mercredi 27 février 2008

Jusqu'à la fin du monde

La reine crucifiée
Gilbert Sinoué



Folio, 2007


Elle s'appelle Inès de Castro. Il s'appelle dom Pedro, héritier de la couronne du Portugal. Ils ont vingt ans. Ils s'aiment. Nous sommes en 1340. Ils, vont se retrouver pris au piège d'une effroyable machination, broyés entre raison d'État et raison du cœur. Du Portugal à la plaine vénitienne, de la Castille au palais des Papes, Gilbert Sinoué nous entraîne au cœur d'une fabuleuse fresque historique où la pureté des sentiments se heurte à la cruauté des temps, l'amour dévorant aux ambitions politiques. Entre fiction et réalité, tragédie et conspiration, il ressuscite, dans la lignée de L'enfant de Bruges, l'histoire célèbre et mythique d'une folle passion : celle de deux êtres que même la mort ne parviendra pas à séparer.


Je viens à l'instant de fermer cet émouvant roman. Durant toute sa lecture, j'ai apprécié cette histoire de trahison, de complot, d'amour et de haine. Gilbert Sinoué a une très belle écriture. Simple mais intelligente et érudite. Le contexte historique est très bien utilisé. J'ai beaucoup appris grâce à ce plongeon dans la noblesse portugaise et castillane. Je ne connaissais que très peu cette période et ces deux pays et j'ai été conquise par leurs noms chantants, leurs coutumes et leur Histoire.
J'ai eu peur de tomber (voyant le résumé) dans une simple histoire de coeur, mais il n'en est rien. L'histoire d'amour, bien que jalonnant le roman, ne tient pas une place si importante. De plus, elle est utilisée convenablement dans l'histoire. Tout est convenablement dosé.
Un récit, donc, très bien mené qui se lit vite et qui m'a tenue en haleine tout le long. Je me rends bien compte que ce ne doit pas être le roman le plus érudit de Sinoué (Le livre de saphir par exemple est connu pour être plus complexe), mais j'ai tout de même eu la sensation de lire un bon livre. Il me reste, après lecture, un goût de détente littéraire et romanesque, la sensation d'avoir passé un bon moment mais avec un sentiment très présent d'avoir, en plus, appris et de m'être enrichie.
En refermant ce livre, j'ai versé une larme. Comment ne pas pleurer en entendant cette si belle histoire? Le dénouement de La reine crucifiée met en scène la légende planant autour d'Inès de Castro et c'est tout simplement bouleversant. Savoir que c'est une histoire vraie et encore plus troublant.
Je compte bien rouvrir un livre de Gilbert Sinoué mais cette fois avec un roman plus complexe et plus long ...

"Jamais il n'avait fait une telle chaleur un jour de Noël. Un soleil plus brûlant qu'en été flamboyait sur les plaines de l'Alentejo. Les chênes-lièges, les champs d'oliviers, les vignes étouffaient. C'était bien pire encore sous la voûte de l'église qui jouxtait le palais. Lames chauffées à blanc, les rayons avaient transpercé les vitraux transformant la nef en étuve."

(La reine crucifiée, édition livre de poche, p142)

(Source de l'image : topazio1950.blogs.sapo.pt)

dimanche 24 février 2008

Le long du fleuve au bord de l'administration ...

Madame Bâ
Erik Orsenna


Livre de poche, 2005.

Pour retrouver son petit-fils préféré qui a disparu en France, avalé par l’ogre du football, Madame Bâ Marguerite, née en 1947 au Mali, sur les bords du fleuve Sénégal, présente une demande de visa. Une à une, elle répond scrupuleusement à toutes les questions posées par le formulaire officiel 13-0021. Et elle raconte alors l’enfance émerveillée au bord du fleuve, l’amour que lui portait son père, l’apprentissage au contact des oiseaux, … sa passion somptueuse et douloureuse pour son trop beau mari peul, ses huit enfants et cette étrange « maladie de la boussole » qui les frappe …Sans fard ni complaisance, c’est l’Afrique d’aujourd’hui qui apparaît au fil des pages, l’Afrique et ses violences, ses rêves cassés, ses mafias, mais aussi ses richesses éternelles de solidarité et ce formidable tissage entre les êtres.


