dimanche 29 novembre 2020

Le cœur de Gaïa

Voyage au centre de la terre 
Jules Verne

Le livre de poche, 2010.

Dans la petite maison du vieux quartier de Hambourg où Axel, jeune homme assez timoré, travaille avec son oncle, l’irascible professeur Lidenbrock, géologue et minéralogiste, dont il aime la pupille, la charmante Graüben, l’ordre des choses est soudain bouleversé.
Dans un vieux manuscrit, Lidenbrock trouve un cryptogramme. Arne Saknussemm, célèbre savant islandais du xvie siècle, y révèle que par la cheminée du cratère du Sneffels, volcan éteint d’Islande, il a pénétré jusqu’au centre de la Terre !
Lidenbrock s’enflamme aussitôt et part avec Axel pour l’Islande où, accompagnés du guide Hans, aussi flegmatique que son maître est bouillant, ils s’engouffrent dans les mystérieuses profondeurs du volcan…
En décrivant les prodigieuses aventures qui s’ensuivront, Jules Verne a peut-être atteint le sommet de son talent. La vigueur du récit, la parfaite maîtrise d’un art accordé à la
puissance de l’imagination placent cet ouvrage au tout premier plan dans l’œuvre exceptionnelle du romancier.

Voyage au centre de la terre est mon cinquième Jules Verne. Rentrer dans l'univers de ce romancier est une sorte de lâcher prise ... ça passe ou ça casse. Avec moi, ça marche très bien. 

J'aime les débuts des romans de Jules Verne lorsqu'il décrit ses personnages et installe l'ambiance. Il rentre vite dans le vif du sujet, si bien que l'on ne peut qu'accrocher et désirer savoir la suite. Voyage au centre de la terre ne déroge pas à la règle. Les premiers chapitres sont excellents. Ce fut un véritable régal! Je ne cache pas que le reste du roman manque de piquant. J'ai trouvé le texte très court, assez simple, trop simple peut-être. Avec une entrée en matière si prometteuse, je m'attendais (malgré le petit nombre de pages) à un roman plus flamboyant. Ceci dit, me retrouver au centre de la terre avec ces trois hommes étranges mais attachants a été une expérience unique. J'ai apprécié de me réfugier dans les lignes de Verne après les rudes journées de travail. Cet écrivain crée un véritable cocon. Non dénués d'humour, ces romans sont de petites friandises qui se savourent, se grignotent. Je confesse ne pas m'être encore lancée dans ses pavés ... peut-être que la friandise dévient indigeste au bout d'un moment. Je me garde 1 000 lieues sous les mers, L'île mystérieuse et les autres gros morceaux quand je serai dans de bonnes conditions.

Au final, Voyage au centre de la terre fut une lecture agréable. Même si ce roman n'est pas mon préféré, malgré un début fantastique, j'ai tout de même pris beaucoup de plaisir à suivre les péripéties de ces trois personnages. 

" Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l’une des plus ancienne rue du vieux quartier de Hambourg.
La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine.
« Bon, me dis-je, s’il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des hommes, va pousser des cris de détresse.
– Déjà M. Lidenbrock ! s’écria la bonne Marthe stupéfaite, en entrebâillant la porte de la salle à manger.
– Oui, Marthe ; mais le dîner a le droit de ne point être cuit, car il n’est pas deux heures. La demi vient à peine de sonner à Saint-Michel.
– Alors pourquoi M. Lidenbrock rentre-t-il ?
– Il nous le dira vraisemblablement.
– Le voilà ! je me sauve, monsieur Axel, vous lui ferez entendre raison. »
Et la bonne Marthe regagnât son laboratoire culinaire. "

(Photos : Romanza2020)

mardi 10 novembre 2020

" Le meilleur moyen, le seul peut-être, de gouverner les hommes, c'est de les tenir par leurs passions."

 Les diaboliques 

Jules Barbey d'Aurevilly

Club des amis du livre, Paris, 1964.

Les diaboliques est un recueil de six nouvelles mettant en scène des femmes puissantes, sombres, vengeresses. 

