles, et il est temps pour elle de renouer avec ses rêves : elle embarque pour Paris.



Voici un joli petit bijou. Le journal de Frankie Pratt est un régal pour les yeux et un baume pour le cœur. Véritable petite oeuvre d'art, ce journal se lit d'une traite pour un moment purement féminin et nombriliste. Installée confortablement, j'ai passé une heure délicieuse. On en prend plein les yeux. Le travail de Caroline Preston est tout simplement hallucinant. Les amoureux des Etats-Unis et du vintage se régaleront. Cartes postales, jeux de cartes, lettres, pubs, images de films, d'expositions, ... Le journal de Frankie Pratt est un vrai voyage au coeur des Etats-Unis du début du XXème. On entend du jazz au creux de notre oreille, on découvre le cinéma parlant, on a envie de liberté. 
On pourrait reprocher à l'histoire de se lire trop rapidement. A cause de son format, ce texte ne rentre pas dans les détails de la vie de Frankie et on aimerait plus de pages, plus de texte. En ce qui me concerne, je n'ai pas été frustrée, bien que je puisse comprendre ce sentiment. Il s'agit bien d'un roman graphique, les images sont là pour remplacer les mots, on regarde autant qu'on lit. 
Ce fut une expérience littéraire vraiment réjouissante. Frankie Pratt est devenue une amie, un double américain, j'ai suivi avec délectation ces péripéties. Je rêverai de voir son histoire adaptée à la télé. J'ai appris que Caroline Preston travaillait à un nouveau roman graphique vintage et j'en frétille de joie.
Une vrai réussite!



A visionner  : 


dimanche 18 mai 2014

Où l'on parle de délicatesse ... et de crème glacée.

La délicatesse
David Foenkinos

Folio,  2011.

Nathalie a tout pour être heureuse. Elle est belle, a un bon travail et surtout, elle a François, son grand amour. Il se marie et vivent heureux. Ils arrivent à ne pas se lasser l'un de l'autre, à ne pas tomber dans la routine ... Mais un jour, François a la mauvaise idée de se faire renverser par une voiture lors de son jogging. Le monde de Nathalie bascule. Désormais, c'est derrière une carapace qu'elle vivra. Aucun homme, même séduisant, n'arrivera à briser la glace recouvrant son cœur. Jusqu'au jour où le simple et maladroit Markus rentre dans son bureau pour lui parler du dossier 114.  

J'ai pensé un moment n'écrire qu'un long et interminable "Euhhh!!" comme commentaire. Mais ça ne serait ni sérieux, ni respectueux. 
Ce roman se lit vite, très vite. Je pense que si on l'attaque dans une idée de détente, de non prises de tête, on passera un agréable moment. C'est un texte d'une soirée. J'ai lu La délicatesse comme on s'installe pour regarder un téléfilm. C'est agréable, on rit, on verse sa petite larme, on passe un moment tranquille et on en ressort reposé. Et c'est tout! On oublie vite, on passe à autre chose. La délicatesse est une jolie histoire, touchante et humaine. Mais l'écriture, comme la forme du récit, ne m'ont franchement pas éblouie. C'est le scénario d'un joli téléfilm. Point. Nathalie est touchante (bien que tellement parfaite et idéalisée par Foenkinos qu'on pourrait croire qu'il cherche à ce que toutes les femmes la haïssent), François très séduisant, Markus drôle et émouvant, l'histoire est crédible et très agréable à lire, mais rien ne sort du commun, rien ne vient nous happer et nous dire "tiens, regarde, ce que tu lis est unique". 
J'ai enchaîné avec le film avec Audrey Tautou. Pour la toute première fois de ma vie de lectrice, je n'ai pas préféré le roman à l'adaptation. En fait, la lecture de La délicatesse m'a tellement fait penser à un scénario de film (à visionner en mangeant de l'Haagen Dazs aux noix de macadamia caramélisée et enroulé dans un plaid) qu'en regardant l'adaptation, je me suis dit (grande première pour moi) "pourquoi avoir lu le livre? Le film aurait suffi". Ce dernier est très bien fait. Il retrace fidèlement l'histoire de Nathalie et les acteurs sont très bien choisis (à Pio Marmaï!! Il rend le personnage de François encore plus séduisant). Il m'a confortée dans l'idée que je me faisais du roman. Agréable, se lit tout seul, joli, mignonnet .... c'est tout!
La délicatesse est un roman qui peut être très bien pour réconcilier une personne avec la lecture. Je pense vraiment que quelqu'un n'aimant pas lire, peut se laisser aller à lire ce texte. C'est si simple, on est tellement passif et détendu que j'en suis sûre que ça marcherait. A tester!
Si vous avez une soirée seule, sans mari, sans enfants, installez-vous dans votre canapé (avec un pot d'Haagen Dazs) et lisez La délicatesse. Ou regardez le film! ça revient au même. Vous passerez une jolie soirée de fille égoïste et agréable ... mais vous n'aurez aucun éblouissement littéraire. 
Ceci dit, des moments comme ceux-là font parfois du bien aux neurones ... et au moral! A vous de voir!