Durant toute la première partie de ce roman, j'ai vécu auprès de Marguerite Bâ au coeur du Mali. Paysages grandioses, odeurs, croyances, ... Je me suis régalée de ce voyage magnifique au coeur de l'Afrique. J'ai aimé suivre les doutes, les craintes, les joies de Madame Bâ ainsi que ses avancées dans la vie. Son enfance a été l'épisode le plus marquant de ma lecture : son père, sa mère, le fleuve. J'ai vraiment été captée par ce passage. Puis sa vie de femme, de mère m'a prise tout autant dans ses filets.
La seconde partie fut plus laborieuse. Des questions administratives, politiques qui m'ont un peu ennuyée. Pas désintéressée, mais ennuyée. J'ai beaucoup aimé la satire de ces passages, les anecdotes, mais il est vrai que mon attention de lectrice a quelque peu décrochée.
Globalement, j'ai apprécié ce récit intelligent et émouvant à la construction originale. Erik Orsenna a une plume très délicate et sensible. Il a réussi à me faire aimer Madame Bâ dès la première phrase. J'ai approuvé sa façon de nous faire comprendre que l'administration oublie souvent qu'il y a des hommes et des femmes derrière la paperasse. Il y a des âmes, des coeurs, des histoires. Que notre vie ne se résume pas à cocher des cases ou à écrire notre âge et notre profession ...

"Monsieur le Président de la République française, J’ai bien réfléchi : notre ancêtre est un oiseau. « Ô serefana ni yéliné gna », comme nous disons, nous autres Soninkés.
Je me suis éloignée du village, j’ai marché entre les pousses de mil, j’ai posé les deux mains sur ma tête pour me protéger du soleil, j’ai froncé les sourcils pour m’étirer le cerveau et j’en suis arrivée à cette conclusion : celui qui ne remonte pas aux siècles lointains des ailes ne comprend rien à notre histoire.
Evidemment, je pourrais farfouiller encore plus haut dans les souvenirs.
Au commencement était la mer, qui recouvrait l’Afrique.
Au commencement était le désert, quand la mer se retira.
Une origine est toujours la fille d’une origine plus ancienne.
Mais j’ai pitié de vous.
Je vous connais. A la télévision je vous ai vus nous rendre visite, pauvres présidents. J’ai constaté que vous possédiez tout, sauf le loisir. Tout, motards, Mercedes, hôtesses d’accueil et climatisation. Tout, sauf la liberté d’aller tranquillement chasser la vérité jusque dans les époques les plus reculées. A peine arrivés quelque part, déjà de l’index vous tapotez sur le verre de votre Rolex platine. Déjà votre aide de camp vous murmure à l’oreille la litanie des prochains rendez-vous."

(Madame Bâ, livre de poche, p 15)

(Source de l'image : artsquebec.net)

samedi 23 février 2008

Parce qu'il faut savoir

The Magdalene sisters


Film dramatique franco-britannique de Peter Mullan sorti en 2002.
Lion d'or à la 59e Mostra de Venise le 8 septembre 2002.

En Irlande, dans le comté de Dublin, en 1964.
Lors d'un mariage, Margaret est violée par son cousin. La honte s'abat sur toute la famille. Au petit matin, le curé de la paroisse vient chercher Margaret.
Bernadette est pensionnaire dans un orphelinat. En grandissant, devenue jolie, elle suscite la convoitise des jeunes gens du quartier. Considérant que sa nature et son caractère la destinent au pire, la direction de l'orphelinat la confie alors à l'unique institution susceptible de la maintenir dans le droit chemin.
Rose, qui n'est pas mariée, vient de donner naissance à un petit garçon. Séparée de son bébé, elle est emmenée au couvent des sœurs de Marie-Madeleine.
Les trois jeunes femmes sont immédiatement confrontées à Sœur Bridget, qui dirige l'établissement et leur explique comment, par la prière et le travail, elles expieront leurs péchés et sauveront leur âme.