C'est en période halloweenesque que j'ai ouvert Les diaboliques, espérant au fond de moi frémir légèrement en lisant ce recueil de nouvelles. Bon je n'ai pas frémi ... j'ai plutôt hurlé intérieurement de la misogynie de Barbey d'Aurevilly. Mais ceci dit, le charme désuet de ce recueil est bien présent.  J'ai aimé retrouver une langue riche et soutenue, un brin pédante parfois mais toujours soignée

Certaines nouvelles, soyons clairs, sont longues, bavardes et peu passionnantes. Je pense notamment au Dessous de cartes d'une partie de whist. Mais certaines d'entre elles sont assez prenantes. Le bonheur dans le crime, Le rideau cramoisi et La vengeance d'une femme en tête de ma liste. Il est vrai que Barbey n'est pas tendre avec la gente féminine et qu'il m'a souvent énervée, mais si on lit le texte avec distance, on peut se retrouver à sourire de certains propos et à rentrer dans son jeu. Les deux dernières nouvelles sont assez gores. Âmes sensibles, préparez-vous! Je suis toujours très étonnée de lire ces auteurs décalés, provocateurs, dans une époque où la bienséance régentait le monde. 

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de recueil de nouvelles. J'ai vraiment apprécié de retrouver ce format. Même si Barbey n'est pas ma tasse de thé, j'ai aimé lire de courtes histoires le soir au coin du feu. Je pense ressortir certains de mes recueils de nouvelles afin d'en grapiller quelques textes. 

A lire ... avec beaucoup de recul lorsqu'on est une femme! 

Je suis convaincu que, pour certaines âmes, il y a le bonheur de l'imposture. Il y a une effroyable, mais enivrante félicité dans l'idée qu'on ment et qu'on trompe ; dans la pensée qu'on se sait seul soi-même, et qu'on joue à la société une comédie dont elle est la dupe, et dont on se rembourse les frais de mise en scène par toutes les voluptés du mépris.

(Photos : Romanza2020)

dimanche 8 novembre 2020

"S'il existe au monde une foutaise creuse et fausse, c'est la théorie de la noblesse de la naissance et de la pureté du sang, que certains d'entre nous s'efforcent de préserver "

 Le docteur Thorne

Anthony Trollope

Points, 2012.

Sans dot, de naissance illégitime, la belle et fière Mary ne saurait s'unir à celui qu'elle aime, Frank Gresham, un jeune héritier désargenté. Les Ladies de la famille Gresham manœuvrent en coulisse pour le marier à une femme riche afin de sauver le domaine familial hypothéqué. Seul l'oncle de Mary, le docteur Thorne, connaît le secret de son ascendance et la fortune dont elle pourrait hériter si...

Voici un roman que j'ai mis beaucoup de temps à lire. Attaqué en pleine rentrée scolaire, j'ai passé plusieurs semaines à ne lire que quelques pages par jour. 

Je l'attendais depuis des mois ce roman. Ayant eu un coup de cœur énorme pour Miss Mackenzie il y a quelques années, je lorgnais depuis longtemps les autres romans de Trollope et surtout celui-ci avec sa couverture si délicate. Un bon gros pavé classique comme je les aime! Même si j'ai, au final, moins aimé que ce que je pensais, j'ai tout de même apprécié ce texte.

Trollope a une plume très vive. Il dissèque avec brio les relations humaines et la société de son temps. J'ai aimé le franc parler que l'on trouve dans Le docteur Thorne. Trollope parle vrai. Il a le souci du détail et aime aller au bout des choses. C'est vrai que ce texte est un peu bavard et que l'intrigue aurait pu tenir en 200 pages, mais la complexité que Trollope tisse autour de l'histoire accentue sa volonté de réalisme. Il crée un monde. Tout comme Bazac, Trollope invente un univers avec ces personnages qui se croisent d'un roman à l'autre. Un brin maniaque, Trollope veut que tout s'enclenche, s'emboite. Je pense qu'il n'aurait pas supporter de dénouer l'intrigue du Docteur Thorne rapidement. Il fallait que les nœuds se dénouent de façon réaliste, juste, crédible. L'être humain est complexe, la vie également, son roman devait l'être aussi. 