« François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse… - Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »
(La délicatesse, D. Foenkinos, Folio, 2011) 


(Source image : jepeins.wordpress.com 

mercredi 14 mai 2014

" Aujourd'hui, Maman est morte. "

L'étranger
Albert Camus

Livre de poche, 1957.

Le roman, se déroulant en Algérie, débute par la réception d'un télégramme annonçant à Mersault, personnage principal du roman, la mort de sa mère qui séjournait depuis 3 ans dans un asile. 

Encore un classique jamais lu!
Lors de l'anniversaire de sa naissance, je suis tombée sur un reportage parlant d'Albert Camus. Bien que je connaissais forcément cet auteur français, je ne l'avais jamais lu. J'ai été fascinée par sa personnalité, son charisme et ses engagements. Je me suis jurée de lire les mots d'Albert Camus un jour. 
Je me suis instinctivement dirigée vers L'étranger. Il y avait cet incipit si connu, si entendu, le nom de Mersault souvent croisé et cette histoire tragique, particulière. 
J'ai dévoré ce roman. Il est tout simplement fascinant. Depuis que j'ai tourné la dernière page, il me hante. J'ai lu ce texte tout en me disant à chaque page que ce que j'étais en train de lire frisait tout simplement le génie. C'est étrange d'ailleurs. Le thème est dur, le personnage principal particulièrement antipathique, le style est très journalistique, ... mais quelle plume, quel analyse de l'être humain, quel souffle! C'est assez compliqué à expliquer en réalité. C'est un texte assez "masculin" (en tombant vulgairement dans la caricature), je ne l'ai pas trouvé poétique, ni envoûtant. Mais il se dégage une telle maîtrise de la langue, une telle originalité dans le propos, une telle force dissimulée dans un style sobre et saccadé. Et puis, il y a ces dernières pages où l'on comprend tout. La nonchalance de Mersault, son insensibilité lors de l'enterrement de sa mère, son terrible geste ... J'ai été saisi. Quel génie! L'étranger est un texte grandiose, complexe, maîtrisé de bout en bout, qui m'a complètement dépassée, mais il n'est jamais pédant, inutilement supérieur ou imbu de lui-même. C'est grand ... très grand!
J'ai été frappée par le personnage de Mersault. Il est rare de croiser un être si dénué de passions, de sentiments. Camus n'a aucune envie que l'on aime son personnage. C'est une prise de risque incroyable. L'important n'est pas là. Le manque permanent d'avis de Mersault m'a souvent énervée. J'ai eu envie de crier et de le secouer. Lorsqu'il aide son voisin pourtant violent et inhumain, je l'ai détesté. Tout comme son attitude passive avec Marie ou face aux autorités. "Prends parti! Décide, Rebelle-toi!", je bouillais intérieurement. Puis, j'ai compris. Cette fin terriblement pessimiste, tragique. Ces derniers mots me hantent encore. J'ai vu et compris Mersault. Pourtant, je suis en total désaccord avec sa vision des choses, mais je n'ai pu que le respecter et le comprendre. Le laisser face à lui-même. 
J'aimerai relire un texte de Camus, mais j'ai peur. Peur de me casser le nez, de tomber sur quelque chose bien au-dessus de moi, de plus fort encore que L'étranger. Avez-vous un titre à me conseiller? 
Je me sens tellement petite. J'aurai aimé étudier cet auteur à l'université, en savoir plus. J'ai tant de questions. 
Sublime ... 