Un film que je voulais voir depuis longtemps et que je viens juste de découvrir.
C'est un sujet dur mais essentiel. Je pense que l'on ne connaîtra jamais la totalité des atrocités qui ont été commises dans ce genre d'établissements. Humiliation, violence, harcèlement ... tout ça au nom de Dieu.
Ce film est vraiment dur à voir tant l'incompréhension du spectateur est grande. On se demande pourquoi. Pourquoi ces jeunes femmes innocentes sont telles ainsi persécutées? Margaret, en plus d'avoir été salie pas un homme, doit être enfermée et humiliée ; Bernadette, parce qu'elle est trop belle ; Rose car elle a eu le malheur d'avoir un enfant hors mariage sans compter les 30 000 et quelques autres femmes ...
Un film à découvrir pour sa qualité mais aussi, et malgré le sujet, sa pudeur et son respect de ces femmes innocentes.

(sources : movies.yahoo ; wikipedia.org ; alapoursuiteduvent.blogspot.com ; soundtrackcollector.com)

lundi 18 février 2008

"Il faut laisser aux gens qu'on aime le droit de disparaître"

Déloger l'animal
Véronique Ovaldé

Actes Sud, Babel, 2007.


Rose a une quinzaine d'années mais elle en paraît sept, dans son corps comme dans sa tête. Elle vit avec ses parents dans une ville de bord de mer inondée de soleil. Elle aime monter sur le toit de l'immeuble, regarder le couchant au-delà des palmiers et surveiller ses lapins en attendant le retour de sa mère. Un soir, celle-ci ne rentre pas. Le cliquetis de ses talons aiguilles, l'éclat synthétique de sa perruque blonde, le velours de sa voix disparaissent en même temps qu'elle. Face à l'inquiétante insouciance de son père, à l'inertie des adultes, la petite Rose réinvente l'histoire, se dissout dans une vie rêvée... Un roman magnifique sur la confrontation de l'enfance absolue à l'aridité des choses, sur la rencontre entre l'imaginaire et le tumulte de l'adolescence.


Lors de sa sortie en 2005, ce roman m'avait attirée, ensorcelée, un véritable coup de foudre. Une belle édition, une illustration mystérieuse, enfantine. Il a fallu attendre deux ans avant que je me décide à le lire ... et bien, le coup de foudre s'est transformé en une vraie histoire d'amour. Quel roman! C'est un véritable coup de coeur. Une écriture pudique, fine, poétique, unique ; Une histoire incroyablement belle et originale ... Ce roman est une perle rare. J'ai cru pleurer à chaque phrase. L'histoire de cette petite Rose m'a littéralement bouleversée. A la fois extraordinaire et banale, poétique et réaliste, je n'ai jamais lu un récit si imaginatif et divers. C'est court et pourtant extrêmement recherché et complexe.
Les personnages prennent vie devant nos yeux, on s'attache à eux très vite. Malgré les quelques 160 pages de ce livre, on devient vite proche de leur histoire. On rentre tout de suite dans ce monde si envoûtant et particulier.
On pourrait regretter qu'il ne soit pas plus long, mais tout est tellement parfait que rien ne doit y être changé ...
Un petit bijou de bouquin ...Je n'ai qu'un seul conseil : précipitez-vous!

J'ai retrouvé le même esprit, la même ambiance que dans la magnifique pièce de théâtre d'Amanda Sthers : Le vieux juif bonde. A decouvrir également!