Malgré sa longueur, j'ai aimé me réfugier dans ce texte. L'écriture y est belle. Le ton est exquis. J'ai parfois souri, ri même. J'ai été parfois blessée, révoltée. Le personnage de Mary Thorne est très beau. J'aurais aimé la suivre et la connaître davantage. J'ai aimé les obstinations des protagonistes, mais aussi leurs doutes. 

Un classique de la littérature anglaise à savourer. La cure de Framley m'attend dans ma bibliothèque ... et j'en suis ravie. 

- J'imagine, mon oncle, que, selon vous, nous sommes comme le renard qui a perdu sa queue, ou plutôt comme un renard qui a eu la malchance de naître sans elle.
- Je me demande comment, l'un et l'autre, nous prendrions cela, si nous nous retrouvions riches tout à coup. Ce serait une grande tentation...une tentation difficile à surmonter. Je crains bien, Mary, que lorsque les gens parlent de l'argent avec mépris, ils ressemblent souvent à ton renard sans queue. Si la nature, tout à coup, devait donner une queue à cet animal, n'en serait-il pas plus fier encore que tous les autres renards du bois?
(...)
Il n'a jamais existé de renard privé de queue qui ne serait ravi de se retrouver soudain doté de cet appendice. Jamais. Même si ce renard sans queue s'est montré très sincère dans ses conseils à ses amis! Tous autant que nous sommes, bons et méchants, nous cherchons des queues - nous en cherchons une, ou plusieurs; nous le faisons trop souvent selon des procédés assez méprisables.

(Photos : Romanza2020)

Tu engendreras dans la souffrance.

 Le Chœur des femmes 

Martin Winckler

Folio, 2017.

Je m'appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m'oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de "Médecine de La Femme", dirigée par un barbu mal dégrossi qui n'est même pas gynécologue, mais généraliste ! S'il s'imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu'est-ce qu'il croit ? Qu'il va m'enseigner mon métier ? J'ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas - et je ne veux pas - perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu'elles pourraient m'apprendre.

Je remercie UnlivreUnthé pour m'avoir fait découvrir ce roman. Je ne l'aurai sûrement pas lu sans elle. Cela aurait été bien dommage. 

Je dois reconnaître que l'intérêt du Choeur des femmes n'est pas littéraire. Beaucoup de lieux communs, de longueurs, de lourdeurs même. L'ambiance n'est également pas ce qui m'a séduite. Pourtant, j'ai apprécié ce livre ... et je le recommanderai autour de moi ... surtout à des femmes. C'est un texte qui bouscule

Comme je le disais certains points m'ont rendue perplexe. La narration en elle-même, l'histoire aussi, ne sont pas les choses que j'ai préférées. J'ai apprécié Le Choeur des femmes car je l'ai lu comme un témoignage, une enquête ... et non comme un roman. 