J'ai souvent pensé alors que si l'on m'avait fait vivre dans un tronc d'arbre sec, sans autre occupation que de regarder la fleur du ciel au-dessus de ma tête, je m'y serais peu à peu habitué. J'aurais attendu des passages d'oiseaux ou des rencontres de nuages (...). Or, à bien y réfléchir, je n'étais pas dans un arbre sec. Il y avait plus malheureux que moi."
(L'étranger, Albert Camus, livre de poche, 1957)


vendredi 9 mai 2014

Dépêchons-nous!

 Le grand Meaulnes
Alain-Fournier

Livre de poche, 1971

Le narrateur, François Seurel, raconte les aventures de son camarade Augustin Meaulnes. Celui-ci tombe fou amoureux d’une mystérieuse jeune fille, mais perd aussitôt sa trace. Les deux amis se lancent alors dans une quête éperdue pour la retrouver.

Empreint de nostalgie et largement autobiographique, Le Grand Meaulnes est le roman de la fin de l’adolescence et de l’entrée dans l’âge adulte.

(Quatrième de couverture de l'édition Hatier)

Alors que de nombreux lecteurs découvrent Le grand Meaulnes à l'adolescence, je l'ai pour ma part découvert il y a seulement quelques jours ...  et je suis bien embêtée pour vous en parler. 
Une chose est sûre c'est un roman qui ne peut pas laisser indifférent. L'ambiance si particulière, le lyrisme de l'ensemble, le ton extrêmement mélancolique donnent à cette lecture une saveur étrange et envoûtante
Je ne saurai pas l'expliquer, mais je trouve que Le grand Meaulnes ne peut qu'avoir été écrit par un auteur mort jeune. Tout dans ce roman respire l'urgence de vivre. J'ai été étonnée de trouver un texte si sombre et si noir. Peut-être est-ce parce que je l'ai lu adulte, mais ce roman m'a davantage marquée par son côté mélancolique que par son atmosphère onirique et magique. Certes, cette dernière est particulièrement réussie, je garde de "la fête étrange"  beaucoup de nostalgie et de tendresse Mais le sentiment dominant reste cette envie de vivre intensément et rapidement, car la mort guette dans l'ombre. Cette idée assombrit même les moments gais du roman. Durant toute ma lecture, je n'ai fait que penser au jeune Alain-Fournier mort au front à l'âge de 28 ans.  On a la sensation qu'il le sentait, le savait. Ce roman que tant d'adolescents ont lu et aimé m'a semblé extrêmement dur.  En le lisant, j'étais souvent mal à l'aise et oppressée. Durant 250 pages, je me suis longtemps demandée si j'aimais ce que je lisais. Alain-Fournier nous offre un roman si étrange et spécial que je n'étais pas certaine de ne pas tout comprendre à l'envers. Et puis, je l'ai terminé, refermé. C'était il y a 2 jours. Depuis, je repense souvent à François, Augustin, Yvonne et Franz. Je revois les paysages envoûtants que traverse le grand Meaulnes. Je découvre une étrange fête pleine de joies et d'enfants et je ressens une intense envie de vivre et d'aimer. Je me dit que si après plusieurs heures, ce roman me poursuit encore c'est qu'il a réussi son pari. 
Alain-Fournier a écrit une histoire unique et bouleversante. Un intense et joli moment.  

" Après cette fête où tout était charmant, mais fiévreux et fou, où lui-même avait si follement poursuivi le grand pierrot, Meaulnes se trouvait là plongé dans le bonheur le plus calme du monde. Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il retourna s’asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire. Presque aussitôt un des petits qui étaient par terre s’approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l’autre côté. Alors ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu’il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, c’était sa femme … "
(Le grand Meaulnes, Alain-Fournier, Livre de poche, 1971, p70)

(Source image : Corot - Eglise Marissel. musee-virtuel.com)