" Le matin, ma mère traînait les pieds sur le carrelage de l'appartement en trimballant son bol de thé, elle était maquillée, les yeux charbonneux et la bouche vive, mais il faisait si chaud qu'elle ne pouvait s'asseoir, la combinaison lui aurait collé aux fesses, elle restait donc debout, allumant sa cigarette au bout rougeoyant de la précédente, lisant un livre de poche tout corné, un roman guimauve, sur un coin de bar de la cuisine, feuilletant un magazine, ou agitant la télécommande de derrière le bar pour choper le rayon infrarouge et changerles chaînes de la télé ... "

(Déloger l'animal, Babel, p26-27)

(Source de l'image : nyanland.blogspot.com)

dimanche 17 février 2008

Pause BD

Tintin et l'étoile mystérieuse
10

Hergé, Casterman, 2006.


Une énorme boule de feu menace la Terre ... La fin du monde est annoncée! Tintin va se renseigner à l'observatoire ...

Un bon petit Tintin au parfum de Jules Verne : action, science, phénomènes étranges, ... Certaines scènes sont un peu angoissantes. Une atmosphère étrange régne dans cet album : une ambiance de fin du monde et de découvertes scientifiques mystérieuses ... Un album un peu à part qui vaut le coup d'être lu.

"Avada Kedavra!"

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé
J.K Rowling


Gallimard jeunesse, 2007.


Dans un monde de plus en plus inquiétant, Harry se prépare à retrouver Ron et Hermione. Bientôt, ce sera la rentrée à Poudlard, avec les autres étudiants de sixième année. Mais pourquoi Dumbledore vient-il en personne chercher Harry chez les Dursley ? Dans quels extraordinaires voyages au cœur de la mémoire va-t-il l'entraîner ?

Sans dicussion, mon préféré après le tome 3 ...
Je ressors bouleversée de cette lecture : action, amitié, amour, violence, ... Il y a vraiment tout dans ce tome pour nous faire passer de magnifiques moments. On retrouve le côté sympathique des premiers tomes : les histoires d'amitié, les cours, les achats au Chemin de traverse ... Tout en rentrant intégralement dans le prochain dénouement de cette fabuleuse série.
Un livre très sombre, dur. Il faut parfois avoir le coeur bien accroché car certaines scènes font froid dans le dos.
Beaucoup de questions se bousculent dans notre esprit en refermant ce livre. On envisage énormément de situations, de solutions, on tente de trouver d'autres vérités ...
J'ai adoré plonger dans le passé de Voldemort. Il nous apparaît plus humain, plus accessible. La psychologie est très présente dans ce tome, que ce soit au sujet de Lord Voldemort ou de nos jeunes héros qui laissent de plus en plus leur coeur s'ouvrir.
Un grande dose de mystère, beaucoup d'humour et d'amitié, un tome vraiment complet et passionnant qui ne nous ennuie pas une seconde.

Voilà ... Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre la sortie en poche du tome 7 pour connaître la fin de cette histoire vraiment fantastique ...

" Harry Potter ronflait bruyamment. Pendant près de quatre heures, il était resté assis dans un fauteuil, devant la fenêtre de sa chambre, à regarder le soir tomber sur la rue et avait fini par s'endormir, la tête appuyée contre la vitre froide, ses lunettes de travers, la bouche grande ouverte. La tache de buée que son souffle avait dessinée sur le carreau scintillait dans la clarté orange d'un réverbère dont la lumière artificielle effaçait toute couleur de son visage, lui donnant une mine fantomatique sous ses cheveux noirs en bataille."

(Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, Folio junior, p 50)

(Source de l'image : gracemagazine.wordpress.com)

jeudi 14 février 2008

Ancienne lecture : Lorsque le réel rencontre l'imaginaire ...