Ce livre de Martin Winckler est un livre qui fait ouvrir les yeux. Je me suis rendue compte à quel point tout ce qui paraissait normal aux femmes ne l'était pas. J'ai été marquée, durant ma lecture, par l'idée que nous sommes conditionnées pour penser que les examens gynécologiques sont forcément désagréables et humiliants. On y va la boule au ventre, on sait d'avance que l'on va avoir mal, qu'on aura le droit (quoi qu'il arrive) à un examen physique ... même si ce n'était pas nécessaire. Tout ça est dans les normes. On le transmet même de mère en fille. On subit ... c'est ainsi. Nous n'avons pas d'autres modèles. Martin Winckler met le doigt sur ce problème (sans vilains jeux de mots). Oui, un examen gynécologique peut se passer de toucher vaginal. Non, la position sur le dos et les pieds sur les étriers n'est pas la seule qui existe. Oui, tout est fait pour le confort du médecin et non pour celui de la patiente. A la lecture, plusieurs souvenirs me sont revenus ... Des souvenirs désagréables auxquels je pense toujours avec honte, mais qui me paraissaient "normaux". Ma première visite gynécologique à 14 ans et cette médecin qui m'a faite souffrir jusqu'aux larmes ... Elle ne m'a pas dit un mot, n'a rien expliqué, n'a pris aucuns gants. Cette même femme quelques années plus tard qui me regarde avec dédain, un sourire aux lèvres, car je reviens d'un voyage humanitaire au Sénégal et que j'ai des petits soucis gynécologiques. Elle sous-entend ouvertement que je me suis envoyée tous les sénégalais du pays. J'ai regardé mes pieds, j'ai baissé les yeux. C'était faux. Et même si cela avait été vrai, quel était son rôle? Celui de me juger? Je ne crois pas. Et bien sûr, il y en d'autres. Ces médecins qui te demandent de te mettre entièrement nue. Sans même un drap sur toi. Tu trembles sur la table d'auscultation. Mais tu ne dis rien. Car tu penses que c'est normal. Ce gynécologue qui est arrivé dans la salle d'accouchement où je mettais mon premier bébé au monde. Je ne l'avais jamais vu. C'était la sage-femme qui gérait merveilleusement bien depuis le début du travail. Il ne s'est pas présenté. Il a mis sa tête entre mes jambes. Je me souviens de l'affreux bruit de la peau découpée au ciseau, de la douleur ... Puis il a recousu sans anesthésie. Les coups d'aiguilles étaient une torture. J'avais mon tout-petit sur mon ventre, plutôt que de le regarder, je ne faisais que me mordre les lèvres pour ne pas crier. J'ai pu enfin souffler et profiter une fois qu'il était sorti. Sans un mot. Pourtant, je fais partie des femmes qui ont eu un "bel accouchement". Je n'ai pas été "traumatisée". Je n'ai pas eu de complications ... et en garde de "beaux souvenirs". Pourquoi? Parce qu'on est élevées dans l'idée que tout cela est normal.  

Alors oui, le livre de Winckler est long, parfois maladroit, Jean n'est pas un personnage que j'ai apprécié, l'énumération de témoignages finit par être lourd ... mais tout ça ... tant pis. Ce livre est nécessaire car il nous fait prendre conscience de tout ce à quoi on s'est habitué car c'est "normal". La femme doit engendrer dans la souffrance (ou se préparer à engendrer dans la souffrance ... même si elle ne veut pas d'enfants). C'est ainsi. Et bien, non. Nous avons le droit de dire non. Non, je préfère restée habillée. Non, je ne veux pas accoucher dans cette position. Non, je ne vous autorise pas à me toucher sans m'avoir d'abord prévenue. Les mœurs changent doucement. Mais le chemin est encore long. Nous, les mères, les tantes, les amies, ne transmettons pas cette peur ou cette idée que la gynécologie est un passage subi, désagréable, humiliant. Expliquons plutôt aux jeunes générations qu'elles ont le droit de s'opposer, de poser des questions, d'exposer leurs préférences. Qu'elles deviennent maîtresses de leur intimité. 

Un livre qui ne se lit pas comme un roman, qui a beaucoup de défauts ... mais qui se lit comme un témoignage indispensable à toute femme. A lire pour savoir et prendre conscience.

- Chaque fois que vous interrompez une patiente, vous l'empêchez de dire ce qui est essentiel pour elle. Chaque fois que vous remettez en question la véracité de ce qu'elle dit, vous la faites douter.
- Mais si elle dit quelque chose de faux ?
- D'abord, ce n'est pas "faux", c'est ce qu'elle ressent. Son interprétation n'est peut-être pas conforme aux acquis de la science, mais elle lui permet d'appréhender la situation d'une manière intelligible, de ne pas se laisser gagner par la panique. Notre boulot, ça n'est pas de lui dire que ce qu'elle ressent est "vrai", ou "faux", mais de chercher pour son bénéfice, et avec son aide, ce que ça signifie. Si tu veux que les patientes respectent ton avis, il faut d'abord que tu respectes leur perception des choses...
- Même si elle repose sur une vision complètement fantasmatique ?
- Bien sûr. Respecter, ça ne veut pas dire adhérer. Ça veut dire : plutôt que de perdre ton temps dans un bras de fer (j'ai raison, tu as tort), essayons de trouver un terrain commun. Une relation de soin, ce n'est pas un rapport de force.