La vallée qui chante
Elizabeth Goudge


Livre de Poche, Paris, 1973





Mi-bourg mi-village, le Hard mire ses maisons dans un des plus beaux fleuves d'Angleterre. Pour savoir ce qui le fait vivre, il suffit de suivre n'importe laquelle de ses rues: toutes mènent au chantier naval que dirige Mr Peregrine, maître d'oeuvre comme le furent avant lui son père et son aïeul.Construire des bateaux étant la raison d'être des gens du pays, on juge de l'humeur de Mr Peregrine quand il reçoit de la Compagnie des Indes l'annulation d'une commande pour un long-courrier dont la carcasse est déjà achevée. Il déclare tout net qu'il va donner l'ordre de le démolir.Détruire un vaisseau qui a pris vie sous la main des charpentiers? Cela semble un crime à Tabitha, fille du forgeron Silver. Ses dix ans espiègles, plus enclins à fréquenter l'école buissonniére que celle de dame Threadgold, imaginent très bien que toutes les forces visibles et invisibles de la Terre et du Ciel puissent se liguer pour aider à finir le navire - et tel est le pouvoir magique des coeurs purs que cela se produit effectivement: le voilier prend la mer, car c'est au temps de la marine à voile que se situe cette histoire féerique un peu parente de l' Alice au pays des merveilles de Carroll, où le rêve éveillé d'une petite écolière rejoint la parabole poétique.


Le petit livre d'Elizabeth Goudge est un bijou de joie, de bonheur, d'espérance et de vie.

L'histoire de cette fillette traversant des pays enchantés parsemés de sirénes, d'ogres et de gnomes est un enchantement pour le coeur et une ressource pour l'esprit. Tabitha entraîne tout le monde dans son univers merveilleux ... tout le monde ... même le lecteur.

Ce livre s'adresse à tous ceux qui ont gardés leur âme d'enfant. Quant à ceux qui l'ont perdus ... ils pourraient vite la retrouver!
" Bientôt la pénombre fit place à une merveilleuse lueur verte, opaque et dépolie, à travers laquelle s'agitaient des formes indistinctes. Le bateau s'était remis d'aplomb et naviguait avec lenteur.
" Si seulement on y voyait clair! s'écria Tabitha.
- Cela va venir, répondit Simon; nos yeux s'accoutumeront à cette lumière. La divine Mère porte un manteau d'azur, mais celui d'Aquarius le Verseau est couleur d'émeraude. Quand nous y serons habitués, nous distinguerons les étoiles aussi clairement qu'à l'ordinaire.
- On dirait que tu es déjà venu ici, observa Antoine.
- Non; mais un jour, j'ai découvert une sirène au bord de la mer et elle m'a parlé de son pays.
- Comment se fait-il que nous ne soyons pas noyés? interroga Tabitha.
- Se noyer serait mourir; il n'y a pas de mort dans l'Atelier. Il ne peut y en avoir puisque le temps n'existe pas; la mort est une paire de ciseaux qui coupe le temps par morceaux."
(La vallée qui chante, livre de poche, p 204)


(Source de l'image : linternaute.com)

lundi 11 février 2008

Par ordre de la Grande Inquisitrice : Ne lancez pas de Bombabouses dans les couloirs de l'école!

Harry Potter et l'Ordre du Phénix
J.K Rowling


Gallimard jeunesse, 2005.


A quinze ans, Harry entre en cinquième année à Poudlard, mais il n'a jamais été si anxieux. L'adolescence, la perspective des examens et ces étranges cauchemars... Car Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour. Le ministère de la Magie semble ne pas prendre cette menace au sérieux, contrairement à Dumbledore. La résistance s'organise alors autour de Harry qui va devoir compter sur le courage et la fidélité de ses amis de toujours...


Après avoir dévoré les quatre premiers tomes de notre jeune sorcier il y a 5 ans, je n'en ai plus touché un. Pourquoi? Non par manque d'envie, mais surtout parce que, la vie faisant, j'ai lu d'autres choses, tout simplement. Et puis, j'aime lire les grands succès après tout le monde! Par simple esprit de contradiction. Pendant que les fans se précipitent sur le 7 ème tome et bien, de mon côté, je découvre le 5 ème ... tranquillement!
Ce fut un plaisir de revenir à Poudlard. Un pur bonheur! Cette pause de 5 ans a été bénéfique, car ayant été dans l'ignorance du destin d'Harry alors que beaucoup connaissait déjà la suite, j'ai dégusté ce roman de la première à la dernière ligne comme pour rattraper un trop long retard.
Je n'ai eu aucune difficulté à reprendre cette histoire. Je me souvenais de tout, c'est comme si nous nous étions jamais quittés.
Mon moment préféré fut de retrouver mon personnage favori de la série : Sirius Black. Tombée amoureuse de lui dans le tome 3 (mon préféré ... pour le moment!), ce fut un plaisir énorme de le retrouver (je vous laisse imaginer certaines de mes réactions à la lecture de certains passages ... Ceux qui l'ont lu, vous comprendrez!)
Considéré comme le moins réussi de la série, j'ai pourtant beaucoup apprécié sa lecture. J'ai trouvé que cette pause dans l'action était nécessaire. J'ai un peu vu ce tome comme le calme avant la tempête. On s'attend à un cataclysme après le tome 4 et pourtant, non. Tout comme Harry, on attend, on ne comprend pas cette absence de mouvements. Comme si Voldemort essayait de se faire oublier ...
J'ai aimé voir mes héros grandir, lutter avec leur adolescence, leur états d'âme ... Un très bonne étude psychologique.
Comme chaque Harry Potter, il est très dur de refermer le livre après chaque chapitre. Des révélations, des enigmes, ... On a envie de savoir. J.K Rowling reussit vraiment à capter notre attention.
Un magnifique roman donc.
Comme tous les autres tomes, on a beau se dire que les médias en parlent trop, que l'on n'aime pas les succès trop déclarés, qu'on déteste faire comme tout le monde et être un mouton de Panurge ... cela n'empêche pas de constater que l'écriture est parfaite, l'histoire passionnante, que l'on embarque dans ce monde corps et âme, que l'on a rarement vu une imagination aussi incroyable et qu'Harry Potter mérite vraiment son succès.
Je vous laisse là car le tome 6 m'appelle ...

" Harry suivit son regard. Il vit d'abord le professeur Dumbledore, vêtu d'une robe pourpre parsemée d'étoiles argentées et coiffé d'un chapeau assorti. Il était assis au centre de la grande table, dans son fauteuil d'or au dossier haut, la tête penchée vers sa voisine qui lui parlait à l'oreille, une sorcière aux mines de vieille tante célibataire : elle était trapue, avec des cheveux courts et bouclés d'une teinte châtain clair dans lesquels elle avait glissé un horrible bandeau rose, genre Alice aux pays des merveilles, assorti à son cardigan de laine pelucheuse, également rose, qu'elle portait par-dessus sa robe."

(Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Folio junior, p 243)

(Source de l'image : ew.com)

vendredi 8 février 2008

Moment passionné ...

Un livre ... un thé ...
Romanza

jeudi 7 février 2008

Vu au théâtre


Le mariage de Figaro ou la folle journée
Beaumarchais


De la Comédie française
Mise en scène de Christophe Rauck


Encore un plaisir exceptionnel!

Toujours cette ambiance irréelle et splendide, ce pincement au coeur en voyant cette salle grandiose. Deux heures d'attente dans le froid pour avoir une place de dernières minutes mal placée ... Mais tout ça pour être, à chaque fois, émerveillée au possible.

Je n'ai jamais lu la pièce mais je connaissais l'histoire pour avoir vu il y a quelques années Les noces de Figaro, opéra de Mozart inspiré par Beaumarchais.

Cette adaptation de Beaumarchais est parfaite. Mélange d'atmosphère ancienne à une petite pincée de contemporain. L'histoire en devient intemporelle, proche, intime : "Nous avons tenu à ce que le XVIIIème siècle soit présent, mais plutôt de façon suggestive, sans enfermer l'imagination du spectateur dans un cadre temporel trop marqué." (Christophe Rauck)

Les acteurs sont tous exceptionnels. J'ai retrouvé avec plaisir Michel Vuillermoz (ancien Cyrano) toujours aussi excellent et j'ai découvert le talent de Laurent Stocker, alias Figaro. Bien sûr tous les autres acteurs ont été sensationnels (Chérubin, Bazile, ...)