(Photos : Romanza 2020)

" Des petites choses naît la grandeur "

 La brodeuse de Winchester

Tracy Chevalier


Quai Voltaire, 2020.

Winchester, 1932. Violet Speedwell, dactylo de trente-huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis que la guerre a décimé toute une génération de fiancés potentiels. "Femme excédentaire", voilà l'étiquette qu'elle ne se résigne pas à porter, à une époque où la vie des femmes est strictement régentée. En quittant une mère acariâtre, Violet espérait prendre son envol, mais son maigre salaire lui permet peu de plaisirs et son célibat lui attire plus de mépris que d'amis. Le jour où elle assiste à un curieux office à la cathédrale, elle est loin de se douter que c'est au sein d'un cercle de brodeuses en apparence austère - fondé par la véritable Louisa Pesel - qu'elle trouvera le soutien et la créativité qui lui manquent. En se liant d'amitié avec l'audacieuse Gilda, Violet découvre aussi que la cathédrale abrite un tout autre cercle, masculin cette fois, dont Arthur, sonneur de cloches, semble disposé à lui dévoiler les coulisses. A la radio, on annonce l'arrivée d'un certain Hitler à la tête de l'Allemagne.

Ce n'est que la seconde fois que je lis Tracy Chevalier et pourtant, à la fin de chaque lecture, j'ai ressenti la même douce sensation au cœur. J'aime l'univers de cette romancière. J'aime sa plume simple mais ne tombant jamais dans le cliché ou la facilité. J'en arrive à la conclusion suivante : il faut que je lise davantage cette autrice. 

J'avais adoré Prodigieuses créaturesauquel je pense systématiquement lorsque je me balade sur une plage bordée de falaises. Dans ce nouveau roman, point de mer agitée ni de fossiles à déterrer. La brodeuse de Wincherster prend place en ville, au cœur des grandes cathédrales anglaises. L'héroïne de cette histoire, Violet, est extrêmement attachante. Elle ne rentre pas dans les critères des héroïnes romantiques anglaises. C'est une vieille fille. Elle ressent le poids de sa situation et le regard que l'on pose sur elle. Elle se refuse à être la garde-malade de sa mère et décide de prendre son autonomie ... quitte à souffrir de la faim et du froid. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour cette femme, mais je n'ai jamais ressenti de pitié. Jamais Violet ne permet qu'on la plaigne. C'est une battante. Malgré ces doutes et ses sensibilités, elle lève la tête et se bat. J'étais ravie de retrouver Violet chaque soir après ma journée de travail. 

Je me suis longtemps demandée comment Tracy Chevalier allait terminer cette histoire. J'ai croisé les doigts pour qu'elle ne tombe pas dans la mièvrerie. Heureusement, la fin fut comme le reste du roman, pertinente, intelligente et émouvante

La brodeuse de Winchester possède un charme incroyable et je remercie Lou de me l'avoir offert. Ouvrir ce roman après une dure journée de travail, c'était comme se glisser dans un bon bain chaud. Je compte bien retrouver Tracy Chevalier dans un autre de ses romans.

" Il se ragaillardit. "Avez-vous vu la Table ronde accrochée dans le Grand Hall...l'unique vestige du château de Winchester?"
Violet hocha la tête. Elle avait emmené Marjorie et Edward la voir; s'était ensuivi l'inévitable combat à l'épée, mené à l'aide de roseaux cueillis dans des champs inondables. Gigantesque, six mètres de diamètre, le plateau était divisé en vingt-quatre segments peints en vert et blanc au bord desquels était inscrit le nom de chaque chevalier du roi Arthur. Au centre figurait une rose Tudor rouge et blanc, assortie d'un portrait du roi en habit rouge, blanc et bleu, tenant une épée.
"C'est une reproduction médiévale de la table ronde du roi Arthur, décorée ultérieurement sur l'ordre du roi Henri VIII. Il a été suggéré que le château de Winchester était peut-être Camelot, bien qu'il n'y ait de cela aucune preuve historique, pas plus, d'ailleurs, que de l'existence du roi Arthur. "

(Photos : Romanza2020)