J'ai ri comme jamais. On ne s'ennuie pas une seconde. Tout coule, tout s'enchaîne sans interruption. Il n'y a aucun temps mort. La mise en scène, ainsi que le jeu des acteurs font participer activement le spectateur pour notre plus grand bonheur!

Sans discussion, la meilleure que j'ai vu après Cyrano de Bergerac ...

(sources : pwedscenes.blogspot.com ; pierregrosbois.net ; Programme du spectacle (L'avant-scène théâtre)

vendredi 1 février 2008

"C'est ici le Paradis?"

Le paradis - un peu plus loin
Mario Vargas Llosa


Folio, 2005.



Le 7 avril 1803 naît à Paris la militante féministe et ouvriériste Flora Tristan. Un siècle plus tard, le 8 mai 1903, son petit-fils, Paul Gauguin, meurt seul et presque aveugle dans son faré des îles Marquises. Sous la plume de Mario Vargas Llosa, Flora Tristan et Paul Gauguin deviennent Florita l'Andalouse et Koké le Maori, deux êtres libertaires, passionnés, profondément humains, hantés par une quête de l'absolu qui donne à leur vie une dimension tragique, et qui vécurent l'enfer pour avoir désespérément voulu bâtir le Paradis. A travers les destins croisés d'une militante et d'un artiste, Mario Vargas Llosa évoque, dans un roman à la construction magistrale, les grandes utopies politiques et artistiques des temps modernes.


On se laisse capter par ce roman sans même s'en rendre compte. C'est une oeuvre complexe, intelligente, à la construction très érudite, on pourrait donc croire qu'elle ne nous transporte pas, que les mots ne nous plongent pas dans leur univers. Et pourtant ... sans même s'en aperçevoir nous rentrons dans le monde de ce superbe conteur.
Flora Tristan m'a beaucoup émue, femme détruite par son mariage arrangé qui lutte contre l'injustice. Certains passages sont très durs : exploitation, marché du sexe, violence, ... On a envie de crier aussi fort que Madame-la-colère.
Paul Gauguin a une vie qui n'aurait sûrement pas plu à sa grand-mère, Flora Tristan : luxure, concubinage avec des jeunes filles à peine formées, (c'est parfois très dur!) ... Et pourtant, on s'attache à cet étrange peintre qui lui aussi, tout comme Florita, ne désire qu'une chose : atteindre son idéal, être heureux. Les paysages, les senteurs de Tahiti ou des îles Marquises sont envoûtants et l'on imagine Paul se mouvoir passionnément devant une toile. Je n'ai pu m'empêcher de rechercher tous les tableaux de Paul Gauguin qui étaient mentionnés dans le texte.
L'écriture m'a également impressionnée. Mario Vargas Llosa a cette façon particulière de nous faire rentrer dans l'histoire. Tout devient intime. La façon qu'il a de s'adresser directement aux protagonistes est superbe.
La construction, enfin. Ce parallèle entre Florita et Koké. Leur vie à la fois différente et proche. Elles se mêlent, s'opposent, se rencontrent, se froissent ... Un livre très intelligent, étudié jusqu'au moindre détail.
A découvrir!

" La première impression de Flora sur Toulon, où elle arriva le 29 juillet 1844 au petit matin, ne pouvait être pire : "une ville de militaires et de délinquants. Ici je ne pourrai rien faire." Son pessimisme venait de l'Arsenal naval de Toulon, où travaillaient cinq mille ouvriers de la ville, mêlés aux prisonniers condamnés aux travaux forcés. Par ailleurs, depuis Marseille, elle était assaillie par la colite et les névralgies."

(Le paradis : un peu plus loin, Folio, p 311)

Arearea Paul Gauguin

(Source de l'image : lapasserelle.com)